DEPRESSION - Le dépistage est-il possible ?
Le dépistage est-il possible ?
Dr François DUMEL (Avec son aimbable autorisation)
Médecin généraliste, Audincourt
Texte original faisant partie de " Comment évaluer le risque suicidaire et notamment l’imminence ou la gravité d’un passage à l’acte en médecine générale ? " [Lire ici].
La fréquence des maladies psychiatriques en médecine de premier recours est importante : environ 25 % des patients présentent une altération de l'état psychique, et 4 à 8 % remplissent les critères diagnostic d'une dépression majeure. La dépression est souvent mal diagnostiquée. On qualifie, souvent à tort, tout trouble de la santé mentale d'état dépressif, et les troubles anxieux, les addictions, les phobies, sont des troubles reconnus tardivement. La précocité du diagnostic peut améliorer le pronostic d'une affection psychiatrique, ce qui rend un dépistage en consultation de médecine générale particulièrement utile
Un travail français vient d'être publié. Un test de repérage des patients potentiellement déprimés à 4 questions le MINI ( Mini International Neuropsychiatric Interview) a été proposé à 1100 personnes de la cohorte GAZEL ( cohorte multiprofessionnelle d'agents EDF-GDF).
- Le test est positif si un sujet répond oui à l'une des 4 items suivants :
- j'ai des troubles du sommeil
- je me sens fatigué tout le temps
- je me sens nerveux, tendu
- j'ai du mal à faire face aux évènements.
Parmi les personnes déprimées selon les critères du MINI, mais non prises en charge de façon spécifique, 83% pourraient être dépistées par ce test. Dans cette étude de cohorte 77,4% des sujets déprimés n'ont bénéficié d'aucune prise en charge. Ce test a des propriétés similaires au CES-D version française. Il est d'une utilisation plus simple et devrait s'intégrer plus aisément dans une consultation de médecine générale.
POUR LES PERSONNES AGEES
L'échelle " MINI-GDS" paraît être un outil particulièrement adapté au sujet âgé. Il s'agit d'un questionnaire à quatre questions.
- Le test est positif si le sujet âgé répond oui à au moins une des questions suivantes :
- Avez-vous le sentiment que votre vie est vide ?
- Etes-vous heureux la plupart du temps ?
- Vous sentez-vous découragé et triste ?
- Avez-vous l'impression que votre situation est désespérée ?
- La sensibilité de ce test est bonne, la spécificité est faible.
Conclusion Ces différents travaux démontrent qu'il est possible de concevoir et d'utiliser des outils de dépistage de la dépression et des idées suicidaires dans le cadre d'une consultation de médecine générale. Il convient d'affiner ces tests et les faire connaître à la profession de façon à ce que le dépistage de la dépression rentre dans l'anamnèse systématique du consultant quel que soit le motif de consultation.
Marquet S. Evolution de la dépression en médecine générale. Exercer, 1999, N° spécial, recherche 11-15.
Bibliomed Pourquoi la dépression est souvent méconnue en médecine générale ? Bibliomed 2000, 172.
Duburq A, Charpak Y, Blin P. Comment diagnostiquer la dépression en médecine générale ? Elaboration d'un test de repérage des patients. Rev Prat MG, 2000, 14 ( 506 ) : 1403-7.
Fuhrer T, Rouillon F. La version française de l'échelle CES-D ( Center for Epidemiologoc studi-Depression Scale). Description et traduction de l'échelle d'auto-évaluation. Psychiatric < Clément JP, Nassif RF & al. Mise au point et contribution à la validation d'une version française bève de la Geriatric Depression Scale de Yesavage. L'encéphale, 1997, XXIII, 2 : 91-99.
Un dépistage systématique des pathologies psychiatriques courantes en cabinet de médecine générale prend souvent trop de temps. Un questionnaire rempli par le patient lui-même serait la solution et permettrait d'améliorer la prise en charge. C'est la thèse que défend le Professeur Robert L. Spitzer, Columbia University, New-York, auteur de deux questionnaires dont il présentait la version la plus récente - PRIME MD for Today - qui est éditée et mise à la disposition du corps médical par les laboratoires Pfizer SA.