Femme de lettres
Femme de lettres
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Dans son ouvrage Une chambre à soi, Virginia Woolf (voir citations) analyse l'influence de la condition féminine sur le travail artistique des écrivaines. Découragé, bridé, le talent de certaines femmes de lettres ne put être que le pâle reflet de ce qu'il aurait pu être en des circonstances sociales et financières plus propices à l'exercice du génie.
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Des écrits subversifs [modifier]
À l'exception notable de la correspondance, l'activité littéraire des femmes fut pendant longtemps considérée comme une forme de démence ou, au mieux, comme une excentricité. Le plus souvent exclues de la vie culturelle[1], les femmes étaient contraintes, face à une structure sociale tentant de minimiser ou de dénigrer leur activité artistique, de publier leurs œuvres de façon anonyme (Jane Austen) ou sous un pseudonyme masculin. C'est le cas des sœurs Brontë, Charlotte, Anne et Emily, de George Sand et de George Eliot. Jane Austen écrivait d'ailleurs en cachette des siens. Virginia Woolf est d'avis qu'à l'exception notable de Jane Austen, l'écriture de ces femmes fut toujours biaisée par un ressentiment et une rage vis-à-vis de leur condition.
Les idées qu'elles introduisaient dans leurs écrits étaient tellement subversives pour l'ordre moral représenté dans les pays occidentaux qui déployaient des conceptions semblables à celles ayant trait dans la société victorienne que ces femmes de lettres reconnurent s'exposer à la critique de leurs homologues masculins sans avoir droit de réponse, auquel cas l'opprobre aurait été considérable [2].
Une opposition marquée [modifier]
Afin de considérer les mentalités de l'époque, il convient de préciser qu'Arthur Schopenhauer publiait à ce moment son Essai sur les femmes[3] et que la pensée occidentale, notamment sa philosophie, était imprégnée de l'idéalisme allemand : essai cruel, descriptif d'un temps et d'une condition plus que d'un genre (voir citations, Schopenhauer) — mais par dessus tout illustratif du fait que la liberté de pensée était valide selon l'autorité de l'auteur parmi ses pairs le reconnaissant, des hommes de lettres. Virginia Woolf fait pour sa part remarquer, non sans dérision, que si les hommes écrivent quantité non négligeable sur les femmes (certains ayant pour autorité en ce domaine de n'être qu'hommes, pas même universitaires ni scientifiques), sont rarissimes celles qui écrivent sur les hommes. En dépit de cette situation, l'emploi de stéréotypes niant la féminité n'est pas généralisée parmi ces messieurs intellectuels (voir citations, John Stuart Mill).
Les premières étapes vers une expression autonome de la pensée, en dehors de l'État moderne masculin, furent néanmoins franchies par elles, dans le boudoir du solipsisme dans lequel les relégua l'environnement de leur temps, et au travers de leurs échanges épistolaires.
Il est donc tout naturel que l'on retrouve les attitudes les plus insoumises à la fin de ce XIXe siècle parmi les mouvements anarchistes, faisant front avec leurs camarades lors du Printemps des peuples et de la Commune de Paris[4].
Premières plumes [modifier]
On peut ainsi citer Mary Wollstonecraft qui est considérée au Royaume-Uni comme instigatrice de la philosophie féministe, largement avant que le thème ne soit au goût du jour.
Si, en France, Olympe de Gouges, qui serait son équivalent au moment de la Révolution, est plutôt connue comme dramaturge, on peut raisonnablement interpréter cette classification comme un acte post-mortem, réalisé dans une relecture liée à la société bourgeoise du XIXe siècle qui s'est érigée en classe sociale vainqueur de l'époque révolutionnaire.
Flora Tristan amena, quant à elle, les premiers pas de l'internationalisme dans ce que, rétrospectivement, on décrirait comme la première vague du féminisme.
Citations [modifier]
- Virginia Woolf
- « Une femme née pourvue d'un don au XVIe siècle serait certainement devenue folle, se serait tuée ou aurait terminé ses jours dans une chaumière solitaire à l'orée d'un village, à demi sorcière, à demi magicienne, crainte et sujet des moqueries » Virginia Woolf, Une chambre à soi
- Arthur Schopenhauer
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- John Stuart Mill
« ... Si, de plus, nous considérons que comprendre une femme, ce n'est pas nécessairement en comprendre une autre ; que, pussions-nous étudier les femmes d'un certain rang et d'un certain pays, nous ne comprendrions pas pour cela les femmes d'un autre rang et d'un autre pays ; que, parvinssions-nous à remplit cette tâche, nous ne connaîtrions encore que les femmes d'une seule période de l'histoire ; nous nous sentons le droit d'affirmer que l'homme n'a pu acquérir sur la femme, telle qu'elle a été ou telle qu'elle est, sans se préoccuper de ce qu'elle pourrait être, qu'une connaissance déplorablement incomplète et superficielle, et qu'il n'en acquerra pas d'autre, tant que les femmes elles-mêmes n'auront pas dit tout ce qu'elles ont à nous apprendre. »
— John Stuart Mill, La sujétion des femmes, 1869.
Quelques écrivaines francophones [modifier]
Eliette Abécassis - Laure d'Abrantès - Germaine Acremant - Juliette Adam - Laure Adler - Marie d'Agoult - Charlotte Aïssé - Juliette Aleth - Virginie Ancelot - Christine Angot - Christine Arnothy - Emmanuelle Arsan - Elena Arseneva - Brigitte Aubert - Cécile Aubry - Olympe Audouard - Sophie Audouin-Mamikonian - Marie-Catherine d'Aulnoy - Anne-Marie de Backer - Catherine Baker - Anne-Louise Élie de Beaumont - Germaine Beaumont - Léocadie-Aimée Doze - Simone de Beauvoir - Béatrix Beck - Sophie d'Houdetot - Juliette Benzoni - Catherine Bernard - Anne Bernet - Karin Bernfeld - Emmanuèle Bernheim - Raphaëlle Billetdoux - Nina Bouraoui - Dominique Bourgon - Isabelle d'Orléans et Bragance - Sophie Coury de Champgrand - Isabelle de Charrière - Maryse Choisy - Maryse Condé - Hélène Cixous - Colette - Sophie de Condorcet - Paule Constant - Laurence Cossé - Sophie Cottin -Hélisenne de Crenne - Marie Darrieussecq - Julie-Victoire Daubié - Alexandra David-Néel - Françoise d'Eaubonne - Marie du Deffand - Régine Deforges - Lucie Delarue-Mardrus - Chloé Delaume - Florence Delay - Charlotte Delbo - Christine Delphy - Louise d'Épinay - Claire Démar - Marie Depussé - Annie-Paule Derczansky - Maryline Desbiolles - Anne Desclos - Virginie Despentes - Marie Desplechin - Madeleine Desroseaux - Assia Djebar - Béatrice Douvre - Catherine Dufour - Claire de Duras - Vanessa Duriès - Guerguina Dvoretzka - Isabelle Eberhardt - Anne-Louise Élie de Beaumont - Annie Ernaux - Geneviève Fauconnier - Marie-Madeleine de La Fayette - Marie Ferranti - Pauline de La Ferronays - Aurélie Filippetti - Zénaïde Fleuriot - Brigitte Fontaine - Viviane Forrester - Irène Frain - Marguerite de France - Asuka Fujimori - Fatima Gallaire - Anne-Marie Garat - Anne F. Garréta - Janine Garrisson - Judith Gautier - Anna Gavalda - Félicité de Genlis - Françoise Gérard - Sylvie Germain- Delphine de Girardin - Françoise Giroud - Jocelyne Godard - Anne Golon - Marie Le Harivel de Gonneville - Marie de Gournay - Françoise de Graffigny - Flora Groult - Hélène Grégoire - Hélène Grimaud - Octavie Guichard - Joëlle Guillais - Pernette du Guillet - Béatrice Hammer - Irène Hamoir - Rose Harel - Jacqueline Harpman - Marie de Heredia - Louise Hervieu - Andrée Hyvernaud - Annette Kahn - Julia Kristeva - Agota Kristof - Louise Labé - Francine Lachance - Marie Laubot - Claire Legendre - Ninon de Lenclos - Jeanne Marie Leprince de Beaumont - Julie de Lespinasse - Louise Levesque - Lily Lévy - Nadine Lhopitalier - Magda - Françoise Mallet-Joris - Maïa Mazaurette - Élisa Mercœur - Louise Michel - Catherine Millet - Sibylle Gabrielle Riquetti de Mirabeau - Jacqueline Mirande - Marc de Montifaud - Françoise Morvan - Françoise de Motteville - Marie Ndiaye - Irène Némirovsky - Anna de Noailles - Amélie Nothomb - Christine Orban - Ovidie - Jacqueline Pascal - Geneviève Pastre - Loo Hui Phang - Lolita Pille - Gisèle Pineau - Mazarine Pingeot - Christine de Pisan - Marie Prudence Plisson - Audrey Pulvar - Rachilde - Anaïs de Raucou - Pauline Réage - Caroline Rémy - Noëlle Renaude - Annaig Renault - Sophie de Renneville - Alina Reyes - Anne Reynaud-Guérithault - Yasmina Reza - Marie-Jeanne Riccoboni - Marie-José Rioux - Lina Ritter - Catherine Robbe-Grillet - Christiane Rochefort - Edmée de La Rochefoucauld - Anne de La Roche-Guilhem - Olivia Rosenthal - Madeleine de Sablé - Françoise Sagan - Adrienne Sahuqué - Danièle Sallenave - George Sand - Nathalie Sarraute - Albertine Sarrazin - Cécile Sauvage - Ann Scott - Madeleine de Scudéry - Sophie de Ségur - Marie de Sévigné - Aki Shimazaki - Germaine de Staël - Gabrielle Suchon - Marie Susini - Amable Tastu - Claudine de Tencin - Elsa Triolet - Valérie Valère - Françoise Verny - Marie-Jeanne L'Héritier de Villandon - Marie-Catherine de Villedieu - Gabrielle-Suzanne de Villeneuve - Louise de Vilmorin - Renée Vivien - Suzanne Voilquin - Simone Weil - Odile Weulersse - Anne Wiazemsky - Joëlle Wintrebert - Monique Wittig - Gabrielle Wittkop - Kikou Yamata - Marguerite Yourcenar - Carole Zalberg
Notes [modifier]
- ↑ Woolf indique par exemple que l'accès à la bibliothèques Bodleian fut pendant longtemps interdit aux femmes, à moins d'être accompagnées ou de posséder une lettre de recommandation d'un homme. On pourra également citer Samuel Johnson comparant les femmes prédicateurs à « un chien en train de danser : vous êtes étonné de le voir réaliser un tour, mais sa danse demeure boiteuse et mal exécutée ».
- ↑ source
- ↑ (en) Essai sur les femmes, Über die Weiber
- ↑ un exemple de femme de lettres anarchiste : Louise Michel.
Voir aussi [modifier]
- Place des femmes dans l'art
- Épistolière
- Bas-bleu
- Écrivain
- Trobairitz (XIIe siècle)
- Les femmes et les salons littéraires (>XVIe siècle)
- Philosophie féministe (>XIXe siècle)
Interwikis [modifier]
- (en) Liste de femmes de lettres
- (en) Femmes de lettres
Liens externes [modifier]
Bibliographie [modifier]
- Virginia Woolf, Une Chambre à soi (A Room of One’s Own, 1929), traduit par Clara Malraux, 10/18, 2001
- Schopenhauer, Essai sur les femmes, 1854
- John Stuart Mill, La Sujétion des femmes, 1869
Études [modifier]
- Camille Aubaud, Lire les femmes de lettres, Paris, Dunod, 1993.
- Angela Carter, The Sadeian Woman : An Exercise in Cultural History, Londres, Virago, 1979.
- Hélène Cixous, Entre l’écriture, Paris, éditions des Femmes, 1986.
- —, « Le Rire de la méduse », L’Arc, « Simone de Beauvoir et la lutte des femmes », 61, 1975.
- Colette Cosnier, Le Silence des filles : de l'aiguille à la plume, Fayard, 2001.
- Béatrice Didier, L’Écriture-femme, Paris, PUF, 1981.
- Xavière Gauthier, Surréalisme et sexualité, Paris, Gallimard « idées », 1971.
- Sandra M. Gilbert et Susan Gubar, The Madwoman in the Attic : The Woman Writer and the Nineteenth Century Imagination, New Haven, Yale University Press, 1979.
- —, No Man’s Land. The Place of the Woman Writer in the Twentieth Century, vol. 2, Sexchanges, New Haven et Londres, Yale University Press, 1989.
- Claudine Hermann, Les Voleuses de langue, Paris, éditions des Femmes, 1976.
- bell hooks, Talking Back, Boston, South End Press, 1989.
- —, Yearning: Race, Gender and Cultural Politics, Londres, Turnabout, 1991.
- Annie Le Brun, À distance, Paris, Pauvert/Carrère, 1984.
- —, Vagit-prop, Lâchez tout et autres textes, Paris, Ramsay/Pauvert, 1990.
- Nancy K. Miller, The Heroine's Text: Readings in the French and English Novel, 1722-1782, New York, Columbia University Press, 1980.
- —, The Poetics of Gender, New York, Columbia University Press, 1986; 1987.
- Christine Planté, La Petite Sœur de Balzac, essais sur la femme auteur, Paris, Seuil, 1989.
- Joanna Russ, How to Suppress Women’s Writing, Austin, University of Texas Press, 1983.
- Elaine Showalter (dir.), The New Feminist Criticism : Essays on Women, Literature, and Theory, New York, Pantheon, 1985.
- Gayatri Chakravorty Spivak, In Other Worlds: Essays in Cultural Politics , Londres, Methuen, 1987 ; Routledge, 2006.
- Robyn R. Warhol & Diane Price Herndl (éd.), Feminisms, an Anthology of Literary Theory and Criticism, Houndmills (Basingstoke, Hampshire), Macmillan Press, 1997.