Le rétablissement et la prévention des rechutes
Le rétablissement et la prévention des rechutes
Le trouble bipolaire : Guide d'information
Sur cette page :
- Délai de rétablissement
- Conseils pour prévenir les rechutes et favoriser le bien-être
- Aspects pratiques du rétablissement
- Reconnaître les changements d’humeur et y réagir
Le traitement du trouble bipolaire a pour but d’aider les patients à se rétablir, par les moyens suivants :
- Traiter les symptômes jusqu’à ce qu’ils ne causent plus de détresse ou de problèmes ;
- Améliorer le fonctionnement des patients au travail et en société ;
- Réduire le risque de rechute.
Délai de rétablissement
Après un épisode maniaque, hypomaniaque, mixte ou dépressif, certaines personnes se rétablissent rapidement. Pour d’autres, le rétablissement est un processus graduel. Souvent, il faut quelques mois avant que la personne puisse fonctionner comme avant, même après que les symptômes du dernier épisode ont disparu. Le délai de rétablissement suscite souvent de l’impatience chez les personnes atteintes de trouble bipolaire. Les fournisseurs de soins de santé doivent donc expliquer l’étape du rétablissement aux patients, à leur famille et à leur employeur.
Une personne qui se casse la jambe reprend progressivement ses activités normales à mesure qu’elle se rétablit. La même démarche est recommandée après un épisode bipolaire ; elle permet peu à peu à la personne d’assumer des responsabilités et de retrouver sa confiance en elle. Certaines personnes reprennent toutes leurs activités, et même plus, dès la fin de leur épisode ; elles cherchent peut-être à se convaincre, et à persuader leur entourage, qu’elles se sont complètement rétablies. Cette « fuite vers la santé » est souvent épuisante et néfaste. La lenteur du rétablissement déplaît aux personnes exigeantes, qui se sentent alors démotivées.
Le rétablissement est un processus de longue haleine. Après un épisode bipolaire, la personne se sent souvent fragile, vulnérable et à risque de subir un nouvel épisode. Il est normal de se sentir ainsi pendant le rétablissement. Il faut du temps avant de retrouver sa confiance et de reprendre ses activités normales. Un travailleur social, un ergothérapeute ou une infirmière peut aider la personne à établir une stratégie de rétablissement, qui peut comprendre du bénévolat, des loisirs, des cours et des activités professionnelles, compte tenu de ses capacités.
Une personne rétablie est-elle « guérie » ?
Malheureusement, le trouble bipolaire demeure incurable. Cependant, comme les problèmes physiques tels que l hypertension et le diabète, cette maladie peut être gérée et maîtrisée efficacement grâce à un mode de vie sain et à des traitements.
Le rôle des médicaments dans le rétablissement
Les médicaments représentent la pierre angulaire du traitement du trouble bipolaire, car ils sont nécessaires pour que le patient retrouve son bien-être. Plusieurs médicaments sont couramment prescrits pour le trouble bipolaire. Une certaine surveillance et des discussions avec vos médecins seront nécessaires pour trouver la dose qui vous convient. Les médicaments ont pour rôle d’éliminer vos symptômes et de prévenir leur récurrence.
Pendant combien de temps faut-il prendre des médicaments ?
Le trouble bipolaire présente une forte récurrence. Sans traitement, la plupart des personnes atteintes a uront une rechute environ deux ans plus tard. Les médicaments font plus que traiter les symptômes, ils les empêchent de revenir. En effet, une personne est beaucoup plus susceptible de demeurer en bonne santé si elle continue de prendre ses médicaments que si elle arrête de les prendre. Le traitement d’entretien à long terme repose sur le type de maladie. Pour certains, il peut suffire de prendre des médicaments pendant un ou deux ans. Cette stratégie ne convient qu’aux personnes qui n’ont eu qu’un seul épisode léger n’ayant pas causé trop de problèmes. Un traitement plus long est recommandé pour la plupart des gens. Souvent, il est préférable de maintenir le traitement en permanence.
Si l’on se sent bien pendant longtemps, serait-ce que l’on n’a plus besoin de médicaments ?
Non, il est possible que la maladie soit en rémission, ou que le médicament prévienne efficacement les symptômes. Si elle interrompt alors son traitement, la personne court un risque élevé de rechute, c’est-à-dire plus de 80 pour 100 en deux ans. Même après de nombreuses années de stabilité, une rechute peut survenir.
Les médicaments peuvent-ils créer une accoutumance ?
Changent-ils la personnalité ?
Non ; on ne peut acquérir une accoutumance à l’égard des principaux médicaments contre le trouble bipolaire, les psychorégulateurs, les antidépresseurs et les antipsychotiques. Rien n’indique pour l’instant que ces médicaments ont un effet sur la personnalité. Cependant, il faut faire preuve de prudence en cas d’usage prolongé d’anxiolytiques, telles les benzodiazépines.
Les effets secondaires des médicaments finissent-ils par disparaître ?
Bon nombre d’effets secondaires s’estompent progressivement. D’autres peuvent être soulagés avec l’aide du médecin, qui surveillera non seulement ces effets, mais également la dose de médicament administrée. Dans certains cas, la concentration du médicament dans le sang et le fonctionnement des organes seront contrôlés ; le risque de complications à long terme est donc faible, et bien inférieur au risque que présente le trouble bipolaire non traité.
Conseils pour prévenir les rechutes et favoriser le bien-être
Bon nombre de personnes atteintes de trouble bipolaire, mais pas toutes, peuvent tirer profit de counseling, de psychothérapie ou des services d’un ergothérapeute, d’un travailleur social ou d’une infirmière. Ces intervenants peuvent les aider à adopter des stratégies pour réduire leurs symptômes, composer avec le stress quotidien et réduire le risque de récurrence. Les fournisseurs de soins de santé devraient recommander un traitement personnalisé.
- Renseignez-vous à fond sur votre maladie. Demandez à votre fournisseur de soins de vous renseigner sur la maladie et son traitement. De nombreuses ressources sont à votre disposition, qu’il s’agisse de publications écrites, de vidéos, de groupes de soutien ou d’Internet. La qualité des renseignements varie selon la source ; demandez à votre fournisseur de vous diriger vers de bonnes sources.
- Adoptez un mode de vie sain. Ne prenez ni alcool ni drogues, car elles augmentent le risque de rechute. Adoptez un régime alimentaire sain. Des recherches ont également démontré que faire de l’exercice régulièrement peut améliorer l’humeur. Adoptez aussi de bonnes habitudes de sommeil, surtout en voyage, en vacances ou lorsque vous devez travailler pendant de longues heures. Essayez d’aller au lit à la même heure tous les soirs. Évitez les activités stimulantes peu avant l’heure du coucher. Payez vos factures, faites votre travail ou terminez vos tâches importantes en début de soirée ou, de préférence, pendant la journée.
- Le stress est inévitable ; trouvez donc de nouvelles stratégies pour vous y adapter. Bien des gens ne recourent qu’à une seule stratégie d’adaptation. Avec votre équipe de traitement, trouvez des stratégies qui vous aideront à mieux faire face au stress quotidien.
- Évitez de vous isoler. Certaines personnes atteintes de trouble bipolaire ont tendance à passer trop de temps seules, et se sentent ainsi encore plus déprimées, démotivées et tristes. Un bon réseau social peut se révéler d’une aide précieuse. Il peut vous protéger contre les situations stressantes.
- Essayez de parvenir à un équilibre dans votre vie. N’oubliez pas qu’il faut faire preuve de modération. Consacrez du temps à votre travail, à votre famille, à vos amis et à des activités de loisir. Un mode de vie plus équilibré et plus satisfaisant pourrait vous aider à faire face au stress et à réduire le risque de rechute.
- Soyez attentif à vos symptômes. Bien des personnes atteintes de trouble bipolaire présentent des symptômes caractéristiques, qui reviennent à chaque épisode. Ainsi, certains apprennent à reconnaître les signes avant-coureurs d’une rechute. Par exemple, ils ont l’impression d’avoir besoin de moins de sommeil, ils sont irritables ou ils pensent n’avoir plus besoin de médicaments. En surveillant ces signes et en consultant des fournisseurs de soins, on peut prévenir un épisode. Souvent, il est utile de tenir un journal dans lequel on décrit son humeur. La plupart des gens éprouvent toutes sortes d’émotions ; toutes les sautes d’humeur ne sont pas attribuables au trouble bipolaire.
- Obtenez le soutien de votre famille et de vos amis. Au tout début d’un épisode, on ne se rend pas toujours compte de ce qui se passe. Si vos amis ou votre famille peuvent reconnaître les symptômes du trouble bipolaire, ils pourront vous aider à obtenir un traitement si nécessaire.
Aspects pratiques du rétablissement
Un épisode de dépression ou de manie bouleverse généralement la routine quotidienne de même que la vie professionnelle, scolaire et familiale. Certaines personnes ont l’impression que rien ne sera jamais plus comme avant, et qu’elles ne pourront reprendre les activités qu’elles ont dû interrompre. Il est tout à fait naturel d’éprouver ces sentiments. Cependant, une fois que les médicaments ont stabilisé leur état, la plupart des personnes atteintes de trouble bipolaire peuvent retourner à leurs responsabilités et activités habituelles.
Pour que cette transition soit fructueuse, il est essentiel de fixer des objectifs et des priorités appropriés. Parlez de vos idées et de vos préoccupations à votre psychiatre. Le fait d’accepter trop ou trop peu de responsabilités pourrait se répercuter sur votre rétablissement. Il est parfois recommandé de discuter avec d’autres professionnels, comme un ergothérapeute, un travailleur social ou un psychologue. Les membres de votre famille voudront sans doute connaître vos projets et vos préoccupations. Ils peuvent vous apporter un soutien et vous faire part de leurs observations pendant que vous reprenez vos activités. Le but consiste pour vous à adopter un rythme qui vous convient parfaitement, que vous repreniez vos études ou le travail ou que vous assumiez à nouveau des responsabilités familiales ou sociales.
Études
Si vous prévoyez reprendre vos études, parlez-en à votre psychiatre ou professionnel de santé mentale (p. ex., ergothérapeute ou travailleur social). Certaines personnes jugent bon de commencer par des études à temps partiel. Les problèmes de concentration et de mémoire sont fréquents. Cherchez à améliorer ou à adapter vos techniques d’étude. Étudiez pendant de plus brèves périodes et évitez les endroits bruyants ou très fréquentés. En effet, il est courant d’avoir de la difficulté à éviter les distractions visuelles et auditives.
Il pourrait être utile de faire part de certaines de vos difficultés à votre enseignant ou professeur. De nombreuses écoles et la plupart des collèges et universités offrent des services aux élèves et étudiants qui ont des besoins particuliers. Un conseiller vous y demandera les motifs de votre absence. Ce renseignement l’aidera à collaborer avec vos enseignants ou professeurs. Il pourra également vous suggérer des changements à apporter à votre charge de cours et à vos responsabilités. Il est parfois utile de l’autoriser à discuter avec vos fournisseurs de soins.
Travail
Retourner au travail pourrait également comporter des difficultés semblables et nécessiter une planification attentive. Il importe de discuter de vos projets à cet égard avec votre psychiatre et peut-être aussi avec un ergothérapeute, qui vous donnera des conseils et du soutien sur votre retour au travail.
Il est fortement recommandé de reprendre vos responsabilités de façon progressive, en commençant à travailler à temps partiel ou avec une charge de travail réduite. Votre fournisseur de soins de santé peut recommander d’adapter vos tâches et votre horaire pour faciliter cette transition. Parmi les adaptations les plus courantes, relevons des pauses plus fréquentes, des congés pour se rendre à ses rendez-vous et une modification des tâches non essentielles.
Dans certains cas, il pourrait être utile de renseigner votre employeur et vos collègues de travail sur les signes caractéristiques des sautes d’humeur. Cependant, certaines personnes préfèrent ne pas discuter de leur maladie avec leur employeur. Pour cette raison, elles ne peuvent réclamer d’adaptations, mais cela ne veut pas dire pour autant que leur transition vers le monde du travail échouera. Dans ce cas, il est particulièrement important de pouvoir discuter de ses problèmes et de ses préoccupations avec quelqu’un après le travail. Quoi qu’il en soit, il est toujours préférable de prévoir un plan et du soutien personnalisés.
Responsabilités familiales et sociales
Il serait peut-être également préférable de reprendre progressivement les tâches familiales et communautaires. Il s’agit de trouver les responsabilités et les activités les mieux adaptées à votre situation. L’examen des priorités et l’élaboration d’un plan de reprise des activités normales pourraient être nécessaires. Voyez ce que vous êtes capable de faire et planifiez en conséquence.
Vous n’êtes peut-être pas en mesure actuellement de vous livrer à toutes vos anciennes activités. Cette situation peut être frustrante. Fixez des objectifs quotidiens et prenez note de vos réalisations. Souvent, il est utile de réfléchir sur vos attentes et de les adapter au besoin. Au début, vous devrez peut-être confier des tâches ménagères et d’autres responsabilités quotidiennes aux membres de votre famille. Vous reprendrez progressivement vos activités à mesure que vous vous rétablirez.
Reconnaître les changements d’humeur et y réagir
Il est important d’apprendre à reconnaître les changements d’humeur, même les plus légers, et à y réagir, lorsque vous retournez aux études ou au travail ou que vous reprenez vos activités familiales et sociales. Trouvez des moyens de mieux vous concentrer et de travailler plus efficacement. Réduire les facteurs de stress dans votre milieu pourrait aussi se révéler utile.
Depression
Les signes typiques d’une dépression imminente sont les suivants :
- difficulté à se concentrer sur les tâches et à les achever
- perte d’énergie et de confiance en soi
- sensibilité accrue aux remarques de son entourage
- inquiétudes accrues
- remise en cause de l’utilité des activités quotidiennes
- difficulté à prendre des décisions sur des questions simples
- modifications du sommeil et de l’appétit
Lorsque vous êtes déprimé, suivez ces conseils :
- Soyez à l’affût des signes avant-coureurs et demandez à votre médecin s’il serait souhaitable de modifier vos médicaments ou de recevoir un autre traitement ;
- Demandez à des membres de votre famille, à des amis ou à des collègues de travail de vous apporter un soutien et évaluez de façon réaliste ce que vous ressentez ;
- Concentrez-vous sur des tâches simples et concrètes, et remettez à plus tard les tâches difficiles et complexes, si possible ;
- Attendez avant de prendre des décisions importantes ;
- Consacrez moins de temps aux activités publiques ou sociales exigeantes ;
- Faites plus d’activités qui vous plaisent pendant la journée ;
- Fixez des objectifs pour composer avec ces changements d’humeur ; par exemple, veillez à participer à des activités agréables avec des personnes qui vous apportent un soutien.
Hypomanie
Les signes typiques d’une hypomanie imminente sont les suivants :
- besoin de moins de sommeil
- plus d’énergie et de confiance en soi (avec prise en charge fréquente de multiples tâches)
- difficulté à se calmer suffisamment pour travailler
- émotions ou désaccords intenses (plus qu’à l’habitude)
- décisions plus impulsives qu’à l’habitude
Lorsque vous traversez un épisode hypomaniaque, suivez ces conseils :
- Soyez à l’affût des signes avant-coureurs et demandez à votre médecin s’il serait souhaitable de modifier vos médicaments ou de recevoir un autre traitement ;
- Cherchez à rendre votre milieu moins stimulant ;
- Efforcez-vous de dormir et de vous détendre suffisamment ;
- Cherchez à vous prémunir contre votre impulsivité : rangez vos cartes de crédit, évitez certaines fréquentations ;
- Envisagez de remettre à plus tard les décisions importantes et d’annuler les réunions cruciales ;
- Planifiez votre journée et allégez votre horaire ;
- Fixez des objectifs pour composer avec ces changements d’humeur après le travail ; par exemple, essayez de dépenser votre trop-plein d’énergie en toute sécurité en vous livrant à des passe-temps, en faisant de l’exercice, etc.
Concentration
Que vous vous sentiez déprimé ou hypomaniaque, vous avez peut-être de la difficulté à vous concentrer.Vous devriez alors :
- en parler à votre médecin ;
- vous dire que vous vous rétablirez ;
- vous efforcer de fixer des objectifs et de faire des projets ;
- fixer des objectifs dont l’échéance est souple ;
- rendre votre environnement moins stimulant ;
- déterminer les périodes de la journée où vous vous sentez le mieux.
Le trouble bipolaire : Guide d'information
- Qu’est-ce que le trouble bipolaire ?
- Portrait clinique du trouble bipolaire
- Les symptômes du trouble bipolaire
- Les causes du trouble bipolaire
- Les principaux traitements contre le trouble bipolaire
- Le rétablissement et la prévention des rechutes
- L’aide aux familles
- Le trouble bipolaire expliqué aux enfants