Elle est passée sous une voiture

 

Elle est passée sous une voiture, renversée samedi, toute petite, elle avait 1 an et demi et je l’avais déjà rendue folle.
Pourvu que la mort aie été brutale et instantanée.
Mon chat est mort. Pas de larmes, pas d’émois, la fluoxétine m’ôte toute tristesse et émotion sans pour autant empêcher les crises d’angoisses par centaines.
A moins que ce ne soit pas la faute des cachets, à moins que je sois habituée depuis que je suis petite à refouler, retarder…
J’ai réalisé que ma grand-mère était morte 2 ans plus tard, pendant deux ans, je n’ai pas versé une larme, pas une once de tristesse, ma tête était remplie d’arrogance et de propos muet envers ceux qui la pleurait… J’oublie tout ce qui fait de la peine, je ne connais même plus la date de sa mort, 2002 ? 2003 ? 2004 ?
Je me suis souvenue de cette chose 17 ans plus tard, et tout est si trouble, pas d’image, que des angoisses…

Pauvre petit chat, que vais-je faire sans toi ?
Mon seul ami quand je rentrai chez mes parents !
Certains disent « je suis contente, je retourne chez moi, je vais voir ma famille… » moi, je disais « je vais enfin voir mon chat ! ».
Un chat que j’avais rendu fou, un chat que j’avais rendu boulimique.
J’achetais sa tendresse avec des croquettes, n’y allant pas souvent, on n’avait pas le temps de faire connaissance, le temps qu’il me ré apprivoise et qu’il se souvienne de moi…
Cruelle j’étais et en bonne névrosée et toxico de la bouffe, j’achetais son attention et son obéissance avec de la bouffe. Exactement comme * ça * le fait avec moi…
Ce chat a empêché tant de vomissements, il finissait mes assiettes.
J’ai beaucoup de mal à manger devant mes parents et depuis souvent, à moins que les repas se déroulent en « famille » car d’autres membres de la « famille » sont là, je mangeais seule, pas en même temps qu’eux.
Personne ne pouvait regarder, commenter, chronométrer…
Ce chat piochait, je l’attirais, il mangeait, finissait les restes, le « trop » qui risquait se faire se terminer le repas aux toilettes.
Il rappliquait dans la cuisine à minuit quand je faisais une crise et je m’arrêtais à temps.
Il grattait derrière la porte quand je vomissais, il venait ronronner et se coller à moi quand j’étais à moitié éteinte dans mon lit après avoir prit des laxatifs pour faire croire que j’étais malade, dans le but que ma mère soit gentille et me fiche la paix.
Il m’a si souvent prit en flagrant délit, en train de revenir avec des courses, les mêmes boites que j’avais pillé la veille. Je les remplaçais et les vidais à moitié pour que tout soit insoupçonnable.
Oh, pauvre chat, il était le seul de la famille à savoir, le seul à avoir vu, et le seul à me réconforter, il était parfait : muet et présent…
Excuse-moi Chapitre, je t’avais rendu fou, tu courrais chez tous les voisins pour manger la nourriture des autres chats, tu volais et déchirais des paquets, allait même chercher dans la poubelle, une force « sur chatienne » t’aider à ouvrir les placards ! Tu commençais même les compulsions sur la salade, la purée de brocolis…
Paix à ton âme ! Peut-être que si je ne t’avais pas attiré là-dedans tu aurais pu courir plus vite, moins lesté et passer sous cette voiture à travers les roues !
Et si tu t’étais suicidé sous ces roues comme je regarde les rails du métro.
Toujours je m’approche près de la voie, en espérant que quelqu’un me pousse, en voyant si je serai capable complètement fasciné.
Dis-moi Chapitre : as-tu eu le courage que je n’ai pas ?

Un chat mort trop tôt, mort à temps, désormais au paradis des chats boulimiques.
Cher Chapitre, "mon camarade de conso", viens me dire comment c'est, est-ce aussi beau que je me l'imagine ? Est-ce qu'on peut manger de tout sans grossir ? Est-ce un buffet éternel, un buffet de délices ? Est-ce la fin de notre sort de Tantale ?



07/11/2007
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