LE SOIN INFIRMIER EN SANTÉ MENTALE en FRANCE
LE SOIN INFIRMIER EN SANTÉ MENTALE
Ce chapitre ne reprend pas l'ensemble des actes relevant des textes relatifs à l'exercice de la profession commune à toutes les infirmières.
L'analyse qui suit met en évidence les actes spécifiques du soin infirmier en santé mentale.
Le caractère relationnel de celui-ci ne doit pas faire oublier qu'il s'agit de soins globaux nécessitant selon les besoins, la mise en œuvre de soins de base et de soins techniques.
Joyce Travelbee ("relation d'aide en nursing psychiatrique", traduit par C. Tremblay-Duval, éditions du Renouveau Pédagogique Inc. Montréal, 1978, p.5) définit le soin infirmier en santé mentale comme "un service destiné aux personnes affectées par des processus pathologiques d'ordre cognitif ou affectif qui interfèrent avec une vie saine et normale". Elle considère qu'à travers ce service, l'infirmier aide une personne, une famille ou une collectivité à améliorer sa santé mentale. Il contribue à prévenir l'apparition et les manifestations de la maladie mentale, à les affronter et si nécessaire à découvrir le sens de ces symptômes.
Pour Mary Topalis ("le nursing en psychiatrie", sixième édition, Mosby Compagny, Toronto, 1976, p.14), les soins infirmiers psychiatriques sont considérés comme des échanges dynamiques entre l'infirmier et la personne; Ils requièrent la connaissance, et l'application des concepts relatifs au comportement, à la personnalité, au psychisme, à la psychopathologie et enfin aux relations interpersonnelles.
Les soins infirmiers en santé mentale ont des aspects techniques et relationnels spécifiques. Ils visent à rétablir l'intégrité physique et mentale de l'individu, à l'aider à découvrir et comprendre ses difficultés et à lui donner les moyens de les résoudre. Ils se caractérisent par des soins de base éducatifs et relationnels requérant disponibilité, observation, écoute, compréhension des problèmes, respect de la différence, accompagnement et relation d'aide, mais aussi permanence et continuité.
La dispensation de ces soins de manière cohérente suppose que soient définis à chaque niveau:
le projet de secteur,
le projet du lieu de soin,
le projet thérapeutique individualisé.
Les différents niveaux de projets
Avant de définir ce qu'est un projet, il nous semble indispensable de situer le rôle tenu par l'infirmier dans son élaboration.
Dans l'équipe pluridisciplinaire, l'infirmier, seul professionnel assurant la permanence auprès des personnes soignées, identifie les besoins, recueille les informations, formule le diagnostic infirmier.
Cet aspect de la fonction infirmière enrichit les démarches diagnostiques, les stratégies thérapeutiques, et ainsi, contribue à l'établissement du diagnostic médical.
Le projet, dans lequel chaque professionnel, notamment l'infirmier, aura sa place et sa responsabilité, peut alors être élaboré par l'équipe pluridisciplinaire, après une clarification des concepts et des valeurs de chacun.
1/ Le projet de secteur
A partir de l'analyse des besoins de la population, des besoins des personnes prises en charge dans les différentes structures de soins, le projet de secteur se définit comme l'ensemble des objectifs globaux que l'équipe pluridisciplinaire se propose d'atteindre avec les moyens dont elle dispose, sous la responsabilité du praticien, chef de secteur, en référence au projet d'établissement. Le cadre infirmier, Surveillant-chef, en liaison avec les cadres et personnels du service infirmier du secteur, adapte et oriente le projet du service infirmier. Il en est le garant.
2/ Le projet du lieu de soin
Établi dans chaque lieu de soins, il prend en compte l'analyse des besoins des personnes soignées et permet l'adaptation de la structure concernée. A partir de ces données, il est élaboré par l'équipe pluridisciplinaire et constitue un des maillons du projet de secteur.
Dans la mise en œuvre et l'accomplissement de ce projet, le cadre soignant, garant de cette démarche, doit prendre en compte les espaces et les plannings pour gérer les soins et les activités, évaluer et procéder aux réajustements nécessaires.
3/ Le projet thérapeutique individualisé
C'est le but recherché pour la personne à travers l'élaboration d'une démarche de soins établie si possible en concertation avec la personne soignée visant à maintenir ou à restaurer son équilibre. Il doit permettre de planifier, d'agir et d'évaluer afin de poursuivre ou de modifier les actions au vu des résultats.
Le principe du projet thérapeutique individuel repose sur sa cohérence. La garantie et le maintien de cette cohérence impliquent la nécessité de soignants référents.
Le projet thérapeutique élaboré par l'ensemble des soignants sous la responsabilité du médecin est la ligne directrice du travail de chacun pour adapter ses actions aux aspects bio-psycho-socio-culturels de la personne, dans le cadre de sa compétence propre.
Les outils: supports de la pratique infirmière
1/ La démarche des soins
La démarche de soins est une suite ordonnée d'opérations ayant pour finalité la prestation de soins individualisés continue et adaptée aux besoins d'une personne.
Elle comprend quatre étapes:
l'identification des besoins de la personne soignée,
la planification des soins,
la mise en œuvre des actions de soins,
l'évaluation des soins infirmiers par rapport aux objectifs fixés,
pour lesquelles il est nécessaire d'en préciser le contenu dans le champ de la santé mentale.
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"L'identification des besoins de la personne soignée" repose sur les documents la concernant tels que certificats médicaux, état civil... et sur l'observation clinique que fait l'infirmier en présence constante auprès de la personne soignée. Cette observation permet de dégager les problèmes du patient.
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"La planification des soins" consiste, après identification de ses problèmes, à les discuter avec l'ensemble de l'équipe, à les hiérarchiser, à élaborer les actions de soins et leur planification.
A partir de là, les objectifs à atteindre sont déterminés.
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"La mise en œuvre des actions de soins" est la mise en application des actions envisagées à l'étape précédente par l'équipe pluridisciplinaire. Les soins sont mis en œuvre dans le but d'atteindre les résultats escomptés. D'autre part, les soignants ne doivent pas perdre de vue que chaque acte individualisé doit s'inscrire dans l'organisation du lieu de soins.
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"l'évaluation des actions de soins" consiste à reprendre étape par étape le cheminement effectué. Si les objectifs sont atteints ou si des réajustements sont nécessaires, l'équipe définit une nouvelle démarche de soins adaptée à l'état de la personne. Cette évaluation doit se situer dans le cadre du projet du lieu de soins.
Le dossier de soins infirmiers est l'outil indispensable pour mener à bien la démarche de soins et son évaluation.
2/ Le dossier des soins
Le dossier de soins infirmiers est né de la nécessité d'une prise en charge globale du patient, dans sa dimension bio-psycho-sociale et culturelle, dans son milieu de vie, mais aussi de la nécessité d'une prise en charge individualisée répondant à ses besoins propres selon la démarche de soins. L'évolution des soins infirmiers et de leur conception amène les soignants à modifier leur organisation en vue d'une meilleure adaptation.
Le dossier de soins est un document unique et individualisé regroupant l'ensemble des informations concernant la personne soignée. Il prend en compte l'aspect préventif, curatif, éducatif et relationnel du soin. Il comporte le projet de soin établi si possible avec la personne soignée. Il contient des informations spécifiques à la pratique infirmière.
Ce dossier a pour but d'améliorer:
la qualité des soins: efficacité, continuité, sécurité et
l'organisation des soins.
La structure de ce dossier de soins comporte différents éléments (fiches, feuilles, cartons...) variables, notamment dans leur forme, selon les services.
Cependant, on peut établir la liste des documents nécessaires à la structure de base du dossier de soins, chaque service ou unité de soins pouvant bien sur l'adapter à ses propres exigences ou particularités:
une fiche d'accueil et d'identification,
une fiche de prescriptions et de traitement,
une fiche d'observations et de transmissions,
une fiche de démarche de soins,
une fiche de liaison.
Ces outils, ainsi que l'évolution des programmes de formation des infirmiers en soins généraux et psychiatriques, sont le reflet des changements dans la conception des soins, du rôle propre infirmier et de son champ d'activité.
La spécificité du soin en santé mentale
Après ce bref rappel de la démarche de soins, sans revenir sur les soins de base et sur les soins techniques généraux, il semble important d'appréhender la spécificité du soin technique en santé mentale à travers:
l'entretien d'accueil,
la relation d'aide,
la relation psychothérapeutique,
les activités psycho-socio-thérapeutiques,
les activités de réinsertion familiale, sociale, professionnelle et
les activités de prévention - d'éducation.
1/ L'entretien d'accueil
Il s'agit du dialogue entre l'infirmier et le soigné dans les heures qui suivent l'admission en service hospitalier ou dès la première rencontre en service extra-hospitalier. Les buts de cet entretien infirmier sont:
d'entrer en relation avec la personne;
de répondre à ses questions;
de recueillir des informations permettant d'identifier ses besoins en soins infirmiers et d'établir le plan de soins infirmiers.
Les approches de l'infirmier à travers ce processus ont pour objet de sécuriser la personne de façon à créer un climat de confiance avec elle, qui favorisera une relation d'aide.
L'entretien d'accueil peut être conduit en intra ou en extra-hospitalier. Le premier entretien avec un patient souffrant de troubles psychiatriques peut survenir dans différentes circonstances. De ce fait, la conduite de cet entretien ne doit pas imposer à la personne un entretien directif, mais le soignant devra faire preuve de tact, de finesse, de respect, de compétence, pour adapter son entretien d'accueil à la situation présente.
Cette rencontre s'inscrit à un moment donné de l'histoire de la personne soignée. L'organisation du service infirmier permet la mise en place d'un processus de prise en charge de la personne dès son arrivée. L'infirmier accueille et oriente la personne dans le service, la renseigne sur les lieux et son environnement. Il l'informe des règlements de l'unité et des activités qui s'y déroulent.
Il identifie les besoins du patient et répond à ceux qui sont immédiats. Il transmet aux autres membres de l'équipe les données significatives.
Par la suite, la personne peut ne plus avoir les mêmes comportements et attitudes. Elle sera donc appréhendée différemment en fonction de la relation instaurée.
Si les données biologiques ont une place importante dans le recueil d'informations, il est certain que l'approche de l'individu dans ses dimensions psychologiques, sociales, culturelles et spirituelles prend une valeur essentielle en psychiatrie: la globalité de l'individu ne peut être saisie que grâce à la connaissance de son histoire passée et actuelle, de sa place dans la société et dans son cadre de vie habituel (famille, milieu professionnel...) et de l'histoire de sa maladie (anamnèse).
Dans la pratique, il ne s'agit pas de rechercher selon un ordre établi, une série de signes ou d'informations mais plutôt d'avoir une écoute attentive de la personne.
Le recueil d'informations recouvre les aspects suivants:
Les informations d'ordre administratif,
La présentation de la personne:
l'apparence,
le discours,
la mimique,
le comportement,
les mouvements,
le type de relation que la personne établit spontanément.
Les symptômes:
ce dont se plaint la personne,
ce que le soignant observe.
L'histoire de la maladie:
période d'apparition, mode de début des troubles et réactions de la personne vis-à-vis de ceux-ci,
démarches thérapeutiques déjà entreprises auparavant et leurs résultats,
déstabilisation due au trouble mental et ses effets sur la vie familiale et professionnelle.
Les éléments biographiques:
les grandes lignes du développement (enfance, adolescence, vie sexuelle),
les événements vitaux (traumatismes affectifs, remaniements existentiels tels que l'émigration, le chômage, la retraite..., les antécédents pathologiques personnels),
la dynamique de l'existence (enfants, réseau familial, dépendance aux parents, à une institution, pôles d'intérêt, vie relationnelle),
les antécédents psychiatriques de la famille.
Si l'entretien d'accueil constitue une source de renseignements, il en existe d'autres aussi importantes, d'autant qu'il n'est pas rare que des freins interfèrent au bon déroulement de cet entretien: réticence de la personne, état de crise, absence de communication...
Ces sources sont les suivantes:
les entretiens avec la famille et (ou) l'entourage,
les entretiens avec le groupement social ou l'institution de prise en charge habituelle,
le dossier médical,
les informations recueillies auprès d'autres professionnels.
Certains éléments sont jugés indispensables dès le premier entretien, d'autres ne se révéleront qu'au cours de la prise en charge.
Il est primordial de souligner la notion suivante: si l'anamnèse relève en grande partie d'un soignant référant, l'équipe toute entière doit être impliquée dans la connaissance du soigné et dans la prise en charge de son suivi.
Des entretiens soignants-soignés, par leur caractère complémentaire vont par la suite confirmer ou infirmer la clinique, l'enrichir et participer à l'établissement d'un diagnostic.
2/ La relation d'aide
Elle se définit généralement comme "l'aide psychologique par la relation" (Carl Rogers, "la relation d'aide et la psychothérapie", 1977), la relation étant elle-même le support de l'aide. Selon C. Rogers: "la relation d'aide psychologique est une relation dans laquelle la chaleur de l'acceptation et l'absence de toute contrainte ou de pression personnelle de la part de l'aidant permet à la personne aidée d'exprimer au maximum ses sentiments, ses attitudes et ses problèmes. La relation est une relation bien structurée, avec ses limites de temps, de dépendance, d'action agressive qui s'appliquent particulièrement au client et ses limites de responsabilité et d'affection que le conseiller s'impose à lui-même".
Être en relation implique des interactions entre la personne soignée et le soignant, d'intensité variable selon la situation. En situation de soins, il convient de comprendre ces interactions et leur impact sur la personne soignée.
La relation d'aide fait partie intégrante des soins infirmiers. Elle peut s'établir selon le projet thérapeutique:
entre une personne soignée et un soignant,
entre un groupe de soignés et un soignant,
entre un groupe de soignés et un groupe de soignants.
L'aide s'organise et se réalise en situation de relation; toutefois, toute relation n'est pas une relation d'aide.
En situation de soins infirmiers, le besoin d'aide présente plusieurs niveaux coexistants, la personne humaine étant une entité bio-psycho-sociale. Les soins infirmiers sont une forme d'aide globale, notamment dans le registre relationnel et verbal.
La relation d'aide peut s'appuyer sur des moments privilégiés notamment dans le cadre des soins et de la relation au corps (toilette, alimentation, application de thérapeutiques médicamenteuses, installation au lit...). Souvent aussi, l'aide sera véhiculée par l'information.
Les activités psycho-socio-culturelles et occupationnelles peuvent également servir de médiateurs, les soins infirmiers se déroulent dans le cadre d'une relation inter-humaine qui implique toujours l'écoute active et l'aide psychologique.
Les objectifs de la relation d'aide visent à permettre à la personne de cheminer elle-même vers la compréhension ou la clarification de ses problèmes, d'exprimer ses difficultés. Ils se proposent de favoriser le développement de sa maturité et de sa personnalité.
Cette relation a trait à la personne soignée, d'une part, avec en corollaire sa famille et la collectivité, et aux autres membres de l'équipe, d'autre part, de façon à assurer le déroulement continu et efficace du programme de soins.
Pour mener à bien une relation d'aide, une formation à l'entretien d'aide est une nécessité pour l'infirmier.
Le terme relation d'aide ne peut en aucun cas concerner les entretiens ponctuels et superficiels. La relation d'aide correspond aux règles décrites ci-dessus.
3/ La relation psychothérapique
La relation psychothérapique correspond également à des techniques et des connaissances précises.
Le mot psychothérapie est trop 'galvaudé' actuellement pour que l'on ne soit pas strict dans le champ de la santé mentale sur sa définition, ses limites, ses caractéristiques communes, ses indications, ses modalités techniques et son contrôle.
N'étant pas de simples relations inter-personnelles, les psychothérapies nécessitent un apprentissage. Comme toute technique, elles devront aussi être contrôlées dans leur méthodologie et leur application.
Leurs indications sont posées à partir d'une évaluation sémiologique et doivent s'inscrire dans le projet thérapeutique élaboré par les soignants.
"La psychothérapie n'est pas la simple sympathie ou le soutien humanitaire à l'égard de l'être faible et souffrant. Il s'agit d'interventions calculées pour lesquelles une formation particulière est indispensable" (H. Ey, P. Bernard, Ch. Brisset, "manuel de psychiatrie", Ed. Masson, 1988).
"Partie de la psychanalyse freudienne et des travaux de P. Janet, la psychothérapie s'est successivement nourrie de tous les grands courants de pensée aboutissant à des techniques fort diverses" (A. Porot, "manuel alphabétique de psychiatrie", Ed. PUF, 1960).
Malgré une grande variété de méthodes psychothérapiques, 400 recensées en 1982, on peut dégager quelques caractéristiques communes concernant:
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L'unité de lieu.
Une psychothérapie ne se fait pas n'importe où, mais dans un espace neutre réservé à cette fin durant son déroulement.
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L'unité de temps.
Comme pour le lieu, il y a un temps spécialement réservé à l'action psychothérapique.
En dehors du temps défini, les soignants et les soignés ne doivent pas essayer de continuer la psychothérapie. Les soignants doivent se garder de tout vouloir interpréter en dehors du cadre délimité de la cure, de chercher à rationaliser tous les actes de la vie des soignés. De même que l'éducation doit aboutir à l'autonomie de l'enfant, l'objectif de la psychothérapie est de n'être plus nécessaire. La rupture peut s'accompagner de décharges agressives ou dépressives qu'il faut être prêt à assumer.
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L'unité d'action.
Les objectifs de la cure sont définis en accord entre le (ou les) soigné(s) et le (ou les) thérapeute(s) en fonction de la demande plus ou moins explicite du ou des soigné(s). L'analyse de celle-ci est effectuée d'une part entre le soigné et le soignant, mais aussi avec l'ensemble de l'équipe concernée. Elle doit s'inscrire dans le cadre du projet thérapeutique préalablement défini. Cette analyse permet de dégager les objectifs de la cure psychothérapique.
Dans la diversité des techniques, de grandes catégories sont notamment décrites selon leur degré de directivité de la moins directive à la plus directive:
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la psychanalyse,
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la psychothérapie d'inspiration analytique,
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la thérapie à médiation corporelle (relaxation...),
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la thérapie à médiation objectale (art-thérapie...),
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la thérapie de soutien,
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l'analyse transactionnelle,
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la méthode de conditionnement,
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la suggestion et l'hypnose.
La psychothérapie est une technique difficile et engageante. Mais elle peut être également source de nombreuses satisfactions et d'enrichissement. La bonne volonté seule ne suffit pas, les conditions techniques, la compétence et la supervision sont aussi indispensables.
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4/ Les activités psycho-socio-thérapeutiques
Dans le cadre d'une action médico-sociale articulée le plus possible sur l'extérieur, les activités sont contenues dans les projets thérapeutiques individuels et découlent de ceux-ci. En ce sens tout est sujet et/ou cause d'activités.
Basées sur la vie quotidienne, le côté pratique, les activités développent tous les réflexes d'autonomie.
Les activités proposées recouvrent deux registres:
l'un axé en priorité sur l'aspect de socialisation. Toutes les activités servent de support à la promotion de rapports sociaux articulés sur la ville, dans le tissu associatif existant.
l'autre axé sur la thérapeutique. Avec le support des traitements médicamenteux, les activités proposées peuvent permettre l'émergence des conflits psychologiques.
Les techniques de groupes, les prises en charge individuelles et les entretiens prennent ici tout leur sens.
Les activités psycho-socio-thérapeutiques se divisent en plusieurs catégories et doivent s'inscrire dans les projets thérapeutiques.
Les activités impliquant la sphère corporelle telles que:
la relaxation,
la psychomotricité,
la musculation,
la piscine,
l'équitation,
le parcours santé,
la gymnastique,
l'esthétique...
Les activités d'expression ou à médiation objectale telles que:
les jeux de rôles,
la musicothérapie,
la terre et le modelage,
la peinture,
l'animation libre...
Les séjours thérapeutiques
Les activités occupationnelles telles que:
la sortie pédestre,
le ski,
la visite de musées,
la sortie en ville,
les jeux de société...
Toutes ces activités sont déterminées en fonction d'objectifs qui peuvent relever de la sphère motrice, cognitive ou socio-affective.
5/ Les actions de prévention en santé mentale
La prévention est un ensemble d'actions destinées à promouvoir et préserver la santé mentale des individus et des groupes:
la prévention primaire par un ensemble d'actes, d'informations, d'éducation et d'interventions vise à diminuer l'incidence de la maladie mentale,
la prévention secondaire concerne tous les actes destinés au dépistage précoce des troubles psychiques, afin d'en diminuer la prévalence,
la prévention tertiaire concerne tous les actes de soins destinés à réduire l'incidence, la prévalence et la durée de l'incapacité. Elle permet de prévenir les effets indésirables produits par le système de soins et notamment la perte d'autonomie des personnes prises en charge; elle favorise la réinsertion de l'individu dans son milieu de vie.
Les actions des infirmiers dans la prévention primaire consistent à mettre en œuvre:
un travail en corrélation avec l'épidémiologie (mise en évidence des lieux à risques qui déterminent la nature des interventions),
la prise en compte des besoins exprimés de la population,
les relations avec les acteurs des lieux ou institutions de rencontre des populations: mairies, écoles, établissements sociaux et sanitaires...
des actions d'information et d'éducation.
Dans le domaine de la prévention secondaire et tertiaire, l'infirmier:
accompagne et soutient la personne dans la perspective d'une sortie ou d'une vie plus autonome,
l'oriente vers diverses structures adaptées selon ses besoins et possibilités,
l'incite à la reprise d'activité,
favorise la reprise ou le maintien du contact avec son milieu familial et social pour une implication progressive,
met en œuvre des actions qui lui permettent d'admettre et d'évaluer les signes de souffrance et d'aggravation de son état et de l'exprimer.
Ces actions peuvent être communes, complémentaires ou spécifiques.
Elles sont réalisées à partir de différentes structures:
En prévention primaire
les structures d'accueil de l'enfance et de l'adolescence (maternité, PMI...),
le milieu scolaire et universitaire,
les centres d'orientation et de sélection militaires,
la médecine du travail,
les structures associatives (MJC, clubs...),
les centres médico-psychologiques,
les structures d'accueil et d'hébergement pour les personnes âgées,
la présence des professionnels de la santé dans les milieux de vie défavorisés,
le milieu judiciaire,
les actions médiatiques.
En prévention secondaire et tertiaire
le domicile de substitution.
6/ Les actions de réinsertion et de resocialisation
Il s'agit de permettre à la personne suivie de conserver, trouver ou retrouver sa place dans le tissu familial, social et professionnel. Ces actions incitent le malade à éviter de perdre et à reprendre contact avec son entourage et à communiquer avec lui.
Les différentes actions infirmières favorisent
pour la personne:
son intégration à des activités ou des groupes dans les différentes structures extra-hospitalières,
sa rencontre avec le lieu de vie, la famille et l'environnement,
son accompagnement dans la cité (transports, clubs, centres socioculturels, foyers, CAT...),
une aide à se situer et se responsabiliser dans la vie sociale,
un réapprentissage de la gestion du temps, de l'espace et de ses ressources.
pour les professionnels et les institutions:
la connaissance, le contact et la relation avec les autres partenaires sociaux et sanitaires pouvant intervenir pour une réinsertion,
la connaissance et la relation avec les institutions de relais ou de soutien.
Ces actions permettent d'éviter la chronicisation et de retrouver une place dans le milieu social lorsque la personne a présenté un épisode pathologique ayant entraîné une rupture du milieu.
7/ Les actions d'éducation
Les actions d'éducation visent à l'acquisition, l'intégration de connaissances ou de références permettant à la personne de maintenir, de modifier ou d'acquérir des habitudes ou comportements réfléchis et élaborés par elle-même, adaptés à son milieu et à son environnement.
Les actions infirmières se font en direction de la personne et de son milieu.
Il s'agit notamment:
de faire comprendre la nécessité de prendre le traitement régulièrement et de donner des informations sur les modalités d'absorption et les effets secondaires des médicaments ainsi que les conséquences des prises irrégulières,
de faire prendre conscience de ses possibilités et de ses limites par rapport à la maladie,
de travailler sur la capacité de la personne à repérer ses symptômes d'aggravation et à les verbaliser à un soignant,
d'informer et de faire comprendre la nécessité d'une hygiène de vie,
d'aider la personne à trouver des centres d'intérêt et des organismes qui lui permettent de se réinsérer et d'entreprendre les démarches nécessaires pour assurer sa vie quotidienne,
de prendre conscience de l'importance de son image pour établir des relations avec autrui,
d'aider par des contacts et des informations de diverses natures la famille et l'environnement immédiat à la compréhension de la maladie mentale et de ses effets.
Les actions vers la cité sont orientées vers les mairies, les commissariats, les milieux scolaires, les médecins et les infirmiers libéraux, les foyers en maisons de retraite ou autres institutions.
Ces différentes actions de prévention, d'éducation et de réinsertion sont souvent réalisées aux différentes étapes du processus pathologique d'une personne et s'interfèrent en fonction des espaces de soins et des interventions des soignants vis-à-vis de la communauté.
Elles permettent de mieux faire comprendre et accepter les pathologies mentales.
- http://psychiatriinfirmiere.free.fr/ - "Guide du service infirmier de 1991" - Ministère des affaires sociales et de la solidarité - Direction des hôpitaux -