Alcool et maladies psychiatriques : des relations complexes !
Alcool et maladies psychiatriques : des relations complexes !
Les troubles et maladies psychiatriques tels que la dépression, l'anxiété, la schizophrénie ou la paranoïa sont plus fréquents chez les buveurs à problème et plus encore chez les sujets dépendant de l'alcool qu'au sein d'une population témoin. L'association la plus forte concerne les troubles anxieux (anxiété généralisée, attaques de panique, syndrome de stress post-traumatique), retrouvés chez 36,9% des sujets alcoolo-dépendants.
- Les troubles psychiatriques affectent l'approche psycho-comportementale du traitement de l'alcoolo-dépendance
- Une prise en charge thérapeutique globale s'impose
Les troubles psychiatriques affectent l'approche psycho-comportementale du traitement de l'alcoolo-dépendance
Les auteurs de cette étude se sont interrogés sur la qualité de la prise en charge globale des individus souffrant d'une telle association. Ils constatent qu'une prise en charge totalement adaptée reste malheureusement l'exception, l'impact des troubles psychiatriques sur l'adhésion des patients aux traitements de leur alcoolisme n'étant pas suffisamment pris en compte. Ainsi, les patients ayant une tendance paranoïaque seront souvent dans l'impossibilité de se plier aux exigences d'une approche psycho-comportementale faisant appel à des thérapies de groupe et donc de confrontation entre individus. De même, le patient dépressif ayant une lenteur de l'idéation aura un handicap supplémentaire évident pour accomplir le travail personnel demandé dans une approche cognitive du traitement de la dépendance à l'alcool.
Une prise en charge thérapeutique globale s'impose
Les traitements pharmacologiques n'échappent pas à la complexité des relations entre troubles psychiatriques et alcoolo-dépendance. Ils doivent donc être prescrits en tenant compte de ces associations. Cela est vrai tant avec certains médicaments utilisés dans l'aide au maintien de l'abstinence alcoolique (à l'exemple du disulfiram, qui peut induire des troubles psychiatriques et doit donc être utilisé avec prudence chez les patients déjà fragilisés par un terrain psychiatrique) qu'avec des traitements spécifiques des troubles psychiatriques ; ainsi, parmi les antidépresseurs, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine semblent plus appropriés que les tricycliques chez les patients alcooliques.
En conclusion, bien que l'association entre troubles psychiatriques et alcoolisme soit très fréquente, les auteurs notent, en le déplorant, que la plupart des études menées sur le traitement de l'alcoolo-dépendance touchent des populations épargnées par les troubles psychiatriques. Il est impératif de mettre en place des stratégies thérapeutiques globales et adaptées à ces patients aux pathologies étroitement imbriquées, dont certaines peuvent faire barrage au traitement des autres.