Colères, agressivité et crises chez l’enfant: 12 façons d’intervenir

 

Colères, agressivité et crises chez l’enfant: 12 façons d’intervenir

crise enfant

 

Nous avons vu, dans un précédent article, comment les colères, l’agressivité et même la violence des enfants à l’occasion confrontent les parents et les éducateurs. Elle les interpellent dans leurs valeurs et les obligent à réagir malgré leur malaise et leurs réticences. Et qui veut supprimer une conduite indésirable doit d’abord interpréter correctement ce qu’il voit et en comprendre le sens et les causes, ce à quoi nous nous sommes atardés. Dans ce deuxième article, nous verrons qu’il est possible d’intervenir de manière efficace. Soit en créant de meilleures conditions éducatives, soit en adoptant des attitudes qui diminuent les comportements agressifs.

 

Quatre attitudes parentales pour créer de bonnes condition de développement

Le rôle des parents est d’outiller l’enfant pour qu’il puisse relever aisément les défis que la vie ne manquera pas de lui soumettre. Jusqu’à l’adolescence, les parents se doivent de favoriser les grandes forces qui lui permettront de devenir un jeune adulte en pleine possession de ses moyens.

Voici donc quatre attitudes parentales à développer.

  • Favoriser une sécurité de base chez l’enfant tout en évitant la surprotection, ce qui veut dire chaleur humaine, contact, prise en charge et attachement. Cela ne signifie pas qu’il faille à tout prix éviter la frustration; elle fait partie de la vie. Encore faut-il utiliser son bon sens en tenant compte de l’âge de l’enfant…
  • Favoriser l’autonomie de l’enfant par une juste mesure de fermeté dans la tolérance. La discipline consiste à avoir peu de règles, mais que celles-ci soient claires. La routine de la maison est cette première discipline. Elle s’articule aussi autour de l’ordre et de la sécurité, des limites et des valeurs morales (auto-discipline). Le parent doit être capable de dire non. Le bébé recherche un encadrement, des limites. Il est capable d’accepter que ces limites varient d’un adulte à l’autre. Il ne faut ni être trop sévère, ni trop permissif. le laisser-faire général provoque en général un sentiment d’abandon qui pousse l’enfant à rechercher l’attention. Dans ce cas précis, souvent l’agressivité de l’enfant dépend du fait qu’il ne se sent pas aimé.
  • Favoriser l’estime de soi. Le seul fait de s’intéresser à son enfant est un gage d’estime pour lui. Les récompenses pour un bon comportement sont supérieures en termes de réussite parentale que les punitions pour un mauvais comportement. Pour en savoir davantage sur ce sujet, nous vous référons à l’article Les alternatives à la punition.
  • Encourager l’indépendance, le fait de faire des choses par soi-même. Bien sûr, donner les règles de conduite, les expliquer et renforcer les bons comportements.

12 façons de faire diminuer les comportements agressifs

  1. Avant d’intervenir à tort et à travers, je suggère une petite analyse personnelle, voire un examen de conscience. À qui appartient le problème? A-t-on vraiment créé les conditions idéales pour minimiser le problème? Est-on soi-même un modèle colérique ou agressif, par exemple en hurlant à son enfant d’arrêter de crier? Notre maison est-elle un endroit calme et adéquat pour l’âge de notre enfant? Offrons-nous les outils nécessaires au bon développement?
  2. Il peut être impératif de minimiser certaines conditions frustrantes. Parfois les parents sont si exigeants que leurs demandes s’apparentent à du harcèlement. Il faut savoir choisir ses combats, démêler ce qui importe vraiment de ce qui est pour le moment accessoire.
  3. Voir ce qui pourrait être fait pour diminuer le niveau de stress à la maison. (voir Le stress des parents à l’égard de la réussite scolaire de leurs enfants)
  4. Nous arrive-t-il de récompenser les comportements agressifs, que ce soit pour avoir la paix, parce que cela nous amuse ou que nous sommes fiers du caractère que notre enfant démontre?
  5. Si nous avons à punir, que les punitions soient légères et non agressives ou vengeresses. Tentons d’explorer les autres techniques de modification du comportement comme le principe de satiété, d’extinction du comportement alternatif ou du renforcement négatif (voir Les alternatives à la punition).
  6. colère et crise chez l'enfantPensons à souligner et à récompenser à l’occasion les bons comportements.
  7. Écoutons et valorisons sa capacité d’exprimer verbalement sa colère. Comprendre les sentiments de l’enfant le dispose aux explications rationnelles et fait souvent grandement diminuer la colère.
  8. Pour le jeune enfant, il convient parfois de le distraire. On peut aussi à l’occasion choisir l’isolement. Le coléreux, privé de son public, baisse vite de ton.
  9. Pour l’enfant plus âgé, l’écoute est la meilleure attitude. Lui faire comprendre qu’il a droit à sa colère, mais avec une fermeté rassurante. (Sur les bonnes et moins bonnes façons d’écouter, voir Écouter pour s’entendre).
  10. Il ne faut pas toujours demander son avis à l’enfant, ni verser dans la négociation à n’en plus finir et l’argumentation stérile.
  11. Donnons, selon son âge, de vraies responsabilités à l’enfant.
  12. Autant que possible, tâchons d’être en accord avec le conjoint, surtout en ce qui a trait aux valeurs que nous privilégions (voir Les valeurs transmises aux enfants).

Trucs pratiques

S’adresser directement à l’inconscient constitue une avenue intéressante. Les enfants débordent d’imagination et sont, en général, très réceptifs à ce genre d’intervention. Sur le marché, quantité de livres leur sont destinés et sont faits dans le seul but de leur enseigner une bonne conduite, de leur suggérer de bonnes valeurs morales. Certaines histoires, avec de bons modèles, suggèrent ou apprennent aux enfants des réponses différentes de celles qu’ils connaissent.

Il est possible aussi de raconter, sans la terminer, une histoire à laquelle l’enfant pourra lui-même apporter une conclusion créative. L’expression graphique et le théâtre de marionnettes sont également des exutoires intéressants pour libérer les tensions. Les activités sportives à grande dépense d’énergie, surtout en début de journée, agissent de la même façon.

L’alimentation peut être un autre moyen. Pour qu’elle soit moins excitante, il convient d’éviter le sucre, le chocolat, les boissons sucrées, les colorants, les additifs.

Conclusion

Les colères de l’enfant ne préparent pas nécessairement celles de l’adulte si, comme parents ou éducateurs, nous posons les bons gestes pour les désamorcer. Par contre, plus on cède, plus on renforce le recours à l’agressivité pour obtenir un résultat ou tout simplement le respect des autres. Une fois cela établi, il devient très difficile de revenir en arrière car la récompense obtenue est trop importante.

En terminant, il est utile de souligner que l’attitude de fermeté adéquate avec un enfant de 5 ans ne l’est pas nécessairement avec celui de 10 ou 15 ans. Cela pourrait être perçu comme un harcèlement, lui-même déclencheur d’agressivité et de rébellion. Comme parent ou éducateur, il convient d’avoir, nous aussi,un répertoire de réponses variées.

Finalement, s’il nous arrive, à l’occasion, de céder à la colère, n’en faisons pas un drame. Cela n’est pas une catastrophe et démontre tout simplement à l’enfant que nous ne sommes pas parfaits. Nous aurons à le reconnaître. L’enfant, généralement, est indulgent pour ce genre de débordement. Il peut le comprendre.

Marie Bérubé, M.Ps.



31/05/2013
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