Maltraitance des enfants

 

Maltraitance des enfants

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La maltraitance des enfants désigne des mauvais traitements infligés à des enfants ou adolescents que l’on traite avec brutalité, rigueur ou sévérité. Ces victimes sont souvent dépendantes et sans défense, mais pas toujours. A l’extrême, par exemple, du fait de leur attachement à la personne maltraitante, elles sont consentantes, voire demandeuses de tels traitements. La maltraitance a souvent des conséquences durables sur la santé physiologique et psychique des enfants. De plus, elle a fréquemment des conséquences majeures sur leur développement, ce qui se traduit dans le bonheur ou les souffrances, voire dans la maltraitance des adultes qu'ils deviendront.

Sommaire

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Complexité de la maltraitance [modifier]

La gravité des maltraitances subies par les enfants peut être analysée à deux niveaux différents : d'une part, à celui des lésions et des atteintes physiques et, d'autre part, au niveau du psychisme. Par exemple, on observe souvent, chez les victimes, des sentiments d'impuissance et d'humiliation sans aucun rapport avec l'importance des atteintes corporelles. Mais dans d'autres cas, ces réactions sont ambivalentes et mêlent à la fois plaisir et souffrance. Cette ambivalence repose souvent sur le fait que les victimes dépendent fortement de la personne qui les maltraite, sur le plan matériel et fréquemment encore plus sur le plan affectif. On pourrait dire que l'identité des victimes est modelée ainsi par les agissements de leur boureau. La complexité des modes d'intériorisation des situations de dépendance qui en découle explique la grande variété des conséquences de la maltraitance :

  • les violences physiques (coups voire blessures) peuvent mettre les enfants dans des situations de prostration complète, mais elles peuvent aussi ne donner aucune suite visible s'ils s'estiment récompensés par ailleurs par l'attention qui leur est donnée ;
  • les situations de privation (de nourriture, de soins, d'affection ou d'attention) peuvent conduire au désespoir et au refus de vivre mais, dans d'autres cas, elles peuvent ne pas entraîner de séquelles si les victimes réussissent à trouver un sens aux pénitences qu'ils doivent endurer ;
  • les violences psychologiques auront des implications complètement différentes selon l'emprise de la personne maltraitante sur l'enfant : des insultes d'un ascendant ou d'un proche pourront s'imprimer durablement dans la conscience de la personne qui aura subi de telles paroles dévalorisantes, alors que le dénigrement et le refus de tendresse d'un parent pourront être considéré dans un autre contexte comme des jeux ou des façons paradoxales de témoigner son intérêt ;
  • les violences sexuelles (viol, agression et atteinte sexuelle, inceste), enfin, sont moins ambivalentes et conduisent le plus souvent à des sentiments d'humiliation, d'impuissance et de négation de soi pouvant aller jusqu'à la dépression et au suicide ; dans certains cas, des enfants ayant fait face à de telles expériences de maltraitance transformeront complètement l'image de leur corps, ne s'en sentiront plus propriétaire et ne le considèreront plus que comme un outil à donner du plaisir ou, sinon, à jeter.

Pour analyser la gravité des maltraitances, il est donc nécessaire de distinguer les formes qu’elles peuvent prendre selon l’âge et la situation des enfants concernés. L’importance majeure qu’elles auront sur leur développement psychique se traduira inévitablement à l'âge adulte dans leurs difficultés à trouver le bonheur et, inversement, dans leurs plus grandes propension à n'exister que sur le mode de la souffrance. Ce sont les conséquence de ces maltraitances juvéniles que l'on pourra souvent retrouver dans les différentes formes de la maltraitance des adultes : dans le bizutage des nouveaux élèves ou des soldats, dans la maltraitance des conjointes et des conjoints, dans les mauvais traitements que certains font endurer aux handicapés, à des personnes âgées qui dépendent d'eux ou encore à des subordonnés.

Conséquences majeures des maltraitances des enfants sur leur développement [modifier]

L'importance des conséquences des maltraitances des enfants sur leurs comportements à l'âge adulte a été solidement mise en évidence par des enquêtes portant sur les troubles de santé et diverses prises de risque telles que les retards de paiement ou les accidents de la route. On a découvert notamment qu'une grande partie des adolescents victimes de graves accidents de moto ou d'auto avaient été l'objet de brutalités et de maltraitance au cours de leur enfance. (Voir notamment les études et le livre du docteur Jacqueline Cornet, les livres de Alice Miller ou les études sur le risque et l'accident de Anne Tursz).

Dimensions de la maltraitance des enfants [modifier]

Même si les violences sur les enfants peuvent être relativisées après coup par des explications qui leur donnent du sens, de telles maltraitances ne sont jamais anodines. Qu'ils soient très jeunes ou déjà adolescents, elles entrainent le plus souvent le sentiment d'être nié, humilié, de ne compter pour rien. Quand bien même leur répétition peut conduire à une certaine accoutumance, le sentiment d'être nié demeure et peut s'accompagner alors d'une intériorisation de la violence : soit dans des comportements agressifs exercés sur de plus faibles ; soit dans le retournement de cette violence contre soi (multiples mise à l'épreuve se traduisant souvent dans des accidents, voire mutilations allant jusqu'au suicide). De telles situations ont fait l'objet de multiples essais (d'Alice Miller notamment). Elles ont été aussi largement illustrées dans de remarquables romans (Vipère au poing de Hervé Bazin par exemple) et portées au cinéma (notamment dans Les Quatre Cents Coups de François Truffaut).

Mais la maltraitance peut aussi provenir de la situation impossible dans lequel peut vivre l’enfant. S’il doit supporter en permanence le spectacle de parents qui se disputent, voire s’insultent ou se battent, l’enfant est souvent amené à se sentir responsable de ces désaccords, ceci d’autant plus qu’il est impuissant à dissiper leur conflit. Quoi qu’il fasse, il est alors conduit à fortement culpabiliser ses comportements, soit ses pulsions d’identification à l’un ou l’autre de ses parents, ou encore ses tendances à les consoler voire à les agresser. Inversement, si l’enfant ne reçoit pas assez d’attention ou si ses parents sont absents durablement, il peut souffrir fortement de manque affectif. Il s’agit alors d’une maltraitance par défaut d’attention. Des études de sociologie quantitative aussi bien que des analyses de cas clinique ont ainsi montré clairement la gravité des conséquences des traumatismes entrainés par les problèmes familiaux vécus avant 18 ans. Par exemple, selon les travaux que Georges Menahem (1992, 1994) a réalisés à partir de grandes enquêtes statistiques de l'INSEE et de l'IRDES, les maltraitances connues durant l’enfance se traduisent dans des plus grandes fréquences à la fois des prises de risque et des troubles de santé à l’âge adulte.

  • la séparation des parents a bien moins de conséquences négatives à l'âge adulte que la prolongation des situations de mésentente ou de conflit des parents qu'aurait eu à supporter l’enfant (67% de plus de déclarations de maladies dans les cas de conflit parental sans séparation que dans les cas de séparation sans conflit, pour une liste de 28 maladies chroniques et pour des proportions comparables d'âge et de sexe)
  • le grave manque affectif ou l’absence des parents supérieure à un an sont associées avec des prises de risque plus fréquentes et avec des dégradations plus probables de la santé (respectivement 49% et 36% de plus de maladies chroniques que la moyenne de la population)
  • la maladie grave ou le handicap du père ou de la mère que l'enfant aurait dû supporter durant sa jeunesse correspond aussi avec des aggravations notables des risques d'accidents et de maladie (respectivement 26% et 23% davantage de maladies chroniques que la moyenne)

De même, les travaux de Jean-Marie Firdion et Maryse Marpsat (2000) montrent très clairement que le risque de s'engager dans une trajectoires de SDF est fortement accru par le fait d'avoir vécu des graves problèmes familiaux (mésentente ou violence des parents) durant sa jeunesse. Ces résultats sont confirmés également par les travaux de Serge Paugam (2005) en ce qui concerne d'autres trajectoires en rupture, ou encore par les enquêtes de Maryse Esterle-Hedibel (1997) pour les itinéraires des jeunes s'engageant dans des bandes aux comportements violents.

Ces diverses observations sont confirmées dans un rapport de synthèse des travaux français, canadiens et anglo-saxons qu'a effectué Laurent Mucchielli. Ce dernier écrit en effet très clairement que "les recherches permettent de conclure que, dans l’analyse du rôle de la famille, les facteurs relationnels sont plus déterminants que les facteurs structurels. En d’autres termes, la dissociation familiale est moins importante que la mésentente conjugale. Ce qui favorise la délinquance des enfants c’est l’existence d’un conflit grave entre les parents, que ces derniers cohabitent ou bien soient séparés. Les recherches indiquent en outre que ce climat familial est en partie dépendant des difficultés socio-économiques de la famille, que les situations familiales les plus "à risque" sont donc celles où se cumulent la mésentente conjugale et la précarité" (Mucchielli, 2000).

Les mesures de prévention spécifiques liées à l'enfant [modifier]

Développement de l'information sur la maltraitance et la pédophilie [modifier]

  1. Des professionnels concernés pour savoir détecter, respecter et signaler.
  2. Des enfants pour qu'ils sachent dire NON et exiger le respect de leurs corps. Une sensibilisation faite auprès des écoles, dans les lieux fréquentés par les jeunes et dans les magazines qu'ils lisent
  3. Des parents qui peuvent se servir de livres pour en parler, éduquer.

Bibliographie indicative [modifier]

Liens internes [modifier]

  • Sur la question de la prise en charge des jeunes :
Article détaillé : Éducation spécialisée en France.
Article détaillé : Prévention spécialisée.

Liens externes [modifier]



06/10/2007
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