Le depistage des surdoues en consultation psychiatrique
Le depistage des surdoues en consultation psychiatrique
clic ici : étude de 64 pages
http://gappesm.net/Ressources/Articles/Depistage-patients-psychiatrie-surdoues/these.pdf
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Résumé :
Tableau 11 : Pathologies des patients en classe I selon la classification du DSM IV.
Les pathologies retrouvees sont : phobie sociale ( F40,1 ) pour deux patients, trouble
obsessionnel compulsif ( F42,x ), anxiete generalisee ( F41,1 ) chez trois patients,
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deficit de l'attention / hyperactivite ( F90,9 ), abus d'alcool ( F10,1 ), abus de cannabis
( F12,1 ), trouble bipolaire type II depressif ( F31,8 ), trouble depressif recurrent
( F33,x ), trouble dysthymique a debut precoce ( F34,1 ), trouble depressif isole
( F32,x ), etat de stress aigu ( F43,0 ), boulimie ( F50,2 ), trouble des conduites
alimentaires non specifie purgatifs ( F50,x ), trouble de la personnalite ( F60,9 ),
insomnie ( F51,0 ).
Les patients de la classe I presentaient generalement plusieurs des
caracteristiques suivantes selon les conclusions du psychiatre : anxiete, troubles du
sommeil, impulsivite, exigences elevees ou anxiete de performance, troubles de la
personnalite.
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4.1.1 Pathologies et troubles psychiatriques
Il est souvent complexe de classer les troubles qui affectent le surdoue et celuici
est parfois trouble par le diagnostic qu'on lui apporte. En effet, en dehors des
pathologies psychiatriques tres nettes comme par exemple les etats maniaques, la
semiologie psychiatrique est complexe. Ainsi, dans la population, il est commun de
trouver des individus ayant des composantes psychotiques ou nevrotiques, sans que
pour autant l'on puisse classer les troubles de ces individus dans l'une ou l'autre des
pathologies psychiatriques connues. Et, bien entendu, vouloir classer des troubles
dans une categorie de pathologie efface la specificite de l'individu, les causes et
consequences de ses troubles. La classification du DSM IV par exemple est
contestable. Nous l'avons choisie pour les besoins de l'etude, cependant la precision
que cette classification apporte n'est pas suffisante pour determiner precisement les
troubles ou symptomes du surdoue.
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Est-ce l’anormalite, notamment d'un point de vue comportemental, qui est une
pathologie ? Si cette reponse n’est pas la plus juste, elle est neanmoins largement
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repandue dans l'inconscient collectif. Dans ce cas, les surdoues qui sont par definition
anormaux ou non conventionnels sur le plan intellectuel et comportemental peuvent
etre classes, faute de mieux, dans les personnalites pathologiques, ou comme on
l’entend parfois “ borderline “ ou “ schizoides “ ou “ etats limites ”. Cela dit,
l'anormalite ne se borne pas a la difference sur le plan de l'intelligence et certaines
personnes non surdouees peuvent bien entendu avoir un comportement non
conventionnel ou anormal.
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Ainsi, il est frequent de rencontrer des patients que l’entourage ou les
soignants trouvaient inquietants et incomprehensibles, mais qui ne sont en fait “ que “
des surdoues ! Par exemple, grace a leurs capacites intellectuelles, leur pensee rapide
et leur memoire de travail, les surdoues font des rapprochements entre des faits dont
le lien n'est pas evident au premier abord, ce qui leur permet de passer rapidement
d'un sujet a l'autre ; ils pensent a plusieurs choses a la fois, font plusieurs choses a la
fois, remarquent, analysent et s'etonnent de faits en apparence anodins, ont un sens de
l'humour tres particulier, sont rendus anxieux par leurs analyses du monde qui
d'ailleurs peuvent echapper au commun des mortels, ne s'interessent pas aux memes
activites que leurs congeneres, agissent souvent en solitaire et parfois meme en
opposition avec leurs congeneres... Cela n'evoque t-il pas le comportement de patients
psychotiques ? Pourtant la relation du surdoue au monde n'est pas alteree comme c'est
le cas pour le patient psychotique. Le surdoue ne souffre donc pas d'une psychose. Par
exemple, le patient psychotique est anxieux car son jugement est errone et il vit dans
l'Erreur.
Le surdoue ne souffre donc pas d'une psychose. Par
exemple, le patient psychotique est anxieux car son jugement est errone et il vit dans
l'Erreur. Le surdoue est inquiete par la realite des choses. Une angoisse excessive chez
le surdoue correspond plus a une nevrose. Car la comprehension de la realite, si
terrible soit-elle, ne doit pas susciter une angoisse source de souffrance.
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Enfin, c’est dans un souci d’apaisement que je souhaite ne pas creer de
relation entre douance et pathologie psychiatrique. C'est souvent le cas chez les
patients, particulierement les enfants et encore plus leur famille, qui au decours d'une
consultation pour des motifs divers ( troubles psychologiques ou difficultes scolaires
par exemple ) passent un test de QI et decouvrent leur douance. Le raccourci est alors
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simple : c'est la douance qui est la cause de tout. Mais ce raccourci facilement
emprunte n'est pas exact jusqu'a preuve du contraire. De surcroit, une idee recue
circule, renforcee par les propos de quelques psychologues : les surdoues auraient
frequemment des troubles associes. Il n'existe neanmoins pas de veritable etude le
confirmant. C'est donc plutot une idee recue. Comprenons bien ce qui amene a cette
conclusion : les enfants ( car c'est bien d'eux qu'il s'agit dans ce cas ) sont testes lors
d'une consultation pour un trouble psychologique ou psychotechnique ( dysgraphie,
trouble psycho-moteur, etc... ), donc les enfants que l'on depiste comme ≪ surdoues ≫
ont obligatoirement un trouble associe. Or on estime a 400 000 le nombre d'enfants
surdoues en France en age de scolarite ( de 6 a 16 ans ), soit 4 % de la population,
mais seuls 3 a 5 % d'entre eux seraient detectes. Par consequent, 3 a 5 % des enfants
≪ surdoues ≫ sont depistes car generalement ils ont un trouble associe et l'on
generalise leur probleme aux 95 a 97 % de ≪ surdoues ≫ non depistes, qui ne sont pas
depistes car probablement ils n'ont pas de trouble associe. Sous-entendre que la
douance est une pathologie psychiatrique ou qu’elle en engendre, en plus d'etre faux,
serait nuisible pour les surdoues eux-memes et pour l’image qu’en a le reste de la
population.
Finalement, il est difficile de classer les troubles d'un surdoue dans une
classification de type DSM IV. Cependant nous l'avons fait pour des raisons
scientifiques afin de cerner plus aisement les pathologies des surdoues.
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4.1.2 Pathologie(s) des surdoues
Le surdoue est sans cesse a la limite de la psychose sur le plan
symptomatologique. En effet, le psychotique a souvent du mal a decerner ce qui est
reel et imaginaire; donc il a du mal a choisir entre le rationnel et l'irrationnel, le
logique et l'illogique. Le surdoue, lui, ne parvient pas a savoir ce qui est convenable et
ce qui ne l'est pas. Car il sait ce qui est bien et ce qui est mal, ce qui est vrai et ce qui
est faux. Mais autour de lui, les gens tiennent parfois pour vrai ce qui est faux, et
reciproquement. Ils tiennent pour bien ce qui est mal, et reciproquement. Ils trouvent
parfois convenable ce qui est absurde ou faux, et reciproquement. En somme, ce qui
parait correct ou convenable pour le surdoue ne correspond pas ou est en decalage
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avec le point de vue du reste de la population. Le surdoue ne sait plus ce qui est
convenable et ce qui ne l'est pas. Donc le surdoue ne sait pas ce que les gens attendent
de lui, s'ils attendent de lui une reponse logique, rationnelle et exacte, ou bien une
reponse illogique, irrationnelle et fausse. Il entre dans un dilemme : "Dois-je dire la
verite ? Car si je la dis mais qu'elle entre en contradiction avec ce que pensent mes
interlocuteurs, cela va causer une discorde, et personne ou presque ne me donnera
raison. Mais si je ne la dis pas, je serai dans l'erreur. Cependant sur le plan social,
mieux vaut etre approuve et felicite dans l'erreur, qu'isole et critique dans la verite.".
Donc il y a un stress puisque jusqu'a ce que les auditeurs aient donne leurs points de
vue, le surdoue n'a aucun moyen de savoir si ce qu'il fait sera bien ou mal accueilli,
meme si c'est la verite. Et il ne sait pas non plus jusqu'a quel point il doit voiler ou
masquer la verite pour qu'elle soit acceptee. Cela peut expliquer le perfectionnisme et
le besoin d'etre guide, non pas parce que le surdoue ignore ou est la verite, mais parce
qu'il ignore comment et s'il peut la dire...
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Au-dela de cette consideration, il est utile de s’interroger sur l’origine des
pathologies psychiatriques affectant le surdoue. Trois origines sont possibles.
Soit le surdoue presente un comportement, un caractere specifique et difficile a
comprendre par un individu tout-venant ( un soignant par exemple ). La nonreconnaissance
de la douance par le soignant peut aboutir au diagnostic errone de
trouble mental. Dans ce cas, le surdoue ne souffre pas, donc ne presente pas de
pathologie ni de trouble mental. Il ne vient donc pas en consultation.
Soit le surdoue presente un syndrome que l’on pourrait nommer ≪ Mal-etre du
surdoue ≫ et qui serait a l’origine d’une souffrance. Il y a alors deux sous-categories :
- la totalite des surdoues presentent ce syndrome de ≪ Mal-etre ・・( sous reserve de
determiner une correlation entre le niveau d'intelligence et la gravite de ce syndrome ).
Ce syndrome etant mal connu, il peut etre mal identifie par les soignants qui ne
decouvrent que certains symptomes, et il est donc associe de maniere erronee a
certaines pathologies psychiatriques.
- une fraction des surdoues peut presenter, dans des circonstances a etablir, un ≪ Maletre
≫. Dans ce cas, la douance n’est qu’un facteur de risque de presenter ce syndrome,
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et ce syndrome ne se manifeste que lors d‘une decompensation. Par contre, dans ce
cas aussi, le surdoue ne presente pas de pathologie psychiatrique identifiable a celles
de l’ensemble de la population.
Soit le surdoue presente des caracteristiques psychiques particulieres, or cellesci
peuvent dans certaines circonstances entrainer des troubles mentaux. Dans ce cas, la
douance est un facteur de predisposition a faire des pathologies psychiatriques
identiques a celles de l’ensemble de la population.
Je pense que les surdoues presentent du fait de leur vecu, de leur emotivite, de
leur sens aigu de la morale a l’origine de leur tension intellectuelle, un terrain propice
aux troubles mentaux. Cependant ceux-ci se declarent a l'occasion d'une
decompensation liee a l'accumulation de difficultes. En fait, je pense que ce n'est pas
l'intelligence qui est la cause de la souffrance, mais le choix dans son utilisation et son
utilisation malhabile, plus particulierement lors de situations difficiles. Ce qui est bon,
ce n'est pas un esprit sur-efficient qui tourne en rond et se laisse entrainer dans un
engrenage malsain ( un processus mental pathologique ) que l'esprit lui-meme cree et
perennise, mais plutot un esprit qui retrouve son juste sens.
Bien entendu, le surdoue peut trouver une solution a ses problemes, donc ne
plus souffrir de sa douance et vaincre ce ≪ Mal-etre ≫, principalement en retablissant la
juste utilisation de son intelligence.
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J'ajoute que cette etude ne mesurant que l'intelligence fluide, les surdoues
harmonieux ou les surdoues dysharmonieux avec une intelligence fluide elevee sont
davantage detectes. Les surdoues dysharmonieux avec une intelligence fluide moins
elevee peuvent ne pas etre detectes. Un surdoue harmonieux est un surdoue dont
toutes les capacites intellectuelles sont elevees. Un surdoue dysharmonieux est un
surdoue dont les capacites, par exemple verbales et spatiales, sont tres contrastees. Il
est possible que du fait de capacites abaissees - et parfois en-dessous de la moyenne –
dans certains domaines, un surdoue dysharmonieux eprouve plus de difficultes qu'un
surdoue harmonieux. De plus, il se peut que des capacites faibles dans un domaine
precis, par exemple verbales, soient mieux supportees que des capacites faibles dans
un autre domaine, par exemple visuo-spatiales, ou le contraire...
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Ainsi, le test de QI fournit une gradation dans les resultats, ce qui implique que
plus les resultats s’elevent, plus le diagnostic de surdoue est certain, mais qu’aux
alentours de 130, le diagnostic devient discutable.
Il me semble bon aussi de repeter que pour moi l’intelligence n’est pas
correlee a un niveau de souffrance mais simplement a un facteur de risque de ressentir
une souffrance.
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Pour preuve, les resultats des tests de cette etude ont parfois surpris le
psychiatre qui ne diagnostiquait pas ou diagnostiquait par erreur la douance. Autre
element : si notre echantillon de patients n'est pas biaise et que dans l'ensemble des
patients consultant en psychiatrie on retrouve 17 % de surdoues, et sachant que les
psychiatres parlent rarement de surdoues, on peut imaginer que la raison est que les
psychiatres ne detectent pas les surdoues.
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Dans l’etude presente, les troubles psychiatriques tels la depression ou les
troubles bipolaires, peuvent provoquer des variations importantes du QI. Ces troubles
peuvent affecter l’humeur et entrainer un ralentissement psychomoteur, jouant en la
defaveur du patient. Ainsi, un mauvais resultat au test ne signifie pas obligatoirement
que le patient n’est pas surdoue. La population testee, consultant en psychiatrie, est
une population particuliere ( differente de la population generale ) donc les resultats
de cet echantillon ne sont a priori pas identiques a ceux de la population generale. En
revanche, un resultat eleve est incontestable, l’effet du hasard etant minimise dans ces
tests.
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Il faut aussi tenir compte de l'inhibition intellectuelle ( on entend parfois
automutilation intellectuelle ), c’est-a-dire le fait pour un enfant surdoue non reconnu
de se limiter intellectuellement pour essayer de ressembler aux autres. J.C. Terrassier
parle d'effet Pygmalion negatif, c'est-a-dire de pression a la conformite. L'inhibition
intellectuelle est plus grave que la simple simulation : l'enfant lui-meme se croit
souvent idiot, ce qui ne serait pas le cas s'il jouait un role consciemment. Elle peut
aller jusqu'a provoquer une chute du QI, ce qui peut en rendre le diagnostic direct
( avant psychotherapie ) impossible. A partir de la, on peut se demander si les
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surdoues qui reussissent les tests ne sont pas ceux qui souffrent le moins de leur
difference… La deuxieme question est la suivante : si les patients testes ont ete suivis
par un psychotherapeute depuis une longue periode, leur etat psychique aurait du
s’ameliorer ( pour peu que la psychotherapie soit efficace ), donc leurs resultats aux
tests devraient etre ameliores. Leurs resultats auraient-ils ete identiques si le test avait
ete effectue au debut de la psychotherapie ? Donc la duree de la psychotherapie
precedant les tests de cette etude peut-elle jouer un role ? Dans notre etude, les durees
de psychotherapie des patients surdoues et des autres patients different peu mais les
patients surdoues sont en nombre trop restreint pour en faire une analyse statistique.
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Butler-Por (9), Feger & Prado (10) et Peters, Grager-Loidl & Supplee (11)
distinguent chez les surdoues plusieurs facteurs determinant les groupes a risques
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d’echec scolaire. Ces donnees montrent la difficulte a creer des liens entre la douance
et le niveau d’education. En outre, Je pense que ces facteurs peuvent aussi avoir une
influence chez le surdoue a l’age adulte :
1) Facteur geographique-ecologique : vivre dans une region qui offre peu de defis en
raison de facteurs geographiques ou ecologiques.
2) Facteurs ethniques : etre membre d’une population discriminee sur la base de
raisons ideologiques ou religieuses.
3) Facteur economique : vivre dans la pauvrete, manquer de possibilites de developper
des habiletes.
4) Facteur de genre : dans bien des cas, les filles se trouvent dans des positions
desavantageuses.
5) Privations educatives : souvent dues aux facteurs ci-dessus, mais egalement dues a
d’autres facteurs tels qu’un environnement scolaire proposant peu de stimulation.
6) Facteur culturel : grandir au sein d’une culture deviante de la culture dominante.
7) Difficultes physiques ou psychologiques : maladie physique ou mentale qui a des
repercussions negatives sur l’accomplissement.
8) Facteurs familiaux : relations conflictuelles entre parents et enfants, notamment
lorsqu’un enfant est rejete, non-desire, ou qu’il y a des stress familiaux tels que
divorce.
9) Activites hors normes : prendre part dans des activites delinquantes.
10) Etre hautement creatif : les enfants de cette categorie peuvent etre mis sous
pression pour devenir plus conformistes.
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En effet, Hollingworth (15), Nevill, Lewis, Terman et Oden qui se sont
interesses aux enfants dont le Q.I. depasse 180 pretendent qu’il y a autant d’ecart entre
ces enfants et les autres surdoues qu’entre les surdoues et les enfants normaux. Ils
mentionnent d’importantes difficultes d’adaptation et de developpement etant donne
que celles-ci augmentent a mesure que le Q.I. s’eleve et insistent egalement sur les
problemes poses par leur instruction. Chauvin confirme ceci en affirmant que ≪
Plusfort est le Q.I., plus sévères sont les problèmes d’ajustement social, et plus graves
sont les persécutions à l’école
â (14).------------------------------
Hollingworth (15) a suivi 12 enfants au Q.I. superieur a 180. Parmi les
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problemes qu’elle mentionne, la plupart sont similaires a ceux rencontres par les
surdoues dont le Q.I. est superieur a 140. Les surdoues dont le Q.I. est superieur a 180
rencontrent d’importants problemes d’adaptation, notamment vis-a-vis de leurs
camarades. Ils risquent de s’isoler socialement et de rencontrer d’importants
problemes d’ajustement de la personnalite et d’adaptation emotionnelle qu’ils
compensent generalement par des fantasmes. Terman confirme ceci lorsqu’il note que
leurs scores aux tests d’adaptation emotionnelle et sociale sont moins bons que ceux
des enfants au Q.I. moins eleve. ≪
On note que 50% d’entre eux sont très nerveuxmais que seulement 3% souffrent de névrose grave
â----------------------------
4.4.4 Conclusion
L'interet de cette etude n'est pas de montrer les benefices therapeutiques d'un
depistage pour le patient et le soignant mais de verifier si les surdoues consultent
davantage. Effectivement, si la proportion de surdoues est grande en consultation,
cette caracteristique devrait etre prise en compte a l'avenir lors des etudes faites dans
ce domaine.
Afin d'eliminer la presence de biais de selection, il faudrait poursuivre les
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etudes a plus grande echelle.
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4.5.1. Facteurs motivant la consultation
Les individus de la categorie intellectuelle superieure ou ≪ surdoues ≫
consultent plus. Pourquoi ? Nous pouvons emettre diverses hypotheses plus ou moins
probables :
- Disposition d'esprit incitant a consulter plus facilement, liee par exemple a la
connaissance ou la confiance en la psychiatrie, au desir de comprendre ses problemes
ou de mieux se connaitre, a une attitude plus rationnelle ou logique des surdoues, ou a
une attitude plus conformiste : ≪ si je ne me sens pas bien, je consulte. ≫ ?
- Une plus grande souffrance ou une plus grande sensibilite ?
- Moyens financiers plus eleves que la moyenne autorisant plus de consultations ?
A l'oppose, bien que nous n'ayons pas fait l'etude statistique a ce sujet, nous
voyons bien dans le chapitre des resultats que si les surdoues consultent plus, des
patients aux resultats decevants sont aussi en nombre superieur aux attentes. Les
pathologies psychiatriques peuvent etre responsables des mauvais resultats... Mais
cette reponse n'explique pas tout, alors si des individus ayant des difficultes
intellectuelles consultent plus, quelles en sont les causes ? Nous pourrions emettre les
memes hypotheses que pour les surdoues, or dans ce cas, certaines hypotheses
semblent moins credibles... L'autre hypothese que nous avons evoquee dans les
precedents chapitres parait encore renforcee ici : c'est le fait d'etre different ou eloigne
de la normale qui predispose les patients a presenter des troubles psychologiques ou
tout du moins a consulter. Il semble meme que cela soit vrai pour les deux cotes de
l'echelle : pour les patients aux tres bons ou aux mauvais resultats.
Le point essentiel de cette etude
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1. La différence :
La difference du surdoue par rapport a la normale se decompose en difference
reelle et difference ressentie par le surdoue. En effet, ne comprenant pas sa difference,
le surdoue risque de s'interroger sur ses causes, et parfois de les imaginer ou de les
exagerer. Une correction entre le ressenti et la realite doit sans doute etre effectuee.
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Face a cette difference, on constate les reactions de la part du surdoue et aussi
celles de la part de l’entourage. Les principales consequences sont le rejet,
l’isolement, le repli, l’incomprehension avec tout ce que cela engendre.
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La difference est passee et presente. La difference passee renvoie aux
consequences passees de la difference, donc aux souvenirs douloureux accumules par
le passe et qui ont faconne la personnalite du surdoue. Un evenement present
douloureux peut en faire ressurgir un autre, enfoui, et entrer en resonance avec lui,
amplifiant ainsi l'intensite de la souffrance morale. A l'oppose, la difference presente
renvoie a la persistance de la difference qui, elle, est dynamique et necessite une
perpetuelle adaptation du surdoue a son milieu.
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Or, la connaissance de soi peut etre source d’auto-critique. La connaissance du
monde peut etre source de critique du monde. Ces connaissances existent dans
l'ensemble de la population mais je pense qu'elles sont accrues chez le surdoue. Or la
reconnaissance par le patient de l'erreur en lui est une atteinte grave a son ego, qui le
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poussera dans un premier temps a nier cette erreur.
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L’intelligence psychotechnique est descriptive et peut etre anxiogene
puisqu’elle permet la reconnaissance de l’Erreur et puisque les manifestations de
l’Erreur sont omnipresentes. L‘oppose de l’Erreur - la Sagesse - est en pratique
absente car inaccessible. Neanmoins, l'objectif therapeutique n'est pas d'atteindre la
Sagesse mais seulement de s'en approcher.
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L’intelligence psychotechnique est descriptive et peut etre anxiogene
puisqu’elle permet la reconnaissance de l’Erreur et puisque les manifestations de
l’Erreur sont omnipresentes. L‘oppose de l’Erreur - la Sagesse - est en pratique
absente car inaccessible. Neanmoins, l'objectif therapeutique n'est pas d'atteindre la
Sagesse mais seulement de s'en approcher.
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Pour developper son intelligence empathique, il faut un choix dans l'utilisation
de son intelligence, c'est a dire utiliser son intelligence pour chercher la Sagesse, qui
est aussi la quete du Bonheur. Ne pas chercher la sagesse ou se limiter a analyser son
existence ou son malheur sont des alternatives malsaines qui n'exploitent que
l'intelligence psychotechnique. Il faut aussi utiliser son intelligence pour s'analyser soi
plutot que d'analyser l'exterieur pour y rechercher les causes du mal-etre, ce qui
signifie simplement voir l'Erreur partout ou elle est, y compris en soi. Se connaitre
suffisamment pour y reconnaitre ce qui fait son bonheur ou son malheur implique de
comprendre que la souffrance est produite par son propre esprit et que les evenements
exterieurs ne sont que des faits. Les evenements exterieurs ont une influence sur
55
l'individu et sa psychologie mais ne sont pas seuls responsables d'un trouble
psychologique. Puis, comprendre que l'environnement n'est pas la source des
problemes permet d'accepter l'environnement, donc de ne plus le rejeter. Si on ne le
rejette plus, on peut donc s'en rapprocher, et l'apprecier. Accepter signifie aussi
accepter l'existence d'erreurs ( chez les autres mais aussi en soi ). Accepter ne signifie
pas approuver.
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Pour developper son intelligence empathique, il faut un choix dans l'utilisation
de son intelligence, c'est a dire utiliser son intelligence pour chercher la Sagesse, qui
est aussi la quete du Bonheur. Ne pas chercher la sagesse ou se limiter a analyser son
existence ou son malheur sont des alternatives malsaines qui n'exploitent que
l'intelligence psychotechnique. Il faut aussi utiliser son intelligence pour s'analyser soi
plutot que d'analyser l'exterieur pour y rechercher les causes du mal-etre, ce qui
signifie simplement voir l'Erreur partout ou elle est, y compris en soi. Se connaitre
suffisamment pour y reconnaitre ce qui fait son bonheur ou son malheur implique de
comprendre que la souffrance est produite par son propre esprit et que les evenements
exterieurs ne sont que des faits. Les evenements exterieurs ont une influence sur
55
l'individu et sa psychologie mais ne sont pas seuls responsables d'un trouble
psychologique. Puis, comprendre que l'environnement n'est pas la source des
problemes permet d'accepter l'environnement, donc de ne plus le rejeter. Si on ne le
rejette plus, on peut donc s'en rapprocher, et l'apprecier. Accepter signifie aussi
accepter l'existence d'erreurs ( chez les autres mais aussi en soi ). Accepter ne signifie
pas approuver.
Enfin, si j'ai utilise le terme “surdoue” tout au long de cette these, il me semble
avoir demontre qu'il n'etait pas tout a fait approprie, source de meprise chez les
patients et le reste de la population. D'autres termes existent mais ne conviennent
qu'aux enfants ou aux individus ayant passe les tests de QI, ou sont trop charges de
sous-entendus. Ce qui me frappe chez les surdoues est leur caractere atypique,
extranormal ( les anglo-saxons disent “ exceptionnel” ). Cela est cependant source de
confusion puisqu'on peut etre exceptionnel de deux facons ( dessus ou dessous ). Je
parlerais donc plutot de supra-normalite intellectuelle : les surdoues sont anormaux
mais du fait de resultats superieurs a la normale aux tests. Cela engendre une methode
de raisonnement ou de pensee atypique, un fonctionnement intellectuel atypique. Il est
possible de distinguer les “genies”, qui eux sont supranormaux et qui se servent de
leur intelligence a des fins benefiques et tangibles pour eux et la societe ( ou la Nature
en general ).
Enfin, je distingue les sages, qui utilisent leur intelligence pour trouver la
sagesse. Je ne puis cependant creer de lien entre le niveau d'intelligence et la sagesse,
mais je subodore que l'individu qui utilise une grande intelligence dans la quete du
Bonheur peut acceder plus facilement a la Sagesse ou y parvenir avec plus de
profondeur. L'intelligence psychotechnique a plus tendance a aveugler l'individu, donc
a l'eloigner de cette quete. Cette notion est importante car elle exprime que l'Erreur
n'est pas l'apanage du surdoue, et que la resolution de l'Erreur par la Sagesse n'est pas
l'apanage du surdoue non plus. Cela remet en question la causalite entre intelligence et
maladie mentale. Pour moi, la supranormalite est bien un facteur de risque ou de
predisposition, pas une cause. La cause se situe dans le manque de sagesse. Il va sans
dire que de nos jours la transmission ancestrale a quasiment disparu, et par la-meme,
la transmission de la Sagesse aussi. Donc des le plus jeune age, les enfants se
56
retrouvent au point de depart de la Sagesse avec la charge de devoir la retrouver seuls
ou presque.
5. CONCLUSION : Le depistage des surdoues en consultation de psychiatrie.
Thèse soutenue par Damien Crouzet.
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