Mohandas Karamchand Gandhi - Partie 1

Mohandas Karamchand Gandhi

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Mahatma Gandhi
Mohandas Karamchand Gandhi, 1931
Mohandas Karamchand Gandhi, 1931
Nom : Mohandas Karamchand Gandhi
Surnom : Bapu (père)
Naissance : 2 octobre 1869
Porbandar, Gujarat,  Inde
Décès : 30 janvier 1948 (à 78 ans)
Delhi,  Inde
Occupation : Indépendantiste
Avocat
philosophe
Politicien
Distinctions : Père de la Nation
Famille : non-violence

Mohandas Karamchand Gandhi (en Gujarâtî: મોહનદાસ કરમચંદ ગાંધી; romanisé: mohandās karamcaṃd gāndhī, API: /moːhənd̪aːs kərəmtʃənd̪ gaːnd̪ʱiː/) (Porbandar, Goujerat, 2 octobre 1869 - Delhi, 30 janvier 1948) était un petit homme en guenille, maître à penser politique et spirituel du mouvement pour l'indépendance de l'Inde. Il a été un pionnier et un théoricien du satyagraha— la résistance à l'oppression à l'aide de la désobéissance civile de masse, le tout fondé sur l'ahimsa (totale non violence), qui a mené l'Inde à l'indépendance, et inspiré de nombreux mouvements de liberations et de droits civiques autour du monde.

Gandhi est communément connu et appelé en Inde et dans le monde comme Mahatma Gandhi (du Sanskrit, Mahatma: grande âme) et comme Bapu (Père dans beaucoup de langues de l'Inde). Gandhi déclarait se sentir indigne du titre Mahatma dans son autobiographie.

Avocat ayant fait ses études de droit en Angleterre, Gandhi développa une méthode de lutte non-violente en Afrique du Sud, réclamant le rétablissement des droits civiques de la communauté indienne. Il y employa notamment pour la première fois la méthode de la désobéissance civile.

À son retour en Inde, Gandhi organisa les fermiers et les travailleurs pauvres pour protester contre les taxes écrasantes et la discrimination étendue et porta sur la scène nationale la lutte contre les lois coloniales créées par les Britanniques. Devenu le dirigeant du Congrès national indien, Gandhi mena une campagne nationale pour l'aide aux pauvres, pour la libération des femmes indiennes, pour la fraternité entre les communautés de différentes religions ou ethnies, pour une fin de l'intouchabilité et de la discrimination des castes, et pour l'autosuffisance économique de la nation, mais surtout pour le Swaraj — l'indépendance de l'Inde de toute domination étrangère. Gandhi mena les Indiens lors de la célèbre opposition à la taxe sur le sel que fut la marche du sel de 400 km en 1930. C'est aussi lui qui lança l'appel Quit India aux Britanniques en 1942. Il fut emprisonné plusieurs fois en Afrique du Sud et en Inde pour ses activités. Il passa en tout, 6 ans de sa vie en prison.

Toute sa vie, Gandhi resta un partisan de la non violence et de la vérité même dans les situations les plus extrêmes. Adepte de la philosophie indienne, il vivait simplement, organisant un ashram qui était autosuffisant. Il faisait ses propres vêtements — le traditionnel dhoti indien et le châle, avec du coton filé avec un charkha (rouet) — et était végétarien. Il pratiquait de rigoureux jeûnes — s'abstenant de nourriture et d'eau pour de longues périodes — pour s'auto-purifier mais aussi comme moyen de protestation.

La vie et l'enseignement de Gandhi inspirèrent Martin Luther King, Steve Biko et Aung San Suu Kyi pour respectivement le mouvement des droits civiques américains et les luttes pour la liberté en Afrique du Sud et au Myanmar. Ses critiques envers beaucoup d'aspects de la modernité occidentale (tels que la technologie et l'industrialisation) lui valurent aussi la réputation de critique du développement dont les idées ont influencé beaucoup de penseurs politiques. Il a souvent été comparé à Jésus Christ.

Gandhi a été reconnu comme le Père de la Nation en Inde et son anniversaire le 2 octobre (Gandhi Jayanti) est un jour férié indien.

Sommaire

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Biographie [modifier]

Jeunesse en Inde (1869-1888) [modifier]

Gandhi, 13 ans, l'année de son mariage, avec son camarade de classe Sheikh Mehtab (à droite) à Rajkot.
Gandhi, 13 ans, l'année de son mariage, avec son camarade de classe Sheikh Mehtab (à droite) à Rajkot.

Mohandas Karamchand Gandhi nait le 2 octobre 1869 à Porbandar, dans l'actuel État du Gujarat, en Inde. Il est difficile d'établir à quelle religion sa famille est dévouée, car par son appartenance à la communauté modh, regroupant la caste des marchands Baniyas (le mot Gandhi signifiant d'ailleurs « épicier » dans la presqu'île du Kathiyavar), elle est jaïn, mais par la pratique du père, elle est hindoue, de la branche vishnouite, de la tradition Vallabhacarya, adorant Krishna. Né hindou en terre jaïn et conseillé par un guru jaïn, Gandhi ne fera jamais la différence entre les deux. C'est certainement l'une des influences majeures de sa conception pacifique, non violente et végétarienne de l'existence.

Il fait preuve de beaucoup d'attachement et de respect envers ses parents. Son père, Kaba Gandhi, est membre du tribunal du Rajasthan, puis premier ministre de l'état princier de Rajkot. Gandhi le décrit comme un homme qui, malgré une éducation limitée, est capable de résoudre les problèmes grâce à son expérience. Sa mère, Poutlibai, est la quatrième et dernière femme de son père, qui lui donne quatre enfants et dont Gandhi est le plus jeune. Il garde surtout d'elle le souvenir d'une femme d'une grande piété, observant de manière stricte ses vœux religieux (notamment le jeûne) et les rites vichnouites.

Gandhi est selon ses propres termes un étudiant médiocre à l'école primaire de Porbandar, puis studieux et bon élève quoique très timide et sensible ensuite au collège à Rajkot[1].

En mai 1883, à l'âge de 13 ans, Gandhi est marié par ses parents à Kasturba Makhanji (aussi épelé « Kasturbai » ou connue comme « Ba »), qui a le même âge. Ils auront quatre fils : Harilal Gandhi, né en 1888 ; Manilal Gandhi, né en 1892 ; Ramdas Gandhi, né en 1897 et Devdas Gandhi, né en 1900. Il perd un an à cause de ce mariage et étant bon élève, on l'autorise à sauter une classe ce qui se révèle très dur pour sa scolarité.[2] Son père, malade depuis longtemps et qu'il vénère, décède alors que Gandhi a 16 ans. Il restera marqué par le fait qu'il n'ait pu assister à ses derniers instants parce qu'il passait la nuit avec sa femme. Ghandi pensera toute sa vie que c'est à cause de ce qu'il considérait comme un manque de piété filiale que le bébé qu'ils eurent peu après ne survécu que quelques jours.[3]

Gandhi forge pendant cette partie de sa vie des aspects très importants de son éthique et de sa personnalité tel que l'honnêteté, la tolérance, le respect de ses aînés, le végétarisme et surtout le rejet du mensonge et la recherche de la vérité.[4]

Il passe l'examen d'entrée à l'université de Samaldas située à Bhavanaga au Gujarat en 1887 mais est complètement dépassé par un niveau qui lui semble trop difficile .[5]

Études en Angleterre et retour en Inde (1888-1893) [modifier]

Gandhi étudiant à Londres
Gandhi étudiant à Londres

Sur le conseil d'un vieil ami de la famille, il décide de partir faire des études de droit en Angleterre, une opportunité qui le remplit d'enthousiasme. Il promet à sa mère en présence de Becharji Svâmi, un moine jaïn et autre conseiller de la famille, de suivre les préceptes hindous et « de ne toucher ni au vin, ni à la femme, ni à la viande ».[6] Sa caste s'oppose à son départ, considérant que la vie dans ce pays ne peut aboutir qu'à une perte de la foi. Gandhi, mettant en avant le vœu fait à sa mère et soutenu par sa famille, décide de partir malgré tout et est condamné à être hors caste par le chef de sa communauté, comme tout hindou se rendant à l’étranger.[7]

Gandhi entre donc à l'University College de Londres le 4 septembre 1888 à l'âge de 18 ans pour devenir avocat. Il tente dans une certaine mesure de s'adapter aux coutumes anglaises, en s'habillant comme un gentleman et en prenant des cours de danse, mais il se refuse à manger de la viande chez ses hôtes. Il fréquente par la suite les restaurants végétariens londoniens. Au lieu de s'en tenir simplement à la promesse faite à sa mère, il va au-delà en s'intéressant à la diététique et plus particulièrement au végétarisme. Il rejoint la Vegetarian Society et devient membre du comité exécutif pendant un temps. Gandhi déclara plus tard que cela lui donna une première expérience de l'organisation d'une institution.[8]

Certains des végétariens qu'il rencontre sont membres de la société théosophique qui avait été fondée en 1875 pour renforcer la fraternité universelle et dévouée à l'étude des littératures bouddhistes et brahmaniques.

Grâce à eux, Gandhi découvre la Bhagavad-Gîtâ, qui le marque profondément, notamment à travers l'idée que le désir est source d'agitation de l'esprit et de souffrance. Il développe dès lors un intérêt pour la religion, qui ne se limite pas à l'hindouisme mais s'étend également aux autres religions comme le christianisme, dont il retient entre autres l'incitation à réagir par la non-violence ("si quelqu'un vous frappe sur la joue droite, présentez-lui encore l'autre"), le bouddhisme, l'islam et d'autres religions.

Il reprend le bateau pour l'Inde le 12 juin 1891, deux jours après avoir été facilement admis au barreau d'Angleterre et du pays de Galles. Il a en revanche beaucoup plus de mal à exercer son métier: ses études sont restées théoriques ; il n'a encore aucune connaissance du droit indien et éprouve des difficultés à s'exprimer en public. Il tente d'abord de s'installer à Bombay mais doit renoncer au bout de six mois, faute de rentrées d'argent suffisantes.

Gandhi retourne ensuite à Râjkot travailler auprès de son frère, petit avocat lui aussi. Il y rédige des requêtes et des mémoires en profitant de la clientèle de son frère. Cependant, il est écœuré par le climat de lutte pour le pouvoir qui règne autour de lui, par l'obligation de devoir s'attirer les bonnes faveurs de la hiérarchie, et notamment des officiers britanniques. Il saute donc sur l'occasion lorsqu'une société indienne lui propose un contrat d'un an au plus en Afrique du Sud. Il voit là l'occasion à la fois de quitter l'Inde, de voyager et d'acquérir de l'expérience, et s'embarque donc pour l'Afrique en avril 1893.

Mouvements de droit civil en Afrique du sud (1893-1915) [modifier]

Gandhi en Afrique du Sud (1895)
Gandhi en Afrique du Sud (1895)

À ce point de sa vie, Gandhi est un individu doux, timide et politiquement indifférent. Il avait lu son premier journal à 18 ans et était sujet au trac lorsqu'il devait parler au tribunal. L'Afrique du Sud le change de manière spectaculaire quand il doit faire face à la discrimination qui est faite envers les Noirs et les Indiens dans ce pays. Un jour à la cour, dans la ville de Durban, le magistrat lui demande d'enlever son turban. Gandhi refuse et est expulsé hors du tribunal. Dans un autre incident, il se fait jeter hors d'un train à Pietermaritzburg, après avoir refusé de passer du wagon de première classe à celui de troisième alors qu'il possède un ticket valide de première classe.[9] Plus tard, voyageant en diligence, il est battu par un conducteur parce qu'il refuse de voyager sur le marchepied pour faire de la place à un passager européen.[10] Il a beaucoup d'autres difficultés lors de ce voyage, comme de voir son admission rejetée dans de nombreux hôtels à cause de sa couleur de peau.

Ces incidents ont été décrits par plusieurs biographes comme un tournant de sa vie et ils lui servirent ensuite de catalyseur pour son militantisme. C'est en étant témoin direct de l'intolérance, du racisme, des préjugés et de l'injustice contre les Indiens d'Afrique du Sud que Gandhi commence à réfléchir au statut de son peuple et à sa propre place dans la société. Gandhi réagit par de premières protestations et obtient que les Indiens correctement habillés aient droit de voyager en première classe.[11]

Gandhi durant la guerre des Boers (2e rang, 3e en partant de la droite).
Gandhi durant la guerre des Boers (2e rang, 3e en partant de la droite).

À la fin de son contrat, Gandhi se prépare à rentrer en Inde. Cependant, lors d'une fête d'adieu en son honneur, il apprend que l'assemblée du Natal préparait une loi pour interdire le droit de vote aux indiens. Ses hôtes lui demandent de rester pour les aider car ils n'avaient pas les compétences pour s'opposer à ce projet de loi. Il fait circuler plusieurs pétitions contre la loi adressées au gouvernement du Natal et au gouvernement britannique . Bien que incapable d'empêcher le vote de cette loi, cette campagne permet d'attirer l'attention sur les difficultés des indiens en Afrique du Sud. Convaincu de rester par ses partisans, il fonde alors le Natal Indian Congress en 1894, prenant lui même le poste de secrétaire. Cette organisation transforme la communauté indienne en une force politique homogène, publiant des preuves de la ségrégation britannique en Afrique du Sud.

Gandhi revient brièvement en Inde en 1896 pour ramener sa femme et ses enfants vivre avec lui en Afrique du Sud. À son retour en janvier 1897, il est attaqué par une foule de Sud-africains blancs qui essayent de le lyncher.[12] Une première indication des valeurs qui donneront forme à ses futures campagnes est son refus de porter plainte contre ses assaillants, en précisant que c'était un des ses principes de ne pas résoudre des problèmes personnels devant une cour de justice.

Au début de la guerre des Boers, en 1899, Gandhi déclare que les Indiens doivent soutenir l'effort de guerre s'ils veulent légitimer leur demande de citoyenneté. Il organise un corps d'ambulanciers volontaires de 300 Indiens libres et de 800 coolies indiens appelé le Indian Ambulance Corps, une des rares unités médicales qui secourait les Sud-africains noirs. Gandhi lui même est porteur de civière à la bataille de Spion Kop, et est décoré. Malgré tout, à la fin de la guerre, la situation des Indiens ne s'améliore pas, et continue même à se détériorer.

Gandhi et sa femme Kasturba (1902)
Gandhi et sa femme Kasturba (1902)

En 1904, après avoir fondé le journal Indian opinion, la lecture de Unto This Last de John Ruskin, l'influence profondément et pousse Gandhi à changer radicalement de vie. Il rachète peu après l'établissement Phoenix, qui devient la Tolstoï farm, où tous les rédacteurs du journal participent aux travaux agricoles et reçoivent le même salaire sans distinction de métier, de nationalité ou de couleur de peau. Il commence la pratique du jeûne, arrête de consommer du lait, coupe ses cheveux lui-même et nettoie ses latrines (travail réservé aux intouchables en Inde) et incite sa femme et ses amis à faire de même.[13]

En 1906, le gouvernement du Transvaal vote une nouvelle loi demandant l'enregistrement de toute la population indienne. Lors d'une rencontre de protestation à Johannesburg le 11 septembre 1906, Gandhi adopte pour la première fois sa méthodologie du satyagraha (attachement à la vérité), ou protestation non violente, en appelant ses compagnons indiens à défier la nouvelle loi et à subir les punitions qui en résulteraient au lieu de résister par la violence.

Ce plan est adopté, ce qui mena à une lutte de sept ans dans laquelle des milliers d'Indiens et de Chinois sont emprisonnés (incluant Gandhi lui-même en de nombreuses occasions), fouettés ou même abattus pour avoir fait grève, refusé de s'enregistrer, brûlé leur carte d'enregistrement ou avoir résisté de manière non violente. La désobéissance civile, culmine en 1913 avec une grève des mineurs et la marche des femmes indiennes. Bien que le gouvernement sud-africain réprime les manifestants indiens avec succès, l'opinion publique réagit violemment aux méthodes extrêmement dures employées contre les manifestants asiatiques pacifiques. Finalement le général Jan Christiaan Smuts est forcé de négocier un compromis avec Gandhi. Les mariages non chrétiens redeviennent légaux et une taxe de trois livres qui représentait six mois de salaire, imposée aux indiens qui voulaient devenir des travailleurs libres (c'est-à-dire les coolies), est abolie.[14]

Combat pour l'indépendance de l'Inde (1915-1945) [modifier]

Gandhi et Kasturba en janvier 1915 après leur retour en Inde.
Gandhi et Kasturba en janvier 1915 après leur retour en Inde.

Lors de son retour en Inde, Gandhi découvre qu’il ne connaît pas son propre pays. Il décide alors de le parcourir de long en large, allant de village en village, afin de rencontrer l’âme indienne et connaître ses vrais besoins.

En mai 1915, Gandhi fonde un âshram dans la banlieue d'Ahmedabad en Inde et l'appelle Satyagrah Ashram (aussi connu comme l'Ashram de Sabarmati). Là logent 25 hommes et femmes qui font vœux de vérité, de célibat, d'ahimsa, de pauvreté, et de servir le peuple indien.

Comme il l'avait fait en Afrique du Sud, Gandhi demande aux Indiens de s'engager dans l'armée pour aider les Britanniques dans la Première Guerre mondiale. Son raisonnement, rejeté par beaucoup, était là aussi que si l'on désirait la citoyenneté, la liberté et la paix dans l'Empire, il ne serait pas bon de ne pas participer à sa défense. Il fait des discours lors de réunions du Congrès national indien, et il est introduit en politique par Gopal Krishna Gokhale, qui est un des dirigeants les plus respecté du parti à cette époque.

Il précipite en 1917 l'abolition de l'engagisme des coolies, émigrés indiens qui travaillaient dans des conditions proches de l'esclavage dans les colonies anglaises et françaises. Gandhi avait rencontré pour la première fois des coolies en Afrique du Sud et avait lancé sa première pétition contre l'engagisme en 1894.[15]

Champaran et Kheda [modifier]

Gandhi en 1918, au moment des satyagrahas du Champaran et du Kheda.
Gandhi en 1918, au moment des satyagrahas du Champaran et du Kheda.

La première réussite majeure de Gandhi vient en 1918 avec les satyagrahas du Champaran et du Kheda (bien que pour cette dernière, il était impliqué de pair avec Sardar Vallabhbhai Patel, qui agit comme son bras droit et dirige des rebelles).

Au Champaran, un district de l'État du Bihar, il organise la résistance civique pour les dizaines de milliers de fermiers sans terres, pour les serfs et pour les petits propriétaires pauvres qui étaient forcés de cultiver l'indigo et autres produits d'exportation au lieu de cultiver la nourriture nécessaire à leur subsistance. Opprimés par les milices des grands propriétaires (des Britanniques pour la plupart), ils ne recevaient que de maigres compensations, les laissant dans une pauvreté extrême. Les villages avaient des conditions d'hygiène déplorables, et l'alcoolisme, la discrimination envers les intouchables et la purdah étaient très répandus. Au cours d'une terrible famine, les Britanniques veulent encore augmenter l'une de leurs taxes, ce qui rend la situation désespérée.

À Kheda, au Gujarat, le problème est identique. Gandhi y établit un ashram, regroupant un grand nombre de partisans et de volontaires de la région. Il y mène une étude détaillée sur les villages, rendant compte des atrocités et des terribles conditions de vie. Gagnant la confiance des villageois, il dirige le nettoyage des villages, la construction d'écoles et d'hôpitaux et encourage les dirigeants locaux à condamner et éliminer les problèmes sociaux décrits plus haut.

Le pic de la crise vient quand il est arrêté par la police pour "trouble à l'ordre public", et il lui est demandé de quitter la province. Des centaines de milliers de personnes manifestent autour de la prison, des commissariats et des palais de justice demandant sa libération, ce que la justice accorde à contrecœur. Gandhi mène des grèves et des manifestations contre les grands propriétaires qui, sous la direction du gouvernement britannique, signent un accord donnant plus de compensations et plus de contrôle sur la production aux fermiers pauvres, ainsi qu'une annulation de la taxe jusqu'à la fin de la famine. Si pour Gandhi les gains matériels de la victoire sont minimes, le fait que les paysans aient acquis une conscience politique est inestimable[16].

C'est à partir de cette époque que Gandhi est baptisé par le peuple Bapu (père) et Mahatma (Grande âme). Au Kheda, Patel représenta les fermiers et obtint la même victoire.

La célébrité de Gandhi s'étend alors à l'Inde entière.

Non-coopération [modifier]

En 1919 au Penjab, le massacre d'Amritsar où des centaines de civils furent fusillés par les troupes britanniques cause un traumatisme dans toute la nation et accroît la colère publique et les actes de violence. Gandhi critique à la fois les actions du Royaume-Uni et les représailles violentes des Indiens. Il écrit une résolution où il présente ses condoléances aux victimes civiles britanniques et condamne les émeutes. Elle est acceptée malgré un début d'opposition du parti, après que Gandhi expose sa position lors d’un discours émouvant où il met en avant son principe que toute violence est maléfique et ne peut pas être justifiée.[17] C’est après ces massacres que Gandhi se concentre sur l'indépendance, ce qui devient la Swaraj, c'est-à-dire une indépendance complète, aussi bien individuelle, spirituelle que politique en devenant le dirigeant exécutif pour le Parti du Congrès en décembre 1921. Sous sa direction, le congrès est réorganisé avec une nouvelle constitution, mentionnant le but de la Swaraj. L'adhésion au parti est ouverte à tout ceux qui sont prêts à payer une participation symbolique. Une hiérarchie de comité est établie pour améliorer la discipline, transformant un parti élitiste en une organisation de masse, de dimension et de représentativité nationale.

Gandhi jeûnant dans les années 1920, et la jeune Indira Gandhi, fille de Nehru, qui deviendra Premier Ministre de l'Inde.
Gandhi jeûnant dans les années 1920, et la jeune Indira Gandhi, fille de Nehru, qui deviendra Premier Ministre de l'Inde.

Gandhi étend son principe de non-violence au mouvement Swadeshi et sa politique de boycott aux marchandises étrangères, spécialement les produits anglais. Lié à cette politique, il demande que le khadi (vêtement fait maison) soit porté par tous les Indiens au lieu des textiles britanniques. Riches ou pauvres, hommes ou femmes, doivent filer chaque jour afin d'aider le mouvement d'indépendance. [18] Cette stratégie inculque discipline et attachement, afin d'éliminer les moins motivés ou les plus ambitieux. Et elle permet aussi d'inclure les femmes au mouvement, à une époque où ce genre d'activité n'était pas considéré comme "respectable" pour les femmes. Gandhi appelle de plus au boycott des institutions judiciaires et scolaires, à la démission des postes gouvernementaux et au rejet des titres et honneurs britanniques.

La "Non coopération" bénéficie d'un grand succès, augmentant l'enthousiasme et la participation de toutes les couches de la société indienne. Au moment où le mouvement atteint son apogée, il s'arrête brusquement suite à de violents affrontements dans la ville de Chauri Chaura, dans l'Uttar Pradesh, en février 1922. Craignant que le mouvement ne tourne à la violence, et convaincu que cela ruinerait toute son œuvre, Gandhi arrête la campagne de désobéissance civile. [19]

Gandhi est arrêté le 10 mars 1922, jugé pour subversion et condamné à 6 ans de prison. Il ne fait que 2 ans et est libéré en février 1924 après une opération de l'appendicite. Sans la personnalité unificatrice de Gandhi, le parti commence à se diviser pendant qu'il est en prison. Deux factions apparaissent, une menée par Chitta Ranjan Das et Motilal Nehru favorise la participation du parti aux organes législatifs, l'autre mené par Chakravarti Râjagopâlâchâri et Sardar Vallabhbhai Patel s'y oppose. De plus la coopération entre hindous et musulmans, qui avait été forte pendant la campagne de non-violence commence à s'étioler. Gandhi essaye bien d'atténuer ces différences à travers divers moyens, incluant un jeûne de trois semaines en automne 1924, mais avec un succès limité. [20]

Le Swaraj et la marche du sel (satyagraha) [modifier]

Article principal : Marche du sel.
Gandhi à un rassemblement pendant la marche du sel.
Gandhi à un rassemblement pendant la marche du sel.

Gandhi reste en dehors de toute agitation durant la plus grande partie des années 1920, préférant résoudre les différends entre le parti Swaraj et le Congrès national indien, et multipliant les initiatives contre la ségrégation des intouchables, l'alcoolisme, l'ignorance et la pauvreté. Il retourne sur le devant de la scène en 1928. L'année précédente le gouvernement britannique a nommé une nouvelle commission pour la réforme de la constitution qui ne comptait pas un seul Indien dans ses rangs. Le résultat est un boycott de la commission par tous les partis indiens. Gandhi appuie une résolution lors du congrès de Calcutta en décembre 1928 appelant le gouvernement britannique à donner à l'Inde le statut de protectorat où alors à faire face à une nouvelle campagne de non-violence pour une indépendance complète.

Gandhi atténue les opinions de plus jeunes comme Subhash Chandra Bose et Jawaharlal Nehru, qui veulent demander l'indépendance immédiate, mais il doit donner un délai d'un an aux britanniques au lieu de deux comme il l'envisageait en compensation. [21] Comme les Britanniques ne répondent pas, le 31 décembre 1929 le drapeau indien est déployé à



28/08/2007
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