Etude et Chronique d'un CAS CLINIQUE d'un CYCLOTHYMIQUE : un AUTRE MONDE

 

 

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Etude et Chronique d'un CAS CLINIQUE d'un CYCLOTHYMIQUE

 

01 : présentations

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

Vie d‘une cyclothymique (45 épisodes)

Mlle N., 32 ans, est suivie depuis 2003 pour des TOCs sévères qui sont  associés â  une cyclothymie jamais dépistée avant cette date.
Elle est  scénariste, mais l’intensité et la complexité de ses troubles ont  probablement bloqué sa créativité et l’expression optimale de son talent
Elle  a longtemps hésité de rédiger son propre scénario, celui de sa vie  tourmentée, celui de ses démons internes, ses TOCs, sa cyclothymie, ses  boulimies ?.
Voici son récit â  découvrir où elle raconte ses démons  intérieurs, sa cyclothymie, sa vie de ? rock and roll ?, sa vie de  borderline, son addiction amoureuse, les tourments de sa vie au  quotidien, sa vie avec les autres?
Est-elle â  ce point si différente  des autres et si incomprise des autres. Elle parle de ses ennuis et de  ses comportements de n’importe quoi, des séquelles de la cyclothymie,  des cicatrices émotionnelles, des mauvaises habitudes, une vie gâchée  par la maladie (32 ans, seule, encore chez ses parents).
Une  question lui taraude l’esprit : ? est-ce que j’ai droit un jour au  bonheur, â  la quiétude, â  un peu de succès ? ?


Rock  and Roll? Ma vie est rock and roll.
Partie 1


Après  tergiversation, je me suis enfin décidée â  faire le pas.
Ce cours ne  m’a pourtant pas convaincue.
Faut dire que la première personne que  j’ai croisée lâ  bas, c’était mon ancienne prof de maths du collège que  je ne pouvais pas blairer?Elle faisait partie de la troupe d’amateurs  réunis pour apprendre le jeu de l’acteur.
Je m’étais pourtant bien  préparée, j’avais appris un texte par coeur cet été, et j’avais répété  avec Clément puis avec Mathieu.
Quand le jour du premier cours de  théâtre est arrivé, j’ai commencé â  douter. A me demander si j’étais  bien faite pour ça . Et puis le doute a laissé la place â  une franche  hésitation, je dirais même â  une certaine culpabilité. J’ai dû me lever  dix fois, me rasseoir autant, pour enfin prendre la décision d’annuler  ma présence â  ce cours de théâtre.
J’ai tapoté sur mon téléphone un  sms pour mon prof, le priant de m’excuser, pipeautant un imprévu.
Je  me suis ravisée, je l’ai effacé.
Je me suis levée, j’ai commencé â   choisir une tenue adéquate pour le cours, me disant qu’il fallait la  prendre cette putain de décision. Y aller ou non, mais agir.
Puis en  repassant mon pantalon, j’ai changé d’avis, j’ai débranché le fer,  repris en main mon téléphone, re-rédigé un sms et avec cette petite  poussée d’adrénaline si familière, j’ai envoyé le message â  mon prof.
Ouf?
Quelques  jours plus tard, l’idée me taraude toujours. Je cherche un autre cours.  Je me renseigne, l’heure et le jour me conviennent, c’est décidé,  j’irai faire un essai. Motivée, je me convaincs que cette fois est la  bonne.
Je sors de lâ  légèrement déçue.
Je n’irai pas non plus â   ce cours-ci.
Je me jette dans une salle de cinéma pour la peine, je  vais voir un film de Tony Gatlif, histoire d’apaiser mon chagrin et de  regarder d’autres que moi jouer la comédie.
La musique tzigane me  réconforte, mais je suis en manque. De quoi ? J’ai envie de faire un  truc, de prendre un cours ? De Yoga, pourquoi pas ?
Le temps du  chemin de retour chez moi, je change d’avis : ? pourquoi faire du Yoga ?  ?
Je suis cyclothymique, vous l’avez peut-être pas remarqué, mais  moi je vous l’avoue direct, sans détours ni cachotteries.
Ah oui,  j’ai aussi des TOCS.
Ne me demandez pas si j’ai d’abord des TOCS et  ensuite une cyclothymie, ou le contraire, je n’en sais rien. Tout ce que  je sais, c’est que c’est mon quotidien depuis 32 ans.
C’est mon âge.  Je suis scénariste. Enfin, j’essaie.
Je n’en vis pas encore. Mes  écrits sont sûrement trop engagés pour plaire aux petits producteurs  frileux qui ont croisé mon chemin.
Je suis spontanée comme fille, ça  vous le verrez plus tard.
Je pense être gentille aussi. C’est  souvent un truc que l’on me dit : que je suis ronde, gentille. Moi je ne  me vois pas comme ça. C’est normal, avec toute la merde que j’ai dans  la tête, ça vous tache une tronche.
Non, je m’envisage comme une  personne tordue, profondément désespérée mais sujette â  l’optimisme.  C’est un joli mélange, vous ne trouvez pas ?
C’est bizarre comme je  m’aime parfois. Je me trouve trop cool comme fille en fait. Autant des  fois, je me trouve naze, transparente, autant d’un coup, je peux me  trouver d’une coolitude (cool + attitude) absolue !
Je ne sais pas  structurer un ensemble. Alors commencer un livre, ça m’effraie un peu.  J’ai peur de vous perdre en route, de ne pas réussir â  vous intéresser.  Pourtant je vous assure que j’en ai de belles â  raconter, ça. Y’a pas de  problèmes â  ce niveau-lâ .
Non, je crois qu’il faut juste que je  fasse comme si je m’adressais â  moi-même en fait. On va faire comme ça.  Je vais me tutoyer, enfin vous tutoyer, vous, le lecteur?Tu me suis?
J’ai  pas envie de commencer par le début. Je préfère y aller comme ça, â   l’aventure. Te raconter qui je suis avec des phrases un peu dans tous  les sens. Ca me correspond assez bien. Le bordel. Un vrai bazar. Je suis  un peu comme un marchand de couleurs. On trouve de tout chez moi.  J’adore ce nom :  couleurs. Ca sent le savon.
Quand je pense au monde  que j’ai croisé dans ma vie, et dire que j’en suis toujours au même  point. C’est désespérant. Je devrais être mariée, avec trois enfants, un  appartement â  moi, une vraie profession, une bonne paie? Avec tout ce  que j’ai vécu : je devrais être vieille.
Même pas, je suis encore  toute petite.
En même temps, ça ne me fait pas plus triper que ça, la  vraie vie des autres. J’ai de quoi faire en fait. J’ai de la matière a  malaxer.
A commencer par mon cerveau. Je comprends toujours pas  comment il peut encore fonctionner avec tous les coups de ciseaux qu’il a  reçus ?
C’est fou comme je dois être forte. Non mais c’est  hallucinant comme je dois être forte ! Je t’assure, â  ma place, tu  serais mort, sans vouloir t’offenser, ni présumer de tes capacités â   endurer.
Le nombre de fois où j’ai failli y passer?Le nombre de fois  où j’étais au bord du précipice, prête â  lâcher prise.
Il y a  quelques mois par exemple, je crois que j’ai flirté avec une  morte-vivante. Vraiment.
De toute ma petite vie, je n’ai jamais été  aussi borderline.

 

02 : descente aux enfers

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock and Roll? Ma vie est rock and roll.
Partie 2


Je  travaillais vite fait dans une Université â  cette période, comme en ce  moment encore d’ailleurs. J’étais contente, je gagnais un peu ma vie. Et  puis j’avais rencontré un mec. Un mec avec qui je passais le temps,  souvent le jeudi soir d’ailleurs. Ca avait commencé de manière spontanée  avec lui aussi. Comme très souvent, c’est moi qui l’avait branché.  C’est clair que je lui ai fait du rentre dedans, mais parce que je le  sentais assez réceptif aussi, faut dire.
Un soir, je lui envoie un  sms, et je lui demande ce qu’il fait. Il me dit de passer. Il est déjâ   tard?Je dîne avec Clément â  ce moment-lâ , alors je lui demande s’il  croit que je dois y aller. Il me dit de faire attention. L’autre habite  loin, en banlieue. Moi, je suis une vraie parisienne, du Marais. Je  m’aventure pas souvent en banlieue si tard.
Je joue avec mon  portable, j’hésite, mais j’ai envie d’y aller, me laisser aller.
Je  lui demande son adresse, c’est décidé, j’irai. Je vais prendre un taxi,  tant pis si je paie cher.
Tout s’est décidé en une heure. Je devais  passer une soirée tranquille avec Clément, et me voilâ  dans un taxi en  direction de Houilles.
Houilles, l’angoisse, c’est quoi ce nom ?
Bref,  je me confie au conducteur, je lui raconte ma vie, mon angoisse de  débarquer chez un mec que je connais pas tant que ça. Et si c’était un  traquenard. S’il me posait un lapin, ou qu’il m’attendait avec trois  potes pour me sauter dessus ? Il fait nuit, il est plus d’une heure du  matin. Le conducteur est sympa il me dit qu’il attendra que je sois bien  en sécurité avant de repartir.
Je paie quand même 36 euros.
Ouf,  ça va, l’autre est bien au rendez-vous. Il a l’air un peu éméché mais  bon. On passe une bonne soirée. J’apprends qu’il se drogue. Et comme une  conne, je baise avec lui sans capote. Gros stress ensuite. Ca va, il  est cool, il accepte de faire le test direct. Je m’en sors bien, il a  rien, moi non plus.
Quelque temps plus tard, mon contrat se termine,  je me retrouve seule â  la maison. Finie l’euphorie, plus de raison de se  lever le matin. Je commence â  sérieusement m’ennuyer. L’ennui. Ma plus  grande compagne? Je la connais bien, j’ai eu le temps de l’étudier â   fond. Elle m’a même bien écrasée de son poids étouffant. Je me suis  sentie dégringoler. Comme tirée vers le bas. Enchaînée â  une sorte  d’inévitable descente aux enfers.
Je commence par pleurer.
Pleurer  sans savoir pourquoi je pleure. Je suffoque.
Je suis spectatrice de  ce qui m’arrive â  ce moment-lâ . Je ne comprends rien, je constate  simplement que je suis impuissante, que rien ne me console.
Ma mère  est lâ , présente comme toujours, fidèle alliée depuis maintenant si  longtemps. Elle ne peut que m’écouter, sécher mes larmes, mais c’est  tout. Je me lève, je m’assied â  ses côtés et je pleure. Je commence â   avoir mal au ventre. Un peu comme si on creusait un trou â  l’intérieur  de moi, qu’on m’avait vidée de mes entrailles et recousue. Qu’on  cherchait un trésor ou plutôt qu’on remuait la merde.
Et puis, ça  dégénère. Je me sens vidée, je commence â  distinguer le manque d’envie.  La pire des choses qui me soit arrivée. De n’avoir envie de rien.
Rien.  L?envie de rien.
Je sens que ça dégouline en moi, comme des pleurs  internes. Je ne ressens plus rien d’autre qu’une lente tristesse. Un  sentiment d’inutilité. Alors, je me couche. Je reste couchée. Je  n’arrive ni â  lire, ni même a regarder les conneries â  la télé. Si, un  soir, j’arrive â  m’accrocher au patinage artistique. Pas besoin de  suivre. Mais j’éteins avant la fin. Je peux pas.
Je cherche le  sommeil, mon seul répit. Quand je dors je ne me rends compte de rien. Je  dors pour oublier, pour que ça passe plus vite.
Le matin, c’est le  pire, je me dis qu’il y a une journée de plus â  tirer. Je me lève quand  même, je me lave et puis je me recouche. J’attends le soir avec  impatience, pour pas culpabiliser d’être couchée. Tous les jours le même  rituel. Je suis un zombie.
Je n’ai envie de rien.
Avec un bon  traitement, je reprends le dessus, mais depuis c’est la crainte,  l’angoisse de voir réapparaître l’ennui. Toujours cette peur au ventre  qui m’interdit d’oublier. Je sens qu’il ne faudrait pas grand chose pour  que je revive l’enfer? Le soir, je me couche tôt pour oublier en fait.  Oublier que je suis seule. Que ma vie ne ressemble pas â  ce que je  voudrais.

 

03 : moi et les autres

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock and Roll...Ma vie est  rock and roll.

Je sens que je fais peur. Je fais peur aux autres, ils m’envisagent  comme une tarée. Possessive, impulsive, désespérée, radicale, en demande  d’attention perpétuelle...
Y’a qu’â  raconter ce qui c’est passé avec  ma petite Ambre par exemple.
Je l’ai connue quand elle avait huit  ans, j’étais sa babysitter. 15 ans de différence et pourtant une  complicité innée. Une sorte de petite soeur adoptive. Elle a grandi,  partagé mes confidences délirantes. Je me suis déjâ  retrouvée â  lui  demander conseils sur ma vie sentimentale, â  une gamine de huit ans ! Je  le fais souvent ça. J’écoute les enfants me donner leur avis. Je leur  parle comme â  des adultes, enfin j’adapte mes mots pour qu’ils  comprennent.
En général, ils ont cette franchise qui me permet d’y  voir clair.
C’est très égoâ?ste de ma part finalement. Et Ambre a  cette sincérité déconcertante â  écouter et conseiller. En deux phrases,  elle pige de quoi je veux parler. Mais Ambre est partie elle aussi. Sans  explications, après 9 ans de complicité. J’ignore la vraie raison. Je  suppose qu’elle ne pouvait plus prendre ma douleur en pleine gueule. Je  lui en veux pas, j’aurai certainement fait pareil depuis longtemps.
Les  seuls amis qui me restent c’est ceux que je n’ai pas dégagés et ceux  qui ne m’ont pas fuie.
Car je dégage pas mal aussi, faut dire.
Je  suis assez radicale dans mes décisions. J’ai aucun scrupule â  être  méchante des fois. Au contraire.
C’est pas pour ça que je ne suis  pas sentimentale et que j’oublie définitivement les gens : mais je tire  un trait.
Lâ  par exemple, je viens de faire le vide dans mon  répertoire de téléphone.
J’ai viré tous ceux qui répondent jamais  présents, qui sont pas disponibles, ceux qui me fuient, ceux que je  fréquente mais que je déteste. Bref, j’ai fait le ménage. Il ne reste  plus grand monde. Plus les années passent et moins j’ai de monde autour  de moi.
Pourtant, je pense avoir besoin des autres.
Mais je suis  maladroite.
Je sais pas comment faire pour avoir des amis. Je crois  que mon problème, c’est que quand j’aime bien quelqu’un, j’aime bien le  voir souvent. Donc les gens pensent que je suis possessive et ça leur  fout la trouille.
Je comprends rien. Pourtant quand je regarde des  séries comme Friends ou Sex and the City, c’est toujours des personnages  qui traînent tout le temps ensemble, qui forment un groupe soudé,  toujours lâ  les uns pour les autres.
Alors qu’est-ce qui cloche chez  moi ?
J’ai eu plein d’amis mais â  chaque fois, ça se termine mal.
Enfin,  c’est vrai qu’â  chaque fois c’est moi qui tire un trait. Mais c’est eux  qui déconnent au départ. Ils mettent de la distance, on fonctionne pas  sur le même mode. Eux c’est plutôt chacun pour soi et moi je suis une  vraie éponge qu’on presse rarement.
J’ai une grande patience mais,  une fois que c’est fini, c’est fini.
Clément me dit que je veux  toujours qu’on me dise ce que je veux entendre...
Mais c’est faux.
Je  pense juste que dans l’amitié, on doit se soutenir, pas se tirer dans  les pattes. Essayer de se mettre â  la place des autres, de les  comprendre, c’est ce que je fais mais les autres ne le font pas avec  moi. Ils ne me comprennent pas, ils me fuient avant.
Je suis ce  machin un peu bizarre, spontané qui n’hésite pas â  raconter sa vie avec  sincérité en pensant être touchante, mais finalement j’obtiens souvent  l’effet inverse. Les gens prennent peur devant autant de franchise, il  me prennent pour une cinglée.
Je ne fais pas dans la demi-mesure, je  suis entière. Je n’arrive pas â  être une personne mesurée. Je ne suis  pas en nuance, je suis radicale apparemment.
C’est sûrement pour ça  que je me sens si seule.
Personne n’a jamais encore comblé mon besoin  affectif. Je cherche mais je tombe toujours sur des gens qui savent pas  comment me gérer et qui fuient.
Et plus ils m’échappent, plus je  m’accroche, enfin, jusqu’au moment où j’ai atteint le seuil de  saturation de tolérance et lâ  je raye définitivement.
C’est triste  c’est vrai, mais j’ai le sentiment que j’ai fini par m’adapter â  cette  situation, je suis si souvent seule avec moi-même que j’aurais tendance â   dire que je me suffis â  moi-même.
Il y a du bon, dans mon dégoût de  la solitude.
En ce moment j’ai un job alimentaire .Je rentre du  travail â  16h45.. Je me déshabille, je me met en pyjama. Je grignote un  truc. Je monte dans ma chambre avec mon chat. Je me couche.
Je me  force â  dormir pour oublier que je suis seule.
J’attends que le temps  passe. Il passe.
Je me lève, je redescends, je mange, je remonte, je  regarde au mieux un début de film. J’éteins, je me couche. Il est  21h30.
Variante :
Je me couche, j’allume MSN, j’attends que Jacopo  se connecte. Au mieux, il est en ligne. Il m’ignore. Je lui parle, il  ne me répond pas.
J’attends...Il finit par se déconnecter.
J’éteins,  je dors dégoûtée.
C’est pas toujours aussi dramatique ; des fois, je  sors. Mais je me fatigue vite. Sauf avec Jacopo. Mais c’est tellement  rare qu’on se voie...

Accéder â  la suite... (partie 4)

Commentaire de Delphine

Posté le 29 / 09 / 2008

Je ressens la même chose, les gens qui m’environnent aussi. Mes seuls  amis sont ceux de mon mari, heureusement qu’ils sont supers.  Aujourd’hui, lorsque je rencontre quelqu’un, je prends ce que l’on me  donne, comme un chat affamé â  l’arrière d’un resto qui sait qu’il ne  peut pas approcher trop près avant la nuit. Cela déroute autant les gens  que de rentrer dans le resto et commander un repas â  la carte. C’est  dommage, parce que si l’on me disait "tu me colles trop lâ , laisses-moi  un peu et reviens plus tard", je comprendrais, je me retirerais pour  quelques temps ou je serais moins collante. Je suis une super copine :  généreuse, disponible même pour les corvées,fidèle ... Par contre les  inconnus adorent s’épancher sur mon épaule, comme si ma difficulté â   vivre me désignait comme la meilleure des écoutes. Suis-je si  transparente que cela ? Par contre mon sourire arrête les gens dans la  rue et ils me parlent, me sourient, me remercient avec chaleur pour une  indication donnée avec une franche bonne humeur.

 

04 : mes influences

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock and Roll...Ma vie est rock and roll.
Partie 4

C’est  vrai que je me retrouve contrainte â  m’adapter au rythme des autres.  Alors que pour moi c’est : toujours ou jamais. On se voit toujours, ou  alors jamais. Finalement, je reconnais que j’exerce une sorte de  chantage affectif avec les autres.
En amour par exemple, c’est le  pire.
Une catastrophe. J’aime quelqu’un qui bien sûr ne m’aime pas  comme je voudrais qu’il m’aime. Et du coup, je suis complètement  dépendante de ce mec. Plus il est distant avec moi, moins il me donne de  ses nouvelles, plus je l’aime. C’est invraisemblable, mais c’est la  vérité.
Je l’aime parce qu’il est inaccessible, qu’il m’échappe.
Et  avec lui, je suis incapable d’appliquer ma méthode du ? je te raye de  ma vie puisque j’ai assez insisté et qu’il faut pas me prendre pour une  conne ! ?. Non, avec lui, je ne peux pas. Je ne sais pas combien de  temps ça va durer, mais ça dure depuis 4 ans déjâ .
Je vadrouille,  attention, je ne suis pas une nonne ! Mais je n’aime que lui.
Il n’a  qu’â  m’appeler et je tremble, je ne suis plus la même. La vie est belle,  rien d’autre n’a d’importance, je me sens enfin vivante.
Mais, j’ai  pas envie de te parler de mon histoire d’amour maintenant. Peut-être  plus tard.
En ce moment j’écoute l’album de Charlotte Gainsbourg en  boucle.
J’adore Air, je me sens proche de leur paradis.
Je sens  pousser les notes de leur musique en moi.
Dans le métro, c’est le  mieux, je marche sur des nuages avec eux.
Le style Phoenix aussi.  Putain qu’est-ce que c’est bon ! Ca me donne une définition de qui je  suis, quand j’écoute cette musique.
La vraie moi.
C’est elle,  celle qui est cool, qui ne se prend pas la gueule, sur qui tout glisse  et qui relativise. Celle qui est capable d’être Underground et de créer  aussi facilement que ça.
Celle qui peint, celle qui photographie,  celle qui écrit... Qui a fait deux courts-métrages aussi.
Je regarde ?  Lost In Translation ? de Sofia C. J’adore cette artiste. Son film me  convient. Je veux aller â  Tokyo, au Park Hyatt. Le Japon.
Le blog sur  le Japon, je cherche des contacts au Japon.
Je me rappelle cette  fille, croisée il y a des années de ça. Magnifique. Dans la mode. J’ai  gardé sa photo, un mini polaroâ?d. Je vais la remettre au mur. Je la  connaissais pas plus que ça, mais je m’en fous.
Milk Fed, une marque  de fringues, encore Sofia C. Cette fille c’est la classe instantanée.  Elle a tout compris.
Mais, comment ne pas parler de cette actrice ?  Je ne vais pas dire qui, mais quand même, c’est tellement débile...
Jacopo  était amoureux d’une fille qui ressemblait â  cette actrice selon moi.
Et  bien, j’ai développé une obsession. Je cherche â  lui ressembler. J’ai  acheté tous ses films, je me connecte sur des sites qui lui sont  consacrés, je regarde des interviews d’elle. Bref, je me dis que si  j’étais elle, j’aurais peut-être plus de chances avec Jacopo.
N’importe  quoi, j’en suis consciente, c’est naze... Mais bon, parfois ça me  prend. Parfois je suis idiote.
Parfois je regarde des merdes â  la  télé pour pas être intelligente.
Car je pense être une surdouée du  cerveau. Comme Woody Allen.
Je l’aime parce que je suis sa fille  spirituelle.
J’ai même réussi â  rentrer en contact avec son  assistante ! Ca m’a servi â  rien, mais quand même, j’ai toujours son  mail...
Y’a tellement d’artistes dont je me sens proche...
Mes  TOCS me distraient quand c’est Woody qui les incarne.

Jazz man.  Yeah baby, I’m your treat...Don’t wanna miss a thing...

 

 

05 : l’enfer de mes TOCs

1/01/2008

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Rock and Roll...Ma vie est rock and roll.
Partie 5

Le  vif du sujet ?
Mon père, ma mère, ma soeur, ils y sont tous passés  dans mes incestes de Tocquée. Mon chat, mon bébé, cette fille, ce  garçon, ce pédé, ce pigeon, TOUS !
Je me les suis tous envoyés dans  mes obsessions.
Tu comprends maintenant, le cauchemar vivant ? Quand  l’esprit se tord au point de bugger et de m’étouffer avec ses idées lâ  ?
Comment  résister ? Comment être normal ?
Et une première psy qui ne  comprend rien, qui me drogue et qui n’entend rien...
Pédophile,  incestueuse, meurtrière, raciste, j’ai tout été, accusée â  tort par  moi-même. Condamnée â  morfler pour du beurre.
Encore, vas-y,  mutile-toi, c’est pas assez profond, la douleur est encore trop en  surface, faut que ça saigne. Faut qu’on le voie que t’es tarée.
Touche  pas ton père, touche plus ta mère, prends pas cet enfant dans les bras,  va te laver les mains : t’as vu une seringue par terre...
La drogue  m’a obsédée pendant mon adolescence. J’entendais un truc en rapport avec  et fallait que je me lave entièrement, dix fois, cent fois si j’avais  le malheur d’y repenser en me lavant.
Je ne suis rien de tout ça. Je  suis accablée par mes propres pensées.
J’accuse â  tort les autres  aussi. De tout ce qui m’obsède. Vivre avec moi est un enfer.
Je vais  finir seule avec mon chat.
Je veux des enfants, je veux Jacopo.
Merde,  encore une soirée seule. Destroy d’Isabella Santacroce â  côté de moi.
Flippe  pas poulette. Demain je retéléphone pour le théâtre, je vais y  retourner bordel.
J’ai pas rappelé.
J’ai comme une crise de foie  de moi. Je ne supporte plus d’être seule avec moi-même. Mais quand  j’entends les autres me raconter leur si belle histoire d’amour, ça me  fout la gerbe. Quand je les voit collés, ça me fout la diarrhée.
J’ai  pas envie de leur ressembler. Moi mon idéal c’est Jacopo, mais je veux  pas vivre une relation comme tous ces cons avec lui.
Jacopo, je le  vois pas souvent, mais quand on se voit j’ai toujours l’impression que  c’est pour la première fois. Si un jour je réussis â  vivre une belle  histoire avec quelqu’un, j’espère qu’on sera souvent séparé par la vie,  le travail, bref, pour qu’il y ait toujours ce manque.
C’est pour ça  que je veux être scénariste, réalisatrice. Parce que je sais que je  serai souvent partie. Mais bon, j’y suis pas encore. C’est loin d’être  gagné.
Je comprends pas, j’ai pourtant gagné un concours de scénario.  Mais je sais pas ce qui cloche.
J’ai rencontré tellement de gens  importants. Et rien ! Toujours au même point.
Je sais que j’écris pas  de la merde, je sais que j’ai une place qui m’est réservée quelque  part. Elle est juste bien cachée.
Je suis quand même curieuse de  savoir comment tout ça évoluera. Est-ce qu’un jour je serai heureuse ?  Est-ce qu’un jour j’aurai ce que je souhaite ?
Frida Khalo. Cette  femme a tout compris. Elle est restée digne dans sa souffrance autant  psychique que physique. Sa peinture m’inspire vachement. Pas autant que  Machado mais, je reste vraiment intriguée quand je suis face â  son  oeuvre. Elle a galéré avec son mari, mais elle a gagné finalement, â   force de patience, d’amour...
Mes tocs me laissent un peu plus  tranquille en ce moment. J’ai un répit.
C’est tellement atroce de  vivre comme ça. De se sentir menacé par soi-même. Etre toujours inquiété  par le moindre geste, la moindre parole qui fera réapparaître le démon.
Tout  ça pour quoi ? Combien d’heures perdues â  jamais dans cette rumination,  dans ces rituels débiles, histoire de chasser l’idée ?
En crise,  rien ne peut m’apaiser. Rien, sauf le rituel. Jusqu’â  l’épuisement.  Jusqu’â  trouver la bonne formule qui finira par me rassurer jusqu’â  la  prochaine fois, car il y a toujours une prochaine fois.

 

06 : Sur ma planète

1/01/2008

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Rock and Roll...Ma vie est rock and roll.
Partie 6

A  qui je ne l’ai pas raconté ?
J’ai pas mes règles depuis presque deux  mois....Hum, hum, hum...
Pourtant j’ai fait gaffe, je me suis  protégée avec ces deux mecs qui seraient susceptibles, enfin, bref, tu  comprends quoi ?
Et il a fallu que je déballe mon inquiétude â  tout  le monde. Non mais qu’est-ce que je suis conne ! Qu’est-ce que j’attende  au juste ? Un peu de compassion ? J’en sais fichtre rien.
J’aurais  croisé la voisine, je suis sûre que je lui aurais dit.
Et puis il  faut toujours que je dramatise aussi ce qui m’arrive, comme si j’étais  l’héroâ?ne d’un film.
Enfin lâ , j’ai appelé l’un des deux mecs, celui  de Houilles, tu te rappelles ?
Bon, ce con m’a tout de suite dit ?  c’est pas moi, c’est pas moi, je suis stérile ! ?. Comme si je  l’accusais... Ca fait plaisir de se sentir soutenue !
Alors du coup,  je le fais mariner maintenant, parce que je suis vexée qu’il ait réagi  comme ça, je lui ai dit que j’allais faire une première échographie (ce  qui est vrai, je n’en ai jamais fait !), sans lui dire que je sais déjâ   que je ne suis pas enceinte puisque ma prise de sang est négative...
Lâ   encore, j’ai besoin d’attention, je m’en rends bien compte. Je me rends  compte que je m’y prends mal aussi.
Je dois donc faire une  échographie pour voir ce qui ne tourne pas rond lâ -dedans.
J’ai voulu  inquiéter Jacopo aussi, mais ça n’a pas pris. Il est â  l’autre bout du  monde, et je crois qu’il ne veut pas me parler tant qu’il y sera.
Dans  le monde du travail, je suis un oeil ouvert. Je regarde avec  stupéfaction comment les gens se critiquent. C’est hallucinant comme  certains prennent le parti d’être des caricaturaux, grossiers,  indécents, putassiers... Je fais un boulot alimentaire â  la con et  j’arrive toujours pas â  comprendre pourquoi je m’implique tant, alors  que j’en ai strictement rien â  foutre.
Je travaille dans une grande  Université, je fais ce travail pour pouvoir gagner un peu ma vie. Le  RMI, ce n’est pas suffisant.
Et puis ça me permet d’avoir un but, de  me lever le matin et de me dire que je suis un minimum utile, même si  c’est franchement pas la gloire.
Bref, ce boulot, même si je suis  soulagée de l’avoir, je regarde mes collègues avec un oeil affligé.  Comment on peut être aussi bouleversant de connerie ? Aussi dénuée  d’intérêt ? Aussi veule ?
Ces gens sont vides de sens. Y’a quand même  des exceptions je veux pas mettre tout le monde dans le même panier,  mais franchement, je suis allergique â  la connerie.
Tu les verrais  repartir les bras chargés, pouvant â  peine marcher, plein de  petits-fours grattés pendant les cocktails.
Le principal, c’est de ne  pas craquer, tenir bon, essayer d’être diplomate, de ne pas tout  envoyer chier comme je l’ai souvent fait. Parce que j’aime pas qu’on me  donne des ordres. Je supporte pas qu’on me dirige.
Ce matin dans le  RER, j’ai vu cette femme, laide, qui pensait certainement avoir un peu  de classe avec son sac Longchamp, et j’ai eu envie de pleurer tellement  elle ne m’inspirait rien. Je la regardais tenter d’être quelqu’un et  finalement n’être le résultat que d’un pauvre reflet de carreau cassé.
Je  sais que je suis politiquement incorrecte.
J’ai très envie de faire  du théâtre, ça me reprend. Pourquoi est-ce si dur de se décider ?
Le  premier cours auquel j’ai assisté, c’est vrai, ne m’a pas convaincue,  mais j’y repense et je me dis que je pourrais insister.
Beuh...C’est  l’image de la prof aussi qui me dérange, ce genre de femme â  vous  appeler ? chérie ? alors qu’elle ne vous a jamais vu avant. J’ai du mal.
J’adore  le genre de phrase insensée que les gens disent sans s’en rendre  compte. Du genre quand je leur parle de Jacopo, ils ont tendance â  me  dire :
? Mais tu peux pas te trouver un mec normal ? Un mec pas  compliqué ? ?
Ca me fatigue de leur répondre, ça m’épuise d’avance.  Et puis je vois pas comment ils pourraient comprendre que moi, ce que  j’aime c’est justement le côté tordu de Jacopo, c’est justement parce  qu’il est marginal, que ses réactions sont atypiques qu’il me plaît.
Mais  ces gens-lâ  ne comprendront jamais, on ne fait pas partie de la même  planète.

 

 

07 : un cas â part

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 
Sais-tu qui ne font pas partie de la même  planète que moi non plus ?

Les personnes très bien  placées que j’ai pu rencontrer dans le milieu du cinéma et qui auraient  très bien pu faire quelque chose pour m’aider, mais qui n’ont jamais  daigné rien faire pour moi.
J’étais baby-sitter chez un producteur  pour qui les choses marchent plutôt bien. Du moins, il produit de la  merde commerciale, mais bon, on peut dire que ça a du succès.
Et â   chaque fois, je lui racontais mes galères, mes envois de scénarios  spontanés aux différentes maisons de production sans obtenir de  réponses. Un jour, il se vante comme il aime le faire, du bon  déroulement de son prochain tournage. Mais il commence â  se plaindre  d’une certaine comédienne. Elle lui aurait tendu la note du taxi un soir  où il organisait un dîner chez lui.
Il me raconte ça en disant qu’il  venait de lui signer un contrat d’un million d’euros.
Au moment de  partir j’ai dû lui quémander l’argent qu’il me devait de mon baby  sitting et ce chien m’a réclamé la petite monnaie que je lui devais !
Le  manque de classe de ce genre d’individus m’a toujours laissée  pensive...
Je suis inquiète, je n’ai toujours pas mes règles. Je sais  maintenant que je ne suis pas enceinte, mais je me plais â  croire que  je le suis quand même. Je me tiens le ventre, je le caresse comme si  j’avais quelque chose â  l’intérieur.
Demain je dois faire une  échographie. C’est bizarre. Dans ma tête je vais quand même avoir le  doute jusqu’â  ce qu’on me confirme que je ne suis vraiment pas enceinte.
Je  trouve la mode intéressante, pourtant je ne suis pas une fashion  victime. J’aimerais avoir de l’argent parce que j’en manque chaque mois.  Comme ça je pourrai m’acheter des fringues où je voudrais, plutôt que  d’aller toujours chez H&M.
J’ai des marques, comme ça qui  retienne mon attention comme Milk Fed, parce que c’est une marque  Japonaise que gère Sofia C., APC parce que je suis partie comme fille au  pair dans la maison du créateur, encore un épisode hallucinant qui ne  m’a servi â  rien. Isabel Marant parce que j’ai lu que l’actrice qui  ressemble â  l’ex de Jacopo s’habille lâ  bas.
Je suis toujours  célibataire, j’ai trente deux ans. Je vis toujours chez mes parents.  J’ai quand même ma piaule, ce qui me donne une relative indépendance.  Pourquoi en fait-on un drame ? Pourquoi dans cette société, on me dit  que je ne suis pas ? normale ? ? En Tunisie, où j’ai de la famille,  lâ -bas, les gens vivent ensemble, tous ensemble parfois. Les filles  célibataires chez leurs parents, c’est très banal !
Ici, je suis un  cas â  part, je le sens bien. Même par rapport â  mes amis.
Clément,  lui, met ça sur le dos de ma maladie. Il pense que j’en suis lâ  parce  que j’ai des problèmes. Moi, je crois que c’est pas entièrement faux  mais, je pense que je me plais chez mes parents. Ils sont gentils,  compréhensifs.
C’est vrai que parfois j’aimerais avoir mon  appartement, mais je ressens déjâ  tellement la solitude que je me  demande si je serais capable de la supporter si je vivais vraiment toute  seule.
Et puis j’ai mon chat. Mon chat, je lui parle, il me fait du  bien, il a traversé tellement d’épreuves avec moi. C’est mon fidèle  compagnon. Il me fait des câlins tout le temps, ça me rassure. J’ai une  relation fusionnelle avec lui. D’ailleurs ma mère trouve qu’il me  ressemble. C’est drôle.
Les enfants sont ma vie. J’ai la chance  d’avoir deux autour de moi : mes cousins. Ils sont adorables, beaux  comme des dieux.
Le plus jeune, dégage un charme tellement important  que bien sûr, le fait qu’il soit très câlins me cause des TOCS. Je n’ai  jamais été aussi malheureuse que lorsqu’il me réclame un câlin et que  je le rejette â  cause de mes idées débiles sur la pédophilie. J’ai  tellement peur d’être pédophile que dans ces cas lâ , je m’éloigne, je me  dégage de ses bras. Je me punis.
En ce moment ça va mieux, j’ai  beaucoup moins de TOCS lâ -dessus. Alors, j’en profite et c’est ? câlins â   gogos ? quand je le vois. Il dort même avec moi parfois, je suis  contente, avant je ne pouvais pas.
Je me rappelle une fois où il  avait dormi chez moi, et ensuite je n’arrivais plus â  dormir dans mon  lit tellement j’avais peur d’avoir des idées atroces.
Dire qu’avoir  des tocs c’est un calvaire est encore trop faible. C’est une prison  mentale où le geôlier n’est autre que nous-mêmes.
Je me juge sans  cesse. Parfois c’est plus facile de se juger soi même que les autres  parce qu’on se connaît mieux. Sauf que dans mon cas, je me juge toujours  sévèrement. Il n’y a jamais d’indulgence. Je me remets toujours en  question.
Je vais me fumer un joint. Tu m’attends, je reviens.

suite  partie 8

 

 

08 : quel garçon pour moi ?

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock and Roll?Ma vie est rock and roll...

Bon  le joint. Mangé pain au chocolat alors que devrais pas.
Trop grosse.  Mes médicaments m’ont fait grossir.
Je fais un bon 42 maintenant.  Difficile de trouver des fringues.
Les 36-38 me renvoient â  la gueule  mon atroce surcharge pondérale.
Veux maigrir. Passe par des phases  de privation intense â  des crises de boulimie immonde.
Ma peau est  dégueulasse, je camoufle comme je peux avec du maquillage. Avoir  toujours de l’acné â  32 ans, si ça c’est pas encore un signe que je ne  suis qu’une ado attardée?

Cette histoire de poids  m’obsède. Surtout lorsqu’un pote me raconte qu’un mec que  j’aime bien lui a dit qu’il m’avait trouvé super canon sur des vieilles  photos où j’étais mince !
? Elle a carrément pris depuis, non ? ?    Merci.
Relis Bridget Jones, marrant mais pas très futé.
Préfère  Destroy d’Isabella Santacroce.
Fume des Silk Cut comme elle. Ecoute  la même musique.
Le journal de l’amour d’Anaâ?s Nin et La cloche de  détresse de Sylvia Plath sont en ce moment mes livres de chevet.
Mon  amant tunisien, 20 ans, m’a écrit qu’il voulait qu’on visite le sud  tunisien ensemble â  Noël. Fabuleux, mais si seulement c’était Jacopo !

J’aime  les mecs plus jeunes que moi, pourquoi ? J’en sais rien, je me retrouve  toujours attiré par eux. On me juge, je m’en tape.
Jacopo a 25 ans.
On  est nés tous les deux le 11 septembre. C’est un signe. Il déteste quand  je dis ça.
Je sais que je finirai avec un homme plus jeune que moi.  Avec Jacopo ou un autre, tant qu’â  faire Jacopo.
Jacopo, c’est  l’Italie. C’est la langue que je préfère depuis que je le connais. Je  voudrais parler couramment l’Italien pour l’épater même si ce genre  d’attention ne l’émeut pas.
Entre nous, la discorde. La chimie innée  de deux êtres complètement barrés. Attirance indiscutable entre nous ;  et pourtant, dès que les mots s’en mêlent, c’est même plus la peine.
Me  résiste. Fuit. Passons des bons moments qu’immédiatement après il  s’oblige a oublier pour mieux s’éloigner.
Je passe depuis 4 ans du  harcèlement â  l’indifférence simulée avec lui.
Prostrée devant MSN,  bloqué tous les contacts juste pour l’entendre se connecter si je  m’endors.
M’oblige â  pas lui parler la première.

Je déteste  chez un mec lui dire ? tu n’es qu’un connard ? et qu’il me répond ? oui  c’est vrai ?.
Rien de plus agaçant et déstabilisant. Pas de  discussion possible dans ce cas. L’autre bloque  la porte.
Je suis  seule dans ma fausse grossesse.
Jacopo a ignoré mon mail où je lui  faisais part de mon angoisse.
Ok il n’est pas concerné, mais quand  même ! Il me connaît bien, c’est pour ça qu’il répond pas. Il sait que  je dramatise pour le forcer â  me parler. Trop malin ce Jacopo.
S’il a  une copine, dois être forte et pas montrer mon désarroi.
Veut  l’avoir dans ma vie coûte que coûte. Difficile mais situation  acrobatique depuis le début déjâ .
Parti 3 mois.
Absence.
Toujours  cette petite sensation de nouveauté quand vais le retrouver. Envie de  lui résister pour mieux l’apprivoiser.
Difficile de l’approcher, il  est comme un chien enragé par son indépendance.
Me sens seule, si  terriblement seule.
Devrais vivre aux Etats-Unis. Partir rencontrer  des cow-boys.
Serais peut-être moins seule.
Voudrais vivre dans un  aéroport, toujours un billet en main. Alors que je suis on ne peut plus  sédentaire.
Comprend pas ce paradoxe. Envie de bouger et  fatigue instantanée.

 

 

 

09 : Un goût de solitude

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

 

J’habite rue du Pont aux Choux. J’ai toujours trouvé  cette adresse hallucinante. C’est la classe d’habiter dans ce quartier  du Marais. Au milieu des bobos.
Je suis une bobo tocquée.
Je n’ai pas de fric, mais je suis une bobo quand même. Je bois mon café au Starbucks de la rue des Archives et si je dois acheter un journal ce sera Libé.
Je vais â  La Perle pour boire un verre avec Clément.
J’aime  Clem comme mon grand frère. J’ai peur de le perdre comme tous les  autres. Ce qui me console c’est qu’il est plus vieux, il a 34 ans.  Alors, il est peut-être un peu plus mature que tous les autres. J’adore  son fils et sa femme. Ce sont mes voisins. Je m’imagine qu’on est des  personnages de Friends. Tout est simple, facile. Je passe chez eux boire  un verre, â  l’improviste, comme ça. Sauf que la réalité n’est pas du  tout la même. Clem me demande de partir avant le retour de sa femme pour  pas qu’elle me voie lâ .
Retrouvais le sourire quand j’allais chez  Ambre. Ai rêvé d’elle cette nuit. Elle m’appelait et je lui disais que  j’étais enceinte. Elle rappliquait tout de suite. Elle me manque  cruellement. Tellement envie de partager mes secrets avec elle. Besoin  de ses conseils. Peut être qu’un jour elle reviendra.
Les escaliers  de chez elle me rassurent dès que je les monte, leur odeur.
Trop  sentimentale ma fille, trop sentimentale. Tu te feras bouffer.
Qui va  vouloir de moi ?
Je suis une boule de sentiments prête â  exploser.
Je  travaille â  mi-temps. D’ordinaire, les gens sont ravis d’avoir un peu  de temps pour eux. Moi c’est le contraire, quand je les entends dire ?  je n’ai le temps de rien, je cours après le temps? ?. Je me demande ce  que ça fait.
Moi, j’ai trop de temps. Je ne sais pas quoi en faire.  Ca m’angoisse tout ce temps libre. Personne n’est jamais disponible pour  moi. C’est toujours moi qui lance les ? tu fais quoi aujourd’hui ? ? .  Ras le bol.
Il faut que je m’occupe. Mais, pourquoi combler le vide  avec des choses qui ne feront que cacher la réalité.
On est toujours  seul.
Même quand je suis en compagnie, je me sens seule parfois.  J’ai de la mélancolie dans les veines, dans la gorge, je ressens un goût  amer qui me rappelle que bientôt je serai encore seule.
Je ne  profite certainement pas assez du temps présent, j’anticipe trop.
J’ai  parfois une rage et une haine en moi qui m’animent face â  certaines  personnes. C’est très désagréable de se sentir si perturbé dans ces  cas-lâ .
Parfois les cons mérite qu’on les ignore, tout simplement.  Mais moi, je n’y arrive pas, comme si j’étais désolée de constater avec  impuissance leur face irrécupérable. Je suis trop optimiste, je suis  souvent déçue d’ailleurs.
Je pense toujours qu’il peut y avoir du  bon dans un con. Alors que souvent un con est juste un con.
Voilâ   pourquoi je perds de l’énergie et du temps avec des individus qui ne me  correspondent pas. Il y a finalement très peu de gens autour de moi qui  me correspondent. Il y a forcément le roi Jacopo, il y a Clément, il y  avait Ambre, il y a mon pote, et puis je pense que j’ai fait le tour.
Et  ce sont les personnes qui me correspondent le plus que je vois le moins  souvent bien sûr !
Résultats : kystes aux ovaires dû â  un  dérèglement hormonal?
Il manquait plus que ça. 
Même si ça n’a  pas l’air très grave, ça me mine le moral. De ne plus avoir mes règles  depuis maintenant deux mois me perturbe.
J’en ai marre.
Mathieu  me dit que cet état dépressif me rassure peut-être finalement. Que c’est  pour ça que je ne vais pas au bout des choses, comme pour le théâtre  par exemple.
Je me complairais dans cette situation parce que je ne  connais qu’elle, et que l’inconnu me fait peur ?
Je trouve ce  raisonnement trop simple pour l’appliquer â  ma personnalité si  compliquée.
J’ignore ce qui cloche chez moi.
J’ai pleuré tout â   l’heure en me masturbant. J’ai ressenti une grande tristesse et une  grande solitude. Envie d’être près de lui. Il me manque et pourtant, je  sens que je dois prendre une décision franche en ce qui le concerne. Je  ne peux pas continuer â  déprimer â  cause de lui. Je dois me détacher de  son emprise si je veux avoir une chance qu’un jour ça remarche entre  nous.
J’ai décidé de le bloquer sur MSN. J’attendrai son retour et  qu’il m’appelle.
Encore un week-end qui va ressembler â  tous les  autres. Mon lit, mon radeau.
Je fais tout dans mon lit, j’écris, je  regarde des films quand j’y arrive, je lis, je baise, je dors, je mange,  des fois.
 
 

10 : qui suis-je au juste ?

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

J’adore  boire de l’alcool. L’avantage quand on prend des médicaments comme moi,  c’est qu’il n’en faut pas beaucoup pour que ça fasse de l’effet. J’aime  ressentir l’état d’ébriété. Ca m’assomme et j’ai l’impression que les  choses deviennent plus simples. Je suis étourdie, tendance â  faciliter  le moment présent.
Me suis achetée de la Blédine pour bébé. Envi de  me caler l’estomac avec quelque chose de doux. Me trouve immonde,  grosse. Pas du tout désirable.
Je ne sais pas comment j’en suis  arrivée lâ .
J’ignore quel chemin boueux j’ai dû emprunter.

Me  sens coupable quand je pense â  la somme de travail que mon père abat  chaque jour pour nous faire vivre.
J’ai peur de perdre ma mère, ma  seule bouée, ma bouteille d’oxygène. Angoisses nocturnes, et désarroi  face â  la vie.
Envie d’un bébé. Je ris quand je pense â  quel point  je suis loin du compte.
Dehors, je me sens mal, perdue au milieu des  passants. Comme si j’étais transparente, ou trop voyante. J’ai  l’impression de ne jamais être au bon endroit quand je marche dans la  rue.
Certains quartiers me faisaient du bien spontanément, de moins  en moins maintenant. Il y avait Opéra, le Starbucks d’Opéra, Tiffany de  la place Vendôme, Hôtel de Ville parce qu’avec Jacopo c’était notre  premier rendez-vous…
Je n’existe peut-être pas vraiment, pour de  vrai.
J’ai souvent pensé que tout autour de moi n’était qu’une  expérience, destinée â  m’étudier. Comme si j’étais l’héroâ?ne d’une  fiction sans le savoir. Les gens n’existeraient donc pas vraiment non  plus.
Je me suis éloignée de la religion. Toujours été attirée par  les juifs. Cause de nombreux TOCS au sujet de la Shoah. Enfer de mon  adolescence.

Cahiers raturés, j’accusais mes proches, tellement  injustifié quand j’y repense. C’est pas facile pour ma famille, cruel  pour eux aussi. Ils ont morflé avec moi, surtout ma mère. Je m’en veux  de la faire souffrir. Je suis responsable.
Mon psy est le maître de  mon existence, c’est lui qui me sauve la vie chaque jour avec le  traitement qu’il me prescrit. Pourtant je lui en veux quelque part de ne  pas pouvoir réparer le passé. De ne pas réussir â  me faire sentir  vivante mieux que ça. Je sais qu’il n’y peut rien. Je sais.
Le temps  passe lentement et si vite en même temps pour ceux qui ne font rien  comme moi.
Je suis dans un cocon. Chaque fois que quelqu’un vient  chez moi pour la première fois, il me dit qu’on s’y sent bien, qu’on  dirait un nid douillet. Et pourtant personne n’y reste.
Je respire  mal, j’ai le sentiment de dormir debout. D’être amorphe.
Qui suis-je  au juste ?
Je ne ressemble â  rien. Je suis fan d’Hello Kitty et  j’aime les films de Woody Allen. Allez-y comprendre quelque chose…
J’écoute  aussi bien de la merde commerciale que du rock expérimental…
Je suis  une salope et une pucelle effarouchée.
Depuis combien de temps  suis-je si différente ?
Est-ce que je suis née pour être malheureuse  ? J’ai accès â  tout ce que je veux et je ne profite de rien. Je laisse  la vie filer comme ça pour du beurre.
J’ai le coeur serré. Il semble  retenir de gros sanglots. Je pleure par vagues. Parfois c’est le Sahara,  parfois les chutes du Niagara.
Je comprends rien.
Il faudrait que  je lise plus souvent mais j’ai la flemme depuis un bon bout de temps.  Avant je lisais beaucoup. Maintenant je n’en ai pas le courage.
J’ai  la gerbe â  l’idée de me regarder encore une fois dans le miroir. Je ne  ressemble pas â  l’idée que je me fais de moi.
Je suis toujours en  quête d’un modèle.
Des nouvelles de Jacopo !!!
Un mail de sa part  et je suis au paradis…Il ne me snobait pas finalement. Il s’est même  fait du souci pour ma santé.
Malheureusement je ne retiens que  l’aspect négatif du courrier. Il évoque vite fait sa copine. J’ignore  qui elle est réellement pour lui, car il n’est jamais clair â  ce sujet.  Il me dit qu’il se sent plus libre seul. Rien n’a changé visiblement.  Mais bon, il rentre bientôt.
J’ai tout de suite lu le mail â  tout le  monde. Besoin d’avoir l’avis des autres.
On me dit que je ne  suis jamais contente.
Que je devrais au moins me réjouir du  fait d’avoir de ses nouvelles.

 

 

11 : le mal de vivre

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Désorientée,  assommée, vidée, je marche seule.
N’arrive pas â  rester éveillée.  Dès que je m’ennuie, je vais dans mon lit et je tente de dormir.
Deviens  liquide.
J’ai débloqué Jacopo, mais je ne lui parlerais pas en  premier.
J’attends, je suis toujours dans l’attente de toute façon  avec les mecs quand je les aime.
Jacopo c’est un bébé. Il a peur de  l’engagement. Il redoute de penser â  deux. C’est un lâche, un égoâ?ste.  Un radin aussi. Mais je l’aime car c’est la seule personne qui est  capable de me faire oublier que je suis en vie.
Oui, oublier que je  vis. Avec lui, je ne réfléchis plus â  mes problèmes, je suis.
J’ai  vraiment hâte de le revoir.
J’ignore si je choisis ce qui m’arrive ou  si je le subis.

Ma vie est assez triste et vide, mais est-ce  que j’en suis coupable ?
Je pense que j’ai une part de  responsabilité. Je pense que j’ai peur de quelque chose et maintenant il  faut que je trouve de quoi.
Je pourrais être moins seule en faisant  plus de choses, et pourtant je ne les fais pas. Je suis inactive. J’ai  du mal â  prendre des décisions et â  m’y tenir puisque je change tout le  temps d’avis.
Ces allées et venues m’épuisent et du coup je ne fais  rien.
Je dépense beaucoup d’argent par compulsion. Je sors peu, mais  quand je sors, je rattrape le temps perdu en liquidant mon fric. Je suis  capable d’être très généreuse et très radine aussi.
Suis-je une meuf  â  PD ? On me l’a déjâ  dit. J’ai des amis gay. Mon pote est homo.
Quand  je le vois avec son mec, je suis jalouse. Parce qu’ils ont l’air de  tellement s’aimer…Et en même temps, ça m’écoeure, je n’aimerais pas leur  ressembler, leur relation m’étoufferait, je le sais. Ils vivent  ensemble, se voient donc chaque jours. Moi je n’en suis pas capable. En  fait ce qui m’effraie avec le quotidien, c’est que j’aurai trop peur que  ça s’arrête, donc je préfère ne pas y goûter. J’ai toujours été  habituée au manque dans mes relations amoureuses. Je me suis auto  conditionnée â  aimer de cette manière.
Parfois je me sens victime de  mes amis homos. Je ressens une telle violence de leur part envers moi.  Comme une indifférence, un rejet. Comme si la femme que je suis ne leur  inspirait que du mépris, du dégoût.
Je me sens de trop. Exclue du  club.
J’ai une tendance â  la paranoâ?a, mais c’est parce que je veux  tellement qu’on m’aime…

J’aimerais dormir et ne jamais me  réveiller. Je suis déçue de constater que je suis encore en vie ; dans  cette vie. Je me coltine ma vie.
Je n’arrive pas â  en faire quelque  chose de supportable.
Suis-je condamnée â  toujours me sentir ainsi ?  Devrais-je ressentir toute mon existence un poids comme celui-lâ  ?
Je  suis en apesanteur. Je flotte comme une merde dans sa pisse.
J’ai  peur de vous ennuyer avec mon énumération… Vais-je réussir â  être  intéressante ? Pourquoi ma vie vous séduirait-elle ? C’est barbant  l’histoire d’une inconnue. Surtout quand elle a tendance â  se plaindre.
Je  veux pas plomber l’ambiance.
Quand je rencontre des gens que je ne  connais pas, je suis toujours mal â  l’aise, surtout quand ce sont les  amis de mon petit ami. Je me sens jugée, je ressens de la jalousie  instantanée. Surtout, face aux amis de Jacopo. Je voudrais être la plus  cool et je me comporte comme une sauvage. La plupart du temps, je  prétexte un empêchement pour ne jamais être disponible. J’évite de les  rencontrer. Du coup, je reste une espèce d’inconnue, quelqu’un dont ils  ont rien â  foutre puisqu’il ne me connaissent pas.
Je n’ai jamais vu  les parents de Jacopo. Je crève d’envie de les voir. Je comprendrais  peut-être mieux pourquoi il m’échappe tant.
Je voudrais qu’ils  m’adorent comme moi j’adore leur fils.
Je suis triste. Il me manque.  Pourquoi je n’arrive pas â  l’avoir ?
Je l’ai eu une fois et  maintenant, je galère pour écrire la suite.
J’ai tellement  l’impression qu’il m’aime sans l’avouer. Ses gestes qui le trahissent,  quand il me prend la main, c’est hallucinant de tendresse.
Mais il  est comme ça Jacopo ; il est tendre avec tout le monde. Je croyais même  qu’il était PD â  un moment. Alors pourquoi ce serait différent avec moi ?  Pourtant, je sens comme une évidence entre nous, un truc indicible  singulier qui n’existe qu’entre nous.
Je suis tellement happée par la  tristesse de ces sales pensées. Je me conditionne toute seule. Je  m’avoue toujours vaincue d’avance.
Et puis d’un coup, c’est  l’inverse, j’ai comme la certitude que c’est moi qui détiens la vérité.  Je doute parce que j’ai peur qu’il tombe amoureux d’une autre. Je ne me  sens pas « aimable » par lui. C’est horrible ces phases d’angoisses.
Plus  j’écris, plus je doute de nous.
Pourquoi c’est si merdique ? Je sais  que je suis « aimable » bordel, et que je lui corresponds.

 

 

12 : mes pensées nauséabondes

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Je  suis cool comme fille, j’ai les mêmes envies que lui. Les mêmes délires  ahurissants.
Mais il ne le voit pas, il a choisi de ne pas le voir. 
Ca l’arrange de me coller une étiquette, comme ça il peut dire  qu’on est pas fait pour être ensemble. C’est dégueulasse. Je me sens si  proche de sa personnalité. Je l’admire tellement.
Et je sais que je  suis si supérieure â  lui. Que je pourrais tellement lui apprendre de  choses. En fait face â  lui je joue l’élève qui accepte les consignes du  maître alors que c’est moi la reine !
Une petite fille ressemble â   l’ex de Jacopo. Je l’adore, je la trouve belle. Je l’observe jouer,  c’est un vrai garçon manqué. Je la photographie, j’accroche sa photo au  mur, tout ça parce qu’elle me rappelle cette fille.
L’ex de Jacopo,  je suis tombée amoureuse d’elle alors que je ne la connais pas. C’est  pas une attirance sexuelle, juste admirative.
Comment a-t-elle fait  pour qu’il l’aime ? Je la vénère.
Je ne veux pas mieux la connaître,  je l’ai vue deux fois dans ma vie et ça me suffit, je préfère qu’elle  reste un fantasme.
Elle m’inspire. Il m’en a tellement parlé dans des  termes élogieux que pour moi c’est elle qui aura toujours le pouvoir.  Je veux être elle. Je veux lui ressembler.
C’est complètement stupide  et immature.

Je suis stupide et immature.
J’ai la nausée quand je pense â  moi.  Je ne suis pas celle que je devrais être. Je devrais être elle. C’est  moi qu’il devrait aimer comme il l’a aimé.
Je me mets dans des états  pas possibles dès que je le vois connecté sur MSN ; si j’essayais de me  contrôler, ce serait la fin de mon amour.
Finalement c’est ce  sentiment d’euphorie, de vertige que je recherche et que je ne veux pas  perdre, même si ça me fait un peu mal.
J’attends qu’il me parle le  premier, il ne le fait pas.
Au mieux, en ce moment c’est « d biz »  et c’est tout. Sevrage.
Décalage horaire en ce moment pour lui car  parti loin ailleurs, mais tout le temps ce décalage existe même quand  ici.
Plus lâ , m’a-t-il bloquée ?
Paralysie des membres quand je  vois son nom en ligne sur l’écran.
Même si silencieux, rassurée de le  voir, comme si je le voyais effectivement pour de vrai. Me contente de  ça.
La nuit, je me lève pour pisser, et très souvent obligée de  piétiner sur place avant de me remettre au lit. Comme un rituel. Si je  pense â  la mort de mon père pendant que je piétine puis que je me  couche, je dois me relever pour piétiner â  nouveau sur place jusqu’â  ce  que je n’y pense plus. Insoutenable. Impossible rébellion.

Petite, je faisais pareil, mais la douleur était en plus physique. Je  devais m’appuyer sur les seins, les glandes mammaires si douloureuses â   l’époque et compter un certain nombre de fois pour pas que ma mère  meure.
Vomis-toi dessus, crache-toi dessus, lave toi avec ta bave,  encore, tu n’es pas assez propre, tu n’as pas encore effacé la pensée  qui t’obsède.
Moment d’asphyxie mentale, parcours nauséabond d’une  pensée incestueuse. Toujours rien. Je sais que tout ça est dans ma tête,  mais le plus dur c’est quand j’en deviens persuadée. J’ai toujours le  doute qui m’assaille. Je deviens complètement schizo. J’accuse â  tort,  moi, les autres. Les preuves imaginaires qui s’accumulent envahissent  mon esprit. J’essaie d’y voir clair en m’infligeant des sentences. Je  dois ressentir du dégoût. Je n’y arrive pas, je recommence, jusqu’â   l’épuisement. Apnée. Je suis en apnée dans ces moments précis.
J’ai  rêvé que mon chat tombait par la fenêtre et qu’il était mort. Je ne  supporte pas cette idée.

Le métro, la routine du travail actuel qui n’a rien â  voir avec ma  passion cinématographique et artistique m’oppresse. Je fais exprès de  mal faire ce qu’on me demande. Je suis désagréable. Je donne une autre  image de moi. Pourtant je sais que ce job est nécessaire â  mon  équilibre. Mais j’assume pas cette vie. Je voudrais tellement être enfin  reconnue, jouir en toute liberté.
Tellement loin de moi mon  idéal.

 

 

 

13 : gavage

1/01/2008

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Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Vu  un bébé trop beau. Envie d’un bébé, alors que je sais que je serai  mortifiée â  l’idée d’avoir des sales pensées le concernant.
A quoi  bon ?
Drôle de vie, drôle de fille, drôle d’envie…
Vin blanc,  joint, vin rouge, bière, bouffe, rebouffe, gavage, détresse. Ma mère  part travailler, j’angoisse quand elle me laisse seule â  la maison.  Personne.
Le goût du café de cette période m’obsède de douleur. Je  suis perdue. Je n’ai pas ce que je veux, je ne suis pas â  ma place.  Plutôt crever.
Partir loin, ne jamais revenir, toujours s’enfuir. Je  veux mourir.
Reste si triste face â  la méchanceté des autres.
Ma  chambre rétrécit sur moi. Je vois les murs bouger. Plus je vieillis,  plus je me cogne aux murs.
Personne ne me court après, je cours  toujours après les autres.
Je suis définitivement, incroyablement,  désespérément seule.
Jacopo, mon seul azur. Ma seule ligne de vie.
J’ai  honte de parler comme ça de lui. J’ai tellement aimé avant lui et dans  des termes aussi prononcés.
Pourquoi aujourd’hui ce serait si  différent ? Parce que depuis je suis suivie par un psy et que je me  connais mieux, que je peux dire que c’est lui mon alter égo.
Merde au  passé, je détiens l’avenir entre mes mains moites.
Il m’échappe. Je  veux le rattraper, mais il court vite le galopin.
Radiohead  dans ma tête.
Le groupe James : c’est Clément qui  me les a fait découvrir.
Le cd de Jeanne Balibar,  classe et envoûtante. Je suis tellement pataude.

Je ressens mon corps comme un gros chamallow indigeste. Je me suis  empiffrée de glace et de chocolat. Je n’arrive pas â  maigrir.
Je me  prive de sucre, je craque, c’est alors que je ressens comme une  addiction soudaine. Le goût du sucré me fait décoller immédiatement.
Ce  rapport â  la bouffe me dérange. J’ignore pourquoi je me venge sur elle.
Je  n’ai pas spécialement faim. J’ingurgite… Dans la cabine d’essayage, je  désespère, je ne rentre plus dans aucune fringue… Le 42 me boudine. Je  ne vais quand même pas m’habiller dans le rayon grande taille ! Je  refuse ! Je rentrerai dans ce putain de 42.
Je faisais du 38-40  avant. Avant, quand j’étais belle et mince…
Je retrouve des photos de  cette période et j’essaye de comprendre comment mon corps a pu autant  se dilater depuis…
Jacopo m’a fait la remarque « t’as grossi…T’étais  plus belle avant. Je sais que ça se dit pas, mais… »
Mais quoi,  connard ? Comme un sale gosse, il me balance sa déconcertante franchise â   la gueule. Toujours comme ça avec Jacopo. C’est aussi pour ça que je  l’aime, parce que ses « t’es belle » sonnent justes quand ils veulent  bien sortir de sa bouche.
J’ai l’impression que même avec beaucoup de  volonté, je ne vais pas réussir â  maigrir comme avant.
Injuste de  crier sur un enfant. Pourtant je sens comme du sadisme en moi.
Je  t’ai dis que j’allais probablement faire un stage de théâtre ?
J’ai  très envie de le faire cette fois.

Il faut que quelque chose de bien m’arrive rapidement, je ne tiendrai  pas longtemps comme ça.
Je dois réussir â  être heureuse toute seule  avant de l’être â  deux, sinon ça marchera jamais. Mais je suis triste  moi toute seule.
Nouvel album de Phoenix me réchauffe le coeur.  J’essaie de me concentrer sur un DVD de Woody Allen…Mon attention  n’arrive pas â  se figer sur un seul sujet. Je divague, j’éteins, je  dors.
En jour de repos, je ne fais rien, je me couche, je vis dans  mon lit. Il y a même des miettes qui me piquent les fesses.
J’ai  mangé le reste de la glace. Je me suis goinfrée comme une sale truie.
Mon  visage est rempli d’imperfections.
Seuls, les ronronnements de mon  chat m’apaisent.
Je l’oblige â  venir sous les draps, mais il ne dis  rien, il me pelote le ventre en ronronnant.

 

 

14 : Lui et moi

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Je  me surprends souvent â  me dire â  haute voix « arrête ! », seule, dans  la rue lorsqu’une pensée morbide s’incruste dans mon esprit.
J’ai  besoin d’air.
Je ne me sens â  ma place nulle part, coincée entre de  hauts murs un peu partout.
J’ai des bleus un peu partout â  force de  me cogner contre ces murs invisibles.
La vie dehors me laisse  indifférente. Je ne sors que lorsque c’est nécessaire, je me hâte de  rentrer â  la maison.
J’adore les juifs, je me sens juive depuis toute  petite.
Inconstance dans mon processus créatif.
Circus Freak : I  am a circus freak
Délabrée…

Jacopo distille les infos sur MSN, il me parle toujours avant  d’immédiatement se déconnecter du net…Pour me punir d’attendre de ses  nouvelles comme une araignée dans sa toile qui guette qu’un moucheron  s’y colle.
C’est vrai que je suis malheureuse â  cause de lui, mais  est-ce pour autant que je suis maso ? Avoir toujours l’espoir qu’un jour  il m’aime comme moi je l’aime, est-ce que c’est se faire du mal ? Je ne  peux pas me résoudre â  tirer un trait sur lui, je ne peux pas appuyer  sur un bouton qui dirait « tiens, je ne l’aime plus ! ». Et surtout, je  n’en ai pas envie.
J’aimerais être zen â  l’idée qu’on soit ami, mais  l’entendre me parler d’autres filles que moi, me rend malade et je ne  peux pas faire semblant. J’aimerais être forte et arriver â  lui montrer  une autre image que celle d’une fille complètement disloquée et  dépendante de lui. C’est aussi pour ça que je veux faire du théâtre.
J’aime  pas cette idée de masochisme. Lorsqu’on aime quelqu’un comme je l’aime,  doit-on se forcer â  être heureux pour lui, même si nous ne sommes pas  responsables de ce bonheur ? Et si on choisit d’avoir mal, si c’est le  prix â  payer pour continuer â  le voir, est-ce qu’on pourrait pas dire  que c’est une épreuve vers la maturité ?
Je ne suis pas maso. Maso ça  voudrait dire qu’il n’y a aucun espoir, et je refuse de croire que je  n’ai plus aucune chance avec lui. Je ne suis pas pour autant érotomane.  Je ne le pense pas transi d’amour pour moi. Je dis juste que nous avons  déjâ  été ensemble et que cet amour lâ  est en lévitation quelque part.  Qu’il serait peut-être possible de le rattraper, d’en faire quelque  chose d’autre.
C’est toujours lui qui commence en plus, c’est lui qui  me cherche !
Lui qui me prend la main, lui qui me demande des  câlins… Et puis moi, je cède, je craque, comme une conne. Alors que je  devrais refuser et le faire mariner.

Je n’arrive pas â  lui résister ; je suis faible devant lui. Et lui,  tout ce qui l’attire c’est une fille qui s’en fiche de lui. Son ex â   Jacopo, elle s’en fichait de lui, et résultat, il était fou d’elle.
Tellement  envie d’être avec lui. (J’espère que je te saoule pas avec mes  histoires…)
Jamais sentie aussi proche de mon chat qu’en ce moment.  Il me regarde, je communique avec lui sans parler, rien qu’un regard et  il me comprend. Je suis télépathe avec lui.
Toujours fidèle. Il me  rassure, il me suit partout. Je l’emmène dans ma chambre avec moi, il me  tient compagnie, il ne se plaint pas. Il m’aime, je le sais. Il  ronronne.

Qu’est-ce que je vais devenir ? Une victime ? J’en ai  marre de jouer ce rôle-lâ . Mes tocs me font paniquer, ma cyclothymie me  fait palper la colère, l’euphorie, la détresse… Combien de temps me  reste-t-il â  me plaindre ?

 

 

 

15 : •suis-je moi je te fuis, fuis-moi je te suis !•

1/01/2008

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Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Ces  putains de kystes peuvent freiner mon ovulation et j’aurais peut-être  plus de mal â  avoir des enfants que les autres…
J’en crèverai si je  n’ai pas d’enfants…J’espère que ces kystes vont partir aussi vite qu’ils  sont venus et que tout va rentrer dans l’ordre.
J’en ai assez de ce  cocktail de médicaments que je dois prendre.
Prozac est mon ami  depuis si longtemps maintenant. Il fait partie de ma vie comme mon  boulanger. Aussi quotidien que le pain.
Je sens que Clément se  protège de moi â  son tour. Je le sens un peu résistant, comme tous.
Je  m’enferre dans un quotidien qui ne ressemble â  rien. Autant de vide que  l’ennui ne figure même plus en tête de liste. C’est le néant, le  train-train quotidien d’un quotidien aussi banal et insignifiant qui  puisse exister.
L’attente de quelque chose de meilleur. Je sais  maintenant que je ne me suffirais jamais â  moi-même. J’ai trop besoin  d’un autre que moi. Jacopo a peur.
C’est normal. Et tant que je serai  comme ça il aura peur. Et tant qu’il me résiste, j’aurais besoin de  lui. C’est le cercle vicieux d’une relation tragique.

Je ne veux pourtant tellement pas d’ un quotidien exemplaire  avec lui.
C’est ça qu’il n’a pas compris. Il me voit comme  cette chose gluante qui veut absolument se marier, faire des enfants,  l’étouffer…Alors, je pleure, parce que je ne suis pas comme ça. Certes  j’aimerais m’unir â  lui et concrétiser cette union par des enfants mais  c’est tout, le schéma « traditionnel » s’arrête â  ça. La relation je la  veux pigmenter d’absences, de travail, de choses qui feront qu’on sera  toujours en manque l’un de l’autre…
Il faut que je sois forte  lorsqu’il me parlera de sa nouvelle copine, car soyons clair, ce jour  viendra.
C’est pas pour ça que j’abandonnerai la partie. Loin de lâ .  Comment parfois je peux me sentir si sûre de moi et d’autres fois, suis  complètement anéantie face â  une telle situation ?
C’est absolument  incompréhensible. C’est ça qui me tue â  petit feu ; cette inconstance  dans l’humeur. C’est épuisant. Aussi épuisant que l’histoire de ma vie.
Je  me sens prise dans un filet de pêche. Avec des trous pour respirer mais  pas assez grand pour m’échapper.
Est-ce que renoncer â  l’espoir  d’être avec Jacopo c’est se résigner ?
Si je n’attends plus rien, que  je laisse la vie me surprendre, est-ce que ça veut dire qu’un jour il  pourra revenir malgré tout ? Ne plus espérer, c’est ça qu’il faut que je  fasse. Mais jamais me résigner. Mais j’y arrive pas, je suis  constamment sur MSN pour avoir le plus de chances possibles de l’y  croiser.
Je suis complètement addicted. Le pire, c’est de l’imaginer,  lui, complètement libre de moi.

Les premiers TOCs dont je me rappelle, je devais dire tout ce  qui me passaient par la tête â  haute voix, comme ça. Ensuite, c’était  avec une raison, une menace intérieure : « Si tu ne fais pas ça, si tu  ne dis pas ça, untel mourra »…

J’ai beau essayer de m’intéresser aux autres, rencontrer de nouvelles  personnes, mais rien ne me comble autant qu’une parole ou la présence  de Jacopo. Je m’en veux, si tu savais comme je m’en veux de ne pas  réussir â  changer, de ne pas être différente. Exister pour moi avant  d’exister pour quelqu’un d’autre. Même si je me trouve plutôt  intéressante, je n’arrive pas â  en convaincre les autres. Ou du moins,  pas comme je le voudrais. Jacopo tient â  moi, mais je m’en fous de cet  attachement. Ca ne m’intéresse pas.
J’en veux d’avantage.
Je  suppose que je ne suis jamais contente, que d’autre se contenteraient  d’une belle amitié.
Cette attente me bousille, comment faire pour ne  pas souffrir. Je ne veux pas être radicale. Je veux me battre et être  capable de le voir sans souffrir. Enfin, je ne souffre pas d’ailleurs  quand je le vois, au contraire, je n’ai jamais été aussi bien. C’est  juste que je ne le vois pas assez.
Jacopo est un artiste barré. Un  vrai, un beau. C’est son côté fracassé qui m’attire. Son côté instable.  Son questionnement perpétuel face â  la vie.
J’ai pris la décision de  ne plus donner qu’â  ceux qui me donnent. Entre en compte :
Les  enfants, les animaux, ma famille, et les autres qui voudront bien. Mais,  je ne donnerai plus gratuitement. Je veux recevoir. J’en ai marre de  courir sans cesse pour rien.
J’ai toujours aimé de cette  façon absolue, depuis mon premier flirt.
N’est-ce pas le  même homme que j’ai aimé durant toutes ces années, mais qui auraient eu  un nom et un visage différent â  chaque fois ? Est-ce qu’un jour je  n’aimerai plus Jacopo comme je n’aime plus les autres ?

Qu’est-ce qui fait la différence ? J’ai parlé du fait que je suis en  thérapie depuis que je connais Jacopo et qu’ainsi les rapports sont  certainement moins biaisés avec lui qu’avec les autres car je suis plus  lucide depuis que je suis suivie. Mais y-a-t-il une vérité dans l’amour,  une chose qui fasse qu’un jour on s’arrête enfin parce qu’on a tout  trouvé en l’autre ?

 

 

16 : chagrin d’amour propre

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock and Roll… Ma vie est Rock and Roll.

Au  début avec Jacopo, je l’imaginais comme mon jumeau, mon double,  puisqu’on est né le même jour. Je trouvais qu’on se ressemblait pas mal. 
De moins en moins, même si je sais que moi, je cherche â  lui  ressembler. La musique qu’il écoute, ce qu’il aime  cinématographiquement, ses lectures, bref ses goûts deviennent les miens  par procuration. Je m’imbibe de sa personnalité. Parce que j’aimerais  lui plaire encore plus. Je sais que je suis crétine.
C’est bien pour  ça que, des fois, je cherche ma propre personnalité ailleurs. Mais c’est  pas brillant. Je suis facilement perdue.
Je reviens toujours â  ses  goûts â  lui.
Lui, quand il me parlait de son ex, il me disait qu’il  voulait ETRE elle. Moi, je ne suis pas aussi timbrée, je veux juste être  AVEC lui. Qu’il m’apprenne des choses, devenir un peu son double. Mais  pas prendre sa place.
Quoi que , j’ai bien embrassée une fille pour  savoir ce que ça lui faisait â  lui, quand il embrassait son ex… Oui,  tout ça est bien alambiqué, je le concède.

Est-ce qu’on aurait un complexe d’infériorité l’un et l’autre ? Un  complexe qui nous attire vers des gens qui ne nous admirent pas ?
Plus  de Pamplelune de Guerlain, obligée de finir un flacon d’un parfum qui  sent le bébé. Pas désagréable, mais moins moi.
Je suis acidulée. Pas  très sucrée. Encore moins ambrée.   
J’ai cette bizarrerie d’effacer  systématiquement la liste des derniers appels ainsi que  tous les sms  qu’on m’envoie sur mon portable. Mes mails aussi. Comme si j’avais peur  de ne plus en recevoir d’autres sinon. Comme pour ne jamais rien prendre  pour acquis. Lorsque Jacopo m’envoie des sms, on pourrait se dire  qu’avec cette façon que j’ai de l’aimer, je garderai ces messages comme  des petits trésors…Et bien non, j’efface aussitôt. J’ai trop peur que ce  soit le dernier…Et puis je me connais, sinon, je regarderai sans cesse  le message des centaines de fois, je me creuserai les méninges pour y  déceler toutes les interprétations possibles.
Il n’y a donc aucun  historique nulle part…

Mon ventre est gros et gras, plein de bourrelets. Je camoufle bien,  mais je sens comme des vagues de graisses sur mon corps. Je me dégoûte.  Et plus je me dégoûte plus je craque et je mange. Il n’y a que quand  j’ingurgite que je me sens bien. Je me remplis. Je ne suis pas  boulimique, je ne pense pas, j’aime juste trop la bouffe. Il n’y a que  ça et l’amour qui me fasse tenir â  cette petite vie.
Jacopo rentre  bientôt…Je sais qu’il va encore mettre du temps avant de me demander â   me voir. J’attendrais, je ne craquerai pas la première, je me le suis  dit. Je suis sûre qu’il a oublié de me ramener un cadeau.
Pas grave.  C’est pas si important. Même si moi, j’aurai pas oublié.

Je me  masturbe. Seule raison d’encore exister. Me redonne l’impression que  tout n’est pas fichu. Moment de répit. Le plaisir de me contenter me  permet d’oublier momentanément qui je suis. Malheureusement, les  méchantes idées m’empêchent de profiter de ce moment comme je le  voudrais. Obligée de les chasser puis de me relaxer pour me  déculpabiliser.
Je le sens revenir. J’appréhende ma réaction. Vais-je  retomber dans l’addiction la plus complète, les journées â  attendre un  signe de la part de Jacopo ?
Je lance des roquettes â  distance alors  qu’il faut que je me calme.
Je le bombarde de réflexions narquoises  qui me soulagent sur le moment mais ne font qu’empirer la situation.  Pourquoi je fais ça ? Je sais que ça me porte préjudice mais souvent je  ne peux pas m’empêcher de l’insulter, comme si la frustration de  l’attente me dirigeait entièrement.
Miracle, couchée vers minuit,  regardé Sex and The City.
Je m’ennuie.

Je reste â  rien faire, je traîne en pyjama, je mange, je dors,  désolée de me répéter mais c’est invivable. Même pas l’envie de me  motiver. Perdue l’énergie. Je feuillète un livre pour le refermer  aussitôt.
Ma mère, ma seule amie. Je m’en veux de lui imposer ce  fardeau. Elle m’entend me lamenter, je lui balance des horreurs â  la  gueule comme « je vais me tirer une balle, j’en ai marre…La vie ne  m’intéresse pas, je ne sers â  rien, je suis de trop dans ce monde… ».
Pauvre  maman.
Pauvre papa aussi.

 

 

17 : l’attente

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Plus  je suis seule, moins je m’y habitue.
Je cherche  désespérément une main tendue, je regarde mon téléphone dans l’espoir  qu’il sonne enfin, qu’une bonne âme pense â  moi. Mais il faut  reconnaître qu’il sonne de plus en plus rarement.
Obligée de toujours  relancer les autres pour faire quelque chose avec eux. Fatiguée de  cette situation. Ils ignorent ma solitude, ils ont autre chose â  faire.  Quand on est heureux, on n’a pas envie de se coltiner le malheur des  autres.
Mes appels restent sans réponses. Comme je me suis dit que je  n’insisterai plus, j’attends qu’ils fassent un pas.
Ca ne peux plus  durer. Que dois-je faire pour percer cette couche de mal être ?
Je me  sens dénuée de protection, â  vif.
Je me saoule moi-même â  force de  me plaindre.

Je comprends Jacopo. Je ne suis pas un cadeau. Pourtant je me sens si  bien dans ses bras, quel gâchis.
La Blédine m’a calé pour un moment,  mon estomac rempli me fait mal.
J’ai toujours mangé trop vite,  comme si j’allais manquer de nourriture.
Sentiment d’impuissance  après avoir constaté avec culpabilité ce que je viens d’ingurgiter.
Je  mange mal, très mal équilibré. Je mélange tout.
Je déteste quand  Jacopo se montre heureux pour moi quand j’essaie de le rendre jaloux en  lui parlant des autres mecs. Il suffit que j’évoque mon amant tunisien  pour qu’il affiche un large sourire béat d’affection.
Cette manie  qu’il a, â  vouloir mon bonheur sans lui, me rend malade.
C’est bien  pour ça que j’évite le plus souvent de lui en parler.
Il me manque  vraiment, je deviens dingue. Je ne suis qu’une épave. Une peau morte.  Les journées sont interminables. Le temps ne passe pas. Ma chambre est  toujours la même. La flemme de changer quoi que ce soit.
Suis-je  anormale d’attendre des réponses ? On dirait que le monde s’est ligué  contre moi. J’envoie des mails ou je laisse des messages téléphoniques  pour proposer qu’on se voie avec mes amis, et ils ne répondent pas…Cela  veut bien sûr dire qu’ils ne sont pas intéressés, mais, je ne comprends  pas pourquoi ils ne prennent pas la peine de me répondre pour me le dire  ! Moi quand on me sollicite, je réponds immédiatement…Certes, je n’ai  pas de vie, j’ai tout mon temps…Je suis polie surtout !
Je ne suis  pas faite pour ce monde.
Alors lâ  qu’ils ne comptent plus sur moi  pour insister !
Je ne suis pas misanthrope, mais j’ai la rage contre  les autres !
Man next door des Massive Attack
I got to get away  from here…

Je déroge â  ma résolution. Je rappelle des gens. Je propose. Je vois  de nouvelle tête et je me rend compte que d’écouter me fatigue. Je m’en  fous, je ne fais qu’oublier que je ne suis pas avec Jacopo. Leurs  histoires ne m’intéressent pas, tout me paraît tellement con â  côté de  lui.
J’ai conscience que je suis mal barrée. Que je ne peux vivre  que pour une seule personne. Mais je le trouve tellement intelligent, il  m’emmène tellement loin quand je suis avec lui. Je souffre tellement  quand il part. Je trouve tout fade. Rien ne me fait autant plaisir que  lui.
Je me reconnecte sur MSN, je l’attends, il n’est pas lâ  et je  maudis tous mes autres contacts d’être en ligne.
Je remplis. Je  remplis mon estomac, je remplis le temps, je fais croire, je me fais  croire, mais finalement j’en reviens toujours au même…
Il est  brillant parce qu’il me rend dingue.
Je mange, non, je me goinfre, je  cherche â  faire taire ce manque, â  lui donner quelque chose pour le  combler. Puis je me lamente, je m’observe dans la glace, les bourrelets  qui dépassent du slip, ceux qui rebondissent sous le soutien gorge, je  m’en fous. Je presse la cellulite et constate avec dépit que je n’ai  plus grande chose â  faire. Je déteste le sport. Je hais le sport, jamais  je ne ferai de sport. Je n’ai pas de solution. Mes rondeurs me  dépriment.
Ma peau transpire le mal-être. Pleine de boutons que je  cache tant bien que mal sous une couche de maquillage. â? vrai dire, les  jours de crises, je ne me maquille pas, j’offre au monde un visage de  crapaud, presque fière de ma laideur.
Comme si de toute façon, au  point où j’en suis… â? quoi bon ?
Les cheveux gras aussi, je ne les  lave pas en jours de complète souffrance.
Les efforts pour  m’arranger me coûtent de plus en plus. J’ai vieilli, je vois mes rides  se creuser. Mes sourcils poussent plus vite qu’avant. Je ne m’épile  plus.
Je ne mets quasiment plus mes lentilles que pour voir Jacopo.  Sinon, mes lunettes accompagnent ma dépression.
Je ne suis pas  moche, je suis plutôt jolie d’ailleurs, mais je n’ai plus la force de le  montrer.

 

 

18 : en mal d’amour

1/01/2008

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Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Je  me demande pourquoi j’essaie désespérément d’oublier que je suis seule ?
Autant  accepter l’évidence et souffrir en silence. Car maintenant il est clair  que même en étant entourée, je me sens toujours aussi seule. La seule  personne qui peut me faire oublier ma déchéance c’est Jacopo et il me  fuit.
Vais-je retrouver le chemin ?
Vais-je réussir â  retrouver  Jacopo ?
J’ai un grand désir soudain de maternité. Je connais cette  angoisse, c’est un fantasme.
Autant se faire â  l’idée, autant  accepter que ma vie ne dépende que de lui.
Pour l’instant.

Je trouve une raison d’être quand je suis en sa compagnie. Je  redécouvre mes sens avec lui. Je sens, je vois, je goûte, je touche,  j’entends mieux auprès de lui. Ces moments sont sûrement si bons parce  qu’ils sont rares.
Quand j’ai un gros bouton sur la gueule qui  pullule de bactéries, je ne peux pas m’empêcher de le percer. Qu’est-ce  que ce serait pratique si je pouvais faire pareil avec mon corps. Faire  sortir la couche de merde qui m’empêche d’être bien.
J’ai volé du  maquillage chez Body Shop. J’aime bien de temps en temps me payer une  petite crise d’adrénaline comme ça.
Je ne peux pas m’empêcher  d’envoyer des missiles â  Jacopo. Je sais combien cela ne me rend pas  service et ne fait qu’empirer les choses, mais j’ai l’impression que  c’est ma façon de répondre â  la souffrance qu’il me fait endurer. C’est  assez stupide de dire cela car je sais qu’il ne le fait pas exprès. Mais  parfois, comme pour envenimer les choses, pour qu’il s’éloigne encore  plus, je le provoque. Après je pleure….Va comprendre.
Je crois que  j’aime tellement lui courir après que quand il se rapproche, il faut que  je foute la merde pour mieux le rattraper ensuite. Je suis trop  habituée â  ce cas de figure.

Je suis incapable de profiter des petites choses de la vie, moi ça  m’emmerde, le ciel bleu, les oiseaux qui gazouillent, tout ça. Moi,  j’aime l’hiver parce qu’au moins j’ai un prétexte pour rester chez moi.  J’aime les longues nuits d’hiver, celle où je me sens en sécurité sous  ma couette.
J’aime bien quand il pleut aussi, que j’entends la pluie  cogner sur mon toit.
J’ai un bijou de chez Tiffany. Un vrai cadeau.  Un trésor que je sors rarement. J’adore le film avec Audrey Hepburn.  Souvenir d’un soir avec Jacopo.

J’ai pas de personnalité, je suis un caméléon.
Le  rock je l’aime parce que Jacopo l’aime. Tout ce qu’il aime, je l’aime.  C’est pour ça que j’ai aimé son ex.
Je suis timbrée.
Trois longs  mois d’absence... « ça va nous faire du bien » a-t-il prétendu…
Je  suis pas sûre que ça m’ai fait du bien. J’appréhende de le revoir. Je  voudrais tellement qu’on entame un nouveau chapitre ensemble… J’ai peur  de continuer â  glisser sur une pente pas très souhaitable.
En même  temps, j’ai tellement peur de ne plus connaître cette situation ambiguë.  Car c’est tout ce que j’ai. S’il ne me donne plus de câlins, qu’est-ce  que je vais devenir ? J’ai tellement besoin de ses câlins.
Les  journées sont longues, mon mal de ventre, cette espèce de crabe qui me  pince les entrailles me rappelle que je ne suis toujours pas sortie de  l’auberge.
If I ever feel better grésille dans mon MP3…
Je me suis  regardée dans le reflet des vitres du RER et je n’ai vu que mon corps,  impossible de distinguer ma tête. Je me suis fait l’effet d’un tronc  sans âme.

Je ne supporte pas le quotidien de mon job actuel. Je me mets sur  pilote automatique chaque matin avant de partir travailler.
Je sais  que j’ai évoqué ma crainte d’avoir une relation « normale » avec Jacopo  parce que j’aurais trop peur de la perdre, mais en fait la vraie raison :  c’est cette hantise du quotidien.
Depuis quelque temps, je croise  une maman avec son enfant dans ma rue, difficile de dire si c’est une  fille ou un garçon, tellement son handicap lui tord le corps. Il ou elle  marche courbé, harponné â  sa mère. En les voyant, je me dis qu’ il faut  que j’arrive â  relativiser mon mal être. C’est trop horrible. Si un  jour je finissais comme ça ?
J’aimerais avoir le courage de sortir  le soir et de ne pas avoir envie cinq minutes après de rentrer chez moi  pour me retrouver seule.

 

 

17 : l’attente

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Plus  je suis seule, moins je m’y habitue.
Je cherche  désespérément une main tendue, je regarde mon téléphone dans l’espoir  qu’il sonne enfin, qu’une bonne âme pense â  moi. Mais il faut  reconnaître qu’il sonne de plus en plus rarement.
Obligée de toujours  relancer les autres pour faire quelque chose avec eux. Fatiguée de  cette situation. Ils ignorent ma solitude, ils ont autre chose â  faire.  Quand on est heureux, on n’a pas envie de se coltiner le malheur des  autres.
Mes appels restent sans réponses. Comme je me suis dit que je  n’insisterai plus, j’attends qu’ils fassent un pas.
Ca ne peux plus  durer. Que dois-je faire pour percer cette couche de mal être ?
Je me  sens dénuée de protection, â  vif.
Je me saoule moi-même â  force de  me plaindre.

Je comprends Jacopo. Je ne suis pas un cadeau. Pourtant je me sens si  bien dans ses bras, quel gâchis.
La Blédine m’a calé pour un moment,  mon estomac rempli me fait mal.
J’ai toujours mangé trop vite,  comme si j’allais manquer de nourriture.
Sentiment d’impuissance  après avoir constaté avec culpabilité ce que je viens d’ingurgiter.
Je  mange mal, très mal équilibré. Je mélange tout.
Je déteste quand  Jacopo se montre heureux pour moi quand j’essaie de le rendre jaloux en  lui parlant des autres mecs. Il suffit que j’évoque mon amant tunisien  pour qu’il affiche un large sourire béat d’affection.
Cette manie  qu’il a, â  vouloir mon bonheur sans lui, me rend malade.
C’est bien  pour ça que j’évite le plus souvent de lui en parler.
Il me manque  vraiment, je deviens dingue. Je ne suis qu’une épave. Une peau morte.  Les journées sont interminables. Le temps ne passe pas. Ma chambre est  toujours la même. La flemme de changer quoi que ce soit.
Suis-je  anormale d’attendre des réponses ? On dirait que le monde s’est ligué  contre moi. J’envoie des mails ou je laisse des messages téléphoniques  pour proposer qu’on se voie avec mes amis, et ils ne répondent pas…Cela  veut bien sûr dire qu’ils ne sont pas intéressés, mais, je ne comprends  pas pourquoi ils ne prennent pas la peine de me répondre pour me le dire  ! Moi quand on me sollicite, je réponds immédiatement…Certes, je n’ai  pas de vie, j’ai tout mon temps…Je suis polie surtout !
Je ne suis  pas faite pour ce monde.
Alors lâ  qu’ils ne comptent plus sur moi  pour insister !
Je ne suis pas misanthrope, mais j’ai la rage contre  les autres !
Man next door des Massive Attack
I got to get away  from here…

Je déroge â  ma résolution. Je rappelle des gens. Je propose. Je vois  de nouvelle tête et je me rend compte que d’écouter me fatigue. Je m’en  fous, je ne fais qu’oublier que je ne suis pas avec Jacopo. Leurs  histoires ne m’intéressent pas, tout me paraît tellement con â  côté de  lui.
J’ai conscience que je suis mal barrée. Que je ne peux vivre  que pour une seule personne. Mais je le trouve tellement intelligent, il  m’emmène tellement loin quand je suis avec lui. Je souffre tellement  quand il part. Je trouve tout fade. Rien ne me fait autant plaisir que  lui.
Je me reconnecte sur MSN, je l’attends, il n’est pas lâ  et je  maudis tous mes autres contacts d’être en ligne.
Je remplis. Je  remplis mon estomac, je remplis le temps, je fais croire, je me fais  croire, mais finalement j’en reviens toujours au même…
Il est  brillant parce qu’il me rend dingue.
Je mange, non, je me goinfre, je  cherche â  faire taire ce manque, â  lui donner quelque chose pour le  combler. Puis je me lamente, je m’observe dans la glace, les bourrelets  qui dépassent du slip, ceux qui rebondissent sous le soutien gorge, je  m’en fous. Je presse la cellulite et constate avec dépit que je n’ai  plus grande chose â  faire. Je déteste le sport. Je hais le sport, jamais  je ne ferai de sport. Je n’ai pas de solution. Mes rondeurs me  dépriment.
Ma peau transpire le mal-être. Pleine de boutons que je  cache tant bien que mal sous une couche de maquillage. â? vrai dire, les  jours de crises, je ne me maquille pas, j’offre au monde un visage de  crapaud, presque fière de ma laideur.
Comme si de toute façon, au  point où j’en suis… â? quoi bon ?
Les cheveux gras aussi, je ne les  lave pas en jours de complète souffrance.
Les efforts pour  m’arranger me coûtent de plus en plus. J’ai vieilli, je vois mes rides  se creuser. Mes sourcils poussent plus vite qu’avant. Je ne m’épile  plus.
Je ne mets quasiment plus mes lentilles que pour voir Jacopo.  Sinon, mes lunettes accompagnent ma dépression.
Je ne suis pas  moche, je suis plutôt jolie d’ailleurs, mais je n’ai plus la force de le  montrer.

 

 

16 : chagrin d’amour propre

1/01/2008

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Rock and Roll… Ma vie est Rock and Roll.

Au  début avec Jacopo, je l’imaginais comme mon jumeau, mon double,  puisqu’on est né le même jour. Je trouvais qu’on se ressemblait pas mal. 
De moins en moins, même si je sais que moi, je cherche â  lui  ressembler. La musique qu’il écoute, ce qu’il aime  cinématographiquement, ses lectures, bref ses goûts deviennent les miens  par procuration. Je m’imbibe de sa personnalité. Parce que j’aimerais  lui plaire encore plus. Je sais que je suis crétine.
C’est bien pour  ça que, des fois, je cherche ma propre personnalité ailleurs. Mais c’est  pas brillant. Je suis facilement perdue.
Je reviens toujours â  ses  goûts â  lui.
Lui, quand il me parlait de son ex, il me disait qu’il  voulait ETRE elle. Moi, je ne suis pas aussi timbrée, je veux juste être  AVEC lui. Qu’il m’apprenne des choses, devenir un peu son double. Mais  pas prendre sa place.
Quoi que , j’ai bien embrassée une fille pour  savoir ce que ça lui faisait â  lui, quand il embrassait son ex… Oui,  tout ça est bien alambiqué, je le concède.

Est-ce qu’on aurait un complexe d’infériorité l’un et l’autre ? Un  complexe qui nous attire vers des gens qui ne nous admirent pas ?
Plus  de Pamplelune de Guerlain, obligée de finir un flacon d’un parfum qui  sent le bébé. Pas désagréable, mais moins moi.
Je suis acidulée. Pas  très sucrée. Encore moins ambrée.   
J’ai cette bizarrerie d’effacer  systématiquement la liste des derniers appels ainsi que  tous les sms  qu’on m’envoie sur mon portable. Mes mails aussi. Comme si j’avais peur  de ne plus en recevoir d’autres sinon. Comme pour ne jamais rien prendre  pour acquis. Lorsque Jacopo m’envoie des sms, on pourrait se dire  qu’avec cette façon que j’ai de l’aimer, je garderai ces messages comme  des petits trésors…Et bien non, j’efface aussitôt. J’ai trop peur que ce  soit le dernier…Et puis je me connais, sinon, je regarderai sans cesse  le message des centaines de fois, je me creuserai les méninges pour y  déceler toutes les interprétations possibles.
Il n’y a donc aucun  historique nulle part…

Mon ventre est gros et gras, plein de bourrelets. Je camoufle bien,  mais je sens comme des vagues de graisses sur mon corps. Je me dégoûte.  Et plus je me dégoûte plus je craque et je mange. Il n’y a que quand  j’ingurgite que je me sens bien. Je me remplis. Je ne suis pas  boulimique, je ne pense pas, j’aime juste trop la bouffe. Il n’y a que  ça et l’amour qui me fasse tenir â  cette petite vie.
Jacopo rentre  bientôt…Je sais qu’il va encore mettre du temps avant de me demander â   me voir. J’attendrais, je ne craquerai pas la première, je me le suis  dit. Je suis sûre qu’il a oublié de me ramener un cadeau.
Pas grave.  C’est pas si important. Même si moi, j’aurai pas oublié.

Je me  masturbe. Seule raison d’encore exister. Me redonne l’impression que  tout n’est pas fichu. Moment de répit. Le plaisir de me contenter me  permet d’oublier momentanément qui je suis. Malheureusement, les  méchantes idées m’empêchent de profiter de ce moment comme je le  voudrais. Obligée de les chasser puis de me relaxer pour me  déculpabiliser.
Je le sens revenir. J’appréhende ma réaction. Vais-je  retomber dans l’addiction la plus complète, les journées â  attendre un  signe de la part de Jacopo ?
Je lance des roquettes â  distance alors  qu’il faut que je me calme.
Je le bombarde de réflexions narquoises  qui me soulagent sur le moment mais ne font qu’empirer la situation.  Pourquoi je fais ça ? Je sais que ça me porte préjudice mais souvent je  ne peux pas m’empêcher de l’insulter, comme si la frustration de  l’attente me dirigeait entièrement.
Miracle, couchée vers minuit,  regardé Sex and The City.
Je m’ennuie.

Je reste â  rien faire, je traîne en pyjama, je mange, je dors,  désolée de me répéter mais c’est invivable. Même pas l’envie de me  motiver. Perdue l’énergie. Je feuillète un livre pour le refermer  aussitôt.
Ma mère, ma seule amie. Je m’en veux de lui imposer ce  fardeau. Elle m’entend me lamenter, je lui balance des horreurs â  la  gueule comme « je vais me tirer une balle, j’en ai marre…La vie ne  m’intéresse pas, je ne sers â  rien, je suis de trop dans ce monde… ».
Pauvre  maman.
Pauvre papa aussi.

 

 

17 : l’attente

1/01/2008

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Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Plus  je suis seule, moins je m’y habitue.
Je cherche  désespérément une main tendue, je regarde mon téléphone dans l’espoir  qu’il sonne enfin, qu’une bonne âme pense â  moi. Mais il faut  reconnaître qu’il sonne de plus en plus rarement.
Obligée de toujours  relancer les autres pour faire quelque chose avec eux. Fatiguée de  cette situation. Ils ignorent ma solitude, ils ont autre chose â  faire.  Quand on est heureux, on n’a pas envie de se coltiner le malheur des  autres.
Mes appels restent sans réponses. Comme je me suis dit que je  n’insisterai plus, j’attends qu’ils fassent un pas.
Ca ne peux plus  durer. Que dois-je faire pour percer cette couche de mal être ?
Je me  sens dénuée de protection, â  vif.
Je me saoule moi-même â  force de  me plaindre.

Je comprends Jacopo. Je ne suis pas un cadeau. Pourtant je me sens si  bien dans ses bras, quel gâchis.
La Blédine m’a calé pour un moment,  mon estomac rempli me fait mal.
J’ai toujours mangé trop vite,  comme si j’allais manquer de nourriture.
Sentiment d’impuissance  après avoir constaté avec culpabilité ce que je viens d’ingurgiter.
Je  mange mal, très mal équilibré. Je mélange tout.
Je déteste quand  Jacopo se montre heureux pour moi quand j’essaie de le rendre jaloux en  lui parlant des autres mecs. Il suffit que j’évoque mon amant tunisien  pour qu’il affiche un large sourire béat d’affection.
Cette manie  qu’il a, â  vouloir mon bonheur sans lui, me rend malade.
C’est bien  pour ça que j’évite le plus souvent de lui en parler.
Il me manque  vraiment, je deviens dingue. Je ne suis qu’une épave. Une peau morte.  Les journées sont interminables. Le temps ne passe pas. Ma chambre est  toujours la même. La flemme de changer quoi que ce soit.
Suis-je  anormale d’attendre des réponses ? On dirait que le monde s’est ligué  contre moi. J’envoie des mails ou je laisse des messages téléphoniques  pour proposer qu’on se voie avec mes amis, et ils ne répondent pas…Cela  veut bien sûr dire qu’ils ne sont pas intéressés, mais, je ne comprends  pas pourquoi ils ne prennent pas la peine de me répondre pour me le dire  ! Moi quand on me sollicite, je réponds immédiatement…Certes, je n’ai  pas de vie, j’ai tout mon temps…Je suis polie surtout !
Je ne suis  pas faite pour ce monde.
Alors lâ  qu’ils ne comptent plus sur moi  pour insister !
Je ne suis pas misanthrope, mais j’ai la rage contre  les autres !
Man next door des Massive Attack
I got to get away  from here…

Je déroge â  ma résolution. Je rappelle des gens. Je propose. Je vois  de nouvelle tête et je me rend compte que d’écouter me fatigue. Je m’en  fous, je ne fais qu’oublier que je ne suis pas avec Jacopo. Leurs  histoires ne m’intéressent pas, tout me paraît tellement con â  côté de  lui.
J’ai conscience que je suis mal barrée. Que je ne peux vivre  que pour une seule personne. Mais je le trouve tellement intelligent, il  m’emmène tellement loin quand je suis avec lui. Je souffre tellement  quand il part. Je trouve tout fade. Rien ne me fait autant plaisir que  lui.
Je me reconnecte sur MSN, je l’attends, il n’est pas lâ  et je  maudis tous mes autres contacts d’être en ligne.
Je remplis. Je  remplis mon estomac, je remplis le temps, je fais croire, je me fais  croire, mais finalement j’en reviens toujours au même…
Il est  brillant parce qu’il me rend dingue.
Je mange, non, je me goinfre, je  cherche â  faire taire ce manque, â  lui donner quelque chose pour le  combler. Puis je me lamente, je m’observe dans la glace, les bourrelets  qui dépassent du slip, ceux qui rebondissent sous le soutien gorge, je  m’en fous. Je presse la cellulite et constate avec dépit que je n’ai  plus grande chose â  faire. Je déteste le sport. Je hais le sport, jamais  je ne ferai de sport. Je n’ai pas de solution. Mes rondeurs me  dépriment.
Ma peau transpire le mal-être. Pleine de boutons que je  cache tant bien que mal sous une couche de maquillage. â? vrai dire, les  jours de crises, je ne me maquille pas, j’offre au monde un visage de  crapaud, presque fière de ma laideur.
Comme si de toute façon, au  point où j’en suis… â? quoi bon ?
Les cheveux gras aussi, je ne les  lave pas en jours de complète souffrance.
Les efforts pour  m’arranger me coûtent de plus en plus. J’ai vieilli, je vois mes rides  se creuser. Mes sourcils poussent plus vite qu’avant. Je ne m’épile  plus.
Je ne mets quasiment plus mes lentilles que pour voir Jacopo.  Sinon, mes lunettes accompagnent ma dépression.
Je ne suis pas  moche, je suis plutôt jolie d’ailleurs, mais je n’ai plus la force de le  montrer.

 

 

18 : en mal d’amour

1/01/2008

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Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Je  me demande pourquoi j’essaie désespérément d’oublier que je suis seule ?
Autant  accepter l’évidence et souffrir en silence. Car maintenant il est clair  que même en étant entourée, je me sens toujours aussi seule. La seule  personne qui peut me faire oublier ma déchéance c’est Jacopo et il me  fuit.
Vais-je retrouver le chemin ?
Vais-je réussir â  retrouver  Jacopo ?
J’ai un grand désir soudain de maternité. Je connais cette  angoisse, c’est un fantasme.
Autant se faire â  l’idée, autant  accepter que ma vie ne dépende que de lui.
Pour l’instant.

Je trouve une raison d’être quand je suis en sa compagnie. Je  redécouvre mes sens avec lui. Je sens, je vois, je goûte, je touche,  j’entends mieux auprès de lui. Ces moments sont sûrement si bons parce  qu’ils sont rares.
Quand j’ai un gros bouton sur la gueule qui  pullule de bactéries, je ne peux pas m’empêcher de le percer. Qu’est-ce  que ce serait pratique si je pouvais faire pareil avec mon corps. Faire  sortir la couche de merde qui m’empêche d’être bien.
J’ai volé du  maquillage chez Body Shop. J’aime bien de temps en temps me payer une  petite crise d’adrénaline comme ça.
Je ne peux pas m’empêcher  d’envoyer des missiles â  Jacopo. Je sais combien cela ne me rend pas  service et ne fait qu’empirer les choses, mais j’ai l’impression que  c’est ma façon de répondre â  la souffrance qu’il me fait endurer. C’est  assez stupide de dire cela car je sais qu’il ne le fait pas exprès. Mais  parfois, comme pour envenimer les choses, pour qu’il s’éloigne encore  plus, je le provoque. Après je pleure….Va comprendre.
Je crois que  j’aime tellement lui courir après que quand il se rapproche, il faut que  je foute la merde pour mieux le rattraper ensuite. Je suis trop  habituée â  ce cas de figure.

Je suis incapable de profiter des petites choses de la vie, moi ça  m’emmerde, le ciel bleu, les oiseaux qui gazouillent, tout ça. Moi,  j’aime l’hiver parce qu’au moins j’ai un prétexte pour rester chez moi.  J’aime les longues nuits d’hiver, celle où je me sens en sécurité sous  ma couette.
J’aime bien quand il pleut aussi, que j’entends la pluie  cogner sur mon toit.
J’ai un bijou de chez Tiffany. Un vrai cadeau.  Un trésor que je sors rarement. J’adore le film avec Audrey Hepburn.  Souvenir d’un soir avec Jacopo.

J’ai pas de personnalité, je suis un caméléon.
Le  rock je l’aime parce que Jacopo l’aime. Tout ce qu’il aime, je l’aime.  C’est pour ça que j’ai aimé son ex.
Je suis timbrée.
Trois longs  mois d’absence... « ça va nous faire du bien » a-t-il prétendu…
Je  suis pas sûre que ça m’ai fait du bien. J’appréhende de le revoir. Je  voudrais tellement qu’on entame un nouveau chapitre ensemble… J’ai peur  de continuer â  glisser sur une pente pas très souhaitable.
En même  temps, j’ai tellement peur de ne plus connaître cette situation ambiguë.  Car c’est tout ce que j’ai. S’il ne me donne plus de câlins, qu’est-ce  que je vais devenir ? J’ai tellement besoin de ses câlins.
Les  journées sont longues, mon mal de ventre, cette espèce de crabe qui me  pince les entrailles me rappelle que je ne suis toujours pas sortie de  l’auberge.
If I ever feel better grésille dans mon MP3…
Je me suis  regardée dans le reflet des vitres du RER et je n’ai vu que mon corps,  impossible de distinguer ma tête. Je me suis fait l’effet d’un tronc  sans âme.

Je ne supporte pas le quotidien de mon job actuel. Je me mets sur  pilote automatique chaque matin avant de partir travailler.
Je sais  que j’ai évoqué ma crainte d’avoir une relation « normale » avec Jacopo  parce que j’aurais trop peur de la perdre, mais en fait la vraie raison :  c’est cette hantise du quotidien.
Depuis quelque temps, je croise  une maman avec son enfant dans ma rue, difficile de dire si c’est une  fille ou un garçon, tellement son handicap lui tord le corps. Il ou elle  marche courbé, harponné â  sa mère. En les voyant, je me dis qu’ il faut  que j’arrive â  relativiser mon mal être. C’est trop horrible. Si un  jour je finissais comme ça ?
J’aimerais avoir le courage de sortir  le soir et de ne pas avoir envie cinq minutes après de rentrer chez moi  pour me retrouver seule.

 

 

19 : mon quotidien ne ressemble plus â rien

1/01/2008

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Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Le  dermato m’a demandé si j’avais un désir de grossesse… Le dermato !
Je  lui ai dit que oui, mais que cela relevait du domaine de la  science-fiction actuellement. Il en a alors conclu que j’étais  célibataire. 
Tout le monde me renvoie cette image de pauvre fille  encore seule â  32 ans. Non seulement elle a des tocs, mais en plus elle  est seule comme une chienne, elle a de l’acné et des kilos en trop…

Mes règles me manquent.
Putains de médicaments.  J’ai du mal â  les avaler, j’ai l’impression que mon gosier se rétrécit  quand je les avale chaque matin. Des fois, je m’interroge et je me  demande comment je serais sans tout ça, si ça serait vraiment pire ?
Bougie  Dyptique au figuier, ambiance réconfortante qui me permet d’accepter un  petit peu mieux ma situation.
Mes cheveux sont violets depuis  quelques semaines, je me sens vraiment bien dans cette couleur. Envie de  me faire une frange, mais j’hésite car Jacopo me trouve mieux sans.
Peut-être  qu’en le faisant quand même… Si j’arrive â  me construire une autre  personnalité que celle que je crois qu’il pourrait désirer…

J’aurais voulu perdre plein de kilos avant le retour de Jacopo et je  constate avec dépit que je n’ai aucune volonté. Je craque vraiment super  facilement pour un Brownie, une tarte aux pommes, le Latte du  Starbucks…
Je ne comprends pas, avant, l’amour me motivait pour  maigrir, pour plaire. Qu’est-ce qui se passe ? Suis-je devenue trop  vieille pour ses conneries ?
Je cède, j’appelle Clément pour le voir.
Je  me donne deux orgasmes coup sur coup. Paradis sur ma planète. Je me  dégoûte systématiquement après.
Je me questionne sur le fait  d’assumer ma solitude, ou d’assumer l’amour.
Je pense ne pas être  faite pour être seule et pourtant dès que je suis entourée, j’ai envie  de me retrouver en paix.
Quand je suis seule, je pleure sur mon  épaule.
Je me demande â  quoi pourrait ressembler un quotidien avec  Jacopo. Tout de suite, je prends peur, mais de quoi ? Dire que je  l’aime, ça me dépasse. Je ne peux plus. J’ai envie d’entamer un autre  virage avec lui. Celui ou ce sera â  lui de me le dire.
Soudaine  crise d’angoisse, mon ventre se rétrécit d’un bond. Envie de pleurer, de  me jeter dans les bras de Jacopo pour qu’il me calme. J’ai peur qu’il  ne réussisse jamais â  m’aimer. Que mes rêves restent en lévitation et ne  me servent juste qu ‘â  espérer toute une vie en vain.

Je marche  et je me dis qu’il faut que j’essaie d’être optimiste pour mon avenir  avec Jacopo, quel qu’il soit. Me dire que les moments que je vis sans  lui n’ont pas besoin d’être triste car bientôt, d’autres instants  magnifiques m’attendent certainement. Des moins bons aussi, mais  d’autres splendides assurément.
J’aimerais avoir assez d’argent pour  m’habiller dans cette petite boutique très jolie qui s’appelle L’Est  Rose. Je trouve leurs fringues absolument magnifiques et en phase avec  moi.
L’UGC ciné cité des Halles est mon QG. Parfois je m’y rends avec  mélancolie, parfois avec une réelle envie. Je croise des gens sans les  regarder.
Dans la rue un homme m’a dit qu’il me trouvait très très  belle. Me sens insultée car me trouve immonde, n’ai fait aucun effort  particulier pour cacher mes boutons.
Je suis allongée, lasse et  fatiguée. Je dors. La tristesse m’endort. Je me réveille toujours aussi  seule et perdue face au « rien ».
Aucune réponse â  mes envois  spontanés de scénario. Autant d’histoires sorties de ma tête pour  remplir les étagères poussiéreuses des prods.
Finie la motivation,  plus envie d’écrire pour rien. Ils n’ont qu’â  tous aller se faire foutre  avec leur cinéma débile.
Je m’isole dans les salles obscures et je  croise beaucoup de solitude.
Mais je me sens unique en mon genre.  Parce que lorsque je rallume mon téléphone portable, j’attends toujours  que quelqu’un m’ait laissé un message.
Jacopo est un fugitif.

 

 

20 : stratégies

1/01/2008

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Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Des  chaussures Marc Jacobs â  250 euros.
Combien d’heures de babysitting  ces chaussures me feraient-elles mal aux pieds ? â? quoi bon ? J’oscille  entre respect de l’argent et dédain pour sa signification.
Englouti  un sandwich grec. Me fait rire toute seule, je me moque de moi-même et  de mon peu de ténacité. Gros tas plein de graisses et de maldansapeau.
Pauvre  fille pathétique qui n’arrive pas â  vivre. Jacopo a raison de fuir. Je  ne suis pas faite pour qu’on m’aime éternellement.
Prends peur face â   l’inconnu d’un nouveau job dans ma partie.
Incompréhensible car  veux pourtant me débarrasser des emplois alimentaires !
C’est qu’il y  a du bon dans l’alimentaire. La paie est régulière et je suis  relativement tranquille dans mon bureau pour passer mes journées â   m’ennuyer sur Internet.

Les horaires sont vraiment tranquilles et sympathiques. Le reste du  temps, je suis libre d’être qui je veux, ou qui je suis réellement.
Je  m’efforce de rencontrer de nouvelles personnes et je m’endors. J’ai  l’impression de perdre mon temps, de jouer la comédie. Je n’ai qu’une  seule hâte : rentrer chez moi et me retrouver avec mes vieux souvenirs  et moi-même.
Je suis dans le bus, une vieille me demande de lui céder  ma place, je la regarde et je lui dis que je suis enceinte. Je suis une  salope.

The New Pornographers berce mon quotidien si quotidien du  moment.

Je sens le retour de Jacopo.
Notre photo sous mes yeux, heureux et  souriant.
Je suis triste, rien n’est comme je le souhaite. Je n’ai  que moi même pour me consoler de son absence.
Mes amis ne sont pas  mes amis. Je n’ai plus envie de faire aucun effort pour aller vers les  autres, ils me dégoûtent avec leur vie si personnelle.
Je me fais  pitié â  quémander de l’affection comme ça.
Je réfléchis trop,  machine â  pensées. J’observe les autres vivre avec envie. Je suis assise  au spectacle du non sens. Tout est désorienté. Je n’ai aucun plan. Même  lorsque je prends une décision pour faire face â  Jacopo, je suis  incapable de m’y tenir.
Jacopo est rentré !!!!

C’est idiot, mais je me sens mieux depuis quelques jours… J’ai  toujours peur de l’avouer, de peur que mes démons ressurgissent tout â   coup pour m’entraîner aux fins fonds de la dépression. Mais lâ , c’est  vrai que je me sens mieux.
Il ne m’a pas parlé sur MSN. Tout le monde  me dit de ne pas céder et d’attendre qu’il fasse le premier pas. Mon  psy me conseille même de ne pas lui répondre même s’il me parle…Il me  dit de le faire poireauter, que je suis trop « facile » pour lui. Il a  pas tort. Mais j’y arrive jamais !!! Je suis trop faible, voilâ  mon  problème c’est tout !

Ok, je vais essayer cette fois. Il est grand temps que les choses  changent et que Jacopo comprenne â  qui il a â  faire…
Je dois me  répéter que c’est LUI qui perd dans toute cette histoire, c’est LUI qui  devrait me courir après !
J’aimerais être moins rancunière, réussir â   ne pas cracher mon venin sur Jacopo quand je craque et que je  l’engueule parce qu’il ne fait pas attention â  moi. J’aimerais respecter  le choix qu’il a fait de ne plus vouloir être mon petit ami pour le  moment. J’aimerais pouvoir être son amie. Mais je ne crois pas que j’y  arriverais, ou alors ce sera signe que je ne l’aime plus. Et la chose  qui me fait le plus peur actuellement, c’est de ne plus l’aimer.  Pourquoi ai-je cette crainte de ne plus l’aimer ? Je n’ai pourtant aucun  scrupule â  reconnaître mes erreurs d’habitude…Peut-être est-ce parce  que je ne veux pas considérer Jacopo comme une erreur. Je sais le  potentiel qui existe entre nous, je reconnais qu’en ce moment il est un  peu plus flou, mais je veux croire qu’il existe encore certainement  quelque part.

J’ai du mal â  accepter que Jacopo puisse avoir une vie sans moi.
Du  mal â  accepter le rejet. Je voudrais être la meilleure â  ses yeux.  Celle dont il ne pourrait jamais se passer.

 

 

 

21 : entre colère et tendresse

1/01/2008

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Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Je  me suis habituée au rythme du travail â  l’Université. Moi qui n’ai eu  de cesse de critiquer l’administration… Dire qu’actuellement j’en fais  partie… !
Une fois Jacopo m’a dit que pour mieux supporter cette  situation, je n’avais qu’â  me mettre dans la peau d’une sociologue qui  observerait la vie d’un bureau. C’est pas mal comme solution.
Mais  je m’ennuie lâ -bas, le temps passe lentement. J’aimerais tellement être  produite. Mes scénarios sont vraiment bons, qu’est-ce qui cloche ?
Je  pourrais essayer de re-contacter d’anciennes connaissances bien  placées, mais j’ai trop d’orgueil pour le faire. Et s’ils ne faisaient  rien de plus qu’avant pour moi ? Je me serai rabaissée â  les rappeler  pour rien. Il en est hors de question.
Houra ! J’ai mes règles !  Après 3 mois de retard… Je lie cela au retour de Jacopo. C’est étrange.
Mes  belles règles rouges et gluantes comme il faut… Qu’est-ce que je suis  contente de me sentir femme â  nouveau…
Jacopo est aux abonnés  absents, aucune nouvelle depuis son retour.

Je me demande â  quoi va ressembler notre prochaine rencontre.  Sera-t-il plus distant du fait qu’il y a cette fille qui rôde maintenant  dans sa vie ?
J’ai tellement hâte de le revoir. Je me sens comme  une petite fille qui attend Noël avec impatience pour avoir ses cadeaux.  Sauf que lâ , j’aurais peut-être une mauvaise surprise…C’est fou comme  j’envisage toujours le pire. Il faut que je me dise que ça va bien se  passer. La méthode Coué.
Et Mariah Carey qui entonne ses airs de Diva  sur ma chaîne HiFi… Elle me redonne le moral.
J’ai peur du rejet. Je  ne supporte pas de ne pas avoir de nouvelles de Jacopo maintenant qu’il  est rentré. Je l’imagine avec elle, l’autre, une autre…Et moi qui  pleure, seule, si terriblement seule sans lui. Je me perds au milieu de  toutes ces heures passées â  attendre un signe de sa part. Je n’arrive  pas â  être « légère ». Où est-il, que fait-il et avec qui ? Autant de  questions que je vais m’empêcher de lui poser pour pas l’effrayer encore  plus. Je souffre en silence. C’est de ma faute, je n’ai qu’â  moins  l’aimer. Je n’ai qu’â  me lasser comme n’importe qui ferait â  ma place.  Mais je n’y arrive pas. Je me cramponne. Il me manque et j’ai peur de  lui. Peur de ses réactions, de ses décisions, j’ai peur qu’un jour il me  dise qu’il ne veut plus me voir… C’est ma hantise, ma douleur.
Je  laisse mon ordinateur allumé pour voir s’il va se connecter. Je fixe  l’écran comme une folle, des fois que ça marche… Mais rien.
Je perds  mon temps pour rien. Je n’arrive pas â  m’amuser en attendant.

Il  est peut-être temps de changer ? Mais je sais d’avance que malgré mes  efforts, j’en reviens toujours â  vivre cette attente. Je n’ai pourtant  visiblement pas le choix. Il faut dire qu’encore une fois, je dois  accepter qu’il vive sa vie sans moi. Il a refusé d’avoir besoin de moi.  Et maintenant depuis déjâ  si longtemps, il est quelque part entrain de  vivre sa vie.
La première chose que je fais c’est d’allumer mon  ordinateur pour voir s’il est en ligne. Je ressens un malaise immédiat  en constatant qu’il n’y est pas. J’ai la nausée. Je cherche tout de  suite une solution pour pallier ce manque. Que faire ? Finir de regarder  ce film de Kusturica ou de Polanski ? Aller m’enterrer une fois de plus  au ciné ?
J’ai hâte d’être une grande fille.
Je suis triste â   nouveau. Je ne sais plus quoi faire pour réussir â  accepter l’évidence :  Jacopo ne m’aime pas. Il m’aime bien, mais il ne m’aime pas.

Je navigue entre colère et tendresse pour lui. Je n’arrive pas â   ressentir quelque chose de simple pour lui. Je lui en veux de tout  gâcher. Son silence me rend folle. Je me demande ce qu’il fait, où il  est et avec qui surtout. J’imagine le pire bien sûr. J’ai peur de  savoir, j’ai peur de mal réagir, de l’insulter car je suis blessée. Je  ne veux pas m’emporter comme trop souvent. Je voudrais réussir â   apprivoiser mes sentiments de rage. Les amadouer.
Je suis incapable  de tourner la page car j’ai toujours l’espoir qu’un jour…Mais en  attendant, je souffre. Je ne sais pas où est la solution. Prendre des  distances ? J’en prends déjâ , on se voit tellement peu souvent, on se  parle rarement ces temps-ci. Je m’empêche de l’appeler. Pourtant, je  n’arrive pas â  envisager l’avenir sans lui. Il fait partie de mon  esprit. Pourquoi est-ce si dur pour moi de lâcher prise ? Laisser une  porte ouverte sans pour autant la fixer avec obsession ? Voilâ  ce que je  souhaite, réussir â  entamer un virage serein, accepter qu’il ne  m’appartienne pas, qu’il a le droit de faire sa vie et qu’un jour peut  être il m’aimera.
PEUT ETRE.
Sans faire de ce peut être mon  espoir, juste le laisser dans un coin, comme ça, sans y faire attention.  Savoir qu’il est lâ , l’intégrer et vivre avec sans m’en soucier plus  que ça…

 

 

22 : je glisse vers la folie

1/01/2008

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Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Cette  nuit, j’ai rêvé que je recevais une merde de pigeon sur la tête… Tu  crois que c’est bon signe ?
Mes réactions sont surdimensionnées, mes  sentiments exacerbés. Cette déformation de ma personnalité me coûte  chaque jour davantage. Je me redoute sans cesse. Ne vais-je pas tout  faire virer au désastre avec une telle personnalité ?

Quand on me donne des conseils, je réponds toujours que je n’arrive  pas â  les appliquer, que c’est plus fort que moi, j’ai du mal â  changer.  Mais on ne me croit pas. Une de mes plus grandes peines, c’est de  constater que les gens ne me comprennent pas et qu’il n’acceptent pas  mon état. Ils croient que c’est de la mauvaise volonté de ma part, ou  que je cherche â  me rendre intéressante peut être, ou alors que je me  complais dans mon malheur et ma souffrance… C’est tellement douloureux  de ne pas se sentir soutenu. Y’a que ma mère et mon psy qui arrivent â   réellement entendre ce dont je veux parler. Ca limite pas mal.

Je crois que les gens ont du mal â  accepter ma différence et â   reconnaître que ça leur échappe. Ils n’ont pas le contrôle sur moi et ça  leur fait peur. On aime â  croire qu’on peut changer les choses  simplement en conseillant les autres, mais avec moi c’est pas possible,  ils se sentent impuissants. Alors je les laisse parler. Je m’énerve  moins qu’avant quand même. Car souvent, je devenais folle dès que  quelqu’un me contredisait Maintenant je m’en fous. Ils ont le droit de  penser ce qu’ils veulent, et moi pareil.
J’ai les poumons remplis de  larmes. Je me noie littéralement moi-même.

J’essaie de contenir tout ce chagrin pour ne pas montrer â  Jacopo que  je me rends malade â  cause de lui. Je sais que c’est mon attitude qui  conditionne pas mal de choses. Ma façon d’envisager mon rapport â  lui.  C’est malsain. Je suis entrain de me détruire toute seule. Et je  constate â  longueur de temps que je n’arrive pas â  changer. Parfois, je  réfléchis â  tout cela et j’ai un sursaut d’énergie positive qui ne dure  jamais bien longtemps et qui me ramène â  la raison, qui me protège en  quelque sorte.

Je lui envoie un mail car il n’est plus sur MSN, je craque encore en  lui demandant où il est. C’est mal. Je sais que c’est mal. Je lui donne  toutes les occasions de me fuir encore plus. Sur le moment ça me soulage  de lui écrire, et puis aussitôt je regrette, car je sais que tous mes  efforts sont alors réduits â  néant. Lui, ne verra pas toutes les fois où  je me pince pour pas l’appeler. Il ne verra que les fois où je le  harcèle. C’est ingérable. Je suis toujours comme ça quand j’aime un mec,  ingérable.

L’amour me rend folle.
Et Jacopo c’est encore  plus frustrant parce que je sens qu’il s’obstine â  me voir d’une  certaine manière, et moi comme une conne j’agis exactement comme il  croit que je suis. C’est moi qui lui donne raison.

 

 

23 : tentative de suicide

1/01/2008

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Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Tentative  de Suicide : JACOPO A UNE COPINE.

Folie, crise de nerfs, tube entier de Lexomyl avalé. Et peux pas  supporter l’idée qu’il sorte avec quelqu’un d’autre que moi, alors qu’il  refusait l’engagement jusqu’â  présent. Coup bas.
Pompiers, hôpital,  trou noir, mémoire trouée. Réveil forcé, tristesse.

Demande â  maman de le prévenir. Il rappelle et demande de mes  nouvelles. Depuis rien. Je ne le rappellerai pas, je ne répondrai pas.  Mon psy me dit de m’abstenir de lui parler pour le moment.
Arrêt de  travail. Partir en Tunisie ? Mes amis m’ont prouvé leur attachement,  chaud au coeur.
Je suis criblée de douleur, assommée par cet amour  fracassé. Il me manque et je me rappelle de cette dernière conversation  où il était â  côté d’elle, je semblais le déranger. Il n’avait pas l’air  heureux de m’entendre, comme saoûlé par mon amour débordant. Oui, mais  quoi ? C’est moi ! je suis punie de l’aimer, c’est injuste. On ne peut  pas forcer les sentiments des gens, c’est vrai, mais pourquoi ne  m’aimerait-il pas un jour?
C’est ce jour qui me tue â  petit feu, cet  espoir me désespère. Comment croire â  quelque chose d’incertaine et de  s’y tenir comme â  une bouée de sauvetage sans couler ?

Je dois renoncer â  Jacopo, ne pas l’oublier mais y renoncer sinon,  j’en crèverai. Je dis cela, mais j’en suis incapable pour le moment, il  compte tellement pour moi. J’ai fait cette tentative de suicide pour le  faire réagir, chose stupide, puisque ça va le faire fuir encore  davantage. Je ne sais plus quoi faire. Quand je parle de renoncer â  lui  c’est dans l’immédiat, je suis trop réfractaire au définitif. Je ne peux  tout simplement pas rayer quelqu’un qui compte de ma vie. Je voudrais  trouver la solution la moins douloureuse et la plus remplie d’espoir.
Il  n’a pas rappelé. Je pars, c’est décidé dans un mois en Tunisie revoir  mon amant. Le pauvre.
Je ne le dirai pas â  Jacopo. Jacopo reste muet,  il me laisse l’initiative de l’appeler. C’est si facile. Je ne le ferai  pas. L’idée de cette fille et de ce qu’ils partagent me rend folle. Je  les imagine ensemble, construisant quelque chose. Envie de leur vomir â   la gueule.
Ce geste j’aurais pu le faire des tas de fois bien avant  dans des moments bien plus pénible que celui lâ . Pourquoi â  ce moment-lâ   ? Exactement, je l’ignore. Ca a été très rapide, j’ai refusé toute  réflexion, j’ai juste agi.
Je m’en veux, car j’ai fait de la peine â   mes parents alors que c’était â  lui que je voulais en faire. Je ne sais  pas ce qu’il a pu ressentir. D’après maman, il avait l’air mal â  l’aise  au téléphone.
C’est devenu n’importe quoi cette histoire.
J’aimerais  que tout soit simple.

Je me rends compte que pour lui plaire, je me suis travestie,  longtemps.
Je ne dis pas qu’il ne m’a pas aidé â  me  révéler car j’ai découvert beaucoup de choses sur moi-même qui me  plaisent encore aujourd’hui, mais je pense qu’une grande part de ma  personnalité actuelle se cache derrière le fantôme de Jacopo.
Il faut  que je me retrouve, mes amis me conseillent de m’occuper de moi  maintenant, avant de penser â  lui. Ils ont raison, je dois me trouver.  Qui suis-je réellement ? C’est peut-être en le découvrant qu’il finira  par m’aimer ? Je suis sûre qu’il m’a déjâ  aimé, mais il a eu peur de  l’engagement avec moi et je dois découvrir pourquoi avec moi il a tant  de mal. Pourquoi soudain, il me parle de cette fille, il sort avec et il  n’a l’air d’avoir aucun problème d’engagement…
Qu’est-ce qui cloche  avec moi ? Est-ce que c’est notre différence d’âge qui le dérange ? Il  m’a déjâ  dit que j’étais trop maternelle et qu’il ne cherchait pas une  mère.
Mon psy m’a dit quelque chose sur laquelle je dois me pencher. 
Jacopo, c’est Jacopo.

Mais il y a dans mon amour  une espèce de DIABLE qui est une obsession, un TOC et celui-ci fausse  tous nos rapports.

Jacopo m’a toujours collé une  étiquette qui ne me correspond pas, et plus je le vois, plus je lui  donne l’occasion de lui donner raison en agissant n’importe comment. Il  faut que je me ressaisisse. Il faut que je me redresse.
Il n’a pas  rappelé. Que pense-t-il de mon geste ? A-t-il parlé de moi â  sa copine ?  S’inquiète-t-il pour moi ? Autant de questions que je ne suis pas prête  â  recevoir. Je suis dans un cul-de-sac, comme le film de Polanski que  j’idolâtre.
Je ne peux manifestement pas être l’amie de Jacopo, et en  même temps, je ne veux pas le perdre. Doit-on passer une nouvelle fois  par une séparation comme celle qui avait déjâ  duré un an une fois ?

 

 

24 : reprise de contact

1/01/2008

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Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.

Il  paraît assez difficile de commencer un texte, ou de  le continuer dans le cas présent.
Où se trouveront ces pages  dans l’Histoire de ma vie ?
Au début, au milieu, au hasard… ?
Justifieront-elles  d’une existence propre ?
Le lecteur les oubliera-t-il dès  le point final ?

Ma vie a –t-elle tout simplement un sens ?
Elle  a le sens que j’ai décidé de lui donner, mais que souvent je pense ne  pas avoir choisi.
Toute cette existence, ce trop plein et ce vide  gargantuesque m’échappe en tapant sur le clavier.
Après tous ces  jours, j’ai forcément des choses â  raconter, bien que je n’y croyais  souvent plus. J’ai enfin revu Jacopo. Il a accepté non sans plein de  sollicitations de ma part.
Et maintenant : le doute. 
Je ne suis  pas si forte, j’ai peur. Il reste très flou sur sa vie, ne me donnant  que les détails qui l’arrangent. C’est sûrement mieux ainsi. Je ne sais  pas si je suis prête â  l’entendre me dire qu’il a quelqu’un dans sa vie.  Alors je scénarise. Je l’imagine avec une telle, puis une autre, puis  celle lâ , puis celle d’â  côté.

La vérité c’est que je ne sais pas  et que le mystère s’est installé.
Il lui faut du temps pour  reprendre contact m’a-t-il dit. Le temps je le lui donne. C’est bien ma  douleur. Attendre, toujours attendre. Il m’avait prévenu au tout début  qu’il était lent, mais â  ce point…C’est pathologique. Ou peut être  personnel…Oui, je pense souvent que c’est contre moi qu’il agit. Mais au  fond, non. Alors, serait-ce de l’indifférence ? Pourtant.
J’aimerais  que la reprise de contact vienne de lui. Mais il ne me parle pas  souvent sur MSN depuis que nous nous sommes revus. Et pourtant c’est lui  qui m’a dit que notre soirée avait été sympa !
C’est â  n’y rien  comprendre.
Petit â  petit m’a-t-il dit…

Et puis il y a eu ce «  doudou » échappé de nulle part, inattendu et tellement réconfortant. Un  mot qu’il a su me donner, gratuitement, et Dieu sait que le prix â   payer est élevé avec lui.
Mais, les jours passent et je ne prends  plus de crédit sur le passé. Je ne me l’autorise plus.
C’est vrai  qu’il m’a appelé « doudou » mais je ne m’en souviens qu’en cas de doute.
Je  suis entre parenthèse ? Car il m’a salué entre parenthèse l’autre  fois…. C’est sûrement ça.
Et la dernière prise de contact c’est moi  qui l’ai déclenchée. Il m’a dit qu’il partait en Italie pour deux  semaines.
J’attends qu’une chose, le revoir vite et que ça vienne de  lui. Mais je sais que je vais craquer et lui demander â  le voir la  première.
Quelle nouille !

Pourtant, je lutte, je lutte. Je  n’ai pas envoyé de texto depuis un bon moment maintenant. Je me trouve  moins impulsive. Espérons que ça dure.
Audrey Tautou m’aide beaucoup.  Je sens â  quel point le ridicule de cette phrase est flagrant. Mais  c’est tellement vrai. Je m’imagine tellement être son personnage, et que  celui-ci lui plairait. Alors, tout serait plus facile.
C’est mon  arme secrète.
Un début d’Histoire ? Une fin de galère ? C’est tout ce  que j’espère…
Et voilâ , après m’être félicitée de ne pas avoir  renvoyé de textos, j’ai craqué â  nouveau et enchaîné 4 missives. Il  n’aura répondu qu’â  une et laissé de côté la plus importante, celle où  je lui demandais si on pourrait se voir bientôt.
Silence mythique,  acoustique.
Que faire ? M’occuper, pour laisser flotter mon  inquiétude en apesanteur, comme un léger nuage.

Je me sens moins â   fleur de peau mais pour combien de temps ? Le spectre de mon côté  excessif  peut ressurgir â  tous moments. Et tout gâcher. Toujours être  dans le contrôle m’épuise â  force.
Je le jalouse tellement. Lui qui  sort, qui vit, qui rencontre des gens, qui a sûrement quelqu’un .

Et  moi qui ignore tous les détails de son quotidien. Il va falloir être  forte quand je saurai.
Je reste sur msn en espérant qu’il se  connecte. Et rien.
Dois-je lui reparler la première ? Je me demande  ce qu’il pense quand il voit mon nom en ligne ? Est-ce de  l’indifférence, se rappelle-t-il qu’il ne m’a pas répondu ? Ou bien  est-ce que ça déclenche de l’angoisse quand il voit que je suis lâ …
Il  m’a donné l’explication : ça le stresse que je le rappelle â  l’ordre,  que je lui demande « quand est-ce qu’on se reverra ? ».
Et puis  soudain, il me dit qu’il a mis ma photo au mur…Soit, il ne doit pas y  avoir que la mienne, mais quand même ! J ‘ai donc le droit d’espérer !
Je  sens que l’on va se voir bientôt. Il y a eu une tentative avortée hier,  mais tentative malgré tout.
Va-t-il se blottir contre moi au cinéma,  comme il en avait l’habitude avant ? Et moi devrai-je le laisser faire ?  Aurai-je le courage et l’envie de le remettre â  sa place ? A-t-on tant  changé en 2 ans ?
J’ignore toujours s’il a quelqu’un dans sa vie.  Combien d’aventures a-t-il eues ?
De son côté sa vie est visiblement  surchargée de travail qu’il s’impose lui même car il est au chômage.  Comment fait-il pour être toujours occupé ? Moi  qui suis perdue dans l’ennui…

 

 

25 : en stand by

1/01/2008

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Rock  and Roll…Ma vie est rock and roll.

Et voilâ ,  deuxième rendez-vous et ce sentiment que c’est loin d’être gagné !
Il  ne s’est pas blotti contre moi au cinéma…Nos jambes se sont bien  touchées â  un moment donné, c’est vrai, mais il a fini par s’écarter. Il  m’a appris qu’il ne voulait pas revenir chez moi, ni que je vienne chez  lui « vu notre passif ». J’étais coincée dans mon corps ce soir lâ .
Depuis  je ne peux m’empêcher de lui parler la première sur MSN. J’essaie de  trouver un moyen de le revoir rapidement, comme pour le travail par  exemple, mais il ne semble pas pressé. Je sens qu’il a peur de moi.  Comment faire pour casser cette image qu’il a de moi ?
Je prends  chaque jours cette décision de le laisser me parler le premier, et je  craque.
Je suis en apnée quand il n’est pas en ligne…Je ne vis plus.  Je me sens honteuse de ne pas avoir de vie, de projets, de travail.
Je  n’ai aucune estime de moi même.

A la question de savoir si je  dois essayer de savoir s’il a quelqu’un dans sa vie, je réponds non. Ca  ne me dit rien.
Je préfère laisser le doute et vivre avec. Après  tout, ça ne change pas grand chose. On n’est pas ensemble, il a le droit  de faire ce qu’il veut, je ne veux pas le savoir, c’est tout.
Et  puis ça ne doit pas affecter mes sentiments pour lui, ce serait  ridicule. J’ai le droit de l’aimer même s’il est avec quelqu’un. C’est  mon droit !
Je me sens assez fébrile car j’ignore quand est-ce qu’on  se reverra. J’ai envie de lui faire plein de cadeaux, tout le temps. Ca  me fait plaisir de lui faire plaisir. Si je m’écoutais je lui ferai un  cadeau â  chaque fois qu’on se voit.

Période de  dépression.
Je vois tout en noir. Je l’imagine avec sa  copine, s’il en a une. Je suis dans l’ignorance. J’ignore tout de sa  vie. Je ne sais que des choses en périphéries. Nos conversations sur MSN  sont presque stéréotypées. Il ne me parle jamais le premier et moi je  ne suis pas assez forte pour attendre qu’il le fasse. C’est donc  toujours moi qui engage la conversation, presque chaque jour.
Je me  venge sur la nourriture, je me détruis avec. C’est toujours le même  rituel. Lorsque je suis triste parce qu’il ne m’a pas parlé longtemps ou  pas du tout, je me rue sur la bouffe. Le sucre me réconforte. Je me  sens mieux quelques instants puis je replonge. Je me gave. Je n’ai plus  faim c’est de la vengeance alimentaire.
Il m’a dit qu’il était «  speed » hier, et quand je lui ai demandé s’il me fuyait, il m’a répondu  que j’étais parano.
C’est bon signe ?
Rien que de le voir en ligne  sur MSN me fait du bien ; C’est comme si je le voyais pour de vrai.  Bon, évidemment, je préférerais qu’il engage la conversation !

Déjâ   3 semaines qu’on s’est vus, et mes journées sont terriblement toutes  les mêmes. Entre l’attente et le néant. Je n’ai pas de boulot, je  n’arrive plus â  m’adapter. Je suis devenue « anti-sociale ».Ca me désole  et j’ai une opinion de moi des plus dégradée. Je me trouve nulle et je  me dit que c’est pas comme ça que j’aurai la moindre chance de le  récupérer.
Ce qui me déprime encore plus.
Comment sortir de ce  marasme ? Je n’ai qu’une chose en tête : le récupérer.
Est-ce mal ?  Pourquoi ce serait mal ? J’ai bien le droit d’y croire…Il me manque  tellement. Et je ne peux pas lui dire. Car s’il en a la preuve il ne  voudra plus me voir.
Je suis perdue. C’est mon seul but dans la vie :  être avec lui.
J’essaie de focaliser mon attention sur le travail,  mais j’y arrive pas. Alors je culpabilise d’avoir maintenant 33 ans et  d’être sans emploi, toujours chez mes parents, â  ne faire qu’une chose :  attendre  que peut être un jour…Je retrouve Jacopo.

 

 

26 : Faim... de lui

1/01/2010

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Il me faut un signe, quelque chose de palpable, je me sens faiblir. Il me manque tellement, les jours passent, s’enchaînent tous les uns derrière les autres avec ressemblance. Il ne me parle jamais le premier sur MSN, ou du moins rarement. C’est vrai que je lui en laisse pas l’occasion, je lui saute dessus dès qu’il est en ligne, je n’arrive pas â résister. C’est sûrement pour ça. Et si c’était autre chose ? Si c’était de l’indifférence ? Je me dis qu’il vaut mieux de l’indifférence plutôt que de la haine. Parce que l’indifférence peut éventuellement se transformer avec le temps en de la curiosité?Alors que la haine?S’il me détestait, j’aurais plus aucune chance. J’attends comme une groupie derrière mon écran qu’il se connecte. Puis qu’il me parle. Puis je craque. Je lui parle. J’ai entamé un régime. Je me dis que le temps qui passe doit bien servir â quelque chose, donc â maigrir. Ce n’est plus possible, je suis énorme et dégoûtante. Comment lui faire envie avec ce corps plein de bourrelets et flasque ? J’ai acheté le nouvel album de Mariah Carey. Je sais qu’il n’aime pas cette chanteuse. Mais finalement, c’est bon d’exprimer ma différence. Même si c’est vrai qu’elle chante de la soupe. Ca me réconforte un peu.  Je répond sporadiquement â des annonces d’emploi. Je n’ai aucun retour, même pas des refus. C’est vraiment critique. Qu’est-ce que je vais devenir ?  J’ai faim, c’est atroce, il faut lâ aussi que je résiste. Comme si ma vie n’était qu’une lutte perpétuelle. Je lutte contre mes impulsions. Et quand je craque, c’est un désastre. Je craque pas un peu, mais de manière gargantuesque. La frustration me rend malade. Agressive. Dans tous les cas de figure. Avec Jacopo, avec la nourriture. Je manque cruellement d’assurance face â la vie. J’ai tout le temps peur. Du coup je ne profite pas. J’échoue avant même d’avoir essayé. Je suis un mollusque. Voilâ comment je me dénigre. Et cette comparaison par rapport â lui, tout le temps. Je me sens comme une merde face â lui. Lui qui a tout. Je stagne, il avance. Je deviens folle face â cet ordinateur, â attendre un signe de sa part. Je ne comprends pas pourquoi depuis que nous nous sommes revus, il me parle moins. Pourtant il m’a dit qu’il avait trouvé nos soirées sympas? Il m’a aussi dit que j’étais parano â croire qu’il me fuie. J?ai envie de l’appeler. Mais â quoi ça servirait ? Je suis sûre qu’il ne serait pas agréable. Il sent que je lui mets la pression pour le revoir rapidement â chaque fois et ça l’énerve. Mais comment faire ? Je donne le maximum pour me contrôler et pas trop le harceler. Seulement parfois, c’est plus fort que moi. Il suffit que je réfléchisse au temps qui passe pour avoir une bouffée d’angoisse et faire tout le contraire de ce qu’il faudrait
 
 

27 : perdue

1/01/2008

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Rock  and Roll... Ma vie est Rock and Roll

L’addiction â   msn m’est un peu passée.
De toutes façons, il ne se connecte plus  dessus en ce moment.
Nous nous sommes revus, avons parlé du passé.  Reste le présent a élucider.
Cette furieuse envie de se détacher en  me disant « tu existes sans moi, et si non, alors ça ne m’intéresse pas !  »
Et pourtant, je m’efforce, je SUIS sans lui au quotidien.
Il me  manque toujours autant, le temps n’efface rien, ne ménage rien. Il est  indispensable â  ma survie. Je sais que c’est un problème. Je m’efforce â   exister autrement.

Il faut absolument que je trouve un travail. Je ne peux pas continuer  â  culpabiliser ainsi, c’est tuant.
Je tourne en rond. Littéralement.  Pour de vrai. Je me vois faire les cent pas dans l’appartement. Je  n’arrive pas â  me dégager de cette étreinte étouffante qu’est la  solitude.

J’ai un poids sur la poitrine et j’en ai honte. Honte de souffrir  alors que je suis certainement heureuse.
Qui suis-je ? Je veux dire,  sans lui, qui suis-je ? J’ai juste besoin de lui. Et lui ne veut pas que  j’aie besoin de lui.
Mes textos l’étouffent et j’arrive pas â  les  retenir. Je lui en envoie toujours avec la même excitation. Sans  vraiment penser aux conséquences. C’est vrai que j’arrive mieux â  me  raisonner quand même. Sans doute l’effet des médicaments.
C’est moins  systématique. J’aimerais que ses phrases glissent sur moi, et pas  qu’elles s’accrochent comme des crabes â  mon cerveau. Je ressasse et  rumine toute la conversation que nous avons eue la dernière fois.

Et la crainte, la crainte que ce soit â  chaque fois la dernière fois  qu’on se voie. Je ne peux pas l’éviter.
Il m’a trouvée « sage »…
Sage.  Je suis sage. Oui, c’est vrai, je dois certainement l’être un peu pour  supporter tout ça. Personne ne m’impose cette situation, je suis la  seule â  la choisir et pourtant, je n’ai pas le choix. Tout cet amour  s’impose â  moi. A ses côtés, je défaille. Son odeur me fait divaguer.  J’ai tellement envie de le prendre  dans mes bras. C’est insensé,  vraiment c’est le mot.
J’espère qu’un jour je pourrai le serrer fort  contre moi. Ne plus l’effrayer.
Je l’ai traumatisé, je l’ai fait  fuir. Depuis qu’on se connaît, c’est la même histoire, la même peur dans  sa tête.
Je me retiens pour ne pas l’effrayer encore plus. Si je  m’écoutais, je l’appellerais tous les jours.
Mais je suis forte,  j’arrive â  refreiner mes envies. Il faut bien.
Je suis seule,  personne ne comprend cet amour lâ . Juste maman. Heureusement.

Je me sens comme une guerrière. Prête â  batailler.
La prochaine  étape ce sera de savoir si il a quelqu’un dans sa vie. Parler du  présent. Je ne suis pas pressée, mais je pense que c’est indispensable  pour progresser.

Avec le temps….Il a fini par m’envoyer un sms de  lui même ET me téléphoner pendant 20 minutes !!!!C’est incroyable. Bon,  il m’a quand même fait remarquer qu’il me trouvait « insistante » avec  mes textos. Mais il était tout joyeux au téléphone car il a enfin fini  son site internet.
Je suis allée voir ce fameux site et ses dessins  sont éloquents. Il parle de quelqu’un de tourmenté, de « rechute », une  de ses toiles s’appelle « les amants »….Alors je gamberge…Pour quelle  fille l’a-t-il peinte ?
Il m’a remerciée pour mes commentaires sur  ses films.

 

 

28 : on tourne en rond

1/01/2008

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Rock  and Roll... ma vie est Rock and Roll

A-t-il vu le mien ? J’ai tellement peur de sa réaction. Le sujet de  mon film parle de ma tentative de suicide, et de lui bien évidemment.  J’espère qu’il aura le recul nécessaire.
C’est un artiste après tout,  merde, il peut comprendre que j’avais besoin de mettre ça en image !
Je  lui ai dit que je partais bientôt en vacances, sous entendu qu’il ne  restait plus beaucoup de temps avant mon départ pour qu’on se voie. Il  m’a dit qu’il ne savait pas…..Toujours pareil.
Dans un sens, c’est  sûr que s’il a une copine ce ne doit pas être évident pour lui de me  voir comme il le veut. Mais quand même, je lui demande pas la lune !
J’ai  calculé que depuis qu’il a accepté de me revoir on s’était vus environ  une fois tous les deux mois. Et lâ , bah, ça fait quasiment deux mois  déjâ ….
J’en peux plus. Du coup, qu’est-ce que je fais ? Je craque et  je lui renvoie un sms. Et je ne lui demande pas quand est-ce qu’on peut  se voir mais je lui parle de son site internet, je lui demande s’il a eu  des retombées positives depuis qu’il l’a mis en ligne.
ET…….Rien.
Pas  de réponses.
Bon, ça fait juste 4h. Mais parfois, ça lui arrive de  répondre tout de suite… si, si !
Je suis peut être trop impatiente,  j’en veux trop ?
Ma santé est fragile en ce moment, j’ai 9 de  tension. Je ne peux rien faire sans être épuisée. Sûrement le nouveau  traitement.
Je ne sors plus de chez moi. Je dors, c’est tout, je  mange aussi. Je suis énorme. Pourtant, on me trouve jolie, c’est  bizarre.
Je ne me maquille que lorsque j’ai rendez-vous avec Jacopo.  Sinon, je suis une loque.
Il m’inspire tellement, je suis si  malheureuse de le faire fuir.
Et je lui faisais tellement de bien au  début….Comment j’ai pu déraper â  ce point ?

De toutes façons, il  est cyclo aussi lui, sauf qu’il l’ignore et que je suppose qu’il ne se  croit pas malade.
C’est un bipolaire, j’en suis sûre. Il m’a juste  dit une fois qu’il pensait avoir des tocs…
Peut être que s’il se  soignait, tout s’arrangerait ?
Franchement, je l’ignore, et tant pis  pour lui s’il est assez con pour ne pas consulter.
Je manque  d’empathie ? Peut être…
Pourtant qu’est-ce que je l’aime.
C’est  devenu même saoûlant pour mon entourage que je l’aime autant. Surtout  pour ma mère. Je ne lui parle plus que de lui. La pauvre, elle sature….

Je  m’en veux de lui imposer ça â  elle aussi. C’est vrai, elle n’y est pour  rien. En plus, je lui parle mal dès que je parle de lui. Je m’énerve  tout de suite car le sujet est brûlant. J’ai tellement d’émotions qui   bataillent â  l’intérieur que je n’arrive pas â  me contrôler dans mes  paroles.
Mais elle me soutient. C’est la seule.

Il faut que  je retrouve du travail. Je ne peux pas rester â  regarder passer ma vie  sans y participer. Quel gâchis !
Je ne fais rien, mais quand je dis  rien : c’est vraiment RIEN !
Et puis, j’essaie de développer un  réseau, de contacter des gens, mais rien n’y fait, ils doivent sentir  que je vais mal, que je suis un puits â  emmerdes.
Je n’arrive même  pas â  passer un bon moment devant un film. Je ne peux pas me concentrer.  Alors, je dors. En fait, la phrase qui revient le plus souvent c’est « â   quoi bon ? »

 

 

27 : perdue

1/01/2008

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Rock  and Roll... Ma vie est Rock and Roll

L’addiction â   msn m’est un peu passée.
De toutes façons, il ne se connecte plus  dessus en ce moment.
Nous nous sommes revus, avons parlé du passé.  Reste le présent a élucider.
Cette furieuse envie de se détacher en  me disant « tu existes sans moi, et si non, alors ça ne m’intéresse pas !  »
Et pourtant, je m’efforce, je SUIS sans lui au quotidien.
Il me  manque toujours autant, le temps n’efface rien, ne ménage rien. Il est  indispensable â  ma survie. Je sais que c’est un problème. Je m’efforce â   exister autrement.

Il faut absolument que je trouve un travail. Je ne peux pas continuer  â  culpabiliser ainsi, c’est tuant.
Je tourne en rond. Littéralement.  Pour de vrai. Je me vois faire les cent pas dans l’appartement. Je  n’arrive pas â  me dégager de cette étreinte étouffante qu’est la  solitude.

J’ai un poids sur la poitrine et j’en ai honte. Honte de souffrir  alors que je suis certainement heureuse.
Qui suis-je ? Je veux dire,  sans lui, qui suis-je ? J’ai juste besoin de lui. Et lui ne veut pas que  j’aie besoin de lui.
Mes textos l’étouffent et j’arrive pas â  les  retenir. Je lui en envoie toujours avec la même excitation. Sans  vraiment penser aux conséquences. C’est vrai que j’arrive mieux â  me  raisonner quand même. Sans doute l’effet des médicaments.
C’est moins  systématique. J’aimerais que ses phrases glissent sur moi, et pas  qu’elles s’accrochent comme des crabes â  mon cerveau. Je ressasse et  rumine toute la conversation que nous avons eue la dernière fois.

Et la crainte, la crainte que ce soit â  chaque fois la dernière fois  qu’on se voie. Je ne peux pas l’éviter.
Il m’a trouvée « sage »…
Sage.  Je suis sage. Oui, c’est vrai, je dois certainement l’être un peu pour  supporter tout ça. Personne ne m’impose cette situation, je suis la  seule â  la choisir et pourtant, je n’ai pas le choix. Tout cet amour  s’impose â  moi. A ses côtés, je défaille. Son odeur me fait divaguer.  J’ai tellement envie de le prendre  dans mes bras. C’est insensé,  vraiment c’est le mot.
J’espère qu’un jour je pourrai le serrer fort  contre moi. Ne plus l’effrayer.
Je l’ai traumatisé, je l’ai fait  fuir. Depuis qu’on se connaît, c’est la même histoire, la même peur dans  sa tête.
Je me retiens pour ne pas l’effrayer encore plus. Si je  m’écoutais, je l’appellerais tous les jours.
Mais je suis forte,  j’arrive â  refreiner mes envies. Il faut bien.
Je suis seule,  personne ne comprend cet amour lâ . Juste maman. Heureusement.

Je me sens comme une guerrière. Prête â  batailler.
La prochaine  étape ce sera de savoir si il a quelqu’un dans sa vie. Parler du  présent. Je ne suis pas pressée, mais je pense que c’est indispensable  pour progresser.

Avec le temps….Il a fini par m’envoyer un sms de  lui même ET me téléphoner pendant 20 minutes !!!!C’est incroyable. Bon,  il m’a quand même fait remarquer qu’il me trouvait « insistante » avec  mes textos. Mais il était tout joyeux au téléphone car il a enfin fini  son site internet.
Je suis allée voir ce fameux site et ses dessins  sont éloquents. Il parle de quelqu’un de tourmenté, de « rechute », une  de ses toiles s’appelle « les amants »….Alors je gamberge…Pour quelle  fille l’a-t-il peinte ?
Il m’a remerciée pour mes commentaires sur  ses films.

 

 

28 : on tourne en rond

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock  and Roll... ma vie est Rock and Roll

A-t-il vu le mien ? J’ai tellement peur de sa réaction. Le sujet de  mon film parle de ma tentative de suicide, et de lui bien évidemment.  J’espère qu’il aura le recul nécessaire.
C’est un artiste après tout,  merde, il peut comprendre que j’avais besoin de mettre ça en image !
Je  lui ai dit que je partais bientôt en vacances, sous entendu qu’il ne  restait plus beaucoup de temps avant mon départ pour qu’on se voie. Il  m’a dit qu’il ne savait pas…..Toujours pareil.
Dans un sens, c’est  sûr que s’il a une copine ce ne doit pas être évident pour lui de me  voir comme il le veut. Mais quand même, je lui demande pas la lune !
J’ai  calculé que depuis qu’il a accepté de me revoir on s’était vus environ  une fois tous les deux mois. Et lâ , bah, ça fait quasiment deux mois  déjâ ….
J’en peux plus. Du coup, qu’est-ce que je fais ? Je craque et  je lui renvoie un sms. Et je ne lui demande pas quand est-ce qu’on peut  se voir mais je lui parle de son site internet, je lui demande s’il a eu  des retombées positives depuis qu’il l’a mis en ligne.
ET…….Rien.
Pas  de réponses.
Bon, ça fait juste 4h. Mais parfois, ça lui arrive de  répondre tout de suite… si, si !
Je suis peut être trop impatiente,  j’en veux trop ?
Ma santé est fragile en ce moment, j’ai 9 de  tension. Je ne peux rien faire sans être épuisée. Sûrement le nouveau  traitement.
Je ne sors plus de chez moi. Je dors, c’est tout, je  mange aussi. Je suis énorme. Pourtant, on me trouve jolie, c’est  bizarre.
Je ne me maquille que lorsque j’ai rendez-vous avec Jacopo.  Sinon, je suis une loque.
Il m’inspire tellement, je suis si  malheureuse de le faire fuir.
Et je lui faisais tellement de bien au  début….Comment j’ai pu déraper â  ce point ?

De toutes façons, il  est cyclo aussi lui, sauf qu’il l’ignore et que je suppose qu’il ne se  croit pas malade.
C’est un bipolaire, j’en suis sûre. Il m’a juste  dit une fois qu’il pensait avoir des tocs…
Peut être que s’il se  soignait, tout s’arrangerait ?
Franchement, je l’ignore, et tant pis  pour lui s’il est assez con pour ne pas consulter.
Je manque  d’empathie ? Peut être…
Pourtant qu’est-ce que je l’aime.
C’est  devenu même saoûlant pour mon entourage que je l’aime autant. Surtout  pour ma mère. Je ne lui parle plus que de lui. La pauvre, elle sature….

Je  m’en veux de lui imposer ça â  elle aussi. C’est vrai, elle n’y est pour  rien. En plus, je lui parle mal dès que je parle de lui. Je m’énerve  tout de suite car le sujet est brûlant. J’ai tellement d’émotions qui   bataillent â  l’intérieur que je n’arrive pas â  me contrôler dans mes  paroles.
Mais elle me soutient. C’est la seule.

Il faut que  je retrouve du travail. Je ne peux pas rester â  regarder passer ma vie  sans y participer. Quel gâchis !
Je ne fais rien, mais quand je dis  rien : c’est vraiment RIEN !
Et puis, j’essaie de développer un  réseau, de contacter des gens, mais rien n’y fait, ils doivent sentir  que je vais mal, que je suis un puits â  emmerdes.
Je n’arrive même  pas â  passer un bon moment devant un film. Je ne peux pas me concentrer.  Alors, je dors. En fait, la phrase qui revient le plus souvent c’est « â   quoi bon ? »

 

 

29 : tout m’échappe

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock  and Roll... ma vie est Rock and Roll

Pourtant j’aimerais vivre, sortir. Mais je suis seule. Je ne veux  plus sortir toute seule. Je l’ai assez fait.
Alors je reste â  la  maison et j’attends que la journée passe devant mon ordinateur. Et  encore, ça a tendance â  me saouler. Je tape le nom de Jacopo toute les  deux minutes sur google (d’ailleurs, il s’en doute et ça lui fait peur,  il me l’a avoué)  c’est tout ce que je fais.
Je suis inutile. Je  n’écris même plus de scénarios. Je n’ai aucun projet de films.
Qu’est-ce  que je vais devenir ?
Ma mère me dit que tout viendra en même temps,  et qu’ensuite je n’aurais plus le temps de rien…J’ai l’impression  qu’elle me rassure mais que ça n’arrivera jamais. Que je vais finir  vieille fille, handicapée, sans travail,  chez mes parents.
Cette  image m’angoisse. Et pourtant je n’arrive pas â  réagir. Il y a quelque  chose qui cloche.

Je ne suis pas vilaine, je suis plutôt jolie  paraît-t-il…Mais je n’ai aucune envie de séduire qui que ce soit d’autre  que Jacopo.
Et puis cette boulimie bizarre qui part, qui revient.  Alors que je n’ai pas d’argent, j’ai décidé de me faire plaisir et j’ai  acheté de la glace, du nutella…du jus de fruit. N’importe quoi !  Maintenant je culpabilise. Je vais reprendre les deux kilos que j’ai  perdu avec difficulté ces dernières semaines. Quelle idiote !
Mais  sur le moment, je me fais plaisir et c’est ça qui compte. Parce qu’en  plus, je ne meurs jamais de faim. J’ai honte, vraiment j’ai honte.

Encore  combien de temps avant de revoir Jacopo ? J’en peux plus d’attendre.
Je  lui ai ramené une cartouche de cigarettes de Tunisie, je pensais que ça  le motiverait…Au moins, on pourra pas dire qu’il me voit par intérêt !
Mais  c’est difficile de ne pas le contacter. Je crois que si je le fais si  souvent c’est pour pas me dire que le temps passe si vite sans lui.
J’ai  besoin de lui.
Je radote, je suis désolée, je m’en rends bien compte  et ça me peine.
Le titre d’un livre m’avait interpellé un jour : «  La fin de la plainte »…C’est peut être ça la solution. Mais tout garder  pour moi, je suis pas habituée, je deviendrais folle.
J’ai toujours  beaucoup parlé de moi. J’ai appris avec le temps â  moins me confier â   n’importe qui. Mais je reste vraiment encore très disposée â  me plaindre  surtout â  ma mère….LA PAUVRE !!!!

J’ai envie de voir Jacopo,  mais je ne peux pas l’appeler, il faut que je respecte son silence. S’il  ne m’a pas répondu c’est qu’il n’a pas envie de me parler, encore une  fois…
Et puis, il  est intelligent il sait bien que mes textos  veulent dire « quand est-ce qu’on se voit ? » même si je le dis pas.
Donc  s’il ne répond pas c’est qu’il n’est pas encore prêt â  me voir. Je ne  comprends pas pourquoi. Il doit être en couple, sûrement. C’est une  bonne explication.
Je n’ai pas très envie de le savoir en fait. Ca  servirait â  ne me faire que du mal. Je tape déjâ  compulsivement le nom  de filles potentielles avec qui il pourrait être, sur Google. Je tombe  sur des photos que je décortique. Je me fais du mal en l’imaginant avec  elle, ou elle, ou elle.
Il faut que la prochaine fois qu’on se voie,  ce soit plus décontractée que les fois précédentes.
Mais je ne  contrôle rien, malheureusement.

 

 

30 : pause de médicaments

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock  and Roll... Ma vie est Rock and Roll

Je suis très angoissée, je n’ai plus de nouvelles de lui depuis  mon dernier appel. Je l’ai encore harcelé.
Il répond â  cette folie  par le silence.
A-t-il vu mon film ? Est-il mal â  ce point ? J’ai  tellement peur. Je ne veux pas revivre tous ces moments atroces  d’attentes. Et pourtant, je suis la seule responsable de ce qui  m’arrive. Si je n’avais pas rappelé, si je lui laissais le temps de  m’appeler le premier…Si seulement, j’étais RAISONNABLE. Mais non, j’ai  toujours cette envie de l’appeler qui me harcèle. Cette poussée  d’adrénaline qui me pousse â  faire le contraire de ce qu’il faudrait. Je  lui fais peur et je suis la seule responsable de mon malheur. J’agis  exactement comme il craint que je le fasse.
Je luis prouve que je  n’ai pas changé, que je l’aime toujours comme une psychopathe.
J’ai  moins de boulimie. Je ne maigris pas pour autant.

Avec mon psy,  on a décidé de faire une pause de traitement. Est-ce un risque ? On  verra. Il faut tout essayer.
Cela fait 8 ans maintenant que je prends  des médicaments, j’en ai marre. Je suis sûre qu’ils ont flingué ma  personnalité.
Je vais partir en vacances, avec mes parents. J’espère  que je ne vais pas leur gâcher leur séjour. Je me déteste â  répéter la  même chose â  ma mère toute la journée  « tu crois qu’il va me rappeler ?  ». Elle n’en peut plus et moi non plus.
JACOPO, mon amour. Mon  charmant ensorceleur. Si tu savais tout ça, tu fuirais â  l’autre bout de  la terre. Tu me fuirais, je le sais.
Tu as peur de mon amour. Et je  te comprends.
Bref, il faut que je sois raisonnable, que je me force  â  ne plus faire mes tocs même si ça doit me faire hurler de douleur.  Car c’est une torture. Constamment sur la défensive, parano, quel CV  idéal !

Jacopo m’a finalement rappelée, après encore plusieurs  appels de ma part….
Il était froid, distant et complètement stressé.  Je sais qu’il est malade lui aussi, seulement, il ne se soigne pas et  voilâ  le résultat ! C’est un cyclothymique, je le sais, certainement  avec des TOCS en plus. Oui, mais voilâ , j’en ai marre de faire de  l’empathie avec lui puisque lui ne se met absolument pas â  ma  place et  qu’il ne m’a toujours pas pardonné ma tentative de suicide, je le sens.
J’ai  eu affaire â  un mec odieux au téléphone. Alors, je suis un peu  refroidie. Je ne suis pas maso ! Je l’ai toujours aimé parce qu’il a ce  côté délicat et féminin, mais lâ , j’avais â  faire â  un rustre !
Je ne  sais plus comment agir. Je prends une décision et je fais le  contraire…Quand je décide de laisser passer du temps avant de le  rappeler, je suis capable de lui donner aussitôt de mes nouvelles.
Je  suis instable. Bon, je vais partir en vacances, et on verra bien. Je  décide de ne pas lui donner de nouvelles avant mon retour. Est-ce que je  tiendrai ? Ca c’est une autre histoire !
C’est â  lui normalement de  me rappeler maintenant, j’en ai assez fait !
Je pense que je suis en  colère contre lui lâ . Je le hais de me traiter comme ça. Je ne mérite  pas cette sentence.
Je n’ai pas osé lui demander s’il avait vu mon  film. Je ne pense pas, il a du éviter…C’est le roi pour ça, éviter,  contourner, fuir…
En même temps, je préfère presque qu’il ne le voie  pas pour le moment. Je n’ai pas envie que ça crée encore une  catastrophe.
Pourquoi, en est-on arrivés lâ  ?
Je suis fragile, et  il a fallu que je tombe sur quelqu’un d’encore plus fragile que moi, et  que je l’aime ! Enfin, on choisit pas. L’amour s’impose c’est tout,  c’est comme ça.
Il ne me reste plus qu’â  être intelligente maintenant  et â  me protéger comme lui le fait si bien.
J’avoue que c’est une  chose que j’ai toujours eu du mal â  faire, me protéger.
Je fonce  plutôt tête baissée vers le danger en général.
Comme par  défit. La difficulté m’attire.

 

 

31 : la peur des autres

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock  and Roll... Ma vie est Rock and Roll

J’ai eu Jacopo  par miracle de Dieu sur msn !!
Bon, bien sûr, je n’ai pas pu  résister, je lui ai parlé la première. Mais il ne m’a pas ignorée. Il  m’a répondu, certes pas longtemps : comme d’habitude. Mais il a eu la  délicatesse de s’excuser d’avoir été « â  l’ouest » hier au téléphone.
Je  suis soulagée, je vais pouvoir partir en vacances un peu plus sereine.  Maintenant, il FAUT que je tienne bon jusqu’â  mon retour, que je me  fasse désirer…C’est facile â  dire.
Je sens qu’il a quelqu’un dans sa  vie. Mais il ne m’en parlera pas, il veut pas aborder ce sujet avec moi,  et je crois que je n’y tiens pas non plus vraiment.
C’est comme un  secret finalement, et puis, je m’en fous, ça ne change pas mes  sentiments.

J’exprime aujourd’hui mon désespoir d’être qui je  suis. Une fille de bientôt 34 ans, seule, qui vit toujours chez ses  parents. Je me sens de plus en plus mal dans ma peau. Je reste enfermée  chez moi â  longueur de journées. La mélancolie est devenue quotidienne.  Je me couche pour oublier ma vie ratée. Je ne fais rien d’autre que  d’allumer cet ordinateur et attendre des nouvelles de Jacopo. J’ai honte  de le dire, mais je n’aime pas la vie. La vie sans lui ne m’inspire  rien. Je n’ai de goût â  rien. Je n’arrive pas â  me concentrer. Je ne  peux même pas regarder de films, ça m’ennuie. Je regarde 20 minutes puis  je regarde sans cesse ma montre pour constater que le film doit encore  durer plus d’une heure…Ca me saoule, j’éteins le poste. Pour tout c’est  ainsi.
Le regard des autres m’effraie, c’est pour ça que je ne sors  plus. Les Bobos de mon quartier me font peur. C’est stupide. J’ai  l’impression qu’ils me jugent. Pourtant je suis transparente..
Je  ressens comme une agoraphobie. Sortir devient vraiment de plus en plus  compliqué pour moi.
Je me plains d’être seule mais souvent, je ne  réponds pas au téléphone. Je regarde qui c’est, et si ce n’est pas  Jacopo je laisse sonner.
Ensuite, je rappelle les gens quand même,  mais sur le coup, je reste dans ma solitude.
En général, je me met en  pyjama vers 6h le soir, je mange vers 7h et je me couche vers 21h.  C’est pathétique, triste, je suis naze…
Mais il n’y a que dans le  recueillement que je m’apaise. Dans mon lit, je me sens en sécurité et  j’attends que le temps passe. Je voudrais tellement que ça change. Mais  comment ?
Il faut que je réagisse, que je sorte de cette léthargie,  de ce coma !
Je pars demain en vacances, j’espère que ça va aller.  J’ai presque pas envie de partir…une seule chose me tarde : revoir  Jacopo. Ca va faire 3 mois, déjâ …Je me suis donnée comme consigne de ne  pas l’appeler durant cette pose estivale, mais, je me connais assez pour  dire qu’un texto est vite échappé !
Puis un deuxième, puis un  troisième…
Comme dit mon psy, c’est l’excitation de perdre qui me  fait agir ainsi…Oui, car je sais que ce comportement est risqué, le  harcèlement n’amène jamais rien de bon !
Je ne comprends pas pourquoi  je suis comme ça. Je sais ce qu’il faut que je fasse pour mettre le  plus de chances de mon côté avec Jacopo, et je fais l’inverse !
Je  fais tout pour me nuire…Pourtant Dieu sait si je l’aime et si je crève  de ne pas pouvoir être avec lui comme avant !
Mais je sens qu’il ne  me pardonne pas ma tentative de suicide et ce sera long malheureusement  pour regagner sa confiance. Et c’est pas en le harcelant de textos que  j’y arriverai !
La fin de la plainte…ne pas oublier ça. Peut  être que je devrais acheter ce livre…



32 : rechute

1/01/2008

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Rock  and Roll... Ma Vie est Rock and Roll

L’ENFER.
Mes Tocs sont revenus et en force.  Je me demande comment mon cerveau peut encore fonctionner avec tous les  coups de ciseau qu’il a reçus.
Je suis prisonnière de pensées  taboues, je culpabilise puis je compulse pour me rassurer. Je suis  prisonnière et le geôlier n’est autre que moi-même.
Ces pensées  absurdes sont vicieuses car elles créent le doute, propre du TOC. Mon  esprit est allergique au doute. J’envisage une thérapie comportementale  de groupe, seule éclaircie â  l’horizon.
Je n’ai aucune nouvelles de  Jacopo. J’ai bien essayé de lui envoyer des textos, mais il n’a pas  répondu. Quasiment un mois sans nouvelles de lui. Mon esprit était  tellement en souffrance avec mes Tocs que je ne pensais pas â  lui pour  la première fois de ma vie depuis que je le connais. J’étais un zombi.

Je  n’ai pas envie de parler de cette boue qui pollue ma raison. Mes Tocs  ont bien trop d’importance dans ma vie pour que je leur fasse l’honneur  de leur accorder plus d’importance que ça sur le papier.
Les  médicaments semblent m’apaiser un peu, m’assommer devrais-je dire…Mais  j’ai toujours cette « peur » au ventre. Peur de quoi ? Peur de vivre  certainement et de constater que j’enterre ma vie chaque jours un peu  plus. Ma vie défile devant moi et je ne fais rien pour l’arrêter.
Hier  j’ai craqué et j’ai renvoyé un texto â  Jacopo alors que je m’étais  jurée de ne pas le faire.
Bien sûr, il l’a ignoré puisqu’il n’a pas  répondu. Mais que se passe-t-il ? Pourquoi suis-je amoureuse d’un fou ?  Peut être pour oublier ma propre folie ? Certainement.
J’ai envie de  lui ouvrir mon coeur et de lui envoyer un mail, mais j’hésite. En même  temps, j’ai pas grand chose â  perdre. Ces allées et venues entre intérêt  et dédain â  mon encontre me fatigue…
J’aimerais être un peu plus  fixée sur sa vie actuelle. Je me doute fortement qu’il a quelqu’un. Ce  n’est même plus le problème â  vrai dire. J’aimerais juste qu’il me dise  pourquoi il met autant de temps â  me rappeler, â  me parler, â  me voir ?
En  un an on s’est vus 3 fois ! C’est nul ! OK, il y a des gens qui ne se  voient plus du tout…C’est vrai. Mais je ne veux pas me contenter de ça,  je voudrais que ça évolue et lâ , ça recule !
Il ne va quasiment plus  sur MSN, donc c’est difficile de lui parler.

Je n’ai qu’une seule  envie : mourir.
Que tout s’arrête. Je me sens vidée, complètement â   côté de mes pompes. Si je reste en vie c’est pour pas faire de peine â   mes proches, c’est tout. Et puis aussi parce que j’ai un peu peur.
Je  n’ai plus de but, je reste couchée toute la journée â  essayer de  dormir, il n’y a que lâ  que je me sente â  peu près en sécurité.
Je  n’ai pas de vie. Je suis un fantôme, et je suis également amoureuse d’un  fantôme. Je suis restée scotchée â  une histoire qui s’est déroulée il y  a 6 ans maintenant.
Pourquoi je ne me rappelle que des bons  souvenirs ? Si seulement je pouvais me rappeler Jacopo qu’en négatif au  lieu de toujours voir ses qualités ! Pourtant il m’en a fait voir ! Et  il continue â  être méchant en ignorant mes appels.
J’ai renvoyé un  texto encore une fois de plus, pour lui dire que ça me ferait plaisir  d’avoir de ses nouvelles.
ET………Rien ! Quel con.

Je ne comprends pas son attitude. Avant les vacances il m’avait même  appelé de lui même !Et lâ  plus rien. Bientôt notre anniversaire ( nous  sommes nés le même jour), je suis sûre qu’il ne va même pas se rappeler  du mien. Je vais quand même lui souhaiter car je suis gentille, moi.
C’est  cruel, cette situation est cruelle.

 

 

33 : Nouveau départ

1/01/2008

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock  and Roll... Ma vie est Rock and Roll

Je me sens gluante, collée â  une vie qui ne me ressemble pas. Elle  passe devant moi sans que j’y participe. Elle file, bientôt 34 ans,  toujours chez mes parents. Quelque part, heureusement. Je ne me  sentirais pas très â  l’aise d’habiter seule, je ressentirai encore plus  la solitude.
Mais bon, toujours pas de travail?Mes journées sont  vides de sens. Elles sont longues â  passer, je m’ennuie. Je n’écris plus  rien, â  part ces chroniques.

Je n’ai presque plus d’amis. Les  seuls qui me restent sont les plus fidèles, heureusement.
Comment je  me suis retrouvée dans cette galère ? Cela fait 8 ans que je suis en  thérapie et franchement, je ne me sens toujours pas guérie.
8 ans que  j’ingurgite des molécules, tout ça pour quoi ? Pour ne pas sombrer  encore plus.
J’ai eu la chance pendant 6 mois de connaître le vrai  bonheur avec Jacopo, voilâ , sinon j’ai passé tout ce temps â  ruminer, â   combattre contre mes TOCS.
C’est peut être pour ça que je m’acharne  sur Jacopo, pour les souvenirs délicieux, l’accalmie quand j’étais avec  lui.
Ca fait mal, je souffre en écrivant ces phrases, je me rappelle  comme j’ai pu être bien, et comme je suis mal aujourd’hui et depuis  tout ce temps.
Il faut que je réagisse, mais j’ai pas envie de  rencontrer quelqu’un d’autre, c’est affreux, je ne suis absolument plus  dans la séduction, moi qui était coquette et féminine, je me laisse  aller, je ne prends plus soin de moi comme avant. Je m’habille avec ce  que je trouve, en veillant â  ce  que ce soit confortable et puis voilâ ,  le reste c’est loin de moi. Plus de maquillage, sauf si je vois Jacopo,  mais comme je le vois jamais ou presque?Ma peau a le temps de respirer !

Je  vais commencer une thérapie comportementale de groupe pour les TOC

C’est  nouveau pour moi. J’ai un peu peur d’exposer â  des inconnus mes TOCS.  Mais je sais que ce sera indispensable. J’éprouve une excitation en même  temps, celle d’aller enfin mieux pour une fois. Promesse illusoire ou  espoir fondé ? On verra ça plus tard.
Je commence â  me sentir un peu  mieux. L’effet des médicaments certainement. Même si je suis tout le  temps fatiguée et que je dors tôt. Je me sens lasse. Mais mieux vaut  être ? lasse ? que pleine de tocs â  me faire exploser la tête.
Je me  rappelle des migraines que j’ai eu â  cause de mes TOCS, mon Dieu?Je me  déclenchais ça moi même en quelque sorte ! Il y a du masochisme dans les  TOCS, j’en suis certaine, même si c’est très inconscient.
Mon chat  est toujours présent, mon amour. C’est incroyable ce qu’il peut  m’apporter comme bien être. Il est toute une partie de ma vie, témoin  silencieux de mes pénibles crises et autres joies. Je le regarde dormir  si paisiblement, je l’envie parfois d’être aussi zen.
Je m’en  inspire. Je l’aime, heureusement qu’il est lâ .
Seuls, les personnes  qui ont eu un animal et une complicité avec, peuvent comprendre. Je  plains les autres qui ne les aiment pas. Ils passent â  côté de quelque  chose.
C’est comme ça.
Je vais me refaire un café, je suis accroc  même si je n’en bois que 2 ou 3 par jours, c’est une gentille  accoutumance !
Voilâ ?c’est fait.

Le nouveau traitement m’apaise, c’est un confort indéniable,  heureusement. Je ne pourrais pas revivre d’épisodes aussi douloureux que  celui de cet été. Je ne tiendrai pas le coup. Quand tout n’est que  tentative pour aller mieux. Rien ne m’apaise â  ce moment lâ . Je suis  liée au TOC comme â  mon propre corps. Je ne fais que compulser et me  sentir menacée par une obsession prochaine. Dès que j’en ai fini avec un  thème absurde, un autre déboule et m’enchaîne â  lui pour me harceler  jusqu’â  l’épuisement. Le pire c’est de devoir impliquer les autres lâ   dedans. Poser des questions, souvent 15 fois les mêmes â  mes proches.  Des questions affreuses en plus. Pour être rassurée.
Je suis sans  cesse en proie â  l’angoisse, pas de répit.
Maintenant que je vais un  peu mieux, je suis trop fatiguée pour sortir. Ou alors, j’en ai envie le  matin et le soir je suis trop crevée pour faire quoi que ce soit et je  n’ai qu’une envie c’est celle d’aller me coucher.
Je n’ai pas  vraiment de vie.

 

 

34 : En attendant la thérapie du groupe

1/01/2008

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Rock  and Roll... Ma vie est Rock and Roll

Jacopo a fini par répondre !
Oui, â  ma question ? pourquoi tu  réponds pas ? Qu’est-ce que je t’ai fait ? ? il a répondu : ? Xcuz :  rien! c cool ! Biz ! ??
Hum,hum?Je suis censée me contenter de ça ?
Bientôt  notre anniversaire, je ne vais pas en rester lâ  !
Je suis fatiguée.  C’est mon lot quotidien. J’ai devant moi un trop plein de rien?qui me  fatigue. Je culpabilise énormément de rester couchée, mais je n’arrive  pas â  lutter contre cette lassitude de vivre qui me déprime et qui me  ramène â  chaque fois vers mon lit. Il n’y a que lâ , avec mon chat dans  les bras, que je me sente bien, â  peu près.
J’attends beaucoup de  cette fameuse thérapie de groupe. J’espère qu’elle me sortira un peu la  tête du ciment.
J’imagine bien que tout ne sera pas résolu après,  mais j’espère que ça ira mieux. C’est angoissant de devoir parler devant  un groupe de troubles que l’on a envie de garder pour soi, ou du moins  d’expulser le plus loin possible. Je vais beaucoup observer je pense.
J’ai  aussi rendez-vous pour du travail en intérim. Je me demande ce que ça  va donner aussi ça?Finalement la rentrée s’annonce riche en nouveautés !  Il faut voir le point positif de chaque chose !
Je n’aime plus  sortir seule dehors. Le monde extérieur me fait peur. Si je n’ai rien â  y  faire, je préfère rester chez moi, enfermée. Dès que je sors, j’ai  l’impression que tout le monde me regarde et m’épie. Je me sens mal â   l’aise. D’ailleurs, je fais souvent très rapidement ce que j’ai â  faire,  pour plus vite rentrer â  la maison.

Je ressens comme une  évidence en moi. J’aime mon chat peut être même plus que j’aime Jacopo.  C’est incroyable ce sentiment fou que je ressens au contact de mon  animal. Il me procure un bien être, une douceur et un apaisement divin.  C’est incroyable mais je pense que nous communions lorsque nous faisons  un câlin ensemble. Ses ronronnements me bercent .
Je trouve assez  ridicule en général les gens qui font de l’anthropomorphisme mais  j’avoue que je n’échappe pas â  la règle !
Lorsque je passe mes doigts  dans sa fourrure et que je le caresse je me sens bien et c’est ça  l’important.
Je le gâte mon chat, je lui achète les meilleurs boîte  de nourriture pour chats ! Il le mérite !
Si je dis que je l’aime  peut être plus que Jacopo c’est parce qu’avec le temps, je finis par  oublier ce que cela faisait d’être avec Jacopo justement.
Et mon  chat, lui, est toujours lâ . Toujours. Témoin muet mais présent.
Hier  Jacopo a fini par me répondre sur msn car je commençais â  me demander si  son silence signifiait quelque chose. Il m’a dit d’ ? arrêter la parano  ? !
Il est drôle !Quel comique ! Arrêter la parano quand tout ce que  j’ai : c’est du vide, du rien, aucunes nouvelles?
Mieux vaut en  rire.
Enfin, il m’a encore donné un petit nom ? loulou ?, et je  fonds. Il sait comment me parler?.De manière laconique et en y ajoutant  un petit nom, ça entretient la frustration?Bravo Jacopo !

 

 

35 : Notre anniversaire

1/01/2010

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11/09 : aujourd’hui notre anniversaire ! J’y croyais plus, mais la journée n’est pas encore finie et pourtant, c’est de loin le meilleur anniversaire que j’ai connu ces dernières années. D’abord, je me suis faite belle, puis je suis allée au restaurant avec maman.  Le serveur m’a dragué et mis une bougie sur mon dessert, quelle gentille attention ! Puis Jacopo m’a répondu â mon texto de ce matin où je lui souhaitais son anniversaire. A son tour, il m’a souhaité le mien et m’a encore donné le petit nom de ? louloute ?.  Puis il m’a dit, oh miracle, qu’il pensait â moi ! Enfin, il a ajouté qu’il était très occupé ces jours-ci mais qu’il m’appellerait après ! Voilâ, il ne m’en faut pas plus pour être heureuse? C’est un super anniversaire. Ce soir petit comité avec mes parents et mon cousin fidèle. Mon cousin, c’est mon confident, on a le même âge â une année près. C’est comme mon frère. Il est souvent lâ pour écouter divaguer mes états d’âme? J’alterne les moments de repos avec ceux d’activités, enfin, si on peut appeler ça de l’activité. Je reste couchée, je me lève, je me recouche, je sors pour faire les courses, je me re-glisse dans mon lit, bref c’est n’importe quoi. J’aimerais passer une journée normale, sans aller constamment m’allonger. Mais si je ne le fais pas, je dors debout. J’appréhende de commencer l’intérim bientôt, mais je sais que je ne peux pas continuer comme ça â ne rien faire de ma vie.  Il faut que je fasse des efforts, chose que j’avoue ne jamais faire.
 
 
 

36 : première séance

1/01/2009

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Rock  and Roll... Ma vie est Rock and Roll



J’ai  assisté â  ma première séance de thérapie de groupe.



Bilan  : il paraît que les TOCs découlent d’un BESOIN DE CONTROLE.

Intéressant,  pour le moment, nous nous sommes présentés et ça fait du bien de voir  d’autres personnes atteintes du même trouble. On se sent moins seul.

Il  paraît qu’au bout des 15 séances, nous serons guéris, ou du moins, on  ira beaucoup mieux !

J’ai du mal â  y croire, mais je reste ouverte â   cette idée.

A partir d’aujourd’hui, je peux être appelée n’importe  quand pour de l’intérim. Cette idée qui â  la base m’emballait, ne  m’enchante guère. Je me sens prisonnière, alors que ça devrait être le  contraire. Vais-je un jour trouver un travail qui me correspond ?

Il  faut que je cherche autre chose.



Jacopo me manque terriblement.  J’ai rêvé de lui cette nuit et la douleur qui m’assaille en me  réveillant ce matin est indescriptible. Comme un trou dans le ventre.

Aux  dernières nouvelles il doit me rappeler, lui. Vais-je arriver â   patienter et â  ne pas craquer ? CRAQUER, voilâ  un terme qui s’applique  tellement aussi aux TOCs. C’est vrai, lorsque l’on compulse, on craque,  on cède. Je craque trop facilement pour Jacopo.

J’aimerai être assez  forte pour m’en foutre et le laisser venir. Mais â  chaque fois je me  répète et je me lasse moi même de ne pas réussir, je suis pathétique.

Enfin,  je ne sais pas si je suis pathétique, je suis amoureuse et pleine de  Tocs. Faites l’addition !

Combien de temps encore vais-je devoir  patienter avant qu’il daigne me voir ?

C’est trop dur !

En même  temps, j’ai bien conscience que personne ne m’oblige â  l’aimer comme ça,  mais c’est plus fort que moi. Même si je progresse et qu’avec le temps,  je fais beaucoup plus de chose indépendamment de lui. Je crois que je  pense plus â  lui de la même manière, c’est moins obsessionnel, même s’il  reste très présent.

Il faudrait juste qu’il se manifeste plus  souvent et ce serait formidable.

Je ne pense pas qu’il le fasse  exprès, je pense qu’il a sa vie et que j’en fais partie de loin. C’est  triste, mais je ne désespère pas. Tant qu’il y a de la vie…Il y a de  l’Espoir ! C’est ma devise.

Il n’y a pas de raisons de désespérer, il  faut juste vivre en attendant mieux.

J’ai hâte d’être â  ma prochaine  séance de thérapie, d’en apprendre davantage.



La  deuxième séance s’est bien déroulée. Nous avons accueilli un patient de  plus.

Nous sommes donc 5.

Cette fois-ci, nous avons  étudiés la « chimie du cerveau ». C’était un peu rébarbatif, mais je  suppose qu’il fallait en passer par lâ .

Nous avons donc appris que le  cerveau serait en quelques sortes « le moteur du TOC ». Et que la  Sérotonine joue un rôle magistral dans le TOC. C’est un manque de  Sérotonine qui favorise le TOC.

C’est pour cela que lorsqu’on a des  Tocs comme moi, on prend souvent des médicaments qui jouent sur la  sérotonine dans le cerveau.

Bref, j’ai aussi compris que lorsqu’on a  cette maladie, pour ne pas trop se faire bouffer par elle, il faut  simplement demander son « CV » au Toc. Je m’explique : lorsqu’un TOC  apparaît et qu’il y a « du doute » du « et si… » etc. c’est qu’il y a de  grandes chances pour que ce soit un Toc et donc il faut passer â  autre  chose !

C’est pas mal comme tactique.

Reconnaître le Toc pour  mieux l’ignorer…

Je me sens moins seule de voir ces 4 patients  souffrir autant que moi, c’est réconfortant dans un sens.

Hier, j’ai  enfin été travaillé pour la première fois cette année, il était temps !  C’était une mission d’intérim assez pénible car il s’agissait de faire  de la surveillance et de l’accueil dans une école d’ART. Pas très  valorisant, mais j’ai rencontré une fille sympa. Je ne sais pas si je la  reverrai, on verra.

Il faut que je me trouve un vrai travail, qui me  plaise. C’est tellement dur ! J’ai tellement besoin d’argent !

La  situation devient critique, je m’empâte â  la maison. Je suis prise de  crises de sommeil, de fatigue. Hier, au boulot, je ne faisait que  bailler. C’était gênant !

Je me suis fixée comme but de ne plus  aller me coucher la journée. J’ignore si je vais honorer mon contrat…

Je  sens la lassitude m’envahir et me guider vers mon lit â  chaque fois de  la même manière.

Pourtant il faut que je lutte, il en va de ma vie  sociale. Il faut que je fasse des efforts. C’est un terme qui revient  dans la Thérapie aussi. Sans efforts, on est cuit !


 
 
 

37 : mode d’emploi du TOC

1/01/2009

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La petite  mort…

Je me laisse aller. Je retrouve mon lit dès que j’en ai  l’occasion. Je n’arrive pas â  me concentrer sur la télé, j’éteins, je  tente d’appeler le sommeil. Je pense â  Jacopo. Toujours pas de ses  nouvelles.

J’essaie de travailler en Intérim, mais l’envie n’y est  pas.

Il y a un vide dans mon existence et le sommeil le comble. Je  suis comme une somnambule en somme.



Je continue malgré tout la  thérapie de groupe. Cette semaine on a appris comment fonctionne le TOC.

C’est  un trouble neurochimique qui fait que les informations passent mal.

L’angoisse  , c’est un manque de Sérotonine qui la crée.

Mais l’angoisse ne  serait qu’accessoire, car ce qui prime dans le TOC c’est le rituel.

C’est  le rituel qui fout la merde en quelques sortes, c’est lui qui produit  de l’angoisse et du doute.

Et enfin, un truc intéressant : on ne  doute pas du danger réel. Par contre, dans le TOC, il y a toujours du  doute, donc : pas de danger réel !

On peut donc repérer le TOC dès  qu’on commence â  douter de quelque chose. C’est simple !

En gros tant  qu’on n’a pas de preuve sur quelque chose, on peut se dire que c’est un  TOC et l’envoyer chier !

Ca paraît simple, mais quand on souffre,  quand on est en pleine crise, il faut avoir du recul pour relativiser.  Il faut donc faire des efforts, encore une fois.

J’avoue que je ne  sais pas trop quoi écrire en ce moment. Je n’ai plus aucune inspiration  artistique, c’est stupide. Mais je me sens mal, â  la dérive. Je flotte  vers le large. Je voudrais me rapprocher du rivage mais j’y arrive pas,  je coule dès que je commence â  nager. Ma bouée est percée !

Je ne  sors quasiment plus, je grossis â  vue d’oeil.



C’est fou cette  fatigue intense qui ne me lâche pas. C’est une forme de lassitude, envie  de rien si ce n’est d’aller retrouver mon lit. Je le répète souvent,  mais c’est mon quotidien. Je me lève, je mange, je me recouche. Je sors  vraiment quand je ne peux pas faire autrement. Quand j’ai des missions  d’Intérim en ce moment. Voilâ . Ma vie.



Hier, pour mettre un peu  de piment dans tout ça, j’ai envoyé un sms â  Jacopo car ça faisait  presque 3 semaines qu’il m’avait dit qu’il allait m’appeler. Bref, je  l’ai un peu secoué en lui disant que j’étais déçue de toujours être  celle qui faisait le premier pas, que j’allais mal en ce moment et qu’il  ne prenait même pas de mes nouvelles, que je ne savais plus quoi penser  de lui. Il m’a répondu tout de suite, oh miracle !

Il m’a dit que je  pouvais penser ce que je voulais, en tous cas qu’on se verrait bientôt  car il venait de rentrer de Prague, et qu’il avait envie de me voir  aussi. Il m’a dit « courage loulou ».

Je suis contente, il arrive  toujours â  me remonter le moral en fait !

J’ai encore effacé son sms,  tout de suite. Ca m’angoisse d’avoir un  sms qui appartient déjâ  au  passé et sur lequel je ne peux rien garantir, puisqu’il est dans le  passé. C’est tordu mais c’est comme ça.

Il n’y a aucune trace dans  mon téléphone, aucun historique d’appel non plus, j’efface tout.

C’est  bizarre.



J’aimerais pouvoir me dire que tout le malheur que  j’avais â  surmonter se trouve maintenant dans le passé. Mais je sais que  c’est faux. J’aimerais juste une accalmie. Me dire qu’enfin je vais  vivre, même si cela comporte des douleurs â  venir. Mais au moins, que je  ne finisse pas en légume comme en ce moment.

Je n’écoute plus de  musique, je regarde des merdes â  la télé pour me distraire. Oui, je  regarde des programmes sans intérêts comme ça je n’ai pas besoin d’être  vraiment concentrée.

Le moindre effort me coûte. C’est bien triste â   34 ans. J’ai l’impression d’être â  la fin d’une vie. Tant mieux, peut  être que je vais enfin en débuter une autre.

Je ne travaille plus sur  aucun projet artistique, j’ai l’impression que ça sert plus â  rien, et  puis je n’ai plus d’inspiration. Mon cerveau est ramolli â  force d’être  couché !

Je n’arrive pas â  me définir, je suis floue.

 

 

 

38 : au front !

1/01/2009

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Je suis trop EXCITEE !!!Je vois Jacopo demain !!!!

Après presque 6  mois de sevrage ! On va aller au cinéma voir Gomorra. Il paraît que  c’est un très bon film italien.



Je vais préparer un gâteau au  chocolat pour l’occasion qu’on partagera devant le film. Hummmm, j’ai  hâte d’y être. Si ça se trouve ça va encore mal se passer ! Il suffit  que je veuille de toute mes forces que ça se passe bien pour qu’il y ait  un clash.

Comme un mauvais sort qui se serait acharné sur moi dès le  berceau…

Je vais lui prêter des trucs. Un cd de jazz que  j’affectionne tout particulièrement et un livre de Nerval « Aurélia ».  Comme ça, je suis sûre de devoir le revoir après pour qu’il me rende mes  affaires. C’est comme un fil ténu qui nous lie.

Hier et avant-hier  j’ai encore travaillé, toujours en Intérim mais ça m’occupe, je sors du  lit de cette manière.

J’ai regrossi. J’en ai marre de ce problème de  poids. Je dois faire au moins 85kg pour 1,73m. C’est affreux. Je m’en  veux mais le Nutella c’est tout ce qui me reste !!!! Parfois je suis  dans mon lit, désespérée, je cherche un moyen d’aller mieux. Alors je  pense au Nutella. Je me relève, je fonce au super marché avec cette  fausse excuse de me dire « fais toi plaisir ».

J’ai particulièrement  abusé ces derniers temps sur tout ce qui est sucreries. Je n’ai â  m’en  prendre qu’â  moi même.



La thérapie avance, pour la séance  4 nous avons abordé les tocs beaucoup plus frontalement cette fois, 

avec des exemples précis. On a appris ce que c’était que la  Thérapie comportementale et cognitive. Il y a cette notion d’ «  habituation » qui ressort.

Il faut sans cesse garder â  l’esprit que  le TOC est un déséquilibre chimique, qu’il n’y a en fait aucune preuve  de danger extérieur.

Nous avons compris que nous allions faire face â   l’angoisse durant les prochains mois. Mais c’est pour la bonne cause.  Il va falloir accepter de ne pas donner de réponse au doute puisque  c’est un symptôme. En gros, il s’agit de toujours tolérer l’incertitude. 

Il faut aussi se demander lorsqu’un toc surgit, où sont les preuves  qui justifient la rumination ou le rituel.

Dès que viennent les  questions du genre « et si… ? » ou « qui me dit que…. ? » on a affaire â   un Toc, ce ne sont pas des arguments. Une hypothèse ou une pensée n’est  pas un argument.

Tout ça est un peu compliqué â  digérer pour des  esprits complexes que sont les TOCs. Mais je vais y arriver, y’a pas de  raisons que je n’aie pas le dernier mot !!!



Et voilâ , le temps  passe si vite que ma soirée est déjâ  derrière moi. Ce fut une belle  soirée. Nous avons discuté autour d’un verre. Je lui ai parlé de cette  chronique, qu’il était beaucoup question de lui. Il a été surpris, dans  le mauvais sens. Il m’a dit qu’il ne voulait pas être une obsession. Je  le sens très méfiant, sur la défensive lorsque j’essaie d’évoquer mon  amour pour lui. Je le comprends. Il a peur. Peur de mes sentiments.

Je  pense qu’il n’est pas célibataire, par recoupements j’arrive â  cette  déduction. Mais cela ne change pas l’intensité de mes sentiments, de mes  émotions lorsque je suis avec ou loin de lui.

C’est très triste.  Lorsque je l’ai quitté, je me sentais triste avec l’envie de l’appeler,  de lui envoyer des textos â  peine le dos tourné.

Ce que j’ai fait le  lendemain. Je lui ai dit que j’avais passé une bonne soirée, que je ne  comprenais pas qu’on ne se voie pas plus souvent.

Puis comme il ne  répondait pas, je l’ai appelé. Pour une fois, il a décroché. Il m’a dit  oui, j’ai reçu ton sms. Je n’ai pas répondu car « qui ne dit rien  consent ! ».

Mais même lâ , au téléphone, il me fuit. Il m’a dit « je  dois te laisser, j’ai une course â  faire ».

J’ai raccroché la mort  dans l’âme.

Mes sms le font toujours autant paniquer. Lorsqu’il voit  que c’est moi, ça le bloque.

Je ne sais pas comment faire pour  débloquer la situation.

Ca me peine de provoquer autant d’hostilité â   la personne que j’aime.

 

 

 

39 : en sursis

1/01/2009

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Et voilâ , je ne peux toujours pas m’empêcher de lui envoyer des sms,  des mails…Il ne répond pas. Comment faire avancer la situation sans être  l’obsessionnelle que je suis ?



J’en suis â  un point où la  situation même si elle a considérablement évolué, reste figée. Et  malheureusement, j’y suis pour quelque chose.

Mais j’ai besoin de le  voir plus souvent. Comment lui dire sans lui faire peur ?

J’essaie  par tous les stratagèmes, encore, toujours.

La 5ème séance de  thérapie nous a pourtant appris que « faire différemment n’est  pas dangereux » ! Il s’agit de bien cibler le problème, le TOC.

Est-ce  que mon amour est un TOC ?

Il y a certainement de ça. Mais  je ressens des sentiments qui ont leur existence propre. Je l’aime, on  ne peux pas contester ça.

Mais je ne lui montre pas de la bonne  manière.

J’aime être dans l’attente je crois. Quand j’envoie ces  sms, c’est parce que je sais qu’ensuite je vais attendre une réponse. Et  que cette attente est grisante. Tout est possible. Même si le scénario  est souvent le même et qu’il ignore mes messages, c’est pas grave.



OK.  Situation critique mais je ne veux pas croire désespérée.

Jacopo m’a  dit que je le HARCELAIT. Ce qui est vrai mais le fait que ce soit lui  qui emploie ce mot, cela m’a sauté â  la figure et j’ai réalisé que je ne  pouvais pas continuer comme ça.

J’en ai parlé en thérapie et on m’a  dit que désormais j’aurais droit â  1 texto par semaine : â  déguster !

Pour  le moment je vais me faire discrète et attendre que ce soit lui qui  fasse le premier pas. En fait, je l’ai harcelé la semaine dernière. Il  m’a dit que mes textos le faisaient chier, que c’était « trop ». Il a  ajouté que ma question « pourquoi tu réponds pas ? », je la posais  toutes les semaines et qu’il en avait marre.



Je le comprends. Je  n’ai rien répondu, j’étais un peu vexée. Puis l’après-midi même, me  promenant, je suis tombée sur lui dans la rue : INCROYABLE ! Le hasard  s’en mêle !

Il a eu l’air surpris. Un peu en colère aussi. Il m’a  répété qu’il fallait que j’arrête de faire une obsession â  chaque fois  qu’on se voie et de lui envoyer des textos ensuite car y’avait rien de  tel pour lui couper l’envie.

En partant il m’a dit « lâche la pédale !  ».

Voilâ  où j’en suis aujourd’hui, en sursis. Je me suis mise dans  la merde moi même encore une fois.

 

 

40 : cette fille-là

1/01/2009

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Jacopo ne m’a pas bloqué sur msn, il était en ligne hier. Je suis  soulagée. J’ai résisté et je ne lui ai pas parlé. Lui non plus mais  c’est habituel. J’ai relu mon journal intime et j’ai analysé mon  discours. Je suis dans l’accoutumance, le manque et la frustration. Et  en relisant ces pages je me rends compte que je l’ai effectivement  vraiment harcelé. Je ne veux pas être « cette fille lâ  ». J’essaierai  donc de changer, d’attendre qu’il fasse le premier pas pour un véritable  changement durable dans notre relation, même si elle n’est qu’amicale.

Parlons  de la thérapie.

Le doute est un symptôme du TOC. Le doute n’est pas  un argument, donc lorsqu’on a un TOC qui arrive, il faut exiger des  preuves de ce qu’il avance.

La peur est un alibi pour justifier qu’on  fasse des rituels.

Pensées floues= TOC

Extrapoler=TOC

Il y a  toujours ce besoin de se rassurer ou de se faire rassurer dans le TOC.  Il faut donc se baser sur l’expérience.

J’ai aussi compris qu’une  action ne détermine pas tout. Du genre les pensées magiques « si je ne  fais pas ça, untel mourra », c’est débile, donc c’est un TOC, donc  POUBELLE !

Il va falloir que j’apprenne â  repérer le TOC. Lorsqu’il y  a doute, il y a TOC. Les phrases du genre « mon idée est peut-être une  vérité » = TOC.

Amalgame= TOC

Branlette intellectuelle = doute =  TOC

Interprétation=TOC

Il s’agit de se fixer non pas sur une  pensée floue mais sur un CONSTAT pour ne pas tomber dans le piège du  TOC.

Les émotions ressenties sont aussi souvent dues â  l’angoisse et  donc faussées.

Voilâ  pour cette semaine.

 

 

 

41 : je déclare la guerre aux TOCS

1/01/2009

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J’arrête  l’intérim dès la semaine prochaine. J’ai retrouvé un petit boulot, je  garde le fils de Clément après l’école et le mercredi après-midi. Je  suis ravie.

Il me reste encore trop de temps pour ruminer. J’ai  remarqué que je suis une hyper-active qui n’a pas d’activité donc qui  déprime du fait de ne rien avoir â  faire.

Je me suis forcée â  aller  voir l’expo sur Pollock, même si ça me fait penser â  Jacopo. C’était  bien.

J’en ai marre d’être seule mais je ne sais pas comment y  remédier. Sortir l soir serait génial, plutôt que d’aller me coucher â   8h ! Mais sortir seule ? C’est trop triste.

Du coup, je ne sors pas.  Ou presque pas. Parfois je bois un verre avec mon cousin mais  ça ne  dure jamais très longtemps. J’ai pourtant cette furieuse envie de bouger  en moi.



Je m’en veux car je me fais avoir comme une débutante  par mes TOCs. C’est vrai que les rituels durent moins longtemps, mais je  suis une mauvaise élève et je cède â  la facilité plutôt que d’appliquer  la méthode de la thérapie. Il paraît que pourtant c’est plus efficace  de faire ces exercices lorsqu’un TOC apparaît. C’est une souffrance qui  garantit que bientôt je serai guérie. Mais j’y arrive moyennement.

Hier  je me suis ennuyée toute la journée. Pendant mon baby-sitting qui est  mon nouveau travail, j’ai essayé de comprendre Jacopo, une fois de plus. 

J’aime garder des enfants. J’aime Jacopo.

Je ne sors pas le soir  et ça me manque terriblement. Il faut que je me fasse de nouveaux amis  pour sortir.



La thérapie fut douloureuse, violente cette  semaine.

Je chahute les TOCs plutôt que le contraire. Je  les provoque et ça fait mal, mais je sais que le résultat en vaut la  peine.

Sinon, je n’ai toujours pas renvoyé de textos â  Jacopo et  c’est bien comme ça. Il y a eu un moment où j’étais sur le point de le  faire mais je me suis raisonnée.

Pour combien de temps ? Je le guette  sur MSN, il n’y vient presque jamais.

On verra bien.

Il faut que  je m’occupe. Ce début de semaine me semble ressembler â  un abîme. Je  n’ai rien â  faire et ça m’angoisse.



Petite forme suite aux  conséquences de la thérapie, mes TOCs ressurgissent. Il va falloir que  je les combatte â  la hache ! Je me sens submergée de pensées qui  m’empoisonnent la vie. Et cette sensation d’angoisse si désagréable qui  me remue les entrailles dès que le TOC arrive…J’en ai marre.

Je  voudrai être libre, libre sans cette culpabilité qui me ronge jour après  jour. Mes Tocs sont principalement axés sur le BIEN et le MAL. Alors je  lutte. Pour quoi ? Pour rien. Dans le vent.

Jacopo est aux abonnés  absent. Pas de nouvelles. Mon silence ne paie pas plus. Peut être â  très  long terme. Sûrement.

J’ai arrêté l’intérim. Encore une fois je ne  suis pas allée au bout de l’expérience, j’arrête le travail avant de  l’avoir fini ! Je commence â  être indifférente â  cette facette de ma  personnalité. Je suis habituée. Je ne termine pas ce que je commence.  C’est bizarre mais c’est comme ça, je ne suis pas fiable, sauf en amour.  Quand je jure fidélité c’est pour la vie.

J’essaie d’appliquer les  conseils qu’on me donne â  la thérapie mais c’est dur. Pourvu que ce soit  le bon chemin.

 

 

42 : fin de la thérapie 1/2

1/01/2009

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HORREUR.

Il  ne me parle plus. Il ne répond plus â  mes appels ni â  mes textos.

J’ai  pourtant laissé passer du temps avant de le rappeler, mais il ne semble  pas disposer â  me pardonner. Mais qu’ai-je donc fait de si terrible ?  C’est vrai que j’ai peut être été insistante mais de lâ  â  me zapper  comme ça ! Je ne le comprends pas. C’est dégueulasse.

Hier, â  bout de  force, j’ai envoyé ce qu’il faudrait être le dernier texto avant que  lui ne me rappel. Je lui ai dit que son silence m’inquiétait, que  j’espérais que ça allait. Il n’a pas répondu bien sûr.



Je ne veux  pas revenir en arrière ! Je suis dans la même situation qu’il y a deux  ans, mon DIEU !

La seule solution serait que ma mère l’appelle comme  avant, mais ce serait vraiment too much. Je ne veux pas passer pour une  psychopathe. Mais c’est la seule solution qu’il me reste. Pour  comprendre.

Non, je ne veux pas qu’il ne veuille plus me voir. On n’a  pas fait tout ce chemin pour en arriver lâ  ! Je me suis battue pour  qu’on se revoit et voilâ  le résultat ! Revenus â  la case départ ! Non,  pitié, non. Je ne peux pas supporter l’idée de ne plus le voir, de  provoquer de l’animosité en lui. Et je sais que c’est ce que je  provoque, une hostilité.



A la thérapie, on me dit de lâcher  prise. Je sais que c’est la meilleure des solutions, mais j’y arrive  pas. C’est pas que je ne le veux pas, c’est juste tellement difficile.

Sinon,  nous avons appris que « douter c’est la preuve qu’il ne s’est rien  passé » dans le TOC. Car si le cerveau balance de l’angoisse c’est qu’il  a repéré qu’il y a un rituel que je peux faire.

Donc il faut foutre  en l’air le rituel.

Il faut également arrêter les évitements donc «  penser volontairement au pire » S’habituer â  ne plus bloquer les images  quand elles viennent.

Le doute n’est pas logique, le doute est  émotionnel. Quand on arrête les rituels, il y a arrêt du doute.



Quelques  instants de répit occasionnés par une réponse de Jacopo â  mes nombreux  appels. Il s’est excusé du manque de news et m’a dit qu’il m’appellerait  bientôt pour sortir et me rendre un dvd.

Depuis, je suis soulagée.  C’est fou, il ne me faut pas grand chose. Je sais que plus le temps va  passer plus ma confiance va s’amenuiser. Mais bon, en thérapie ils m’ont  dit que j’avais le droit de craquer et de rappeler â  condition  d’envoyer un message neutre.

Pour le moment, je me sens assez forte  pour ne pas craquer justement, et le laisser m’appeler comme il l’a dit.

Bientôt  Noël, déjâ  un an que l’on se revoit. C’est fou comme le temps passe  vite loin de lui.

J’arrive â  la fin de ma thérapie, et je dois dire  qu’elle a été efficace. J’ai les armes pour combattre le TOC même si le  combat n’est pas gagné.

Quelques nouvelles stratégies :

Lorsqu’un  Toc arrive, essayer de dire : tu verras ça plus tard, ça n’est pas  d’actualité, on s’en fout, c’est de la rumination.

La culpabilité qui  m’assaille et me tord les boyaux, je dois me dire et garder en tête  qu’elle est chimique.

Ne pas réagir dans l’urgence pour Jacopo, la  nostalgie ne justifie pas la fixation sur lui.

Je sais que mes  conseils sont éparpillés, mais ils sont un peu comme moi, â  mon image !

J’aimerais  parler de ma « bête ». Oui, ma « bête ». Mon chat. J’ai de plus un plus  une relation fusionnelle avec lui. Parfois je me demande si je ne suis  pas moi même un animal pour avoir autant de facilité â  communier avec  lui. Je l’embrasse, je le caresse, c’est sensuel. Il me pelote le ventre  ou les seins avec ses petites pattes et entame un ronron apaisant.  Chaque fois que je gagne mon lit, c’est-â -dire très souvent en ce  moment, il me rejoint et nous faisons ce que j’appelle « l’Amour ».  C’est asexué mais c’est tellement plein d’affection. Il compense un vide  énorme et je me fous de tous ceux qui trouveront cela stupide. Je  plaindrais ces gens lâ  de ne pas connaître au moins une fois une osmose  aussi belle et sincère  que celle lâ .



Je n’ai pas de mec, pas  d’enfant, j’ai juste un chat et pour le moment c’est bien comme cela.

Il  faut que j’arrive â  me dire que tout vient en son temps.

Car il  paraît que je suis trop dure avec moi-même. Il faut que j’accepte la  dépression. Que je me donne du temps, même si j’ai le sentiment qu’elle  persiste depuis trop longtemps.

Le but est de faire baisser la  culpabilité.

 

 

43 : fin de la thérapie 2/2

1/01/2009

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

 

Rock  and Roll... Ma Vie est Rock and Roll



Aujourd’hui  j’avais rendez-vous avec mon psy et nous avons convenus d’augmenter la  dose d’Effexor (passer â  300 mg). Il me faut un nouvel équilibre. Je  suis dans un équilibre depuis longtemps maintenant, un équilibre  néfaste.

Il me faut un but, un moteur. Je vais tout faire pour,  croyez-moi. Peut-être un projet de livre sur les TOCs avec l’un des psys  de ma thérapie de groupe ?



Aujourd’hui il y a le dvd de Sex and  the City qui sort, le film. J’adore !

C’est futile et profond en  même temps. Je me projette dans le personnage de Carrie Bradshow. Cet  écrivain qui cherche l’âme soeur et qui arrivé â  la trentaine tombe sur  quelqu’un qui lui fait chavirer le coeur mais avec qui elle va traverser  des périodes difficiles. Mr BIG. C’est lui, c’est Jacopo, Mr BIG.

Je  me sens assez forte aujourd’hui pour résister â  l’envie de l’appeler ou  de lui envoyer un texto.

Hier, j’en avais très envie. Heureusement  c’est bientôt la fin de l’année, comme ça j’aurais un bon prétexte pour  le contacter s’il ne l’a pas fait d’ici lâ .

Mais j’aimerais mieux que  ça vienne de lui, j’avoue.

La faim me gagne. J’aimerais être mince  comme avant. Il faut de la discipline. Faire du sport, alors que j’en ai  la phobie. Même monter les marches de l’escalier m’emmerde.

Je suis  un gros tas. J’ai acheté un gel douche qui sent bon. Un lait pour le  corps qui sent bon. Avec ça, j’espère regagner un peu d’estime de moi  même.



Il faudrait que je résiste â  ces fringales. A cette envie  qui â  chaque fois que je m’ennuie me fais foncer sur la nourriture, même  si j’ai pas faim.

J’ai beaucoup de tendresse pour les autres  patients du groupe de la thérapie. Nous sommes des guerriers. On se  serre les coudes. Il nous reste 3 séances. Déjâ , c’est passer tellement  vite. Il y a une sorte de nostalgie dans cette traversée qui nous  rassemble.



C’est bizarre de ne plus voir Jacopo sur MSN. Mais je  m’y suis habituée et je dois dire que je suis moins accroc. Je ne laisse  plus l’ordinateur allumé comme avant et je ne tourne plus autour comme  une dingue en espérant qu’il se connecte. Non, je suis plus calme.

Et  puis tout â  l’heure, l’idée m’est venue que finalement, c’était peut  être pas si dur de laisser la vie faire. Non pas se résigner, mais  laisser les choses se mettre en place. Le laisser m’appeler….ou non.  J’en ai marre d’être celle de nous deux qui réclame toujours. J’espère  que cet état d’esprit tiendra la route. Parce que c’est évident de  penser cela une journée comme aujourd’hui ou je me sens « normale » et  pas complètement â  la masse.



J’ai des news de Jacopo ! Je me  suis permise de lui envoyer un texto après 3 semaines de silence.  Résultat :il a répondu tout de suite ! Pour me dire qu’il s’excusait  (alors que je ne lui ai fait aucun reproche…) qu’il allait mieux (ah bon  ?) et qu’il m’appellerait dès que c’est possible promis.

Cool.

Je  suis presque plus du tout accroc â  internet. La méthode appliquée de la  thérapie â  une vérification par jours ou un texto tous les 15 jours  marche bien. Pour le moment.

J’ai parlé de ma culpabilité, celle que  je ressens sans cesse. En thérapie, on m’a dit qu’elle était « chimique «  cette culpabilité. Donc, j’essaie de ne pas trop y prêter attention.

Pour  les TOCs, il faut donc exiger des preuves lorsque j’en ai.

Un Toc  peut se greffer sur une situation « réelle » par exemple pour Jacopo, il  y a de vrais sentiments MAIS je fais une fixation qui est due â  la  sérotonine. J’ai une tendance â  la fixation. J’accorde trop d’importance  â  certaines choses.

J’ai un TOC qui donne une couleur bizarre â  mon  imagination.



Plus qu’une séance de thérapie de groupe et  c’est finie.

J’ai maintenant les armes pour affronter la bête TOC.  J’espère que je réussirai.


Noël approche, le nouvel an  aussi. J’espère que tout va aller mieux maintenant, dans tous les  domaines. J’ai un nouveau projet, celui d’écrire un one man show avec  Clément. J’espère que j’irai au bout.

Mais mon souhait le plus cher  reste celui qui concerne Jacopo. Faire en sorte que le passé reste  derrière et qu’on réussisse â  tisser de nouveaux liens. J’aimerai  réussir â  lui parler sans que cela crée un clash, employer les mots  justes.

Je pense que je vais lui acheter un cadeau pour Noël, je ne  sais pas quoi encore, mais ça me fait plaisir.

 

 

44 : Je vais écrire un livre

1/01/2009

Témoignages > Cyclothymie > Chroniques d’une cyclothymique

Et ces chroniques ont donné naissance â un livre en édition chez Odile Jacob (mars 2011)

Rock  and Roll... Ma Vie est Rock and Roll



Voilâ , l’année  se termine, la thérapie TCC de groupe pour le TOC est finie.

C’était  une belle expérience que je conseille â  tout le monde. Mes démons sont  toujours lâ  mais je les zappe plus vite et j’arrive bien â  les  contrôler.



Il est temps pour moi de clore de manière définitive  ces chroniques. Elles m’auront permis de m’accrocher, de ne pas sombrer  davantage. J’ai un nouveau projet, écrire un livre avec mon psy, quelque  chose d’original, je suis très motivée et j’ai déjâ  commencé â   travailler dessus.

J’ai revu Jacopo, je pense de plus en plus qu’il  n’est pas célibataire, j’ai des indices, de fortes présomptions. Je ne  sais pas ce que cela donnera dans le futur entre lui et moi.  L’essentiel, c’était de maintenir le contact, et ça, je l’ai. Peut être  que je ne dois pas en demander plus, qu’il faut juste apprendre â  faire  avec. Je l’aime, c’est sûr. J’aimerai l’aimer assez pour me réjouir de  son bonheur et l’écouter me parler de sa vie privée sans risquer de  faire un scandale. C’est mon but et je vais essayer d’y travailler.

Mais  au fond de moi, je continuerai?Je continuerai â  l’aimer?On ne sait  jamais?





FIN


 

 

 
 
 



 




 



 



01/05/2013
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