Sociologie

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La sociologie est l'étude scientifique des interactions sociales humaines et de ce qu'elles produisent: les idéologies, les croyances, les filiations, les communautés, les sociétés, les cultures, les traditions, etc. Appartenant au domaines des sciences sociales, la sociologie fournit des explications sociologiques, en cherchant les causes proprement sociales des phénomènes étudiés. Le savoir sociologique se distingue du sens commun par les méthodes scientifiques employées pour le constituer.

Un sociologue étudie les normes sociales et les processus qui organisent les gens en ensembles sociaux, par exemple une famille, une association, un groupe, une institution sociale, etc. Il cherche en particulier à comprendre et à expliquer la cause des phénomènes et des transformations sociales. La recherche sociologique peut s'étendre de l'analyse de simples interactions entre des personnes anonymes dans la rue à l'étude de processus tels que la mondialisation économique.

Le terme sociologie est constitué du préfixe "socio" du mot latin socius signifiant « compagnon, associé » et du suffixe "logie" du terme grec ancien λόγος logos, signifiant « le discours, la parole ». Un tel mélange fut longtemps considéré comme une entorse au bon goût et aux règles de formation des néologismes.

On attribue l'invention de ce terme à Auguste Comte. Il est reconnu pour avoir été le premier à tenter de faire de la sociologie une "science pure"; c'est-à-dire, une "vraie" science, au même titre que la biologie ou la physique.

Le « Big Day Out » (festival de musique annuel en Australie et en Nouvelle Zélande) à Melbourne en 2006.

Le « Big Day Out » (festival de musique annuel en Australie et en Nouvelle Zélande) à Melbourne en 2006.

Précurseurs [modifier]

L'étude des sociétés n'a pas attendu l'invention du mot sociologie. La diversité des usages et des coutumes a interpellé les penseurs dès l'origine, en tout cas depuis qu'ils nous ont laissé des traces par l'écriture. Le Grec ancien Hérodote, au Ve siècle av. JC, s'intéressait aux Égyptiens. Ibn Khaldoun au XIVe siècle, dans la « Muqaddima », s'est intéressé aux « prolégomènes historiques » ...

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Montesquieu, de même, au XVIIIe siècle, ne doit pas être oublié, notamment grâce à son œuvre De l'esprit des lois où il analyse le système politique britannique, en ne comprenant pourtant pas toutes les subtilités de la pratique politique britannique.

La volonté de constituer une « physique sociale », c’est-à-dire un savoir aussi peu discutable que la physique, mais à propos des activités humaines collectives, émerge cependant avec la montée du scientisme au XIXe siècle. Le premier à défendre une théorie "scientifique" des phénomènes sociaux au début du XIXe siècle est Saint Simon (1760-1825, à ne pas confondre avec le duc de Saint-Simon). Le mot sociologie naît d'une petite querelle... Lorsque Auguste Comte a voulu créer une science du social, il l'a d'abord appelée « physique sociale » mais ce terme était déjà utilisé par un belge, Quételet (qui étudiait les phénomènes sociaux avec des statistiques). Il décida donc de créer le mot « sociologie ». Auguste Comte, qui fut le secrétaire de Saint-Simon de 1817 à 1823, développa des théories sociologiques dans le système de politique positive (1851-1854). On le considère souvent en France comme un des pères fondateurs de cette science.

On compte souvent parmi les précurseurs de la sociologie Alexis de Tocqueville (1805-1859), pour ses études sur la Révolution française (L'ancien Régime et la Révolution) ou sur les États-Unis (De la démocratie en Amérique). Il analyse ici les sociétés et compare la société américaine et les sociétés européennes. Il sera d'ailleurs un visionnaire en ce qui concerne le concept de moyennisation de la société. La sociologie connut un développement intense et régulier au cours du XXe siècle. Émile Durkheim, qui s'inspira de certaines théories d'Auguste Comte pour renouveler cette science humaine, voulait en particulier « étudier les faits sociaux comme des choses »).

Une geisha accueillant un homme d'affaire américain dans le quartier de Gion à Kyōto au  Japon (Photographie par Todd Laracuenta, 2003).

Une geisha accueillant un homme d'affaire américain dans le quartier de Gion à Kyōto au  Japon
(Photographie par Todd Laracuenta, 2003).

Fondation de la discipline [modifier]

Un des enjeux de la sociologie étant de se constituer comme discipline autonome, Durkheim s'évertuera à la distinguer de la philosophie d'une part, et de la psychologie d'autre part, dont il accusera son rival Gabriel Tarde[1]. Ses inspirateurs déclarés, outre Auguste Comte, furent Montesquieu et Rousseau, et la « division du travail » le pivot de son œuvre, là où précisément le philosophe Durkheim rencontre le scientifique.

De Comte à Durkheim, le positivisme commence par une critique de l'économie politique, tout comme le marxisme, mais sur des postulats bien différents, concernant essentiellement la réalité accordée à la société comme existence antérieure à la personne et ontologiquement fondée[2].

Karl Marx est un autre penseur qui aura une profonde influence sur la pensée sociale et critique du XIXe siècle. C'est essentiellement en Allemagne[3] qu'il deviendra un référent théorique majeur de la sociologie avec l'École de Francfort.

Comprendre le fonctionnement des sociétés constitue l'espoir d'un moyen de lutter pour l'avènement d'un monde plus juste (Karl Marx), de fonder scientifiquement une morale laïque indépendante des prescriptions des religions (Emile Durkheim), de lutter contre les « fléaux » de la société que sont la pauvreté, l'alcool, l'immoralité (Le Play), contre la révolution parfois (Gustave Le Bon).

Émile Durkheim est souvent considéré comme le père fondateur de la sociologie française. Le premier, il posa les bases d'une méthodologie scientifique pour la sociologie, en particulier dans l'ouvrage Les règles de la méthode sociologique (1895) dans la continuité De la division du travail social (1893), livre qui est aussi sa thèse. Sa méthode repose essentiellement sur la comparaison de statistiques et de caractéristiques quantitatives, cherchant à se libérer du subjectivisme lié à toute donnée qualitative et à débarrasser de tout a priori moral ou moralisateur l'effort pour comprendre un « fait social » comme dans son ouvrage intitulé Le Suicide.

Le contemporain de Durkheim, Max Weber, mais suivant des voies différentes, emploie la science politique, l'économie politique, la philosophie de la culture et le droit, l'étude des religions, qui sont selon lui, tout comme la sociologie, des « sciences de la culture ». Selon toute une tradition de la philosophie allemande (Wilhelm Dilthey notamment), ces sciences sont trop éloignées des sciences de la nature pour qu'elles puissent s'inspirer de leurs méthodes. Elle propose une compréhension des phénomènes collectifs plutôt que la recherche de lois (c'est la méthode dite compréhensive). Pour Weber, le but de la sociologie est de :

« (...) comprendre par interprétation l'activité sociale et par là d'expliquer causalement son déroulement et ses effet. Nous entendons par "activité" un comportement humain (...) quand et pour autant que l'agent ou les agents lui communiquent un sens subjectif. Et par activité "sociale", l'activité qui, d'après son sens visé par l'agent ou les agents se rapporte au comportement d'autrui, par rapport auquel, s'oriente son déroulement. » 
    —  Économie et société, Plon, 1971, p 4.

Article connexe : Histoire de la sociologie.

Débuts de l'institutionalisation de la discipline [modifier]

La discipline a été enseignée avec son nom en propre pour la première fois à l'Université du Kansas à Lawrence aux  Etats-Unis !États-Unis en 1890 par Frank Blackmar, avec pour titre du cours : « Elements of Sociology ». Le « Department of History and Sociology » à l'University of Kansas a été établi en 1891[4], et la première faculté indépendante de sociologie a été établie en 1892 à l'Université de Chicago par Albion Small. Ce dernier a fondé en 1995 la revue : « American Journal of Sociology »[5].

Le premier département européen de sociologie a été fondé en 1895 à l'Université de Bordeaux en  France par Émile Durkheim. Ce dernier a fondé L'Année Sociologique en 1896. En 1919, un département de sociologie a été établi en  Allemagne à l'Université Louis-et-Maximilien à Munich par Max Weber. Un autre a été mis en place en 1920 par Florian Znaniecki en  Pologne. Les premiers départements de sociologie au  Royaume-Uni ont été fondés après la deuxième guerre mondiale.

La coopération internationale en sociologie a commencé en 1893 quand René Worms a fondé l'Institut international de sociologie[6], éclipsé par L'Association internationale de sociologie en 1949 (actuellement présidée par le français Michel Wieviorka). En 1905, l'« American Sociological Association » a été fondée et Lester Frank Ward a été choisi comme son premier président.

Paradigmes sociologiques [modifier]

Deux points de vue s'opposent souvent à l'intérieur de la sociologie : le paradigme holistique d'Émile Durkheim et le paradigme atomistique défini par Max Weber.

Paradigme holistique (Durkheim) [modifier]

Celui d'Émile Durkheim est dit paradigme holistique (du grec holos  : qui forme un tout). Pour lui et ceux qui se réclament de son héritage, la société est un holon, un tout qui est supérieur à la somme de ses parties, elle préexiste à l’individu et les individus sont agis par elle. Dans ce cadre, la société englobe les individus et la conscience individuelle n'est vue que comme un fragment de la conscience collective.

Selon ce point de vue, l'objet des recherches sociologiques est le fait social, qu'il faut traiter comme une chose, sa cause devant être cherchée dans des faits sociaux antérieurs. Le fait social, qui fait l'objet d'une institutionnalisation, est extérieur à l’individu et exerce une contrainte sur ce dernier. Les individus sont donc encadrés dans des institutions, elles-mêmes insérées dans des structures homologues les unes par rapport aux autres. La sociologie est alors la science des invariants institutionnels dans lesquels se situent les phénomènes observables.

Marcel Mauss imprimera une inflexion significative à cette doctrine en arguant de la nécessité de décrire complètement et dans leur totalité les formes dans lesquelles le phénomène apparaît pour révéler leur secret. Analyser le concret interdit de négliger la sensibilité au vécu.

Marché à Chichicastenango au  Guatemala.

Marché à Chichicastenango au  Guatemala.

Plus récent mais certainement porteur, Jean Baechler a développé un paradigme entre l'histoire et la sociologie, une méthode qui reprend certains axes des études simmeliennes, et qui se pose sur les fondements des critiques de la raison historique recensées par R. Aron pour rendre compte du devenir des phénomènes sociaux macroscopiques[7].

Paradigme atomistique (Weber) [modifier]

Le point de vue de Max Weber est différent, c'est le paradigme atomistique. Pour lui, et plus certainement encore pour Georg Simmel, chaque individu est un atome social. Les atomes agissent en fonction de motifs, intérêts, d’émotions propres et sont liés aux autres atomes. Un système d'interactions constantes entre les atomes produit et reproduit la société.

Selon ce point de vue, l'objet des recherches sociologiques est l'action sociale. Les acteurs n’agissent pas de façon mécanique. L’accent est porté sur la cause des actions sociales et le sens donné par les individus à leurs actions. On ne cherche plus des arrangements d’institutions mais un horizon de significations qui servent de références. L’institution est là mais elle sert les motifs et les intérêts des agents et les serre : c'est la « cage de fer » de la bureaucratie.

Autres paradigmes [modifier]

D'autres paradigmes fonctionnent dans la sociologie. On peut citer l'idée que toute société doit organiser les conflits que fabriquent nécessairement les inégalités fondées sur des différences. Les concepts constituent un des outils qui permettent de décrire/interpréter le réel avec assez de rigueur pour élaborer une connaissance qui tend vers la scientificité. Ainsi, Durkheim a construit le concept de « fait social » ou celui d' « anomie ».

Plus près de nous, Pierre Bourdieu a développé ses analyses grâce aux concepts d' « habitus », de « reproduction ». L'émergence récente d'une analyse sociologique fondée sur les réseaux sociaux suggère des pistes de recherche dépassant l'opposition entre approche holistique et approche atomistique.

Une discipline en mutation... [modifier]

... à la recherche de ses frontières, de ses points d'appui, et de passerelles

La sociologie contemporaine a, pour beaucoup, limité ses ambitions : elle se limite à l'étude des organisations humaines et institutions sociales, en utilisant principalement une méthode comparative ; elle s'est concentrée sur l'étude de l'organisation des sociétés industrielles complexes, c'est-à-dire des sociétés occidentales. Ce recentrage a laissé le domaine de l'étude des comportements de groupe à la psychologie sociale.

Par ailleurs l'anthropologie, née des conquêtes coloniales et de l'étude des peuples qu'elle appelera trop longtemps primitifs, recherche des traces de l'évolution de l'homme (comme espèce dans le cas de l'anthropologie physique et de l'évolution des sociétés dans celui de l'anthropologie sociale). Néanmoins, il faut noter que certains anthropologues ont aussi mené leurs études dans les sociétés industrialisées. Aujourd'hui, la sociologie et l'anthropologie se différencient plus par leurs méthodes et leurs théories, que par l'objet de leurs études.

La sociologie n'est pas faite d'un ensemble structuré autour des mêmes fondements et dans lequel tous les auteurs partageraient les mêmes conceptions de ce qui est scientifique et de ce qui ne le serait pas, de ce qu'il faut attendre de la science, du rapport à la modernité[8].

Les auteurs, les écoles et les courants choisissent tel critère ou tel autre (structurel, fonctionnel, conventionnel, etc.), tel concept heuristique contre tel autre, telle accroche au réel plutôt que telle autre (interactionnisme, institutionnalisme, régulationnisme, //

11/08/2007
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