L'île d'OUESSANT - Partie 2
Les caractéristiques des phares d’Ouessant
Nom des Phares |
Date de construction |
Hauteur
1* 2** |
Portée lumineuse (en mille) |
Portée géographique (en mille)
|
Rythme des feux |
Informations diverses |
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Stiff |
1695 |
32,40 89,10 |
24 M |
23 M |
2 éclats rouges toutes les 20 secondes |
Allumé en 1700 |
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Kéréon |
1907 |
40,90 37,60 |
17 M |
15 à 18 M |
Blanc et rouge, 1 éclat long/1 éclat court toutes les 24 secondes |
Phare en mer |
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Jument |
Début travaux |
47,40 41,25 |
19 M |
17 M |
3 éclats rouges toutes les 15 secondes |
Phare en mer |
||
Créac’h |
1863 |
54,80 74,60 |
80 M |
21 M |
2 éclats blancs groupés toutes les 10 secondes |
Salle des machines |
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Nividic |
Début travaux |
35,50 30,40 |
9 M |
15 M |
Feu blanc. 9 éclats en 10 secondes |
Phare en mer |
||
1* | Hauteur au-dessus du sol (en mètres) |
2** | Hauteur au-dessus des plus hautes mers (Coefficient de marées 95) |
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Photographe: Chistopher.h29 Date: 16/10/05 18:53 Resolution: 800 x 600 |
La Jument
C’est après avoir échappé de justesse à un naufrage, en 1878, que Charles Eugène Potron, rentier et membre de la Société de Géographie, s’engage le 9 janvier 1904 en l’étude de Maître Albert Meunié, notaire, à léguer 400.000 F-Or pour l’érection d’un phare bâti en matériaux de choix pourvu d’éclairages perfectionnés. Le testament stipule que « ce phare doit s’élever sur le roc, dans un des parages les plus dangereux du littoral de l’Atlantique, comme ceux de l’île d’Ouessant ».
Ce testament indique par ailleurs que, sous peine de forclusion, ce phare doit être terminé et le feu allumé dans un délai de 7 ans. Il décède, peu après, le 27 mars 1904. Le choix se porte sur la Jument ; des travaux réalisés l’année précédente sur le rocher Ar Gazek-Coz (« La Vieille Jument » en breton), par l’Administration en vue d’ériger une tourelle de reconnaissance, de forme octogonale, permettent de gagner un temps précieux. La Jument se situe au Sud-Ouest de l’Ile, dans une zone d’accès difficiles et de courants violents, pari fou autant que défi technologique pour cet écueil considéré comme l’un des dangereux du littoral !
Premier chantier en mer aux abords d’Ouessant, les travaux commencent en 1904 sur le rocher. Le défi de taille est relevé au prix de multiples difficultés d’accostage ; la première année de travaux, les conditions climatiques sont très défavorables et les ouvriers ne peuvent accoster au rocher que 17 fois et exécuter 52 heures de travail sur la roche. Grâce à l’organisation rigoureuse du travail imposée par le conducteur, Heurte, responsable de la subdivision d’Ouessant, les délais sont respectés. Après maints travaux de nettoyage, d’arasement, de percement de trous, de maçonnerie, de mises en place d’instruments de chantiers performants, La Jument, haute de 47 m, s’élève au-dessus des flots de l’Iroise. Achevée durant l’été 1911, et pourtant en granit, la bâtisse ne tarde pas à essuyer une grosse tempête en décembre 1911 qui révèle ses faiblesses : elle tremble !
Le monteur de l’optique, 3 gardiens et le cuisinier se trouvent alors dans le phare. Des lames énormes attaquent la base par le sud-ouest et couvrent la lanterne dont le vitrage se fend ; la cuve à mercure répand ses vapeurs ; le pavillon de la sirène est repoussé à l’intérieur de son logement ; les réservoirs de pétrole se déplacent dans la pièce ; l’eau entre à flots par les fenêtres brisées et dévale l’escalier. Les 5 hommes présents s’attendent à être engloutis. Au bout de 5 jours et 5 nuits de cauchemar, malgré une mer forte, le bateau de chantier, la Confiance, libère enfin Barthelme, le monteur en optique, Coatmeur, le gardien et le cuisinier intoxiqués par les vapeurs de mercure. Les gardiens Masson et Le Gall restent en poste pour assurer le service du feu.
De sérieux travaux s’imposent lorsqu’on découvre que le rocher est fendu … L’histoire dit qu’il existait une cavité non comblée sous la roche et que dès que la mer cogne du Sud, le phare remue … L’élargissement du soubassement et son élèvement de la cote 10,5 à la cote 14 sont réalisés ; la base de la tour est chemisée d’une couronne de 20 cm de béton armé ; 3 câbles sous tension de 1.000 tonnes sont scellés dans la roche. Ces travaux devront être entrepris à plusieurs reprises par les autorités et prendront fin en 1940. Le phare frémit toujours… Aujourd’hui, encore quelques brèches dans les anneaux de l’optique témoignent de l’assaut de 3 grosses tempêtes qui menacèrent la stabilité du phare. Il arrive encore que des vitres cassent, des fers se tordent, mais à La Jument ce n’est que routine. Une légende dit que certains ont déclaré ce phare « envoûté » parce que les murs tremblaient au point que certains gardiens refusèrent d’y retourner … Il s’agit tout simplement d’un défaut de construction. Automatisé en juillet 1991, le phare est désormais télécommandé à partir du Creac’h.
Le Creac’h
La décision de construire, en 1859 sur la pointe N.-O. de l’île, au sommet d’une éminence, en Breton « Creac’h » le phare du Créac’h, est prise lors de l’accélération du trafic maritime liée aux développements des empires coloniaux et l’ouverture de nombreuses routes à des navires européens de tous tonnages s’engageant de plus en plus dans la Manche ou se dirigeant vers une voie transocéanique. En effet, le Stiff, construit, un siècle et demi auparavant, ne suffit pas pour prévenir les accidents qu’occasionnent les écueils du côté du sud-ouest, ses feux étant trop distants.
Le Creac’h, haut de 55 m, est doté d’une optique de premier ordre dont le plan focal se situe à 68 m au dessus des hautes mers. Sa portée lumineuse est de 24,7 milles par temps moyen. Allumé fin 1863, le phare du Creac’h est électrifié en 1888 et doté d’une nouvelle optique. Toutes les dix secondes, des éclats groupés par deux avec une puissance lumineuse allant de 350 000 à 650 000 becs Carsel. En moins de 40 ans, le Creac’h est modernisé à plusieurs reprises ; il reçoit 3 optiques différentes qui multiplient par deux sa portée lumineuse. En ce début de XXe siècle, 30 000 navires passent les côtes de l’île d’Ouessant mais la brume épaisse est encore à l’origine de sinistres ; on décide donc d’avoir recours à l’émission de sons. En 1900, une nouvelle sirène est installée sur la galerie du phare du Creac’h ; puis en 1912, une cloche sous-marine. S’ensuivent d’autres installations ; enfin, en 1985, deux vibrateurs sont placés sur la terrasse du phare.
Parmi le millier de phares implantés sur les côtes de France, dont 120 dans le Finistère, le Creac’h d’Ouessant occupe l’une des toutes premières positions du monde avec ses 500 millions de bougies et sa portée de 63 km. Il pilote ou surveille les phares récemment automatisés du Stiff, de Nividic, de la Jument, de Kéréon, des Pierres-Noires et guide l’entrée des navires dans la Manche.
En 1987, on installe à son sommet un système d’éclairage pour empêcher les oiseaux migrateurs de s’y heurter. Son ancienne centrale électrique est occupée depuis 1988 par le Musée des Phares et Balises.
Le musée des phares
Installé dans l’ancienne salle des machines de la centrale électrique du phare du Creac’h, l’un des plus puissants du monde avec une portée de 61 Km, le musée retrace l’histoire des phares et de la signalisation maritime.
Ouessant était toute désignée pour accueillir un tel établissement : c’est ici, en effet, que fut installée en 1889 la première optique pour feu électrique ; ici aussi que le premier phare automatique entra en service ; ici encore que bon nombre d’optiques et de signaux sonores furent testés et perfectionnés.
Une collection unique de fanaux, balises, optiques, bouées, permet de saisir l’évolution technologique de la signalisation maritime depuis un appareil dioptrique, ancêtre de tous les phares modernes, conçu en 1823 par Augustin Fresnel pour le phare de Cordouan, jusqu’à des appareils plus contemporains. Maquettes illustrant la construction de phares en mer, plans, objets provenant d’épaves fouillées au large d’Ouessant, supports audiovisuels évoquant les conditions de vie des gardiens de phares, permettent d’appréhender de façon globale le patrimoine maritime.
Ecomusée
Le musée des phares et balises - Tél. 02 98 48 80 70
Le Kéréon
Au sud-est de l’île, dans le passage du Fromveur, Kéréon est bâti sur l’écueil de Men Tensel - « la Pierre Hargneuse ». Entamée en 1907, la construction se poursuit dans des conditions extrêmes d’accostage, de débarquement et d’embarquement découlant de sa position au Sud du grand courant du Fromveur.
En 1910, grâce à un don d’une petite nièce de Charles Marie Le Dall de Kéréon, enseigne de vaisseau de la Royale, condamné à mort à l’âge de 19 ans en 1794, le projet prend une dimension plus importante que celle prévue initialement. En dépit de son lot de difficultés, du début de la grande guerre de 1914, des aménagements internes à exécuter, le feu du Kéréon est néanmoins allumé le 25 octobre 1916. Kéréon fait figure de palace. Son optique donne toutes les 5 secondes, 4 secondes de lumière et une occultation de 1 seconde ; un secteur rouge de 131° compris entre les relèvements du phare à 248° et à 190° indique les dangers ; dans ses cinq salles, les aménagements intérieurs sont fastueux : mobilier en chêne de Hongrie, plancher en marqueterie d’acajou et de poirier, boiseries.
Alimenté en pétrole, il peut être électrifié en 1972 grâce à une éolienne et deux groupes électrogènes. Il est gardienné par deux électromécaniciens. Kéréon est le dernier « phare monument » érigé en mer et l’un des derniers phares habité de France jusqu’au 29 janvier 2004 ; l’automatisation totale met fin aux relèves périlleuses qui ne peuvent s’effectuer qu’en pleine mer, par bateau, les gardiens montant à califourchon sur un ballon agrippé à un câble au dessus d’une mer agitée par un fort courant.
Une plaque commémorative scellée sur un mur du phare rappelle ce don de 585000 F (or) versé en 1910, par Madame Jules Lebaudy dans les caisses du Ministère des Travaux Publics et le texte de la dernière lettre de son aïeul, Charles Marie Le Dal de Kéréon à son père, la veille de son exécution, dont la lettre se termine par ces mots :
« Le crime fait la honte et non pas l’échafaud. Je meurs innocent. »
Le phare de Kéréon qui perpétue son nom entretient sa mémoire.
Le Nividic
Érigé sur la roche la plus haute de la chaussée de Leurvaz an Ividig, au sud-ouest de la pointe de Pern, le phare de Nividic est conçu dès l’origine pour fonctionner de manière automatique et fonctionnelle, sans souci de décoration. La brume, fréquente dans les parages, occulte trop souvent les éclats du phare du Creac’h. Les portées des signaux sonores sont irrégulières en fonction des vents, des rochers et de la structure des bancs de brume.
Commencé en 1912, le phare voit sa base terminée détruite en 1920 par une forte tempête en été. Le chantier prend fin en 1936. Sa réalisation est perçue par la presse comme « le record du monde du génie français », en regard des contraintes et difficultés d’édification.
L’énergie produite par le Creac’h nécessaire à l’alimentation du feu, du signal sonore et des contrôles de l’automatisme, est amenée par une ligne aérienne de transport d’énergie, soutenue par deux pylônes vissés sur des récifs :
Conçu à 275 mètres de la pointe de Pern,
et celui de Kerzu à 410 mètre du précédent et à 275 mètres de Nividic
Une station à la pointe de Pern assure le relais et la régularisation de la tension du câble. Une nacelle, de type téléphérique, portée par le même câble permet d’acheminer jusqu’au phare les hommes nécessaires à l’entretien. Le phare, constitué d’un massif plein de béton, comprend trois chambres superposées et la lanterne. L’optique locale, située à 24 m au-dessus des hautes mers, est éclairée par une lampe relayée en cas de panne par un brûleur à gaz. Une sirène de brume constitue notamment le dispositif sonore du phare. Au cours de la seconde guerre mondiale, le phare est éteint et les câbles mal entretenus, qui desservent la nacelle, finissent par se rompre. La nacelle ne sera plus réutilisée. En 1952, un feu de secours à gaz est remis en service mais les pannes se succèdent, sans qu’il ne soit possible d’y porter remède dans des délais raisonnables. Début 1953 le câble d’alimentation est remis en place ainsi que le feu principal, mais une extinction se produit très rapidement ; une très longue période de mauvais temps rend l’accès au phare inaccessible. Ces séries d’extinctions prouvent la fragilité de l’installation en un lieu particulièrement accidenté. La décision est prise d’équiper le phare d’une plate-forme d’atterrissage pour hélicoptère, située au-dessus de sa lanterne permettant ainsi de livrer régulièrement les bonbonnes de gaz.
Aujourd’hui, le phare du Nividic ne porte plus de signal de brume ; le fonctionnement au gaz a été abandonné au profit de panneaux solaires (installés en 1996), qui alimentent un feu scintillant.
Le Stiff
On retrouve en 1689 un texte demandant au « Sieur HERPIN » et au « Sieur Delavoy » de trouver sur la côte d’Ouessant « l’endroit où des tours pourraient être le mieux placées. »
Dans un souci militaire, Vauban érige entre 1683 et 1700 les 6 premiers phares français. Il s’agit de solides tours bastionnées et garnies de canons, dont en 1695 une « tour à feu » en granit au sommet de l’impressionnante falaise du Stiff, point culminant de l’île. Au début du XVIIIe siècle, les côtes du Finistère ne sont encore éclairées que par la tour de l’Abbaye Saint-Matthieu sur le goulet de Brest et le Stiff d’Ouessant. Le projet du Stiff a été réalisé finalement sans arrière-plan stratégique ; il s’agit avant tout d’assurer la sécurité des vaisseaux qui, venant du large, s’apprêtent à entrer dans la Manche.
Le phare du Stiff est composé de deux tours tronconiques accolées ; il abrite dans l’une un escalier à vis qui dessert les chambres en retonde de l’autre.
Durant les années qui suivent sa construction, le feu est allumé par un gardien au sommet du phare, sur la terrasse supérieure que l’on peut toujours identifier dans l’architecture de l’édifice, à partir d’un brasero brûlant du bois et du charbon. Le feu ne fonctionne que du 1er octobre à fin mars mais, en 1717, l’intendant du Roy en Bretagne note « que le feu n’a pas été allumé depuis longtemps, faute de matière pour l’entretenir et d’argent pour avoir lesdites matières ». D’ailleurs à cette période, on relève que le feu ne sert plus ; le grillage du foyer a rouillé ; tout doit être restauré. En 1720, le régent ordonne que le feu soit rétabli à Ouessant. Dés lors, il semble qu’il soit allumé en permanence. Bientôt, les foyers allumés depuis les temps anciens au sommet des tours à feu cèdent la place à un système composé d’un réflecteur en forme de calotte de sphère au foyer duquel brûlent jusqu’à 60 lampions, dégageant abondante chaleur et fumée grasse, encrassant vitres et réflecteurs. En 1820, le Stiff est enfin équipé d’une procédé mis en place en 1790, le système Sangrain, consistant en l’utilisation de grands réflecteurs concentrant le rayon lumineux en un faisceau plus étroit. Ce système est par ailleurs doté d’une évacuation par une cheminée de cristal protégeant la surface argentée à la feuille des réflecteurs, de la chaleur et de la fumée. Modifié à plusieurs reprises, le phare du Stiff est équipé en 1831 d’une optique de feu fixe de premier ordre. Délimitant le passage maritime au nord-est, le phare est maintenant entièrement automatisé : allumage et extinction du feu sont commandés par l’intermédiaire d’une cellule photo-électrique. Depuis 1978, une tour radar accompagne le Stiff dans sa permanente surveillance des « rails » de l’entrée de la Manche. Depuis 1993, le télé-contrôle s’effectue à partir du phare du Créac’h. Le phare du Stiff est situé à 89,10 mètres au-dessus de la mer et à 32,40 mètres du sol. Il fonctionne au pétrole jusqu’en 1889. Il est désormais alimenté par l’énergie électrique distribué par le réseau de l’ E.D.F.
Sa portée lumineuse est de 24 milles. Ses feux émettent deux éclats rouges toutes les 20 secondes.
Les gardiens
Les gardiens de phares exercent un métier que l’automatisation de la signalisation maritime est en train de transformer en grande vitesse.
« L’intérêt des nouveaux équipements qui font appel à l’électronique est d’augmenter la fiabilité déjà très importante des installations, d’améliorer la sécurité d’intervention des agents des Phares et balises et aussi…de réaliser des économies de fonctionnement » expliquait récemment Roger Louzaouen, patron des « Phares & Balises ».
En France, ils sont encore près de 250 à avoir sous leur responsabilité le bon fonctionnement de plus de 150 phares.
Parmi les quelques phares de France encore habités, 2 devraient pouvoir conserver leur gardien tant pour des raisons de sécurité que de patrimoine, Sein, l’Ile Vierge -au large de l’Aber Wrac’h. Le phare de Cordouan en Gironde, reste le seul phare gardé, isolé en mer. Kéréon en Ouessant est le 6ème phare isolé en mer à voir partir ses gardiens. Outre son intérêt patrimonial, Kéréon assurait une présence humaine pour la surveillance du Fromveur et du chenal du Four. Kéréon était le seul phare en pleine mer pour la formation et l’entraînement des agents des Phares et Balises.
L’hiver, le temps conditionne la relève ; la marée fixe son horaire. Le bateau approche alors du phare par l’Ouest qui le domine du haut de ses 45 mètres, frôle la roche le temps de capeler les charges et recule de quelques mètres pendant que les sacs sont débarqués. Le nouveau gardien monte à califourchon sur le ballon et s’envole vers le Kéréon, par-dessus les tourbillons du courant. Le gardien relevé descend alors avec dextérité après 15 jours de veille. Le bateau s’éloigne, saluant d’un coup de corne les gardiens restés au Kéréon qui demeureront coupés du monde jusqu’à la prochaine relève qui interviendra dans deux semaines, sauf tempêtes.
Le Kéréon est un palace où les gardiens dorment dans des lits clos bretons ; dans la partie basse, une cuisine au parquet de mosaïque où ils trouvent refuge par très gros temps. Se considérant plus marins que terriens, les gardiens de phares utilisent le même vocabulaire que les marins ; ils « arment le phare », « prennent leur quart », se croisent au changement de quart mais prennent les repas en commun. Leur travail consiste à surveiller, contrôler, assurer la maintenance et dépanner tout ce qui est électrique ; ils y ajoutent quelques travaux d’entretien.
Le jeudi 29 janvier 2004 les deux gardiens rejoignaient définitivement le continent. La technique du "ballon" interdite par la réglementation européenne en 2000, la fermeture du phare s’inscrit dans un mouvement d’automatisation engagé dans le Finistère depuis une quinzaine d’années.
Qui étaient les gardiens de phares d’OUESSANT ?
Des Îliens évidemment, nés - selon Claude Louarn - « le cul dans l’eau », armés pour affronter la solitude, regardant vers le large et non vers la terre pour tenir.
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Découvertes
Chaque année, quelque 10 000 touristes, attirés par les richesses d’Ouessant, foulent la pelouse littorale usée par le piétinement et découvrent un espace légendaire.
Ici tout rappelle que les hommes n’ont jamais négligé l’île, les moulins, les traditions, les muretins constituant un rempart rustique contre les assauts du vent.
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Découvrir l’île
Dans les années 1850, L’île d’Ouessant accueille ses premiers touristes. Leur nombre augmente sensiblement en 1880 lors de la mise en service du premier bateau-courrier à vapeur, La Louise.
L’île, qui se présente au voyageur comme un plateau, se signale de loin par une haute tour située à proximité du phare du Stiff. A la fin du 19ème siècle, de nombreux artistes sont séduits par cette île, qui de par son éloignement de la terre, la beauté rude de ses paysages, son histoire liée aux aventures de la mer et à ses traditions, en font une source d’inspirations artistiques en tous genres.
Dans son roman - La Mer - Bernhard Kellermann qui séjourne à Ouessant en 1907 décrit les paysages de la Pointe de Pern. Il évoque -comme l’a rapporté le peintre Jacques BUREL- « le fourmillement d’images, de bruits et d’odeurs, le vent qui vous empoigne, la mer qui tonne et vous oubliez tout le reste. Le temps a disparu ! »
Jacques BUREL a d’ailleurs dressé d’Ouessant « Le Portrait d’une île éternelle » et ses dessins illustrent les gestes des champs, les détails d’un moulin, d’une façade… « Ici -dit-il- Tout donc me paraissait beau, à la fois nouveau et antique, en tout cas précieux et à noter de toute urgence comme tout ce qui est menacé. ».
Depuis 1954, des centaines d’ornithologues organisent sur l’île des stages avec une approche de la protection de la nature. Les politiques de protection des espèces animales et végétales ont largement porté leur fruit.
Actuellement chaque année, quelque 10 000 touristes, attirés par les richesses d’Ouessant, foulent la pelouse littorale usée par le piétinement et découvrent un espace légendaire ; ici tout rappelle que les hommes n’ont jamais négligé l’île, les moulins, les traditions, les muretins constituant un rempart rustique contre les assauts du vent.
Points panoramiques de l’île
La découverte de l’île permet d’observer de vastes secteurs de végétation aux couleurs riches et variées. L’ajonc et la bruyère règnent désormais en maître depuis les années 1950 suite au déclin de l’activité agricole.
Les différents points panoramiques, au départ de Lampaul
la pointe de Pern : observation du phare du Nividic. Extrémité ouest de l’île, elle se prolonge dans l’océan par des rochers et des récifs sur lesquels vient écumer la houle.
l’île de Keller : en 1976, l’Olympic Bravery, pétrolier de 278 000 tonnes s’échoua près de la baie de Yusin, face à Keller.Les 1100 tonnes de mazout contenues dans ses soutes polluèrent le littoral insulaire. L’île de Keller est une île privée.
Cadoran : vue sur la baie de Beninou et l’île de Keller. C’est dans ce secteur, en comptant sur la chance et le hasard que peuvent être observer le phoque gris. La colonie de phoques gris de Molène et d’Ouessant est la plus méridionale et la seule en France.
Penn ar Roc’h : vue sur le passage du Fromveur. Accès par la route de Ty-corn, sinueuse et pittoresque, avec vues sur la baie de Lampaul et le phare de la Jument.
Porz Coret : vue sur la baie de Lampaul ("la pince de crabe"), et sur le rocher Youc’h Korz.
La maison du Niou
L’habitat à Ouessant s’est adapté de manière remarquable aux conditions climatiques.
On constate l’alignement des maisons le long des crêtes qui convergent vers le bourg de Lampaul. En dehors du bourg, l’habitat s’est organisé en « villages » ou plus simplement en hameaux, les façades des maison étant orientées au sud. Ces maisons sont solides, avec des murs épais montés en pierres de granite jointes à la terre argileuse, avec deux portes d’entrées en face à face (l’une au nord et l’autre au sud), les ouvertures étant de taille réduite.
Premier écomusée de France ouvert, en 1968, par le Parc naturel régional d’Armorique, il présente et relate, dans deux maisons traditionnelles, l’habitat et la vie d’Ouessant au XIXe siècle. D’un côté, la pièce à vivre, le penn ludu (côté des cendres) avec une cheminée, deux tables dont l’une servait de pétrin, deux bancs coffres dont l’un faisait, parfois, office de lit pour les enfants, et deux lits clos. De l’autre côté, la même pièce richement décoré d’assiettes, de statuettes et de chandeliers, appelée penn brao (bout joli), où se déroulent les grands évènements. Entre les deux, des couloirs sud-nord et est-ouest emplis de coffres à céréales, de réserves à viande salée, et la fameuse barre où était tué le cochon.
Ecomusée
Maison du Niou - Tél. 02 98 48 86 37
Les moulins
Près de 3 000 moulins à vent et 5 000 moulins à eaux fonctionnent dans les cinq départements bretons au milieu du 19ème siècle.
5 000 moulins ont existé dans le département du Finistère, un pour deux villages.
Le moulin breton est une bâtisse à base circulaire construite en pierre dont la forme et les proportions peuvent varier.
Les moulins à vent montrent la plus grande variété d’architecture, mis à part les moulins à pivot tournant, dont il ne subsiste plus aucun exemple complet et les petits moulins d’Ouessant avec encorbellement fait de corbeaux de granit.
Hauts d’environ 5 mètres avec des ailes de 3,50 mètres, les petits moulins d’Ouessant comprennent une cabine en bois contenant tout le mécanisme, tournant sur un pivot métallique en haut d’un cylindre de maçonnerie de granit d’environ 2 m de haut et autant de diamètre. L’orientation se fait par l’échelle ou par un petit givre.
Au cours du 19ème siècle, ils servent à pallier l’insuffisance des grands moulins qui obligent les Ouessantins à faire moudre l’orge sur le continent. Le décret pris sur le bornage en 1852, interdisant aux barques de pêche de transporter des produits alimentaires et la venue sur l’Ile de tailleurs de pierre du Cap Sizun pour la construction du phare et de l’église paroissiale, favorisent l’émergence et le développement de ces petits moulins.
A Ouessant, ils sont 60 avant 1914.
Par ailleurs, le plan cadastral de 1844 signale la présence de 9 grands moulins sur l’Ile ; 3 seulement fonctionnent dans les années 1900, au Stiff,
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