Féminisme radical
Féminisme radical
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Le féminisme radical est un courant du féminisme qui apparaît à la fin des années 1960 et qui voit en l'oppression des femmes (ou patriarcat) le fondement du système de pouvoir sur lequel les relations humaines dans la société sont organisées. D'autres phénomènes sociaux tels que la guerre ou le capitalisme sont vus comme surgissant de la contradiction principale de la société entre les deux genres.
Le féminisme radical se démarque des mouvements féministes qui visent à l'amélioration de la condition féminine par des aménagements de législation (réformismes) sans mettre en cause le système patriarcal.
Avec d'autres, ce courant cherche à contester ce modèle en rejetant les rôles sexuels archétypaux et de l'oppression mâle. Il accompagne la libération sexuelle et le mouvement de libération des femmes aux États-Unis, en Angleterre, au Canada et en France. Le terme « militant féministe » est un terme péjoratif qui est souvent associé, généralement par leur détracteurs, avec le féminisme radical. Généralement, le féminisme radical est perçu en dehors des adhérents comme une forme de communautarisme identitaire.
Le terme remonte au moins à 1969 avec la naissance du FLFQ (Front de libération des femmes du Québec) [1]
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Spécificité [modifier]
Dans la mouvance du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, le féminisme radical poursuit la critique de la domination masculine et des rôles féminins, à travers une critique du patriarcat et une remise en cause des contraintes liées au genre. Ce courant a contribué à renouveler l'analyse de la domination masculine en sociologie, dans le droit et en théorie politique. Il a mis en évidence le caractère sexiste de la société, tout en proposant des moyens d'y lutter.
Notamment, les féministes radicales rejettent le marxisme comme base de l'analyse de la société, car le marxisme présente les différences de classe comme le moteur fondamental de l'inégalité et de l'évolution de la société.
L’institution du mariage est souvent vue comme la pérennisation des inégalités (non-rétribution du travail de l’épouse, services sexuels, répartition sexuée des tâches…). Le féminisme radical valorise la solidarité entre femmes et les réunions et groupes non-mixtes. Il peut aller jusqu'au séparatisme, au sein de communautés de femmes parfois lesbiennes.
Les féministes radicales ont mené une dénonciation du viol et des agressions sexuelles, mais aussi une critique de la prostitution, de la pornographie et des formes de sexualité vues comme dégradant les femmes, comme le sado-masochisme. Des féministes « pro-sexe » ont souvent critiqué l'intolérance de certaines féministes radicales (Isabelle Alonso, Suzanne Képès, Maris-Victoire Louis) en ce qui concerne la sexualité (pornographie féministe, féminité masculine des lesbiennes butches, BDSM…).
Le féminisme radical s'est nourri de l'apport de nombreuses intellectuelles. Il a aussi influencé en France le féminisme matérialiste de la revue française Questions féministes, qui est en partie à l'origine du mouvement queer. Au Québec, il a insufflé la revue Amazones d'Hier, Lesbiennes d'Aujourd'hui. Les féministes radicales reprochent généralement aux théoriciennes queer d'avoir repris leur constructivisme social en le vidant de son engagement féministe.
Principales représentantes [modifier]
Le féminisme radical étant un courant influent mais assez informel, sont citées aussi bien des féministes l'ayant théorisé que de grandes influences ou des féministes qui en sont particulièrement redevables.
Dans le monde anglo-saxon [modifier]
- Ti-Grace Atkinson
- Susan Brownmiller
- Charlotte Bunch
- Toni Cade
- Mary Daly
- Shulamith Firestone
- bell hooks
- Sheila Jeffreys
- Anne Koedt
- Catharine A. MacKinnon
- Kate Millett
- Radicalesbians
- Adrienne Rich
- Joanna Russ
- Valerie Solanas
Dans le monde francophone [modifier]
- Michèle Causse
- Christine Delphy
- Colette Guillaumin
- Monique Wittig
- Simone de Beauvoir
- Luce Irigaray
- Évelyne Rochedereux
- Marie-Jo Bonnet
- Anne Zélinsky
- Françoise Flamant
Voir aussi [modifier]
Liens externes [modifier]
Bibliographie [modifier]
- Barbara Crow (éd.), Radical Feminism, a Documentary History, New York University Press, 2000.
- Christine Delphy, L'ennemi principal, Paris, Syllepse, 2 tomes.