Nos humeurs ont des hauts et des bas à des degrés divers. Pour les cyclothymiques, il sʼagit de mieux les appréhender pour mieux les dompter.

Nos hauts et nos bas influencent notre façon de penser et d’agir et conditionnent notre bonheur et bien-être. Contrairement aux pensées et comportements, on subit nos émotions. C’est comme danser avec un (ou une) partenaire imprévisible, capricieux(se) qui dicte et impose les pas de la danse.
Dans certaines conditions, ce partenaire s’emballe, les pas s’accélèrent et on ne peut que suivre autant qu’on peut. Parfois, l’emballement est systématique, presque tout le temps.

Accélération, intensité, frénésie, instabilité des rythmes caractérisent la danse de la cyclothymie.

Ne pas subir les oscillations des humeurs, c’est apprendre à faire avec, savoir danser avec. Connaître en premier les pas, les rythmes, la marche  puis apprendre à danser avec et parfois à mener la cadence voir même imposer le rythme. C’est une question de danse harmonieuse, équilibrée

La cyclothymie est en nous, incrustée dans la partie affective et émotionnelle de la personnalité de chacun. Elle peut représenter un tempérament, un style de personnalité tout comme un trouble qui sabote toute tentative d’équilibre émotionnel et de fonctionnement stable. Dans tous les cas, on l’a depuis l’enfance et fait partie de notre personnalité.

Alors, comment faire : la subir, la dompter, la réduire, la camoufler ?
Il est impossible de nier la cyclothymie et la force qu’elle impose à nos émotions. L’idéal est de la connaître (en réalité se connaître soi-même), l’évaluer, réduire les fragilités induites par elle et bloquer ses complications (notamment les dépressions). C’est tout comme bien connaître son partenaire de danse

Un problème fréquent rencontré par les patients cyclothymiques ainsi que les médecins : comment faire la part de la cyclothymie et celle d’un trouble de la personnalité (hystérie, borderline) ou celle d’une personnalité tout court ?
En effet, tous les domaines psychiques sont influencés par la cyclothymie. Donc, l’image de la "danse" me paraît assez parlante de ce jeu entre la personne et sa cyclothymie.

Le dr Hantouche et M. Trybou ont terminé la rédaction d’un livre complètement dédié au dépistage de la cyclothymie, ses manifestations, ainsi qu’à la psychoéducation pour les personnes souffrant de ce trouble. C’est une synthèse de 7 groupes de psychoéducation pour les patients cyclothymiques.

Le rôle de la psychéducation

La Psychoéducation a le but d’amener un patient vers la meilleure connaissance possible de sa propre maladie mentale en lui donnant des explications sur les manifestations et mécanismes de celle-ci. Contrairement à une thérapie qui va viser à soigner, la psychoéducation vise à expliquer des phénomènes : connaître sa maladie, savoir la repérer, en connaître les causes, les conséquences, faire le lien entre les symptômes, ce qui les provoque et ce qui permet de les stabiliser. Expliquer la complexe machinerie d’une pathologie permet un meilleur contrôle de celle-ci qu’une thérapie qui prétend soigner sans dire ni savoir ce qu’elle soigne. C’est la conviction profonde du Dr Hantouche qui soigne la cyclothymie depuis plus de vingt ans.

Les 7 parties de la psychoéducation des cyclothymiques

1) introduction, concepts et dépistage
2) comprendre les manifestations de ma cyclothymie
3) monitoring et stabilisation des variations d’humeur
4) travailler sur les failles psychologiques de la cyclothymie
5) gestion des émotions et des automatismes mentaux
6) la gestion des conflits et des relations interpersonnelles
7) aspects positifs de la cyclothymie

La cyclothymie est une amplification caricaturale de la vie émotionnelle de chacun. Ainsi toutes les méthodes utiles pour réduire la cyclothymie le sont également à toute personne en quête d’un équilibre émotionnel.