Cyclothymie et risque suicidaire chez les jeunes

 

 

 

 

Cyclothymie et risque suicidaire chez les jeunes

 

Dans un travail réalisé par le Dr F. Kochman, pédopsychiatre, on a recherché l’impact de la cyclothymie chez des enfants et adolescents dépressifs (5). L’étude a consisté de suivre sur une période de 2 ans, une cohorte de jeunes dépressifs. Des données complètes ont été obtenues chez 80 jeunes dépressifs évalués avec l’entretien Kiddie-SADS (critères DSM-IV), avec un nouveau questionnaire sur le tempérament cyclothymique - hypersensibilité (CHT) et d’autres instruments comme l’inventaire de dépression chez l’enfant (CDI), l’échelle de manie de Young l’échelle d’évaluation clinique globale (CGAS) et l’échelle d’agressivité ouverte (OAS). Les résultats ont montré que chez 80 jeunes dépressifs, 35 jeunes (soit 43%) sont reconnus comme bipolaires au terme du suivi de 2 ans. Ce type d’évolution a été significativement fréquent chez les jeunes cyclothymiques : 64% des jeunes avec le tempérament cyclothymique sont devenus bipolaires contre 15% des jeunes sans ce tempérament. Les jeunes cyclothymiques souffraient d’une forme particulière de bipolarité avec des passages brusques des niveaux d’humeur associés â des troubles des conduites, des syndromes psychotiques, une agressivité et des tendances suicidaires. Contrairement aux épisodes hypomaniaques difficiles à dépister chez les jeunes, la cyclothymie est une variable persistante et facile à dépister.
Pour explorer les liens entre le tempérament cyclothymique et le risque suicidaire, une étude contrôlée a été mise en place à Sfax, Tunisie (6). Cette étude a inclus un groupe de 51 sujets suicidants et un autre groupe de 51 sujets témoins sains. Cette étude a montré une nette différence des scores de la cyclothymie entre les deux groupes : score moyen de 12,5 ?3,8 dans le groupe des suicidants contre 5,0 ?3,6 dans le groupe témoin. En tenant compte du score seuil de 10 sur le questionnaire de cyclothymie, 64% des suicidants sont positifs contre seulement 10% des témoins sains. De plus, on note que 54% des sujets du groupe suicidaire sont dépressifs. Les sujets suicidaires dépressifs ont un score plus élevé sur le tempérament cyclothymique par rapport aux suicidants non dépressifs. De plus, l’intentionnalité suicidaire demeure plus importante chez les sujets cyclothymiques. Cette étude tunisienne montre que les conduites suicidaires sont liées â la dépression associée à un tempérament cyclothymique.

Si l’on accepte ces liens étroits entre le risque suicidaire et le trouble BP-II ? Cyclothymie, la prévention du suicide devient alors un projet atteignable, une cible spécifique â condition que les psychiatres tapent dans le mille (7). Il devient urgent que la recherche de cyclothymie soit systématique chez les jeunes dépressifs et spécialement chez les jeunes suicidants (2).

Au lieu de retenir comme seule explication du drame de Bridgend, celle de la permissivité (à mon sens assez faible, le suicide n’est pas contagieux), j’insisterai sur la piste de la cyclothymie. Et je rappelle que ce trouble est fréquent et surtout qu’il débute â un âge précoce, même avant la puberté (4). Son dépistage permet de prédire une transformation bipolaire chez les jeunes dépressifs. Le rôle de la cyclothymie apparaît plus grand quand il s’agit d’évaluer les risques en psychiatrie, notamment chez les jeunes : conduites agressives et de violence, impulsivité, risque suicidaire, abus de substance, conduites sexuelles erratiques et à risque.



02/05/2013
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