l'addiction sexuelle

http://www.doctissimo.fr/html/sexualite/mag_2004/mag0109/se_7315_addiction_sexuelle_tabou_itw.htm

 

Lever le tabou de l'addiction sexuelle
Interview du Dr. Nathalie Dudoret

L'addiction sexuelle semble de plus en plus répandue. Multiplication des supports pornographiques, levée des tabous ? Doctissimo a posé la question au Dr Nathalie Dudoret, médecin sexologue, qui détaille le tableau et le traitement de cette maladie.

Doctissimo : Qu'entend-on par addiction sexuelle ?

Dr Nathalie Dudoret : L'addiction sexuelle concerne des patients qui présentent une "consommation" excessive d'orgasmes. C'est un type de conduite que le sujet est poussé à accomplir par une contrainte interne. Lorsque l'activité n'est pas accomplie, le sujet ressent une montée d'anxiété. La question reste à savoir quand on peut parler d'excès… C'est difficile mais chez les addicts, la consommation pluriquotidienne (qui peut atteindre 12 à 15 orgasmes) est associée à un syndrome de manque, caractéristique de nombreuses addictions : douleur thoracique, abdominale, insomnie, etc. De plus, cette consommation d'orgasme est généralement associée à un syndrome anxio-dépressif. L'orgasme jouant alors le rôle d'anxiolytique naturel.

Doctissimo : L'addiction sexuelle nécessite l'atteinte de l'orgasme, donc…

Dr Nathalie Dudoret : Tout à fait. Il existe des troubles obsessionnels compulsifs liés à la masturbation, dans  ce cas-là on peut parler de consommations compulsives de masturbation sans que l'orgasme ne soit une finalité. Cette maladie est également différente du syndrome du Don Juan ou de la nymphomanie, où le patient a une consommation excessive de séduction.

Doctissimo : Existe-t-il un profil type de l'addict ?

Dr Nathalie Dudoret : L'addict sexuel est généralement un "polyaddict". Il cumule ainsi plusieurs comportements addictifs : drogues, tabac, workahooliste, boulimie… Parfois, sa partenaire est elle-même victime d'une addiction. Mais le trait le plus caractéristique est sans doute la présence sous-jacente d'un syndrome anxiodépressif.

Doctissimo : Ce trouble concerne-t-il plutôt certaines catégories de la population ?

Dr Nathalie Dudoret : C'est plus généralement un homme. Il peut provenir de tous les milieux sociaux et culturels, de toutes les classes, de toutes les professions. Aucune tranche d'âge n'est plus concernée que les autres. Ce trouble trouve son origine généralement dans l'adolescence où des masturbations excessives s'installent et perdurent à l'âge adulte.

Doctissimo : Quelles sont les différentes phases de l'addiction sexuelle ?

Dr Nathalie Dudoret : On peut évaluer la gravité en fonction du nombre d'heures et/ou du nombre d'orgasmes consommés. Si ce nombre n'excède pas 4 à 5 par jour, le trouble peut rester caché. Mais s'il atteint 6 à 12 il devient difficilement compatible avec une vie sociale "normale". Ainsi, la gravité doit également se baser sur l'importance de la désocialisation engendrée par cette addiction.

Doctissimo : Comment prendre en charge l'addiction sexuelle ?

Dr Nathalie Dudoret : Comme nous sommes généralement face à la conjugaison de polyaddictions et d'un syndrome anxiodépressifs, il convient de classer l'importance des différentes dépendances et de les traiter hiérarchiquement.

Le traitement médicamenteux repose généralement sur la prise d'antidépresseurs ou d'anxiolytiques, qui permettront soit de résoudre le problème pour des addictions récentes (3 à 6 mois), soit de diminuer la consommation avant d'engager une thérapie cognitivo-comportementale.

Doctissimo : Une thérapie qui peut être engagée en couple ?

Dr Nathalie Dudoret : Si le comportement de l'addict est compatible avec une telle prise en charge. C'est-à-dire s'il obtient sa consommation d'orgasmes avec la même partenaire, ce qui entraîne une forte dépendance et une très forte de l'angoisse de la séparation. Dans ce cas, la thérapie de couple peut être adéquate. Mais plus généralement, l'homme a deux ou trois partenaires, ou recoure à des professionnelles ou d'autres supports d'excitation… Dans ce cas, la participation de la partenaire à la prise en charge est plus problématique.

Doctissimo : Dans quelles circonstances les patients viennent-ils vous consulter ?

Dr Nathalie Dudoret : Généralement, on constate un très important retard de diagnostic. Les patients viennent me consulter après que l'addiction sexuelle ne soit plus compatible avec leur vie sociale (insomnie persistante, amaigrissement, désocialisation, perte de travail, problèmes financiers…). A partir d'un certain âge, lorsque des problèmes d'érection ou d'autres troubles sexuels ne leur permettent plus d'atteindre leur consommation habituelle d'orgasme, les patients risquent une décompensation.

Par ailleurs, l'addiction sexuelle reste honteuse (les patients utilisent généralement le terme "d'obsédés sexuels") et l'on voit souvent des patients qui connaissent des épisodes successifs de dépression parce que le diagnostic d'addiction sexuelle n'a pas été porté et entraîne la rechute.

Doctissimo : Les cercles sur le modèle des alcooliques anonymes constituent-ils une solution ?

Dr Nathalie Dudoret : Ce système de prise en charge est plus répandu aux Etats-Unis. Mais comme les patients souffrent généralement de plusieurs comportements addictifs, il est difficile de bénéficier d'une thérapie de groupe. Et le modèle des alcooliques anonymes ne s'appliquent pas tout à fait à ces groupes qui sont dirigés par un thérapeute et non laissés aux patients. Par ailleurs, parler librement de sa sexualité reste plus tabou que d'aborder sa consommation d'alcool…

Doctissimo : Les addicts sexuels représentent-ils une proportion croissante de votre clientèle ?

Dr Nathalie Dudoret : Oui. Mais je pense que ce phénomène est plus lié à une levée du tabou qu'à une réelle évolution sociale mais également à une meilleure connaissance des troubles addictifs.

Propos recueillis par David Bême, le 10 décembre 2003

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http://www.sexoconseil.com/dictionnaire-sexualite/addiction-sexuelle.html

Sexe et addiction sexuelle
 

L’addiction implique une notion de dépendance, et d'incapacité à contrôler un comportement que le sujet atteint doit reproduire très fréquemment, pour se sentir bien.

L’addiction sexuelle peut entrer dans le cadre d'une paraphilie (ou déviation sexuelle), tel que l'exhibitionnisme ou le voyeurisme par exemple, ou dans le cadre d'un comportement normal mais quantitativement trop fréquent, répété et incontrôlable, par rapport à la moyenne des comportements habituels. C'est le cas, par exemple, d’une personne addicte au sexe et qui ne pense qu’à ça, d’un homme accroc aux sites pornos, qui ne peut s’empêcher de les regarder tous les jours pour se sentir bien, ou d’une personne qui ne peut s'empêcher de se masturber régulièrement, plusieurs fois par jour, pour évacuer une tension sexuelle incontrôlable.

L’addiction sexuelle, qu'elle entre dans le cadre d’un comportement sexuel anormal, ou normal mais trop souvent répété, est, pour le sujet qui en est atteint, une façon de lutter contre une angoisse plus ou moins consciente. Le sujet atteint d'une addiction sexuelle souffre généralement de son addiction.

Le traitement qui peut être proposé est essentiellement de type psychothérapie, ou thérapie comportementale. La thérapie comportementale donne de bons résultats pour lutter contre l'angoisse associée à l'addiction et contre l'addiction elle même.

Il existe aussi des associations d’aides aux addictes sexuels, comme pour d'autres addictions (addiction au tabac, à l'alcool etc..).

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18/07/2008
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