Évolution (biologie)

Évolution (biologie)

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Arbre phylogénétique hypothétique de tous les organismes vivants. L'arbre est basé sur des séquences de l'ARNr 16S. À l'origine proposé par Carl Woese, il montre l'histoire évolutive supposée des trois domaines du vivant (bactéries, archées et eucaryotes).
Arbre phylogénétique hypothétique de tous les organismes vivants. L'arbre est basé sur des séquences de l'ARNr 16S. À l'origine proposé par Carl Woese, il montre l'histoire évolutive supposée des trois domaines du vivant (bactéries, archées et eucaryotes).

En biologie, le terme évolution désigne le changement des espèces vivantes au cours des générations. L'évolution a entraîné une diversification de la vie, depuis ses premières formes jusqu'à l’ensemble des êtres vivants actuels, par une chaîne de modifications buissonnantes. L’histoire de l'évolution de la vie peut être décrite sous forme d'un ou plusieurs arbres d'évolution , ou arbres phylogénétiques, qui se construisent grâce aux méthodes de la phylogénie. L'évolution est caractérisée par la création de nouvelles espèces, mais elle s'accompagne aussi d'extinctions d'espèces ou de taxons entiers.

L'évolution est causée, d'une part, par la présence de variations parmi les traits héréditaires d'une population d'individus (mutations); et d'autre part, par divers mécanismes qui favorisent la propagation de certains traits héréditaires plutôt que d'autres. Le plus célèbre de ces mécanismes est probablement la sélection naturelle, proposée par Charles Darwin et décrite dans son ouvrage majeur l'Origine des espèces, en 1859. La séléction naturelle désigne simplement la différence de propagation entre les traits héréditaires causée par leur effet sur la survie et la reproduction des individus: si un certain trait héréditaire favorise les chances de survie et la reproduction, il s'ensuit mécaniquement que la fréquence de ce trait augmente d'une génération à l'autre.

Cependant, un certain trait peut aussi être propagé (ou eliminé) simplement par la fait de fluctuations aléatoires: on parle alors de dérive génétique.

Diverses théories se sont succédé pour conduire au consensus actuel : la théorie synthétique de l'évolution. Cette théorie est admise par l'ensemble des scientifiques , seules certaines divergences persistent quant aux détails sur les modalités. Par exemple on peut citer celle ayant opposé Stephen Jay Gould et Richard Dawkins, sur l'intérêt d'introduire la notion d'équilibres ponctués.

À cause, entre autres, de ses implications sur l'origine de l'humanité, l'évolution a été, et reste toujours, mal admise par une bonne partie de la population, même dans les sociétés occidentales. Ses détracteurs se basent sur des analyses pseudo-scientifiques, ou religieuses.

Sommaire

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Les arguments en faveur de l'évolution. [modifier]

Si l'évolution est bien une réalité, on doit admettre qu'elle s'opère lentement, ce qui expliquerait que les espèces actuelles semblent immuables aux yeux de la plupart d'entre nous. La stratégie de raisonnement consiste donc à remonter dans le passé, pour prouver qu'une espèce dérive d'une autre espèce ancêtre différente.

Indices tirés des êtres vivants actuels [modifier]

De nombreux indices de l'évolution sont décelables, tant au niveau de la morphologie, qu'au niveau moléculaire et parfois même au niveau du comportement des organismes. En effet, par modifications successives, l'évolution modèle les structures, modifie leurs formes, tailles, ce qui fait qu'à partir d'une seule espèce (biologie), une deuxième espèce peut se former.

Ainsi on peut retrouver une relation de parenté entre 2 espèces , à partir de ressemblances, qu'on appelle homologie. En effet, ces homologies ont été héritées d'un ancêtre commun .


Quelques indices morphologiques :

- les baleines, animaux adaptés à la vie aquatique gardent une trace de leurs ancêtres quadrupèdes par la présence d'os vestigials correspondant au bassin (ceinture pelvienne);

- la même constatation peut être faite chez certains serpents ;

- en observant l'aile d'un oiseau ou d'une chauve-souris, on retrouve aisément la structure osseuse du membre antérieur de tout tétrapode (voir Tetrapoda);

- les défenses des éléphants sont en fait des incisives à croissance continue ;

- les appendices masticateurs des arthropodes sont à l'origine des appendices locomoteurs réduits (il en va de même apparemment pour les Onychophores);

- les membres des tétrapodes proviennent des nageoires de vertébrés aquatiques ;

- dans le monde végétal, la présence d'une double membrane autour des plastes et la présence d'un A.D.N. circulaire à l'intérieur de ceux ci trahissent une origine endosymbiotique procaryote.


Indices biochimiques :

- le support de l'information héréditaire est toujours l'A.D.N. pour l'ensemble du vivant (parfois l'A.R.N. pour certains virus) ;

- Le code génétique, code de correspondance entre l'ADN et les protéines est quasiment le même chez tous les êtres vivants;

- le séquençage de l'A.D.N. a fait apparaitre de nombreuses régions étroitement apparentés (gènes paralogues) qui peuvent avoir donné des protéines à fonctions ou structures différentes (hémoglobines, myoglobines...) ;

- les éléments transposables (transposons - voir Élément transposable) semblent étroitement liés aux virus s'intégrant dans le génome de leurs hôte.


Indices comportementaux :

- certains lézards qui pratiquent une reproduction asexuée, persistent à réaliser des simulacres d'accouplements lors desquels une femelle monte sur une autre. Ce comportement est à mettre en relation avec une origine récente de ces espèces parthénogénétiques.

Voir aussi : Théories de l'évolution

La classification du vivant cherche à retracer l'évolution. [modifier]

La mise en évidence de ces parentés entre espèces ou groupes d'espèces, permet de tracer entre eux des ramifications qui se rejoignent et d'établir des arbre d'évolution ou arbre phylogénétique.

En parcourant l'arbre du vivant établi par la méthode phylogénétique, depuis sa base, on peut se représenter l'histoire de l'évolution : l'apparition des premiers vertébrés terrestres, des végétaux à fleurs ...

L'évolution aujourd'hui. [modifier]

L'évolution, bien que lente et rarement observable à l'échelle humaine peut parfois être décelée chez les espèces à reproduction rapide. Ainsi, les moustiques sont parfois localement devenu résistants à des insecticides. Il en va de même pour les bactéries responsables de pathologies humaines, souvent multirésistantes aux antibiotiques. Enfin, on peut constater le travail d'une évolution divergente récente dans le cas de la colonie de crabe découverte sous Rome : [1]

Mécanismes de l'évolution [modifier]

Articles détaillés : Théories de l'évolution et Sélection naturelle.

L'évolution résulte de l'action de plusieurs mécanismes évolutifs susceptibles de modifier la fréquence des génotypes dans une population, et par conséquent de modifier des caractères morphologiques, physiologiques ou comportementaux. Le processus est dans tous les cas identique, dans le même ordre:

  1. Apparition d'un nouveau caractère héréditaire chez un ou quelques individus.
  2. Ce nouveau caractère se répand dans les populations, soit parce qu'il est plus adapté à l'environnement, soit à cause d'un effet de hasard.

L'apparition de caractères nouveaux et héréditaires [modifier]

Les mécanismes de
l'évolution biologique

A l'échelle des populations :
sélection (écologique, sexuelle)
dérive génétique

A l'échelle des individus :
mutation génétique, recombinaison

Evolution des espèces :
spéciation, adaptation, extinction

"Rien en biologie n'a de sens,
si ce n'est à la lumière de l'évolution
"
Theodosius Dobzhansky, 1973

A chaque génération de nouveaux variants génétiques apparaissent qui peuvent eux-même transmettre leur patrimoine génétique au moment de la reproduction. Ces sources de diversité génétique sont :

On peut ajouter à cette liste une autre source de diversité génétique que sont les migrations par lesquelles le stock génétique dans une population donnée se voit renouvelé par l'arrivée d'autres membres de l'espèces porteurs d'un pool génétique différent.

La mutation [modifier]

Les mutations résultent d'erreurs lors de la réplication des gènes. Ces modifications accidentelles peuvent être transmises à la descendance, donnant naissance à des individus porteurs de gènes nouveaux, qu'aucun de leurs parents ne portait.

Il existe plusieurs types de mutations (mutations ponctuelles, duplications de gènes, cassures des chromosomes, insertions ou délétions de séquences). Ces différentes modifications suffisent à expliquer la diversité génétique observée dans la nature.

Il peut s'y ajouter des mutations par échange de matériel génétique entre espèces, par différents mécanismes naturels :

  • les bactéries sont capables d'intégrer et d'utiliser du matériel génétique (des plasmides) échangé entre deux bactéries, voire simplement présent dans le milieu. Le plus souvent cela ne conduit pas immédiatement à la définition d'une nouvelle espèce, mais le phénomène peut y contribuer et il contribue de façon importante à la sélection naturelle (par exemple, de nombreuses résistances aux antibiotiques se diffusent de cette façon).
  • les virus peuvent servir de vecteurs de transfert de matériel génétique d'une espèce vers une autre, même très différente; le plus souvent, l'infection virale conduit à la mort de la cellule victime, mais ce n'est pas nécessairement le cas, et la cellule cible peut participer à la reproduction (notamment pour les plantes). Un des exemples les mieux connus (et les plus utilisés par la recherche) est celui du tabac et des mosaïques.
  • les plantes peuvent s'hybrider, conduisant à de nouvelles espèces (le blé étant un exemple typique).

Finalement, il faut mentionner les symbioses strictes, qui sont des créations de nouvelles espèces à partir d'anciennes, mais sans échange ni fusion du matériel génétique (au moins dans un premier temps). Les lichens et, selon l'hypothèse de l'endosymbiose, les organites dits « autonomes » à l'intérieur des cellules (chloroplastes, mitochondries) relèvent de ce type d'association.

Les mutations augmentent la variabilité génétique au sein d'une population. Cependant, elles sont rarement bénéfiques à l'individu qui les porte car elles peuvent détruire l'activité d'un gène essentiel.

La migration [modifier]

La migration est une force de l'évolution qui augmente la variabilité génétique d'une population. De nouveaux arrivants en provenance d'une population éloignée amènent des allèles nouveaux, augmentant le pool génétique de la population d'accueil.

Le nouveau caractère se répand dans les populations [modifier]

Les mécanismes de l'évolution supposent qu'un ensemble d'individus, regroupés en une espèce sur la base de caractères partagés, évoluent « conjointement. » Se pose donc le problème de la spéciation, c'est-à-dire de l'évolution des espèces au-delà des simples individus.

La dérive aléatoire [modifier]

Article détaillé : dérive génétique.

Lorsqu'une petite population est isolée du reste d'une population-mère (par exemple, par isolement sur une petite île), certains types d'allèles tendent à disparaître, du fait de faible nombre de copies distribuées dans le pool génétique de la population au départ. Au fil des générations, la population dérive alors, acquérant des caractéristiques qui lui sont propres (ex: petitesse (mammouth nain de Sicile), gigantisme (varan de Komodo) parmi les espèces insulaires). La dérive est une force de l'évolution qui diminue la variabilité génétique au sein de la population. La dérive influe sur la fréquence des allèles. Elle ne crée en aucun cas de nouveaux allèles. Certains allèles vont être surreprésentés et d'autres sous-représentés par rapport à la population d'origine. Cette modification de la fréquence s'explique par une erreur d'échantillonnage. (hasard)

La sélection naturelle [modifier]

Elle diminue la variabilité génétique d'une population en enlevant certaines combinaisons génétiques défavorables dans le milieu où elles se produisent. Cependant elle peut aussi maintenir à une fréquence stable, des nouveaux variants génétiques, sans pour autant éliminer les anciennes versions. C'est le cas pour l'allèle de la drépanocytose. La sélection naturelle participe donc à l'augmentation de la diversité génétique.

Article détaillé : sélection naturelle.

Devenir des mutations et caractères hérités [modifier]

  • Les mutations se font toujours au hasard, et sont le plus souvent létales. La plupart du temps, elles perturbent gravement le fonctionnement de l'organisme mutant. Bien sûr, il arrive aussi qu'elles soient neutres (en modifiant un caractère sans pour autant le rendre moins fonctionnel) ou avantageuses; le cas est beaucoup plus rare, mais les mutations portent sur des millions d'individus pendant des dizaines de milliers de générations ou davantage, ce qui assure un facteur multiplicatif de 1010 à chacun de ces événements aléatoires.
  • C'est la sélection naturelle, mise en évidence par Darwin, qui se charge de « faire le tri » entre les différentes variations. Il s'agit d'un processus purement mécanique : les mutants défavorisés auront tendance soit à mourir plus jeunes que les autres, soit à trouver plus difficilement un compagnon de reproduction. Dans un cas comme dans l'autre, ils laisseront moins (voire pas du tout) de descendants. Les mutants neutres mourront en moyenne au même âge que les autres, auront globalement autant d'enfants et pourront donc répandre leurs nouveaux caractères dans une population sous l'effet du hasard. Quant aux mutants avantagés, ils seront plus compétitifs et auront donc en moyenne plus de descendants. Une mutation qui permet de mieux échapper à un prédateur, de mieux s'orienter, de mieux séduire le sexe opposé, d'avoir plus de descendants, de mieux résister aux maladies, de mieux tirer profit d'une vie en société aura tendance à faire baisser le taux de mortalité chez les mutants ou à améliorer leur succès reproductif.
  • Génération après génération, la sélection naturelle favorise les mutations qui se transmettent le plus, dans les populations (la dérive génétique, qui se fait au hasard, permet également à quelques mutations neutres de se fixer dans le génome de l'espèce). L'adaptation des populations tend donc progressivement à s'améliorer ; l'émergence d'organes aussi complexes et aussi fonctionnels que l'œil humain ou le radar de la chauve-souris s'explique par un tel processus de sélection cumulative. En revanche, l'existence de caractères sans utilité adaptative apparente peut s'expliquer par la fixation au hasard de mutations neutres. L'hypothèse dite de « l'auto-stop », ou « hitch hiking » en anglais, explique la fixation des mutations neutres par la mutation sur le même chromosome de deux gênes, l'une étant neutre et l'autre étant positive qui se transmettront simultanément.

La création d'espèces nouvelles: la spéciation [modifier]

Une espèce , c'est un ensemble de populations dont les individus sont interféconds (interfertiles), isolées du point de vue reproductif des autres êtres vivants;

On considère donc que 2 populations forment deux espèce discinctes lorsque il n'y a pas d'échange génétique possibles entre elles. Les 2 populations vont évoluer indépendamment l'une de l'autre, avec l'accumulation de différences importantes.

  • Lorsque deux espèces différentes apparaissent à partir d'une seule, on parle de spéciation. Pour qu'il y ait spéciation, il faut qu'il y ait formation, à un moment donné, de deux communautés isolées dans la population.
  • La spéciation dite allopatrique est un phénomène concernant deux ou plusieurs populations isolées géographiquement, séparées les unes des autres par des barrières géographiques (océan, montagne…). Un petit isolat peut aussi se former en périphérie de l'aire globale de distribution de l'espèce. Chaque population va alors pouvoir évoluer indépendamment, d'autant plus rapidement qu'elle est petite (les mutations se fixent plus facilement, pour des raisons mathématiques, dans les petites populations) et ainsi accumuler des remaniements chromosomiques pour finir par former une nouvelle espèce.
  • Il arrive aussi qu'un isolement reproducteur apparaisse au sein d'une population qui ne sera jamais séparée géographiquement : c'est la spéciation sympatrique. Il suffit pour cela que quelques individus changent de période de reproduction ou de signaux pour la parade nuptiale pour que les autres représentants de l'espèce cessent rapidement de s'accoupler avec eux ; il y a alors formation de deux communautés se partageant le même espace, mais s'isolant sur le plan de la reproduction. Les deux populations, en évoluant chacune de leur côté, pourront finir par se transformer en deux espèces complètement différentes.
  • Comme les spéciations sont des phénomènes relativement courts, qui se produisent dans de petites populations isolées, on observe souvent une certaine discontinuité entre les différentes espèces dans les archives fossiles. Une espèce peut rester en stase pendant très longtemps, puis être « assez rapidement » (à l'échelle géologique s'entend) remplacée par une autre.

Les mutations à l'origine des grandes modifications évolutives [modifier]

Certaines mutations minimes permettent à l'évolution d'agir très rapidement. On connaît des gènes régulateurs, dits gènes homéotiques, qui déterminent les grandes lignes du développement et du plan d'organisation de chaque partie du corps. Lorsque ces gènes (qui régulent eux-mêmes quelques milliers d'autres gènes) mutent, l'individu obtenu est souvent porteur de caractères nettement différents de ceux de ses parents. Certains « sauts évolutifs » s'expliquent par ce type de « macro-mutations » (que Goldschmidt avait découvert en proposant sa théorie du « monstre prometteur »). Par exemple, l'apparition de doigts et la disparition des rayons au bout de la nageoire des poissons crossoptérygiens (c'est-à-dire la formation des premières ébauches de pattes) s'expliquent par un simple décalage de l'activité de deux gènes homéotiques : Hox-a et Hox-b. Cette étape évolutive-là n'a pas nécessité des milliers, ni même des dizaines de mutations différentes : les gènes homéotiques ont permis l'émergence rapide de caractères radicalement nouveaux. Même si les « macro-mutations » donnent le plus souvent des « monstres » incapables de survivre et même si le processus, lent et sûr, de sélection cumulative de milliers de mutations minuscules a apparemment joué un rôle plus important dans l'évolution, il est de fait que certains « monstres prometteurs » ont permis à l'évolution de faire de grands bonds en avant.

D'autres mutations modifient la chronologie du développement : on parle d'hétérochronies. Elles peuvent être à l'origine de l'apparition d'une espèce plus juvénile (paedomorphique) ou, au contraire, plus adulte (hypermorphique) que son ancêtre. On connaît plusieurs exemples d'histoires évolutives qui ont fait intervenir les hétérochronies. L'axolotl, un urodèle mexicain qui passe sa vie entière à l'état larvaire sans jamais se métamorphoser, est paedomorphique par rapport à son ancêtre l'ambystome. Une simple hétérochronie a permis l'apparition d'une espèce complètement différente. De même, il semblerait que l'homme soit paedomorphique par rapport à ses ancêtres simiens, car il garde toute sa vie des caractères juvéniles que le chimpanzé et le gorille perdent. De plus, les phases générales de son développement sont ralenties par rapport à celles des grands singes.

L'apparition de nouveaux gènes s'explique principalement par la duplication de gènes préexistants. On connaît plusieurs « familles de gènes » dont les différents membres sont apparemment issus de plusieurs duplications d'un même gène ancestral. Par la suite, chacun des exemplaires « dupliqués » a pu muter et évoluer indépendamment des autres. Plusieurs familles multigéniques sont de toute évidence apparues grâce à ce processus.

De même, des duplications de l'ensemble du génome (polyploïdisations) ont également pu jouer. Par exemple, on estime que deux épisodes de polyploïdisations se sont produits depuis la séparation des deutérostomiens (soient essentiellement les échinodermes et les chordés dont les vertébrés) et des protostomiens (les invertébrés) sur la branche des vertébrés. On retrouve ainsi que beaucoup de gènes, comme HedgeHog impliqué dans le développement des polarités chez la drosophile, existent en trois ou quatre exemplaires chez les vertébrés (Desert HedgeHog, Indian HedgeHog et Sonic HedgeHog) pour des fonctions similaires.

L'évolution tend-elle vers un accroissement de la complexité ? [modifier]

Il n'existe pas de consensus sur la définition même de complexité. Elle est souvent estimée par le nombre de types cellulaires identifiables chez un organisme, mais cette estimation n'est pas, ou peu, corrélée à la taille du génome ou au nombre de gènes (complexité du génome) et ne saurait en aucun cas être une mesure indiscutable. L'accroissement de la complexité est un phénomène marginal et plutôt exceptionnel dans l'évolution. La plupart des espèces sont encore au stade unicellulaire (plus de 99 % des êtres vivants sont des bactéries), seules quelques rares lignées ont évolué vers une complexification.

Dans certains cas, cependant, la sélection naturelle a pu favoriser les organismes les plus complexes. Chez les mammifères, on observe une tendance à l'accroissement de la taille du cerveau ; on l'explique généralement par une « course aux armements » entre proies et prédateurs (voir la théorie de la reine rouge). Dans les deux cas, un système nerveux central plus performant peut sauver la vie de l'animal. De même, des « fédérations de cellules », ébauches d'organismes pluricellulaires, ont pu dans certaines circonstances être plus efficaces que les bactéries isolées pour leur permettre de survivre. Cependant, il est plausible que l'accroissement de la complexité ait pu, dans certains cas, correspondre à un caractère neutre et être fixé par la dérive génétique.

Une image donnée par Richard Dawkins [modifier]

Pour se trouver mille ancêtres différents, il faut remonter en arrière d'une dizaine de générations, ce qui représente quelques siècles. Or, avant le XIXe siècle, la moitié au moins des enfants mouraient en bas âge : on peut donc se demander combien de nos mille derniers ancêtres sont morts en bas âge, et la réponse n'est pas « au moins la moitié », mais bien entendu zéro, par définition. Nous ne sommes donc nullement représentatifs de l'humanité passée, car descendants d'une longue lignée de gens qui ont tous eu la chance d'amener une progéniture à l'âge de la procréation (c'est-à-dire survivre et trouver un partenaire, entre autres). Une génération peut avoir de la chance. Quand une dizaine en a coup sur coup, on peut supposer que cette « chance » correspond en fait à un ensemble de facteurs favorables qui se retrouvent de l'une à l'autre (facteurs qui ne sont pas tous génétiques : ils peuvent être culturels, religieux, économiques, etc.) Cette considération à elle seule montre que même à notre échelle, nous avons participé un tout petit peu, sur les quelques derniers siècles, à l'évolution. D'ailleurs notre simple choix d'un conjoint se révèle, comme le montre le biologiste Geoffrey Miller (The Mating Mind) obéir à des choix pas toujours conscients qu'on peut rapprocher de l'eugénisme.

Richard Dawkins pousse plus avant ses spéculations en considérant l'être vivant comme un conteneur à gènes (ce serait en tout cas le point de vue des gènes, s'ils en avaient un!). Pour lui les produits des gènes - cellules, tissus, organes, organismes, sociétés - servent aux gènes à se répliquer et à survivre. En quelque sorte, à la question : « De l'œuf ou la poule, qui est le premier ? », il répond : « La poule est le moyen trouvé par l'œuf pour faire d'autres œufs. ». Ce renversement de perspective considère l'être vivant comme la marionnette (Dawkins utilise le terme de véhicule-robot) de ses gènes.

Tout en la reconnaissant ingénieuse, Stephen Jay Gould a mis en garde contre une prise trop à la lettre de cette vision. Les gènes ne possèdent ni intention, ni projet au sens que nous donnons à ces termes. Dawkins n'a utilisé le terme qu'en tant que métaphore parlante, mais ses lecteurs n'ont pas toujours saisi la nuance.

En outre, il convient de se rappeler que les facteurs de survie ne sont pas seulement génétiques, ce qui est bien évident chez l'homme, mais ce qui est aussi le cas chez de nombreux animaux (par exemple, le chant des oiseaux, essentiel dans leur reproduction, dépend d'un apprentissage).

L'entraide, facteur de l'évolution [modifier]

C'est ainsi qu'elle sera développée, en 1902, par Pierre Kropotkine dans son livre L'Entraide : Un facteur de l'évolution une critique claire vis-à-vis du darwinisme social.

Dans cet ouvrage, le prince et anarchiste russe répond, spécifiquement, aux théories de Thomas H. Huxley publiées dans La Lutte pour l'existence dans la société humaine en 1888. Kropotkine, sans nier la théorie de l'évolution de Darwin, y précise que les mieux adaptées ne sont pas nécessairement les plus agressives, mais peuvent être les plus sociales et solidaires. Il fournit des exemples empiriques du règne animal, ainsi que de ce qu'il appelle les « Sauvages », les « Barbares », les villes médiévales, ainsi que le temps présent. Kropotkine ne nie pas non plus l'existence de compétition, mais pense que la compétition est loin de constituer le seul facteur de l'évolution, et que l'évolution progressiste est plutôt due à la socialisation et à l'entraide mutuelle.

Articles détaillés : altruisme, coopération et sélection de parentèle.

Une histoire imaginée par Richard Dawkins [modifier]

Cette histoire amusante n'a d'autre but que de bien fixer un point important de la théorie darwinienne.

Deux brontosaures voient un T-Rex avancer dans leur direction et se mettent à courir aussi vite qu'ils le peuvent. Puis l'un des deux dit à l'autre : « Pourquoi nous fatiguons-nous au juste ? Nous n'avons de toute façon pas la moindre chance d'arriver à courir plus vite qu'un T-Rex ! »

Et l'autre lui répond cyniquement :

« Je ne cherche pas à courir plus vite que le T-Rex. Je cherche juste à courir plus vite que toi ! »

L'idée est de rappeler que le processus concerne moins une compétition entre espèces, qu'une compétition à l'intérieur de chaque espèce.

Théories et citations [modifier]

« Les changements chez une population sont nommés microévolution, et ils peuvent en effet être acceptés comme une conséquence d'une modification de fréquences de gènes. Les changements à un niveau supérieur à celui de l'espèce — impliquant l'origine de nouvelles espèces et l'établissement de processus taxonomiques plus élevés - sont connus en tant que macroévolution. La question centrale de la conférence de Chicago était de savoir si les mécanismes sous-tendant la microévolution peuvent être extrapolés pour expliquer les phénomènes de macroévolution. Au risque de faire violence aux positions d'une partie des participants à la conférence, la réponse peut être donnée comme clairement, non. Ce qui n'est pas aussi clair, cependant, est de savoir si la microévolution est totalement indépendante de la macroévolution. Les deux peuvent plus probablement être considérées comme un continuum avec un chevauchement notable. » 
    — Roger Lewin, Evolutionary Theory Under Fire[1]

  1. Roger Lewin, Evolutionary Theory Under Fire, Science magazine, Volume 210, 21 November 1980, p. 883-887. Cet article se rapporte à la conférence de Chicago en 1980 sur la macroévolution.

« L'évolution biologique est toujours en marche et nous existons à l'intérieur de cette évolution. Or, on ne peut être à la fois dans le train et regarder passer le train. C'est pourquoi il est si difficile à l'homme de se comprendre lui-même. » 

Articles connexes [modifier]

  • Adaptation
  • Arbre phylogénétique du vivant
  • Biodiversité
  • Biologie de l'évolution
  • Brisures du complexe narcissique
  • Charles Darwin
  • Critique du darwinisme
  • Classifica

    11/08/2007
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