Inconscient

Inconscient

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'inconscient est un concept utilisé par Sigmund Freud (1856-1939) dans sa théorie psychanalytique.

Avant lui, ce concept était déjà utilisé dans un sens voisin par des philosophes comme Nietzsche et Hartmann.

Il avait déjà été perçu par Leibniz au XVIIe siècle.

Sommaire

[masquer]

Définition [modifier]

  • Dans le sens commun, l'inconscient est tout ce qui n'est pas conscient. Cela peut-être compris comme ce qui n'est pas conscient à un moment donné ou comme ce qui est inaccessible à la conscience même dans le temps (pas totalement étant donné qu'on peut devenir conscient de quelque chose).
  • D'après la théorie psychanalytique, l'inconscient est un maillage d'idées, de perceptions, d'émotions constituant le psychisme. Il ne s'agit pas simplement de l'opposition à la notion de conscience mais d'une structure réactive et dynamique. Par exemple, un changement à une des mailles provoqué par une perception peut entrainer des modifications sur une plus grande partie du psychisme. Cette structure fonctionne avec ou sans conscience ce qui peut paraitre contradictoire avec son nom.

Les idées de Sigmund Freud [modifier]

Nos actes manqués (y compris les représentations qui sont des "actes psychiques" selon Freud) répondraient à des raisons, des désirs non formulés de façon intelligible, sans que l'on ait conscience de ces choix. Ceci pose quelques questions : quels sont ces désirs, comment apprendre ce qu'ils sont ? Pourquoi n'en avons-nous pas conscience ?

La psychanalyse est, entre autres, une méthode d'investigation des processus psychiques inconscients. Ceci, en premier lieu, rappelle l'intérêt du concept : un processus inconscient n'en est pas moins psychique, il pourra par exemple être évoqué sous hypnose. Freud établit en 1900 sa première topique composé de trois systèmes : l'inconscient duquel émanent les désirs/fantasmes, le conscient qui les analyse en continu et le préconscient qui les emmagasine et les rétablit dans le conscient. En 1920, il établit une seconde topique comprenant elle aussi trois structures, le ça, pouvant s'identifier à l'inconscient, le moi dans lequel émergent les fantasmes s'ils n'ont pas été refoulés dans le ça par le surmoi. J.Lacan émettra par la suite de nouvelles perspectives quand au fonctionnement de l'inconscient...

Le concept freudien de l'inconscient [modifier]

L'inconscient pour Freud regroupe toutes les énergies ou tensions qui ne peuvent apparaître à la surface car elles vont à l'encontre des mœurs. Cette idée sera critiqué par Jean Paul Sartre qui pense que l'inconscient est un moyen pour l'homme de se donner bonne conscience. cf: L'être et le néant.

L'hypnose et l'association libre [modifier]

C'est d'abord à travers la pratique de l'hypnose que Freud se rend compte qu'il est en présence de processus psychiques inconscients. En effet, lorsque des ordres sont donnés à un sujet hypnotisé et qu'il s'y soumet après son réveil, c'est bien la preuve que la parole a produit des effets, a mis en marche des mécanismes sans que le sujet n'en sache rien. Lorsque Freud abandonne l'hypnose et qu'il développe la technique d'association libre, il aboutit aux mêmes conclusions. Quelque chose est à l'œuvre dans le psychisme, indépendamment de la conscience.

Moyens d'investigation de l'inconscient [modifier]

Pour démontrer l'existence d'un inconscient chez tout homme, Freud s'emploie à relever des faits qui peuvent être tenus pour des indices. Il souhaite prouver que l'inconscient est le propre de l'homme "normal" ou non. Selon lui, il y a des actes qui ne peuvent être expliqués que si l'on pose l'existence d'une vie psychique inconsciente. Parmi ces phénomènes, il y a le rêve, les actes manqués et les mots d'esprit qui se manifestent chez tout homme. Dans le rêve, le mot d'esprit ou les actes manqués, ce sont les lacunes ou les malformations du discours conscient qui renseignent sur les désirs inconscients. On peut donc dire que : l'inconscient dénote tout ce qui n'est pas conscient pour un sujet, tout ce qui échappe à sa conscience spontanée et réfléchie. Reste que beaucoup diront que ceci est une définition pré-freudienne de l'inconscient, car Freud comme il le montre pour le rêve ne se préoccupe pas des processus cognitif sub-conscients (type résolution d'un problème pendant le sommeil). L'inconscient pour lui, c'est avant tout quelque chose qui a à voir avec l'interdit, avec le tabou, etc, donc surtout avec la Loi et sa transgression, avec le désir. Mais on peut dire aussi que l'inconscient c'est là où ça pense, et surtout là où ça désire selon une certaine logique, absurde et bizarre, sans qu'on le sache.

  • Le rêve: Les rêves sont selon Freud "la voie royale qui mène à l'inconscient". Tout homme rêve, donc l'inconscient est bien actif chez chacun de nous. L'analyse du rêve permet de découvrir les mécanismes de symbolisation du psychisme. Et surtout les mécanismes de déformations de la censure. Car le rêve, selon Freud a un sens, c'est avant tout la satisfaction d'un désir, mais pas de n'importe quel désir.
  • Les actes manqués: Il existe des petits phénomènes qui viennent rompre la continuité des paroles et des actions. Ce sont des "bizarreries" que Freud veut essayer de comprendre.
  • Le mot d'esprit: C'est le dernier champ ouvert à l'investigation de l'inconscient. Il servirait le plus souvent à exprimer sous des allures inoffensives, des tendances hostiles, des aspirations sexuelles, le mépris de soi ou des autres.

Les mécanismes de l'inconscient [modifier]

  • La condensation: "Cela consiste à représenter par un seul élément du contenu manifeste une multiplicité d'éléments (image, représentation...) du contenu latent. Inversement, un seul élément du contenu latent peut être représenté par plusieurs éléments du contenu manifeste." (Laplanche et Pontalis). C'est un travail de "compression" dont Freud dit qu'il est différent d'un simple résumé. Par exemple, une personne peut tout à coup revêtir l'apparence d'une autre et prendre le caractère d'une troisième. On voit la condensation à l'œuvre dans le symptôme et d'une façon générale dans les diverses formes de productions de l'inconscient (lapsus, oublis...). Mais c'est dans le rêve qu'elle est la mieux mise en évidence.
  • Le déplacement: "Fait que l'accent, l'intérêt, l'intensité d'une représentation est susceptible de se détacher d'elle pour passer à d'autres représentations originellement peu intenses, reliées à la première par une chaîne associative."(Laplanche et Pontalis). C'est le procédé par lequel un trait secondaire ou un détail insignifiant dans le récit acquiert dans l'interprétation une valeur centrale. Il n'y a pas de correspondance entre l'intensité psychique d'un élément donné du contenu manifeste et celle des éléments du contenu latent auquel il est associé.
  • Le refoulement: C'est un mode de défense privilégié contre les pulsions. Le refoulement est l'opération par laquelle le Moi repousse et maintient à distance du conscient des représentations considérées comme désagréables, car inconciliables avec le réel.
  • La formation de compromis: C'est un conflit entre deux tendances, l'une inconsciente et d'ordinaire refoulée qui lutte pour la satisfaction d'un désir et l'autre consciente qui désapprouve et réprime cette satisfaction. L'issue de ce conflit est une formation de compromis dans laquelle les tendances trouvent une expression complète. Un très bon exemple de formation de compromis est l'acte manqué.

L'idée d'un appareil psychique [modifier]

L'idée d'une "topique" psychique est présente dans la pensée de Freud dés 1895. Freud élabore un appareil psychique constitué de systèmes doués de fonctions différentes et disposés dans un certain ordre les uns par rapport aux autres. On peut les considérer comme des lieux (topos =lieu en grec).

Système de l'inconscient selon la première topique [modifier]

Il y a trois systèmes décrits par Freud dans sa première topique :

  • Le conscient (Cs) : Il est situé à la périphérie de l'appareil psychique, recevant à la fois les informations du monde extérieur et celles provenant de l'intérieur. C'est le lieu d'accès direct des représentations à la conscience et en lui ne s'inscrit aucune trace durable des excitations. Ce système respecte des règles (logique, temporalité...) pour se protéger et garantir sa survie en refoulant tout ce qui pourrait menacer l'adaptation du sujet.
  • Le préconscient (Pcs) : Il est situé entre le système inconscient et conscient. Il est le plus souvent rattaché au conscient et on parle alors de système perception-conscience, traduction littérale de l'allemand freudien « Wahrnehmungsbewusstsein », plus correctement traduit par « la conscience dans sa fonction perceptive ». Il est séparé de l'inconscient par la censure qui cherche à interdire aux contenus inconscients la voie vers le conscient.
  • L'inconscient (Ics) : C'est le siège des pulsions innées, des désirs et des souvenirs refoulés ; c'est la partie la plus archaïque de l'appareil psychique. Ce système ne comprend que des représentations de choses, il ne peut pas les verbaliser. Ces représentations ne connaissent ni négation ni doute, elles ne respectent ni les règles de la logique, ni de la temporalité ordonnée. Elles sont régies par le principe de plaisir. On peut représenter l'inconscient comme la partie immergée de l'iceberg.
  • La censure : La censure est une instance particulière qui laisse passer uniquement ce qui lui est agréable et retient le reste. Ce qui se trouve alors écarté par la censure se trouve à l'état de refoulement et constitue le refoulé. Dans certains états comme le sommeil, la censure subit un relâchement de sorte que le refoulé puisse surgir dans la conscience sous forme d'un rêve. Mais comme la censure n'est pas totalement supprimée, le rêve devra subir des modifications.

Système de l'inconscient selon la seconde topique [modifier]

Freud restera fidèle à sa conception de la théorie première de l'appareil psychique. Il va cependant introduire la seconde topique en 1923. Cette seconde topique se superpose à la précédente et introduit trois nouvelles instances : le ça, le Surmoi et le Moi.

  • Le ça: Il est dans l'inconscient et il est immuable. C'est l'instance la plus primitive. Le ça est le réservoir de la libido, du désir sexuel mais aussi d'autres désirs tels que : le désir de domination, de maîtrise, de jouissance et de savoir. Le "ça" cherche des satisfactions immédiates.
  • Le Surmoi: Il est dans l'inconscient et il est immuable. Il refoule et censure de façon archaïque et infantile. C'est en partie l'intériorisation des désirs parentaux.
  • Le Moi: Il est en grande partie dans l'inconscient mais il n'est pas entièrement immuable. Le Moi s'efforce d'établir un équilibre entre les interdits et les refoulements du Surmoi, les désirs du ça et les nécessités de l'action sur le monde extérieur et de la vie sociale.

L'inconscient selon Jacques Lacan [modifier]

L'apport majeur du controversé Lacan est incontournable. Pour ce dernier, l'inconscient n'est pas qu'un ensemble "structuré comme un langage" (selon sa formule) mais, il parle aussi, dans les symptômes par exemple, il parle à un locuteur présumé, qu'il nomme le grand autre (noté Autre). Ce supposé, sujet de l'inconscient, ne fait pas que parler, comme Freud l'a découvert, ça désire aussi là où on ne sait pas, là où est l'insu, l'unbewusst. Néanmoins ce qui caractérise au mieux l'inconscient est la scission et le conflit qu'il convoque là où l'homme voyait une unité moïque avec quelques obscurités à l'intérieur, Freud tel un Copernic renverse la donne et fait du sujet cartésien une particularité du psychisme perdu au milieu de l'arbitraire et du chaos des processus primaires et obligé d'y apporter un peu de sens. Cette scission de l'inconscient est quasi consubstantielle à l'existence d'une loi par là révèlée (qu'on pourra nommer interdit de l'inceste accessoirement, interdit de la jouissance ou ce qu'on veut). Elle est universelle et relative parce que, nous dit Lacan, liée aux effets du langage sur l'homme et peut donc prendre différentes formes. Cette scission amené par le langage permet aussi la parole, mais aussi la distinction entre moi et l'autre entre réalité psychique et réalité physique elle est donc constitutive de la psyché, dans sa forme "névrotique-standard".

L'apport de l'approche linguistique à la psychanalyse permet d'ailleurs à Lacan de résoudre l'impasse mentionnée plus haut d'un conscient inconscient, etc. Elle se résoud dans la non univocité de la langue et précisément aussi avec l'idée de structure où un objet ne prend sa valeur qu'en fonction de la place qu'il occupe et inversement un objet ne pouvant être défini qu'en fonction du contexte. Aussi un "signifiant" pour reprendre la terminologie lacanienne, ne renvoie pas de manière univoque à un objet de référence ou même au signifié qui est visé par la locuteur. Ainsi le mot "signifiant" n'a-t-il pas le même signifié que le "signifiant", disons saussurien (puisque pour commencer, Lacan en inverse la place). La conclusion étant qu'on ne peut échapper à l'inconscient, que toute analyse est interminable et qu'on sait rarement ce qu'on dit....

Expérience scientifique [modifier]

L'une des expériences « scientifiques » qui permet de postuler l'hypothèse d'un inconscient, est la suggestion post-hypnotique. Cette expérience consiste à suggérer à une personne en état d'hypnose d'effectuer une action à son réveil (par exemple ouvrir un parapluie qui se trouve dans la pièce). On lui demande également d'oublier tout ce qui a été dit pendant cette séance d'hypnose. À son réveil, la personne va aussitôt exécuter la consigne et ouvrir le parapluie. Lorsqu'on lui demande les raisons qui l'ont conduites à ouvrir le parapluie, la personne va systématiquement invoquer d'autres raisons : « je ne sais pas » ou « pour voir s'il fonctionne bien »... cette expérience démontre qu'un sujet peut agir à son insu sans en comprendre les motifs. Cela éclaire certains phénomènes comme par exemple les Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC).

Inconscient collectif selon Carl Gustav Jung [modifier]

Même si l'inconscient était en fait déjà connu depuis Leibnitz, c'est-à-dire depuis le XVIIe siècle, le concept moderne d'inconscient, peut être attribué à Sigmund Freud. Celui-ci a eu le mérite de l'appliquer à des cas individuels et de sensibiliser sur des méthodes d'investigation pour des patients atteints de troubles psychiques. Le point de vue de Sigmund Freud se rapporte à l'idée d'un inconscient individuel et il s'est, à ce sujet aussi, opposé à l'idée du suisse Carl Gustav Jung d'inconscient collectif. Cette idée a été développée par ce dernier, un moment proche de la psychanalyse freudienne, puis ayant créé sa propre école de psychologie analytique.

Voir aussi [modifier]

Liens connexes [modifier]

Bibliographie de Sigmund Freud [modifier]

Autres auteurs [modifier]

Auteurs critiques [modifier]

Liens externes [modifier]

wikt:

Le Wiktionnaire possède une entrée pour « inconscient ».

  • Inconscient : «L’Inconscient psychanalytique ne se laisse nullement confondre avec l’inconscient psychologique ou philosophique, ni même avec le sens courant que l’on peut parfois lui attribuer» (Christophe Bormans, article «Inconscient»).

Podcast de l'article [modifier]



11/08/2007
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 147 autres membres

design by ksa | kits graphiques by krek