Emilie du Châtelet, femme de Lumières

 

 

Emilie du Châtelet, femme de Lumières, ce soir sur France 3

Publié le samedi 29 décembre 2007 à 14h42 | LE FIL TéLéVISION | Tags : France 3     fiction

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France 3 propose ce soir un portrait enlevé d'Emilie du Châtelet, à la fois philosophe, femme de sciences, amante et muse de Voltaire.

 

Thierry FREMONT et Léa DRUCKER. Photo: Charlotte Schousboe/France3

« Nous serons le premier couple de philosophes voluptueux... » confie Emilie du Châtelet à son prestigieux amant de douze ans son aîné, M. de Voltaire, à l'occasion d'une douce promenade en barque, l'une des scènes-clés de Divine Emilie. Nous sommes vers 1734, dans les premières années d'une relation riche et tumultueuse qui durera seize ans (jusqu'à la mort d'Emilie, en 1749, à l'âge de 43 ans) et que conte dans le détail ce téléfilm enlevé, interprété par Léa Dru­cker et Thierry Frémont, sur un scénario cosigné par Elisabeth Badinter. Il y a vingt-cinq ans déjà, la philosophe avait exhumé, dans un essai, la figure oubliée de Mme du Châtelet, grande intellectuelle et femme de sciences (1). Se souvient-on que, jusqu'en 2000, c'est dans sa traduction que l'on a pu lire les Principia de Newton en français ?

L'héroïne de Divine Emilie est une femme passionnée par la vie, l'échange et la découverte, qui défend l'expérience chère à Newton contre la rigidité des cartésiens, initie son cher poète à la sensualité comme à la science, et le guide sur le chemin de la métaphysique. C'est aussi une femme libre de ses mouvements et de ses projets, sous le regard respectueux et compréhensif de son époux, M. du Châtelet, militaire issu de la vieille aristocratie lor­raine... Florent du Châtelet n'a-t-il pas abandonné son château de Cirey, cinq ans durant, au couple adultère ? Celle que Voltaire appelle « [sa] divine abeille » fait preuve, au fil du téléfilm, d'une indépendance telle (y compris à l'égard de Voltaire, quand elle tombe dans les bras du savant et séduisant Maupertuis) que l'on se demande souvent si les scénaristes n'ont pas relu son destin à la lumière d'un féminisme plus contemporain.

« Il y a peu de roman dans le film », argumente Elisabeth Badinter, qui s'est inspirée d'environ cinq cents lettres écrites par Emilie à ses amis de l'Eu­rope entière, ou par Voltaire, qui n'a cessé de se souvenir d'elle (la correspondance des deux amants ayant mystérieusement disparu après sa mort à elle). « Emilie était bien une femme à part : élevée d'une manière exceptionnelle par son père, ambassadeur et fin lettré, qui lui a épargné le couvent d'habitude réservé aux filles. Traitée par Voltaire comme son égale. Je ne dis pas qu'elle fut à l'origine d'une grande invention scientifique, mais ce fut une vraie femme de sciences dans la société des Lumières. Avec Voltaire, elle a vulgarisé la physique et la métaphysique. A la différence d'autres figures féminines de son temps, comme Mme du Deffand, Emilie du Châtelet ne tenait pas salon, parce que pour travailler sérieusement, il lui fallait s'isoler. » Pour se convaincre de l'authenticité d'une telle peinture, il suffit de laisser parler Mme du Châtelet elle-même, qui confiait dans un petit précis sur le bonheur retrouvé dans ses papiers : « Les femmes sont exclues, par leur état, de toute espèce de gloire, et quand, par hasard, il s'en trouve quelqu'une qui est née avec une âme assez élevée, il ne lui reste que l'étude pour la consoler de toutes les exclusions et de toutes les dépendances auxquelles elle se trouve condamnée. »

Emmanuelle Bouchez

(1) Mme du Châtelet, Mme d'Epinay ou l'Ambition féminine au XVIIIe siècle, d'Elisabeth Badinter (éd. Flammarion).

Lire aussi : Discours sur le bonheur, de Mme du Châtelet (éd. Rivages poche/Petite Bibliothèque) ; Voltaire, de Pierre Milza (éd. Perrin).

 Divine Emilie, samedi 29, 20h50, France 3.

 

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Gauche: Voltaire (à 41 ans) par Maurice Quentin de La Tour
Droite: Madame du Châtelet (à 29 ans) par Marianne Loir


Une histoire d'amour

Voltaire et émilie
En 1733, lorsqu'il rencontre émilie, Voltaire à 39 ans et est déjà un auteur confirmé, un poète reconnu et un homme d'affaire avisé. Elle a 28 ans et vit la vie d'une femme de la haute société parisienne. Dès leur première rencontre, ils se sont sentis attirés l'un à l'autre.

Ils avaient certainement entendu parler l'un de l'autre avant de se rencontrer car ils avaient de nombreux amis et connaissance en commun. émilie avait lu Voltaire. Elle avait été voir ses pièces de théâtre qu'elle appréciait. Le Duc de Richelieu et Voltaire étaient assez intimes. émilie avait eu une aventure avec Richelieu, et lui écrivit un jour pour lui demander comment il avait pu lui cacher que Voltaire était l'homme idéal.

Evoquant émilie, Voltaire écrivait à l'un de ses amis: "Tout en elle est noblesse, son attitude, ses goûts, le style de ses lettres, sa manière de parler, sa politesse... Sa conversation est agréable et intéressante." Ils avaient beaucoup à se dire. Ce fut la rencontre de deux grands esprits.

Les règles sont pour les autres
Voltaire et émilie allaient à l'opéra, soupaient dans les meilleurs restaurants et se présentaient ensemble aux audiences royales. L'affichage d'une relation était normalement considéré comme incorrect et la société parisienne était parfois choquée de voir à quel point ils oubliaient les règles de la bienséance. émilie et Voltaire n'en avaient cure. Ces règles étaient pour les autres et ils s'aimaient.

La police recherche Voltaire
En mai 1734, Voltaire et émilie étaient invités au mariage du Duc de Richelieu. Quelques jours après la cérémonie, Voltaire reçut un message du bureau de l'un des ministres du Roi qui suggérait à l'auteur des "Lettres anglaises" de "s'absenter". Il s'agissait d'une mise en garde de l'un de ses amis qui l'avertissait que la police le recherchait. Il ne savait pas pourquoi, mais il quitta le pays précipitamment afin d'éviter d'être arrêté.

Voltaire apprit plus tard qu'un imprimeur voulait se faire un peu d'argent en publiant et en vendant ses travaux sans l'en avertir. Dans ses "Lettres philosophiques", Voltaire a rendu hommage à la liberté religieuse et politique qu'il a retrouvée en Angleterre. Les censeurs du gouvernement y virent une critique du Roi et de l'Eglise en France. L'imprimeur fut enfermé à la Bastille et une lettre de cachet avait été écrite afin que la police recherche et arrête Voltaire.

Pendant deux mois, Voltaire dût se cacher chez des amis, près de la frontière. Au cours de cette fuite, il s'arrêta au Château de Cirey, la demeure ancestrale du mari d'émilie. Il constata que le château avait grand besoin de travaux.

La décision de vivre à Cirey
Il peut sembler étrange que Voltaire et émilie aient décidé de vivre au Château de Cirey et que le mari d'émilie ait été d'accord avec cette décision. Voltaire prêta 40,000 francs au marquis à un taux très bas afin de couvrir les frais de rénovation. Le Marquis obtint également une maison à la campagne à partir de laquelle il pouvait chasser et Voltaire payait pour les dépenses somptuaires d'émilie. Cet arrangement convenait au mari d'émilie.

Voltaire avait toujours désiré avoir une maison à la campagne dans laquelle il aurait pu écrire. La rénovation du château commença en août et émilie et Voltaire transformèrent le château en une demeure confortable. Voltaire était riche, ils ne manquaient de rien et vivaient dans le luxe.


La relation amoureuse
Ceux qui connaissaient Voltaire et émilie s'intéressaient à leurs relations amoureuses. Madame de Graffigny, qui fut l'hôte du couple au château pendant trois mois écrivait à ses amis qu'émilie avait de nombreux bijoux qui étaient sans doute des cadeaux de Voltaire. Elle disait également que lorsqu'ils se querellaient, ils parlaient en anglais. Les gens étaient particulièrement friands de ce genre de détails.

Madame de Graffigny indiquait également que le couple ne s'occupait de ses hôtes que le soir. Pendant la journée, Voltaire et émilie travaillaient, s'envoyaient souvent des billets et se retrouvaient parfois pour parler de leurs travaux respectifs. Les invités devaient rester dans leurs chambres pour lire ou éventuellement se retrouver entre eux pour trouver des occupations. Peu de gens comprenaient le monde intellectuel dans lequel vivait ce couple étrange.

Les relations intellectuelles
Voltaire et émilie souhaitaient découvrir "la vérité" et écrire sur leurs découvertes. Tous deux voulaient avoir une influence sur le monde. Les liens qui unissaient le couple reposaient largement sur leurs connivences intellectuelles et sur la manière dont ils s'encourageaient mutuellement.

La recherche de la vérité
Voltaire et émilie constituèrent une bibliothèque de plus de 21 000 ouvrages, ce qui était l'équivalent d'une bonne bibliothèque d'université dans les années 1700. Leur bibliothèque comportait des ouvrages d'auteurs anciens et contemporains. Ils passaient une grande partie de leur temps à lire, à analyser et à discuter les travaux de nombreux auteurs afin de chercher à établir ce qu'ils pensaient être la vérité sur tel ou tel sujet. Au nombre de ces sujets :

La métaphysique: Cette section de la philosophie s'occupe de la question de la réalité hors de ce qui est perceptible par les sens. Voltaire et émilie cherchèrent des réponses à des questions qui se sont posées depuis l'aube de l'humanité et qui sont encore aujourd'hui l'objet de grands débats. Peut-on établir des preuves de l'existence de Dieu?, Qu'est-ce que l'âme et est-elle immortelle? L'homme a-t-il un libre arbitre? Quelle est l'origine du mal? D'où viennent nos pensées?

La philosophie morale: Ils avaient un intérêt tout particulier pour des questions telles que : Qu'est-ce que le bonheur? Quelle est la nature du plaisir? Qu'est-ce que le bien et le mal du point de vue de la société? Comment fonctionne le principe des récompenses et des punitions? Qu'est-ce que l'égalité sociale? Ou encore comment cohabitent raison et passion?

La physique (qui, dans les années 1700, s'appelait aussi science naturelle): Tant Voltaire qu'émilie s'intéressèrent de près aux travaux d'Isaac Newton et aux sciences en général.

L'histoire: émilie s'intéressait peu à l'histoire dans la mesure où c'était principalement une suite de guerres et de conquêtes. C'est ce qui conduisit Voltaire à introduire dans ses écrits historiques la vie et l'œuvre des grands hommes des sciences et des arts.

Critique théologique: Voltaire et émilie firent une analyse détaillée de la Bible afin de se forger une opinion personnelle sur le statut de ce texte et tant que pilier essentiel de la religion.

Collaboration et Critique
Dans son introduction aux "Eléments de la Philosophie Naturelle de Newton" publié en 1737, Voltaire indique qu'émilie et lui-même ont collaboré à l'écriture de cet ouvrage. Tous deux étaient convaincus que le fait de traduire en Français ce texte dans lequel Newton expliquait les principes de la gravitation, de l'optique et de la lumière était d'une très grande importance. Après ce projet commun, émilie poursuivit ses études sur les mathématiques et termina la traduction des "Principia" que Voltaire fit publier après sa mort.

Les manuscrits originaux de Voltaire portent des annotations de la main d'émilie dans les marges. De même, les manuscrits d'émilie sont annotés par Voltaire. Ils se critiquaient ainsi mutuellement afin d'améliorer la qualité de leurs travaux et de leurs publications. Voltaire louait souvent l'intelligence d'émilie, disant d'elle qu'elle était géniale et il lui dédicaça la majeure partie de ses travaux durant les quinze années que dura leur liaison. Il est bien possible que ces dédicaces soient une forme de reconnaissance pour tout ce qu'émilie apportait à ses travaux.

Voltaire et émilie partageaient les mêmes valeurs et poursuivaient les mêmes buts. Cette partie de leurs relations n'était pas très facilement perceptible pour les autres mais elle est fondamentale dans la compréhension de ce qui les unissait.

Peu après la mort d'émilie, en 1749, Voltaire écrivait à l'un de ses amis: "Je n'ai pas perdu une maîtresse, mais la moitié de moi-même. Un esprit pour lequel le mien semblait avoir été fait."


Correspondance perdue
Au cours des quinze années de leur relation, émilie conserva toute la correspondance qu'elle entretint avec Voltaire. Ces lettres étaient reliées dans huit volumes de cuir rouge. Hélas, cette correspondance n'a jamais été retrouvée.

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Emilie du Chatelet
haut gauche: émilie du Châtelet
haut droite: Détail - émilie du Châtelet par Marianne Loir
au château de Ferney-Voltaire, Ferney-Voltaire, France

bas gauche: Détail - Madame du Châtelet par Nicolas de Largillière
Columbus Museum of Art, Columbus, Ohio USA

bas droite: Détail - miniature de émilie du Châtelet par Marianne Loir
dans la collection de Jane Birkenstock, San Jose, CA USA



Gabrielle émilie le Tonnelier de Breteuil du Châtelet
Née le 17 décembre 1706
Décédée le 10 septembre 1749


émilie est née en 1706 à Paris dans une famille aisée. Son père, le Baron de Breteuil, était le Introducteur des Ambassadeurs de Louis XIV. Cette situation le plaçait au cœur des activités de la cour et donna à émilie une importante stature sociale quand, adulte, elle fit son entrée dans la société.

Enfance et éducation
émilie n'était pas d'une beauté extraordinaire, mais avait de grands yeux très expressifs. Enfant, elle apprit à monter à cheval et pratiqua la gymnastique. Il s'avéra très vite qu'elle était douée d'une très vive intelligence. Elle ne dormait que trois ou quatre heures et montrait une vitalité hors du commun.

Elle reçut une éducation sans défaut de la part de précepteurs qui venaient dans la demeure familiale. C'est son père qui lui enseignait également en latin.

émilie se montra vite très douée pour les langues, les mathématiques et les sciences. A douze ans, elle lisait, écrivait et parlait couramment l'allemand, le latin et le grec. Elle passait la majeure partie de son temps dans sa chambre pour étudier. Elle aimait également la danse, se débrouillait convenablement au clavecin, chantait de l'opéra, faisait du théâtre en amateur et avait un talent artistique sensiblement au-dessus de la moyenne.


Son introduction à la Cour
Le père d'émilie la présenta à la cour à Versailles quand elle eut seize ans. émilie fut émerveillée par les splendeurs et les extravagances de la vie de cour et les trouva très à son goût. Elle commença à se constituer une importante garde robe et collectionna les tenues et les chaussures. Elle adorait les bijoux et particulièrement les diamants.

Quelques années plus tard, Voltaire écrira : "Les goûts d'émilie sont impeccables... Elle désire tout ce qu'elle voit et son coup d'œil est particulièrement vif."

Un génie
émilie était d'une intelligence si grande que les autres femmes et la plupart des hommes l'évitaient. Elle ne portait aucun intérêt aux ragots et aux conversations futiles. Elle manifestait un très grand intérêt pour les choses de l'esprit et n'acceptait de fréquenter que ses égaux qui ne consistaient qu'en un petit nombre d'hommes.

Mariage
A dix-neuf ans, émilie épousa le Marquis du Châtelet. Comme souvent à cette époque et dans cette société, c'était un mariage arrangé et les époux n'avaient pas grand chose en commun. Elle appréciait la société des salons parisiens et la vie de cour; il était militaire, passionné par la chasse. Après avoir eu trois enfants, elle considéra que son devoir conjugal était rempli et ils tombèrent d'accord pour vivre des vies séparées.

Dans la grande société, il était parfaitement admis que maris et femmes pouvaient avoir maîtresses et amants. Les hommes pouvaient avoir autant de maîtresses qu'ils le souhaitaient mais il était convenable, pour les femmes, de n'avoir qu'un seul amant à la fois.


Les histoires d'amour avant Voltaire
émilie eut trois amants avant sa rencontre avec Voltaire. A 24 ans, elle eut pour amant le Duc de Richelieu pendant une année et demie. Le Duc s'intéressait à la littérature et à la philosophie et émilie était l'une des rares personnes qu'il jugeait à son niveau et avec laquelle il pouvait s'entretenir. émilie lisait tous les livres importants, allait régulièrement au théâtre et appréciait les débats culturels. Elle montra en particulier un grand intérêt pour le travail d'Issaac Newton et Richelieu l'encouragea à prendre des leçons en Mathématiques afin de mieux comprendre ses théories.

Moreau de Maupertuis, membre de l'Académie des Sciences, enseigna la géométrie à émilie. Il était mathématicien, astronome et physicien. Il était en outre un ardent défenseur des théories de Newton, qui étaient l'objet de grands débats à l'Académie.


émilie devient une habituée de chez Gradot
émilie désirait assister aux réunions régulières du mercredi à l'Académie de Sciences, au Louvre. Malheureusement, les femmes n'étaient pas admises à ces réunion dans lesquelles les dernières avancées scientifiques étaient débattues.

émilie était dans les meilleurs termes avec les amis de Maupertuis qui se réunissaient chez Gradot, un café fréquenté par les scientifiques, les philosophes et les mathématiciens. Mais les femmes n'étaient pas non plus admises dans les cafés.

Quand elle se vit refuser l'entrée chez Gradot, émilie se fit faire un ensemble de vêtements d'homme, réussit ainsi à entrer dans le café et se joignit à la table de Maupertuis. Maupertuis et ses amis l'acclamèrent et commandèrent une tasse de café pour elle. Les propriétaires feignirent de ne pas remarquer qu'ils servaient une femme. Ils ne voulaient pas perdre leur illustre clientèle. C'est ainsi qu'émilie devint une habituée de chez Gradot. Elle arrivait toujours remarquablement habillée... en homme.


Les femmes n'ont pas accès aux études supérieures
Au 18e siècle, les femmes n'avaient pas accès à l'enseignement supérieur. Pour contourner ce problème, émilie louait les services de professeurs qui venaient lui enseigner la géométrie, l'algèbre, le calcul et la physique. Par ailleurs, elle étudiait seule une grande partie de la journée. Elle passait entre 8 et 12 heures chaque jour dans son bureau à lire et à écrire.

Au cours de sa vie, les disciplines qu'elle affectionnait le plus étaient la physique, les sciences, les mathématiques, la philosophie et la métaphysique.


émilie rencontre Voltaire
Voltaire et émilie se sont rencontrés au printemps 1733. Tous deux furent rapidement convaincus d'avoir trouvé l'âme sœur.

 

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Cliquez ici pour voir cette groupe.
Marquis Florent-Claude du Châtelet
Duc de Richelieu
Les noblesses français
Marie Leszczynska
Marquise du Deffand
Moreau de Maupertuis
Isaac Newton
Alexis-Claude Clairaut
Count Francesco Algarotti
Madame de Graffigny
Stanislas Leszczynski
Marquise de Boufflers
Les noblesses au cour de Stanislas à Lunéville
Marquis de Saint-Lambert

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émilie du Châtelet

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Gabrielle Émilie le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet
Gabrielle émilie le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet

Gabrielle émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet, communément appelée émilie du Châtelet née à Paris le 17 décembre 1706 et morte à Lunéville le 10 septembre 1749, est une mathématicienne française.

Fille de Louis Nicolas Le Tonnelier, baron de Breteuil, introducteur des Ambassadeurs de Louis XIV, émilie eut la chance de vivre dans un milieu ouvert ; ses parents recevaient en effet le poète Jean-Baptiste Rousseau et Fontenelle dans leur salon parisien et elle connut ceux-ci dès l'enfance. Elle doit à son père une éducation qui d'ordinaire n'était que rarement dispensée aux filles. Lui-même lui enseigna le latin et celle-ci, douée pour les études, apprit également le grec et l'allemand. Douée pour la musique, elle apprit à jouer du clavecin ; aimant la danse et le théâtre, qu'elle pratiqua en amateur, aimant aussi à chanter l'opéra.

Présentée à seize ans à la Cour du régent par son père, elle fut séduite par les plaisirs que cette vie offrait, cédant à certaines extravagances, collectionnant les robes, les chaussures, adorant les bijoux.

Mariée le 12 juin 1725 au marquis Florent Claude du Châtelet (ou du Chastellet). Celui-ci avait trente ans et elle dix-neuf. Avec son époux, gouverneur de Semur-en-Auxois, elle vécut quelque temps dans cette ville et c'est là qu'elle rencontra le mathématicien Mézières. Elle eut la chance d'avoir un mari qui la laissa vivre librement; se rendant compte de ses propres limites autant que des capacités intellectuelles de sa femme. Le mariage se traita comme une affaire, l'amour ne rentrant que rarement en compte. Elle eut, de son mari, trois enfants, dont Louis Marie Florent du Chatelet mais son époux, pris par sa carrière militaire, ne voyait son épouse que très rarement. Celle-ci avait d'ailleurs été auparavant la maîtresse du marquis de Guébriant et du maréchal de Richelieu ; l'assiduité et le goût de l'étude qu'elle montra avec précocité ne l'empêchant pas de mener la vie volage d'une dame noble sous la Régence.

De ses divers amants, Voltaire eut sur elle le plus d'influence, l'encourageant à approfondir ses connaissances en physique et en mathématiques, matières pour lesquelles il lui reconnaissait des aptitudes particulières, la considérant supérieure à lui-même en ce domaine par ses connaissances. Le substantif « scientifique » n'existait pas alors, mais c'est ce qu'était émilie du Châtelet : une des premières femmes à l'avoir été ainsi que Marie-Anne Lavoisier, et dont on ait conservé une documentation certaine pour pouvoir l'affirmer. Cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas eu d'esprits scientifiques féminins auparavant, mais celles qui l'eurent par la suite ne connurent pas la fin tragique d'Hypatie d'Alexandrie dans l'antiquité. émilie étudie Leibniz, se concerte avec Clairaut, Maupertuis, König, Bernoulli, Euler, Réaumur, autant de personnages auxquels on doit l'avènement des « sciences exactes », concept qui n'existait pas encore à cette époque. Quand elle entreprendra la traduction des Principia Mathematica de Newton, elle ira jusqu'à consulter Buffon.

Portrait par Marianne Loir. Bordeaux, Musée des Beaux-Arts
Portrait par Marianne Loir. Bordeaux, Musée des Beaux-Arts

Elle fait la connaissance de Voltaire en 1734 alors qu'il est en disgrâce ; elle l'accueille chez elle, dans son château de Cirey-sur-Blaise (aujourd'hui en Haute-Marne) : il a trente-neuf ans et elle vingt-sept, leur liaison va durer quinze ans. C'est lui qui la pousse à traduire Newton et qui lui fait prendre conscience d'avoir la liberté de penser par elle-même. Après avoir eu la chance, rare pour l'époque, d'avoir eu un père ne la considérant pas exclusivement comme une « fille à doter et à marier » pour nouer des relations intéressées, elle a celle d'avoir un compagnon la considérant son égale. Voltaire se montra du reste toujours admiratif envers elle, louant son intelligence et ses qualités, dont celle, non des moindres, de ne jamais médire des autres dans un monde brillant certes, mais aussi méchant que spirituel. Moquée, ainsi que Voltaire, par les dames de la Cour telles que la baronne de Staal-de Launay et plus encore par la plume acerbe de la marquise du Deffand qui la jalousait, émilie — à qui étaient reprochés quelques travers « un peu ridicules », comme de se plaindre du bruit l'empêchant de « penser » et de se concentrer sur ses expériences nécessitant un matériel rare et bien peu utilisé alors — ne s'en indigna jamais, laissant dire les mauvaises langues. Sa position sociale la mettait sans doute à l'abri des commentaires acides, mais son esprit, sa véritable « noblesse », la situait certainement au-dessus des propos aigres et jaloux des brillantes épistolières, fussent-elles les meilleures et les plus fines de son époque.

à son arrivée à Lunéville, à la cour de Stanislas Leszczyński, en 1746, elle s'éprend du poète Saint-Lambert et délaisse Voltaire avec lequel elle restera toutefois liée d'amitié jusqu'à sa mort, qui survient trois ans plus tard à la suite d'un accouchement, à l'âge tardif de quarante-trois ans, mettant au monde une petite fille qui ne lui survivra pas. Saint-Lambert et Voltaire l'assistèrent jusqu'au bout. Ce fut Voltaire qui se chargea de faire publier la fameuse traduction que son amie avait faite du traité de Newton et qu'elle avait envoyée à la bibliothèque du roi, comme si elle avait pressenti sa fin prochaine.

On doit à élisabeth Badinter une étude approfondie sur émilie du Châtelet, où l'auteur, à travers son personnage, met en lumière l'ambition féminine qui se fait jour au cours du XVIIIe siècle. Selon l'auteur, émilie avait quelque chose de viril, d'androgyne et c'est pourquoi elle en rajoutait sur l'apparence, fanfreluches et maquillage.

œuvres [modifier]

  • Institutions de Physique, Paris, 1740, in-8°
  • Analyse de la philosophie de Leibniz, 1740
  • Réponse à la lettre de Mairan sur la question des forces vives, Bruxelles, 1741, in-8°
  • Dissertation sur la nature et la propagation du feu, Paris, 1744, in-8°
  • Trad. des Principes de Newton, publiée par Clairaut, 1756, avec son éloge par Voltaire.
  • Principes mathématiques de la philosophie naturelle traduction de Newton, Paris, 1766, vol. 1, vol. 2
  • Discours sur le bonheur, 1779
  • Doutes sur les religions révélées, adressés à Voltaire (Paris, 1792, in-8)
  • Opuscules philosophiques et littéraires, 1796
  • De l'Existence de Dieu, (imprimé à la suite de l'édition de ses lettres de 1806, chez N. Xhrouet) et un certain nombre de lettres inédites au comte d'Argental, Paris, 1782 ; Paris, 1806, in-12; Paris, 1818, in-8, éditées par Eugène Asse, Paris, 1878, in 12

Voir aussi [modifier]

  • L'Institut émilie du Châtelet est le premier centre de recherches français voué aux problématiques des études portant sur le(s) genre(s).

Bibliographie [modifier]

  • Françoise de Graffigny, La Vie privée de Voltaire et de Mme Du Châtelet, Treuttel et Wurtz, Paris, 1820
  • Charles Augustin Sainte-Beuve, Causeries du lundi, Voltaire à Cirey, Garnier frères, Paris, 1881
  • élisabeth Badinter, émilie, émilie ou l'ambition féminine au XVIIIe siècle, Flammarion, Paris, 1983, réédition 2006.
  • Florence Mauro, émilie du Châtelet, Paris, Plon, 2006

Filmographie [modifier]

Divine Emilie, diffusé le 29 Décembre 2007 sur France 3.

Liens internes [modifier]

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur émilie du Châtelet.

Liens externes [modifier]

 



27/04/2008
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