Chronologie du statut de la femme - Partie 1

Chronologie du statut de la femme

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Cet article donne une chronologie commentée du statut de la femme ; l'article est également relié à l'histoire des femmes.

Manifestation de suffragettes dans la ville de New York, le 6 mai 1912 - spécificité du sujet dans le milieu universitaire américain : voir Gender Studies.
Manifestation de suffragettes dans la ville de New York, le 6 mai 1912 - spécificité du sujet dans le milieu universitaire américain : voir Gender Studies.

Sommaire

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Antiquité [modifier]

Égypte [modifier]

Cléopâtre se donnant la mort, selon la tradition picturale.
Cléopâtre se donnant la mort, selon la tradition picturale.

On n'a que peu d'informations sur la vie quotidienne des femmes et de leur statut dans l'Égypte ancienne. Comme dans toutes les civilisations antiques, il y eut quelques souveraines ou régentes qui parvinrent à règner, telles Nitocratis ou Hatchepsout. Certaines semblent avoir joué un certain rôle politique à côté du pharaon, comme Néfertiti, qui disparait de la scène assez mystérieusement. La vie de la Grande épouse royale, telle celle de Néfertari ou Isisnofret, épouses de Ramsès II, est assez bien connue, mais leur rôle politique était limité à la représentation. En général, leur fonction se limitait à assurer une descendance et à gérer les activités du Harem Royal, dont les Égyptiens semblent avoir été les inventeurs.

Certains amateurs de l'Égypte ancienne fantasment une société qui n'a jamais existé. (Et il en va de même pour toutes les périodes de l'histoire, où les études spécifiques au monde féminin sont relativement récentes). Pour contrebalancer certains écrits hagiographiques, notons que :

  • Les mariages étaient arrangés par le père parfois dès l'âge de six ans.
  • Les hommes pouvaient avoir plusieurs épouses et des maîtresses, des harems.
  • Les femmes en revanche étaient astreintes à la monogamie.
  • Tous les textes de référence d'époque en notre possession sont rédigés par des hommes.
  • Les cas de pharaons femmes sont rares. Seulement 6 sur 2000 ans d 'Histoire, et la majorité d'entre elles sont là "par intérim". Certaines ont même été "oubliées" sur les listes royales par les scribes ; c'est dire le peu de considération qu'elles avaient.
  • Contrairement à ce que certains cherchent à faire croire, d'autres civilisations antiques d'Orient comptèrent de nombreuses femmes régnantes. Ce n'est ni une invention égyptienne ni même une pratique courante en Égypte.
  • Toutes les études "sérieuses" sur ces questions mettent en avant le fait que l'Égypte fut bien, tout au long de son histoire, une société patriarcale. Et même si certains codes de loi proclament bien une égalité entre l'épouse et l'époux, dans les faits, il en va différemment.
  • Il en va de même pour de nombreuses fonctions politiques et professionnelles, interdites aux femmes, et il a fallu attendre l'époque hellénistique (sic) pour voir quelques évolutions sur ce point.

Perse [modifier]

Article détaillé : Femme iranienne.
Une mosaïque de l’ère Sassanide déterrée à Bishapur. Certaines mosaïques représentaient des femmes dévêtues. Celle-ci est conservée au Louvre.
Une mosaïque de l’ère Sassanide déterrée à Bishapur. Certaines mosaïques représentaient des femmes dévêtues. Celle-ci est conservée au Louvre.

Il est un fait indiscutable qu’à Persépolis, où la pierre conserve l’Histoire de la Perse antique, que les femmes sont absentes. Comme une grande partie de Persépolis et plus particulièrement les intérieurs ont été détruits par Alexandre le Grand et par le temps, certains chercheurs pensent qu’il est possible que certaines de ces parties aient pu représenter des femmes. Cependant il y a de nombreux autres exemples de pierres ayant préservé la figure de femmes de la Perse antique.

D’un autre coté, les femmes ont joué un rôle important dans la vie quotidienne sous la dynastie Achéménide. Elles travaillaient au côté des hommes dans les ateliers et y recevaient le même salaire qu’eux. Les femmes de haute naissance avaient même une influence sur les affaires de l’Etat. Les femmes membres de la famille royale possédaient leurs propres domaines, et nombre de documents parvenus jusqu’à nous témoignent de leur implication dans la gestion des affaires : des lettres sur l’acheminement du grain, du vin, et des animaux jusqu’au palais depuis des possessions lointaines. Par exemple, les seules limites à l’autorité de la reine douairière étaient fixées par le souverain lui-même. De telles coutumes persistèrent jusqu’à l’empire sassanide, avec moins d’importance cependant. Purandokht, qui était la fille du roi Khosrau II gouverna l’empire perse durant presque deux ans avant d’abdiquer. À cette époque, le plus haut rang féminin était tenu par la mère du roi, puis la mère du prince héritier et enfin les filles et sœurs du roi.

Les femmes qui n'étaient pas de condition noble disposaient d'une certaine indépendance économique: elles avaient le droit de travailler (certains métiers étaient autorisés aux deux sexes et d'autres étaient réservés), de posséder des propriétés et de les vendre et étaient elles-aussi obligées de payer des impôts. Des découvertes archéologiques ont même montré l'existence de femmes qui étaient chef d'entreprises ou de certaines autres qui avaient atteint des postes militaires de haut rang.

Les historiens pensent que c’est en fait Cyrus le Grand qui, dix siècles avant l’Islam, a établi la coutume de couvrir les femmes afin de protéger leur chasteté. D’après cette théorie, le voile est ainsi passé des Achéménides aux Séleucides. Ceux-ci l’ont, à leur tour, transmis aux Byzantins d’où les conquérants arabes l’ont adopté, le répandant à travers le monde arabe. Ceci dit, le voile est omniprésent dans le monde méditerranéen : les femmes grecques mariées se doivent de porter un voile sur leurs cheveux, la Bible impose la même obligation aux épouses légitimes. La chevelure visible est le signe des prostituées (cf Marie-Madeleine lavant avec ses cheveux, instrument de son péché et de sa rédemption, les pieds du Christ).

Rome

Les Romaines étaient juridiquement assimilées à d'éternelles mineures et soumises toute leur vie durant à l'autorité d'un tuteur, leur père puis leur mari. La patria potesta qui donne droit de vie ou de mort au pater familias sur tous les membres de sa famille fut réduite au IIe siècle avant J.-C. puis supprimée au IIe siècle après J.-C. Les Romaines jouirent d'un statut moins draconien que les Grecques. Elles avaient par exemple libre accès aux stades, théâtres et autres lieux publics. La liberté de mœurs qu'elles eurent à l'époque impériale reflète davantage l'oisiveté dont bénéficiaient les femmes de l'aristocratie qu'une réelle liberté du point de vue juridique; le divorce existait mais avait un tout autre sens qu'aujourd'hui. Les femmes d'Étrurie furent certainement celles qui, dans l'antiquité, eurent relativement le plus de liberté, et le statut le moins contraignant. Ceci était très mal vu des Grecs et des Romains avant que l'Étrurie ne devienne province romaine.

L'influence du christianisme naissant [modifier]

patriarcat sociologique et patriarcat chrétien : Dieu est masculin, nous dit l'image.
patriarcat sociologique et patriarcat chrétien : Dieu est masculin, nous dit l'image.

Dès l'origine, Jésus s'oppose à la lapidation d'une femme adultère. Il est également le premier à stigmatiser l'adultère masculin, mettant homme et femme sur le même plan. Par la suite, les chrétiens renoncent au rite de la circoncision, réservé aux hommes, et adoptent le baptême, identique pour les deux sexes.

Islam [modifier]

Pour juger de l’attitude du Prophète Mohammed, vis-à-vis de la femme musulmane, force nous est de situer le problème dans le cadre bien limité où évoluait le « féminisme » au VIIe siècle (ap. J.C). La position de l’Islam à l’égard de la femme s’avère, d’autant plus méritoire qu’il n’a pas hésité à faire éclater les régimes rigides et iniques qui assimilaient, volontiers, le sexe faible à du vil bétail.

Le Coran range, certes, la femme à un degré moindre que celui de l’homme ; mais, cela ne se justifie que par les lourdes charges familiales, qui incombent à l’époux ; il ne s’agit nullement d’infériorité inhérente à la nature même de la femme. La double part reconnue à l’homme, dans l’héritage, s’explique, aussi, par les obligations exceptionnelles auxquelles l’homme est astreint, alors que l’exemption de la femme est totale, quel que soit son degré d’opulence. Le mariage impose au mari l’entretien de son épouse ; cet entretien comporte son habillement, son habitation, son alimentation, la fourniture du nécessaire de toilette et d’une domestique, pour l’aider dans le ménage.

Sous l’égide de la foi nouvelle, l’élément féminin put reconquérir, dés le début, ses droits, systématiquement méconnus, à la fois, par le monde romain et par le monde bédouin. La femme fut élevée au rang de maîtresse de foyer, jouissant, pleinement, des droits personnels et successoraux, dont elle demeura, longtemps, privée. De simple « res » qu’elle était, bassement assimilée aux objets mobiliers, elle devint juridiquement « l’égale de l’homme », selon la propre expression du Prophète, sous la seule réserve des restrictions dues à la nature intrinsèque de son sexe.

L’interdiction, faite par l’Islam, d’enterrer les filles (vivantes) à la naissance. C’était une pratique répandue avant l’apparition de l’Islam et que le texte interdit de manière formelle et définitive. La punition qui accompagne l’interdiction est forte, cela veut dire que l’acte désormais prohibé était très répandu. Les femmes disposaient de plus de droits que les hommes et étaient plus libres et indépendantes qu’eux, et pourtant, les filles étaient enterrées vivantes à la naissance, considérées comme inutiles.

La femme arabe sut profiter de l’esprit libéral du législateur musulman. Dès les premières décennies de l’ère hégirienne, elle put s’imposer, par sa large et efficace participation, à côté de l’homme, dans la vie culturelle et sociale de la communauté musulmane. Aïcha, fille du 1er Khalif et épouse du Prophète, dut être élevée, selon les nouveaux principes et réaliser l’idéal de la femme ; à moins de 20 ans, sa profonde érudition fit d’elle une des plus brillantes figures de l’époque : les grands compagnons du Prophète venaient la consulter sur les questions juridiques, historiques, littéraires et même médicales. Désormais, le champ d’action culturel de la femme s’élargit, de plus en plus. Déjà, Oum Derda, donnait dans la Mosquée de Jérusalem des cours publics, auxquels assistait l’Emir Omeyade Soleïman. Chafii, chef d’un des quatre rites de l’Islam, était le disciple de la célèbre Noufissa, maîtresse de conférences au Caire. Ibn Hajar, un des célèbres imams de l’Islam, sera formé , avec cinquante de ses condisciples, à l’école d’Aïcha El Hanbalia, ainsi qu’à celle de Zaïneb, auteur de traités, en droit et en Hadith.

Dans ses œuvres biographiques, Ibn Hajar cite plus de quinze cent femmes, parmi lesquelles figurent des juristes et des « savantes ». Assakhaoui consacre tout un volume aux intellectuelles du IXème siècle de l’hégire, dont plusieurs, originaires de Fés. Assouyouty réserve son Nozhah à la biographique de trente sept poétesses. Ibn Assakir fut le disciple de 81 femmes « âlem » (Savantes), ainsi qu’ Eddhahabi, lequel préfère la femme traditionniste qui serait plus scrupuleuse dans son objectivité et son sérieux scientifique que son collègue du sexe masculin.

A toute époque, la femme musulmane a donné la preuve de son efficience intellectuelle. Certaines des plus grandes figures de l’Islam, comme Ibn Khallikan, El Baghdadi, Ezzamakhchari, Ibn Hajar et autres, doivent une bonne partie de leur notoriété scientifique à leurs contemporaines. La mort d’Oum El Khaïr, grande spécialiste des traditions prophétiques, marqua - d’après Ibn El Imad - le déclin de cette science pour longtemps. Les conférences d’Ouneïda réunissaient cinq cents auditeurs des deux sexes (6) - Rouqeyya, petite Fille d’Ibn Mazraà, passait pour être - d’après Essafadi - la plus célèbre traditioniste de son temps, en Égypte, Syrie et Médine.

Moyen Âge [modifier]

À la chute de l'empire romain, la condition de la femme évolue avec l'arrivée des coutumes des peuples envahisseurs.

Peu à peu, les contrats écrits disparaissent au profit de mariages devant témoins. L'Église réprime progressivement les abus les plus criants, interdisant le rapt, interdisant au maître de souiller une esclave vierge, au père d'abuser de la fiancée de son fils et de partager la couche de la mère et de la fille. L'obsession est de mettre fin à l'inceste, qui s'était largement répandu.

En 757, le capitulaire de Compiègne stipule (article 10) : "Si quelqu'un s'étant marié, trouve que sa femme n'est pas vierge, il a le droit de la renvoyer et de prendre une autre femme, mais si celui-ci-ci n'est pas vierge, il ne pourra la renvoyer car lui non plus ne l'est pas ayant connu sa première femme".

La condition féminine est à peu près la même dans toute la chrétienté.

  • La répudiation est interdite et le divorce autorisé en trois cas : la stérilité, la consanguinité jusqu'au 7e degré ou l’ordination ultérieure d’un des époux. L’adultère est puni.

Les mariages sont en général arrangés dans toutes les classes sociales comme dans l'Antiquité. Majeures dès l’âge de douze ans, c'est à partir de cet âge qu'on les marie. En théorie, elles peuvent gérer leurs biens et certaines, les veuves, notamment, ont le droit de vote aux États Généraux ou aux élections locales. Dans certains cas, elles sont même éligibles. De très nombreux métiers leur sont accessibles.

  • La littérature médiévale est tiraillée entre deux extrêmes. Au XIe et XIIe siècles, deux genres littéraires s'opposent : les fabliaux insistent surtout sur la malignité de la femme et la littérature courtoise la magnifie. Le XIIIe voit le triomphe de la littérature chevaleresque. Le Roman de la Rose compte parmi les œuvres les plus misogynes de la littérature française.
  • La question sur l'âme de la femme fut un épisode du synode de Mâcon en 585, où un évêque demanda qu'on clarifie la distinction entre les termes homo (être humain) et vir (homme mâle), ce qui fut fait. Il est à noter que ce ne fut pas le fond de la question qui fut débattu, la réponse à l'époque semblant claire, mais une simple erreur de traduction de la part de cet évêque qui, confondant homo et vir dit que l'on ne pouvait pas qualifier une femme d'homo (être humain et par définition possédant une âme), pensant que ce mot désignait l'individu mâle. Son erreur lui fut montrée par ses pairs et la controverse fut close.
  • Dans la vie professionnelle, les femmes sont présentes dans la quasi totalité des corporations, et peuvent comme les hommes accéder au statut de maître. Certains métiers leur sont réservés, comme le travail de la soie. On compte même des prud'femmes, dont le rôle est de défendre les intérêts des femmes.
  • Les femmes peuvent voter pour les élections des États Généraux, comme en Touraine en 1308. Célibataires ou veuves, elles peuvent également être membres des assemblées communales.
  • 1405 - France : Christine de Pisan, première femme française de lettres à vivre de sa plume, dénonce dans sa « cité des Dames » la misogynie des clercs et s’insurge contre les discriminations dont sont victimes les femmes

Époque moderne [modifier]

1622 - France

  • Marie de Gournay réclame, dans son « Égalité des hommes et des femmes », un meilleur accès à l’instruction pour toutes les femmes. Elle prend position dans le débat naissant sur la place de la femme, soutenant que celle-ci n’est pas inférieure à l'homme par nature mais du fait de son éducation.

XVIIe siècle-XVIIIe siècle - France

  • Les femmes tiennent salon. Ces petits comités essentiellement masculins se réunissent souvent sous la protection de femmes qui leur garantissent une certaine liberté. Certaines femmes appartenant aux classes privilégiées se posent en effet en protectrices et rien, ou pas grand-chose, ne peut leur interdire une telle attitude. Ces « salons particuliers » reprennent la tradition des cercles des reines et des princesses à la cour qui émergent dès le XVe siècle. C'est dans le cadre de ces salons que les Lumières prennent leur essor en favorisant les libres débats.

1788-1789 - France

  • Convocation des États Généraux pour la 22e fois en 487 ans (première en 1302). Les femmes veuves ou nobles tenant fief prennent part au vote mais elles ne sont pas directement éligibles. Elles peuvent toutefois être représentées par une sorte de suppléant comme c’est le cas notamment dans les assemblées locales. Les femmes prennent également une part très active à la rédaction des cahiers de doléances.

Époque contemporaine [modifier]

La Révolution française : avancées et reflux [modifier]

  • 1789 - France : 5 octobre 1789 Marche des femmes de Paris à Versailles. Le roi est rapatrié à Paris. « Les hommes prennent les Bastilles, les femmes prennent les rois » (Michelet).
  • 1790 - France :
    • Condorcet plaide pour le droit de vote aux femmes dans son Admission des femmes au droit de cité : « songez qu’il s’agit des droits de la moitié du genre humain ».
    • le droit d'aînesse masculin est supprimé par la loi. Tous les enfants sont désormais égaux devant la succession, quel que soit leur rang de naissance et leur sexe.
  • 1791 - France :
    • La loi laïcise le mariage qui devient un contrat entre les époux.
    • Olympe de Gouges réclame l’égalité politique entre hommes et femmes dans sa « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » : « article 1. La femme nait libre et égale à l’homme en droits ». Elle est guillotinée deux ans plus tard, officiellement pour des écrits en faveur de Louis XVI.
    • Instauration du suffrage censitaire (environ 4,3 millions d’électeurs pour 40 000 personnes éligibles). Les femmes sont exclues du corps électoral.
  • 1792 - France :
    • Le divorce est institué par la loi qui reconnaît par ailleurs l'égalité des époux, et le divorce par consentement mutuel.
    • Les clubs politiques de femmes à Paris comme en province se radicalisent autour de la question essentielle de l’égalité politique. Le plus fameux de ces clubs féminins donnant une tribune à la cause féministe est la Société patriotique et de bienfaisance des amis de la vérité.
  • 1792 - Grande-Bretagne : En réponse à des écrits de l'Irlandais Edmund Burke critiquant le Révolution française, Mary Wollstonecraft publie A vindication of the rights of women mettant l'accent sur les apports de la Révolution sur la condition féminine.
  • 1793 - France
    • Instauration du suffrage « universel » ; les femmes sont toujours exclues de la citoyenneté au même titre que les mineurs, les domestiques, les aliénés et les religieux cloitrés.
    • Les femmes de Paris coiffées d’un bonnet rouge prennent d’assaut le Conseil Général de la Commune de Paris, avec à leur tête, Claire Lacombe. Elles sont repoussées aux accents d’un discours clairement misogyne du procureur général Chaumette. Dans la foulée de ce coup de force, les clubs politiques féminins sont interdits.
  • 1795 - France : les femmes sont exclues de la vie politique. Tenaces, elles s’installent alors dans les travées réservées au public dans les différentes assemblées et ne manquent jamais une occasion pour émettre des avis en pleine délibération des législateurs. Ces femmes qui occupent littéralement les bancs du public sont vite taxées du nom de « tricoteuses », car nombre d’entre elles pratiquent effectivement le tricot en séance ou entre deux débats.
  • 1804 - France : le Code civil français déclare la femme incapable juridiquement ; elle est sous l'autorité de son père puis de son mari. En revanche, la femme célibataire ou veuve jouit, en théorie, de la plénitude de ses capacités juridiques, droit de vote exclu. En effet, la veuve ayant eu des enfants reste surveillée par un Conseil de famille composé de membres de la famille de son mari. Napoléon, en homme de son temps, n’est pas franchement sensible à la cause féministe et déclare « je n’aime pas les femmes qui se mêlent de politique ».
  • 1807 - France : Claude-Henri de Saint-Simon plaide pour le droit de vote des femmes.
  • 1808 - France : Charles Fourier réclame le droit de vote des femmes et la liberté en amour. Saint-Simon et Fourier sont considérés comme les précurseurs des socialistes.
  • 1810 - France :
    • Le code pénal qualifie l'adultère de délit. L’adultère du mari est puni d’une amende, celui de la femme d’une peine de prison (3 à 24 mois).
    • Le Code pénal punit de réclusion les personnes qui pratiquent, aident ou subissent un avortement. Les médecins et pharmaciens sont condamnés aux travaux forcés.

XIXe siècle : « Égalité, j'écris ton nom… » [modifier]

Au XIXe siècle, la discrimination sexuelle maintient des rôles stéréotypés envers la domesticité : liée à généralisation de la société bourgeoise occidentale, la figure de la soubrette devient incontournable dans les vaudevilles qui font la satire des moeurs de ladite « bonne société ».
Au XIXe siècle, la discrimination sexuelle maintient des rôles stéréotypés envers la domesticité : liée à généralisation de la société bourgeoise occidentale, la figure de la soubrette devient incontournable dans les vaudevilles qui font la satire des moeurs de ladite « bonne société ».
  • 1829 - Inde : Le Sati Prevention Regulation Act interdit la pratique de la satî, le sacrifice des veuves qui se jettent dans le bûcher crématoire de leur époux. Cette réforme qui prétend mettre un terme à une pratique vieille de plus de 2000 ans provoque inévitablement de farouches résistances parmi les traditionnalistes, aujourd'hui encore…
  • 1832 - France :
    • Fondation du journal « La femme libre ».
    • Jusque là délit, le viol est désormais un crime, mais c’est le père ou le mari qui est considéré comme lésé…
  • 1835 - France : La militante socialiste Flora Tristan imagine dans son Nécessité de faire bon accueil aux femmes étrangères, la mise en place d’une structure d’accueil et de logement pour les femmes seules. Jusqu’à sa mort (1844), Flora Tristan est la voix par excellence du féminisme-socialisme pendant cette décennie pré-marxiste. Elle assure la liaison entre le « vieux socialisme » et le marxisme et est d’ailleurs considérée par beaucoup comme celle qui fonda, de fait, l’Internationale !
  • 1838 - France : Création de la première école normale d'institutrices.
  • 1839 - France : de retour d’un voyage d’étude au Royaume-Uni, Flora Tristan avoue dans son Promenades dans Londres qu’ « en France, de tradition, la femme y est l'être le plus honoré, en Angleterre, c'est le cheval… ».
  • 1844 - France : quelques jours avant son décès, Flora Tristan concède dans une lettre : « que j’ai tout le monde contre moi. Les hommes parce que je demande l’émancipation de la femme et les propriétaires parce que je demande celle des ouvriers ».


  • 1848 - France
    • 5 mars. Deuxième république. Rétablissement du suffrage universel après un système censitaire, mais les femmes sont toujours exclues du droit de vote.
    • Eugénie Niboyet crée le journal « La Voix des femmes »
    • Les Vésuviennes, femmes parisiennes qui avaient pris les armes lors de la révolution de 1848, revendiquent une Constitution politique des femmes, le port du pantalon, l'accès à tous les emplois publics, civils, religieux et militaires. Ultra-radicales, les Vésuviennes desservent toutefois clairement la cause féministe en réclamant des réformes fantaisistes comme l’obligation du mariage féminin à 21 ans, la mise en place d’un service militaire obligatoire féminin, et le doublement du service militaire masculin pour les hommes qui refuseraient les tâches ménagères. Ces Vésuviennes sont tellement caricaturales qu’elles servent aux hommes hostiles à la cause féministe de parfait repoussoir.
    • Autres féministes de 1848 :
      • Jeanne Deroin, qui tente de se présenter aux élections
      • Désirée Gay, George Sand qui participe activement au gouvernement de la République. Jeanne Deroin, Eugénie Niboyet, Louise Colet et Adèle Esquiros sont à l’origine de deux journaux féministes : La Voix des Femmes puis L’Opinion des Femmes. Le journal lance la candidature surprise, et illégale, de George Sand ! Cette dernière qui découvre sa candidature dans le journal s’en prend aux « suffragistes » car elle considère l’égalité politique comme secondaire.
  • 1848 - États-Unis : Elisabeth Cady Stanton dénonce la « tyrannie masculine » dans sa « Déclaration des sentiments ».
  • 1849 - France : Jeanne Deroin tente de se présenter aux élections législatives. Le socialiste Proudhon est l’un des plus virulents opposants à cette candidature féminine : « L'humanité ne doit aux femmes aucune idée morale, politique, philosophique. L'homme invente, perfectionne, travaille, produit et nourrit la femme. Celle-ci n'a même pas inventé son fuseau et sa quenouille ».
  • 1850 - France : la loi Falloux fait obligation pour les communes de plus de huit cents habitants d'ouvrir et d'entretenir une école publique de garçons comme de filles. La scolarité n'est cependant pas encore ni gratuite ni obligatoire.
  • 1851 - France : le premier projet de loi proposant le droit de vote des femmes aux élections municipales voit le jour : il est dû à Pierre Leroux.

vers 1860 - Royaume-Uni : les suffragettes britanniques commencent à mener un combat d'envergure pour obtenir le droit de vote.

  • 1862 - France : Elisa Lemonnier crée l'enseignement professionnel féminin, public et laïque.
  • 1865 - Royaume-Uni : Droit de vote accordé aux femmes pour les élections locales.
  • 1865 - 1870 - Suisse : les universités suisses de Zurich, puis de Berne sont les premières à s'ouvrir progressivement aux femmes. Des jeunes filles viennent de toute l’Europe pour y étudier.
  • 1867 - France : Victor Duruy créé les cours secondaires publics destinés aux filles.
  • 1868 - États-Unis : le droit de vote est accordé aux femmes du Wyoming.
  • 1870 - Inde : Rappel de l'interdiction d'infanticide des filles et obligation de déclarer chaque naissance.
  • 1873 - États-Unis : la première université qui ouvre toutes ses sections aux femmes, à Boston
  • 1874 - France
    • Le travail des femmes est interdit dans les mines et les carrières.
    • Le travail de nuit des femmes non majeures est interdit.
    • Joséphine Andrée, syndicaliste fonde le Syndicat féminin de la couture, premier syndicat féminin.
  • 1875 - France : la Constitution de la IIIe République confirme la privation de droits politiques pour les femmes.
  • 1876 - France :
    • Hubertine Auclert fonde Le Droit des femmes, groupe suffragiste qui devient Le Suffrage des femmes en 1883.
    • Lors du congrès de Marseille, Hubertine Auclert proclame : « Qui dit droit, dit responsabilité, la femme doit travailler, n'étant pas moins tenue de produire que l'homme, vu qu'elle consomme… qu'il y ait pour les deux sexes même facilité de production, et application rigoureuse de cette formule économique : à production égale, salaire égal. »
  • 1879 - France : la loi Bert rend obligatoire l'entretien d'une École normale de jeunes filles dans chaque département français.
  • 1880 - Accès des femmes aux universités
  • 1880 - Japon : profitant de l'ouverture du pays à l'Occident, les femmes japonaises manifestent afin d'obtenir des réformes. En réponse à ces manifestations une loi interdit désormais la présence des femmes sur la scène politique.
  • 1881 - France
    • L'enseignement primaire est désormais obligatoire, public et laïque pour tous les enfants : filles et garçons (loi Jules Ferry).
    • Hubertine Auclert lance le journal La Citoyenne.
    • Blanche Edwards est reçue au concours de l'externat en médecine. Des étudiants brûlent son effigie boulevard St Michel.
  • 1884
    • France :
      • La loi Naquet rétablit le divorce, pour faute seulement, pas par consentement mutuel.
      • Clémence Royer, femme de sciences, donne des cours à la Sorbonne.
    • Belgique : Isala Van Diest , première femme médecin belge, est autorisée par arrêté royal à ouvrir son propre cabinet médical
  • 1888 -International  : création du Conseil International des Femmes, (CIF ou ICW en anglais)
  • 1889 - France : Paul Robin crée à Paris le premier centre d'information et de vente de produits anticonceptionnels.
  • 1891 - Inde : l'âge du mariage est porté à un minimum de 12 ans pour les filles.
  • 1892 - France
    • Le travail de nuit est interdit à toutes les femmes, quel que soit leur âge.
    • Le port du pantalon interdit pour les femmes depuis le Directoire, est désormais possible à condition qu’elles tiennent à la main une bicyclette ou un cheval (cette loi n'a jamais été abrogée, elle est donc toujours d'actualité !).
  • 1894 - Nouvelle-Zélande : le droit de vote est accordé aux Néo-Zélandaises.
  • 1897 - France :
    • les femmes peuvent désormais témoigner dans les actes d'état-civil, et dans les actes notariés.
    • Fondation du journal quotidien féministe La Fronde par Marguerite Durand.
  • 1900 - France
    • Les femmes peuvent désormais plaider comme avocates.
    • Ouverture aux femmes de l'École des Beaux-Arts.
    • Journée de travail de 10 heures pour les femmes et les enfants contre 12 pour les hommes.
  • 1900 - Japon : la première université féminine est créée au Japon en 1900.
  • 1900 - Égypte : les filles accèdent à l'école secondaire.
  • 1900
    • Tunisie : inauguration de la première école de filles en Tunisie.
    • Belgique : premières libertés économiques des femmes établies légalement, droit à l’épargne personnelle de la femme mariée, droit de signer un contrat de travail et d’encaisser un salaire


30/08/2007
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