Les Tortures de mes frères et soeurs

 

Journal 46 - Je replonge plus profondemment dans la folie - Octobre 2010

 

J'ai entrepris une thérapie avec une psychologue depuis deux mois. Mes précédents psychiatres n'avaient rien pu faire selon moi concernant ma névrose, c'est à dire les chocs que j'ai eus dans ma vie.

Cette psychologue est forte, très professionnelle. Mon monde est entrain de s'affaisser, de s'écrouler. Je devine les éléments qui m'ont poussé à la bipolarité, et je vois maintenant en moi une mégalomanie rare, peut-être une psychose hallucinatoire. Je ne sais plus que penser de ma réalité, qui semble s'alourdir, où rares sont les moments d'une confiance fragile qui revient par instants brefs. Pourtant je ne mens jamais, mais je construis dans mon imagination une infinités de scénarios comme un réalisateur de films ferait des milliers de films à la suite. Le réel me semble de plus en plus loin de ma portée. Je vais essayer de repeindre sur le plan professionnel, mais cela me fait très peur, car la peinture c'est aussi l'imaginaire, et j'ai appris à me méfier de cet imaginaire.

 

J'ai fait une lettre à ma psychologue qu'elle n'a pas voulu lire.

Je la poste ici plus bas.

 

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Lettre à la psychologue

 

Vos questions la dernière fois ont brutalement débloqué une partie de mon esprit.

Je tente de sortir de l’enfer dans lequel  je suis plongé depuis l’âge de 14 ans par auto analyse en utilisant les connaissances que j’ai acquises patiemment en psychologie, en psychiatrie et en psychanalyse.

J’ai ainsi pu déjà dresser un premier tableau clinique.

 

J’ai donc décidé de vous écrire car je ne pense pas être assez bien et précis pour vous livrer oralement ce que je vais vous dire par écrit.

 

Il me semble en effet que j’ai été conditionné à plusieurs  pathologies graves par ma famille et mon entourage, et peut-être aussi par ma bipolarité, et qui sont les suivantes :

 

-          L’inceste,

-          Le viol,

-          Le meurtre,

-          L’eugénisme,

-          Une haine sans limite contre la société,

-          Double personnalité Bien / mal et  culpabilité extrême de la partie Bien,

-          Conséquences sur ma fratrie.

 

Inceste :

En effet j’ai pu établir que l’inceste frère/sœur comme l’inceste père/ fille sont présents à tous les degrés dans ma famille, qu’ils soient cachés ou même déclarés. Ainsi mon parrain de baptême vivait officiellement avec sa sœur.

 

Meurtre :

J’ai eu l’occasion enfant et adolescent de voir des tentatives de meurtres, et des actes de tortures et de barbaries sur mes proches. Et j’ai commis par la suite moi-même des tentatives de meurtres, heureusement sans conséquences. De plus j’ai visualisé mentalement des rêves éveillés toute ma vie où j’étais moi-même un monstre, violant, et tuant mes victimes, et j’ai bien failli le devenir.  J’ai eu plusieurs visions de monstres dans mon entourage : des actes de tortures et de barbarie ou violences commis par mon père, ma mère et mon institutrice sur ma fratrie et/ou moi-même.

 

Eugénisme :

Mes parents et mes grands-parents sont des premiers de la classe. QI très élevés, intelligences et connaissances fabuleuses, les bibliothèques de chacun y compris la mienne ne faisant pas moins d’un millier de livres. J’ai été formaté et poussé à  être un premier de la classe, mais sans en avoir ni les moyens médicaux, ni les moyens pédagogiques. J’ai donc fini cancre scolaire.

Quand j’ai découvert que j’avais un QI élevé vers l’âge de 20 ans, j’ai pris confiance en moi et mon intelligence est revenue miraculeusement, et j’ai alors toute ma vie réussi des exploits dans les différents métiers et études que j’ai faits par la suite. J’ai ainsi  été persuadé dans mon délire que j’étais un surhomme.  Un certain nombre de faits, grand-mère étudiant la sorcellerie, mère pratiquant en secret la sorcellerie, grand père antisémite ayant refusé ses vœux de prêtre chez les jésuites, ont poussé ma pathologie d’abord à me faire adhérer aux thèses nazies, puis ensuite à penser réellement dans mon délire que j’étais le futur Antéchrist. En effet mon grand-père s’appelle Joseph et ma mère Marie, et j’ai assez de preuves pour penser qu’il y avait un inceste entre mon grand-père et ma mère, et qu’il est fort possible que ma mère m’ait conditionné avant deux ou trois ans à des thèses diaboliques, car nous l’avons surprise à le faire sur les enfants de ma sœur. J’ai d’autre part constaté ce désir et délire christique puissant chez mes deux autres frères.

 

Viol :

J’ai toute ma vie été torturé par l’envie irrépressible de violer. Mais ma conscience m’interdisait de faire du mal aux autres. J’avais subi assez de maux pour ne pas en faire aux autres. Mais un jour j’ai craqué et j’ai failli violer ma sœur vers la fin de notre couple. Cet acte me poursuit et me hante. Je ne me reconnais pas de responsabilité par rapport à la justice, car mon environnement familial, comme mon environnement scolaire était criminogène, et ma bipolarité démarrant dès l’âge de 12 ans, je pense ne pas avoir de responsabilité, scientifiquement parlant. C’est un miracle que je ne sois pas devenu en effet un violeur et tueur en série car j’en ai rêvé toute ma vie, peut-être pour me venger de la société qui avait fait de moi un délinquant en puissance, peut-être par simple réplication des actes commis par mon entourage. Mais ce fait me hante, comme d’autres et il me semble que je dérive vers un lent auto suicide pour me punir.

 

Une haine sans limite contre la société :

Notre fratrie a été victime d’horreurs dans l’environnement familial et l’encadrement scolaire. Personnellement, les enfants jusqu’à l’âge de mes 15 ans détruisaient systématiquement mes tableaux ou me battaient. Un jour j’ai envisagé de me suicider à l’âge de 13 ans pour échapper aux enfants qui me pourchassaient sans cesse. Pour une raison qui m’est inconnue, mon comportement naturel et non violent suscitait une haine farouche des enfants contre moi depuis toujours.

 J’ai vu la même destruction systématique d’un de mes petits frères, qui a été violé deux fois par son encadrement scolaire, et torturé ou battu par ses parents, les enfants et une institutrice. Celui-ci est devenu dépressif suicidaire et il est à la Cotorep.

J’arrive tant bien que mal à l’aider en travaillant sur ses maux. Les juges qui l’ont mis en prison une partie de sa vie et ses psychiatres ont jugé que c’était un écrivain remarquablement  doué car il a écrit un livre sur son enfance, et ont déclaré que sa vie était « Poil de carotte » Puissance dix. Certains qui ont lu son livre ont pleuré. Ce qui le fait le plus souffrir est que notre mère refuse de reconnaître ses crimes et de s’excuser. Mon frère est rongé par l’idée de tuer sa mère, et de me tuer aussi (je ne sais pas pourquoi). Mon frère est passé dans l’émission de FR2 de Monsieur Delarue, et dès que ça va mal, la police envoie des forces spéciales pour le maîtriser car mon frère est considéré par les policiers comme un tueur potentiel.

Les autres conséquences de cette violence subie ont poussé mon deuxième frère à devenir bipolaire lui-même, et à avoir été un des plus grands escrocs en cols blancs de ces derniers temps (la victime de mon frère étant l’Etat), après avoir coulé nos entreprises. Trop intelligent et prévoyant la justice n’a rien pu faire contre lui, mais il a écopé d’une interdiction de gérer pendant 20 ans, ce qui est exceptionnel. Sa jeune fille de 7 ans se promène nue à la maison et couche dans le lit des parents blottie contre son père. Elle sera bientôt mûre pour un inceste père / fille. Qu’en pensez-vous ? Le système pernicieux se réplique à nouveau….

 

Conséquences sur ma fratrie :

Après avoir exposé ces conséquences  ci-dessus en omettant une partie pour rester à l’essentiel, la vie de ma fratrie a été aggravée si on considère que nos intelligences, voire nos sensibilités étaient au-dessus de la moyenne. Nous avons assisté à la destruction systématique de notre psychisme, de nos espérances, de nos rêves, de nos potentiels intellectuels, de nos entreprises, jusqu’à notre lente déchéance physique, voire familiale. C’est un miracle que nous n’ayons pas fait de mal aux autres. Nous avons de  quoi mettre  tous ensemble de façon grave les institutions familiales, scolaires, judiciaires, sociales et même médicales. Aussi deux d’entre nous tentons actuellement s’en y parvenir de publier deux livres sur nos vies. Mais il semble qu’une force plus puissante que nous nous contraint à l’échec, peut-être la peur de faire voler en éclat ce qu’il reste de notre famille et de nos amis proches ou la peur aussi de révéler nos erreurs ou crimes.

 

       Double personnalité Bien / mal et  culpabilité extrême de la partie Bien :

J’ai dans ma vie pendant cinq ans pris la direction du bien et j’ai donc été enseignant spécialisé pour aider les jeunes en difficulté, les détenus, et les demandeurs d’emploi.

J’ai actuellement deux cas graves adultes que je gère alors que je suis malade moi-même et ne suis plus salarié pour le faire. Ces deux personnes ont 25 et 47 ans, et se trouvent dans des situations difficiles. J’ai réussi pour l’instant à les engager à suivre des thérapies, ce qui a été compliqué.

J’ai d’autre part la sensation d’avoir deux passions : peindre des tableaux et faire le bien autour de moi. J’ai en effet besoin de réparer. Mais il me semble (je n’en suis pas sûr) être habité par une double personnalité Bien / Mal, et qu’il est possible que je tente de nuire à ceux à qui je prodigue le bien. C’est en analysant mes pensées profondes et mes actes que je suis tenté d’y penser. Par exemple vers 20 ans je paradais en moto marquée d’insignes nazis alors que mes références intellectuelles restaient Freud et Einstein depuis l’âge de 14 ans. Beaucoup de mes actes ou pensées marquaient une dualité Mal / Bien.

Je ne pense plus être dangereux maintenant pour les autres comme j’ai pu l’être par le passé, car mon champ de conscience et de morale s’est développé chez moi avec le temps, mais il me semble être dangereux pour moi-même, à pouvoir l’être pour les autres si je baisse ma garde, et avoir beaucoup de mal à avoir des relations familiales et sociales saines.

Je ne sais pas si je suis « récupérable », mais je pense avoir plus de chance de m’en sortir si je passe d’abord par la voie « psychologie » pour avoir essayé la voie « psychiatrie ».

En effet je ne maîtrise plus ma mémoire, des envies de viols et de meurtres me poursuivent toujours de temps à autre, mes nombreuses addictions me rendent la vie infernale, et il me semble que je « suicide » tout ce que j’entreprends.

 

 

 

 

 

Réflexions sur mes chances de m’en sortir :

Mon cas parait plus complexe qu’il n’y parait.

Enfant je disposais d’une bonne avance sur les enfants de mon âge et une mémoire exceptionnelle éidétique.

Des cas ont été rapportés où de jeunes enfants  ont manifesté la capacité de se concentrer sur une image et ensuite de s'en souvenir avec une parfaite clarté quelques minutes plus tard. Cependant, ces aptitudes disparaissent généralement quand ils grandissent.

A mon premier test de QI vers l’âge de 13 ans, paniqué, celui-donna un chiffre d’handicapé mental et je failli être orienté vers un centre d’handicapé. A partir de ce moment je perdis toute confiance en moi, et une grande partie de ma mémoire et de mon intelligence. Je devins le cancre du lycée.

Les enfants s’en prenaient à moi, me battaient, et j’avais des idées de suicide. Pour tenter de me sauver je me réfugiais dans ma cave et commençais la lecture du livre « la métamorphose » de Kafka. A ma grande surprise je descendis réellement dans l’enfer de Kafka, mais sur le plan de l’inconscient sans doute. Déjà persuadé que j’étais une sorte de monstre handicapé et battu par les enfants, il me semble que le monstre de Kafka se métamorphosait dans mon esprit.

Par la suite je construisais jusqu’à maintenant encore des scénarios dans mon esprit où je devenais soit un maître du monde, soit un grand criminel violant et tuant à tout va.

Peut-être pour me prouver que je n’étais pas un monstre, je mettais tout en œuvre dans ma vie pour être le plus fort partout, études comme travail. Ainsi je devenais le meilleur enseignant de l’AFPA sur 30 000 enseignants par exemple.

Mais le monstre qui m’habitait dorénavant reprenait le dessus dès que l’occasion se présentait, et celui-ci venait dans mes rêves la nuit, ou mes rêves éveillés où je me masturbais dans des scénarios imaginés de criminel sexuel. Je parcourais aussi la nuit à la recherche des âmes perdues, dans la faune des prostituées de Paris.

Je me mettais à haïr la société, bien que je sache que l’évolution de l’Humanité était certaine. Mais tous, enfant, adultes comme enfants ne m’avaient jamais laissé de répit, et je les haïssais. Les gens avaient maintenant admiration pour moi, j’étais beau, musclé par le sport intensif, intelligent, et premier partout. Les femmes se donnaient à moi. Mais dans le fond de moi-même je savais que c’était un leurre, une carapace, et sous cette couverture battait le cœur du monstre kafkaïen.

 

Mais ma vie était un fiasco, je devais changer sans cesse de métier car j’étais devenu instable, j’étais devenu impuissant avec ma femme, pervers sexuel, et je n’étais pas sur de moi.

Comment une famille comme la mienne, avec autant de moyens intellectuels, avait-elle abouti à un tel fiasco ? En effet ma fratrie de 4 frères et sœurs avions tous été des cancres scolaires. A cela s’ajoutait de la prison, des tentatives de suicides, des fugues….

 

Peu avant de mourir, mon père implorait mon intervention car il pensait que ma mère était en train de l’empoissonner. Peu après il mourrait. L’avait-elle vraiment tué ?

 

Demain qui tuera qui ? dans ma famille ?

 

Ma famille dans son ensemble était si violente, déséquilibrée, que cet enfer familial allait aussi me transfigurer.

Autant j’avais toujours le cœur sur la main, autant je devenais très dangereux quand la situation m’échappait. Ainsi je faillis tuer ma dernière femme. La justice a pris le relais. J’ai dû à l’instar des autres me faire mes propres limites du Bien et du Mal. Ainsi ma femme me disait que j’étais dangereux sans le savoir, que j’aurais pu devenir un tueur en série. Et c’est précisément ces obsessions secrètes qui me pourchassaient dans mes rêves. Comment ma femme avait-elle pu deviner ? Avait-elle raison ?

Que peut faire la science d’un homme à qui l’on a méthodiquement enseigné ou appliqué le crime et la violence la plus poussée ?

 

La résilience. Jusqu’où peut aller la résilience ? Quand l’Univers familial et social n’a plus de sens ? N’étais-je pas moi aussi dans une sorte de Shoah familiale ? Un monde kafkaïen où les monstres familiaux étaient condamnés à être assassinés par leur famille même ? Et c’était le cas. J’avais été détruit en partie, et un de mes frères continuait sa déchéance comme s’il n’y avait plus de fin, enchaînant séjours en prison sur séjours. Nous avions essayé de nous tuer plusieurs fois les uns les autres dans notre fureur tant de fois...

 

Le monstre de Kafka se cachait dans sa chambre, surveillant avec horreur sa transformation en cafard. Je suis souvent reclus chez moi sans pouvoir sortir.

Il faut que je sorte de mon antre. Car je sais quelque part qu’on viendra me tuer un jour dans cet antre, comme les enfants et les adultes m’avaient tué symboliquement par le passé.

 

Les horreurs se succèdent aux horreurs.

D’autres horreurs se succèdent à mon esprit. Il faut que je m’en débarrasse.

 

Les policiers arrêtent mon frère Sylvain à l’âge de 16 ans. Il a été émancipé par le juge pour méfaits répétés. Les policiers lui disent que sa mère est une putain. En prison plus tard, il rencontre le directeur de la prison qui le regarde apitoyé. Le directeur sait qui est Sylvain. Mais Sylvain sait aussi que le directeur est l’amant secret de notre mère, et le directeur l’ignore. Nous le savons nous aussi. Le regard du directeur contient de la pitié pour Sylvain. S’il savait…

 

Sylvain a son premier rapport sexuel à l’âge de 15 ans. La fille s’endort dans ses bras pendant la pénétration. En fait elle est en train de mourir. Elle a avalé peu avant des cachets pour se suicider. Sylvain doit appeler les secours. Il est maintenant impuissant. Il n’a jamais pu pénétrer une femme de sa vie.

 

Sylvain menace de se suicider en sautant du deuxième étage. Il a 10 ans. Il s’adresse à sa mère et veut qu’il ne soit plus battu. Ma mère le regarde et lui dit « saute, chiche… ». Sylvain ne saute pas. Il ne veut pas lui faire ce plaisir.

 

Sylvain s’ouvre les veines en frappant une vitre dans la maison. Le sang pisse. J’ai 15 ans et j’hurle qu’il faut appeler le Samu. Mes parents répliquent qu’il a ce qu’il mérite et qu’il peut crever. Je le monte au grenier et le soigne. Il dormira cette nuit au grenier.

 

J’ai fait de mon grenier mon nouvel antre. Des armes, des matériels électriques dont des inventions pour tuer, de l’outillage pour fabriquer n’importe quoi, du matériel pour s’entraîner à combattre, à tuer. Tous les jours je pose le canon d’un fusil chargé sous ma gorge et appuie sur la détente jusqu’à ce que le coup manque de partir pour me prouver que je défis la mort. Quelque fois j’ai peur et je me dis que je suis fou.

 

Je descends la rue du village avec un fusil automatique à la hanche. Je suis prêt à tirer sur quiconque me barre la route. J’ai 15 ans.

 

Je provoque mon frère Christian en duel à mort. L’un de nous deux doit mourir. Nous avons eu un différent. Nous sommes face à face, tenants à la main deux lances effilées. Je vais gagner. Il sera hospitalisé avec le bras en écharpe. J’ai 17 ans.

 

J’ai volé environ 150 couteaux à la cantine scolaire. Il m’a fallu plusieurs semaines pour les réunir. Je les offre à ma mère pour sa fête. Elle et très surprise et me dit qu’elle n’a pas besoin d’autant de couteaux. Je le sais, mais c’est plus fort que moi. Je suis fier. Je suis heureux. J’ai 16 ans.

 

Je continue à me battre de temps à autre avec mon père. Il commence à devenir vieux et je commence à avoir le dessus. Je lui fais peur. Je pourrais le tuer. Quelque part j’ai honte.

 

Mes parents s’envoient régulièrement des projectiles dangereux au risque de se tuer en poussant des hurlements. Ils vont finir par se tuer. Qu’allons-nous devenir ? Ma gorge se serre.

 

Un marteau projeté par mon père ne passe pas loin du crane de mon frère Sylvain. Il aurait pu y passer. Quand cela cessera-t-il ?

 

Les voisins ont pitié de nos chiens. Mon père les attache jour et nuit à leur niche. Ils leur apportent à manger régulièrement sans même nous consulter. Ils s’imaginent qu’ils sont affamés. J’ai honte.

 

Mon père est plus âgé que mon grand-père. 33 ans d’écart avec ma mère. J’ai honte quand il me conduit à l’école. J’aimerais être fier de lui. J’ai honte d’avoir honte. Quelque part je sais que je l’aime.

 

Mon frère Christian décide de se suicider. Il a 16 ans. Il avale une dose mortelle de mort aux rats et se perche en haut d’un arbre pour augmenter ses chances de mourir. Il chute de l’arbre inconscient. Un passant le trouve inanimé au sol. Il sera sauvé in extremis en salle de réanimation. La mort ne veut pas de lui.

 

Mon frère Sylvain décide aussi de se suicider. Il avale une dose mortelle de médicaments. Il est transféré en salle de réanimation. Personne ne veut contacter le médecin chef de la salle. Je le contacte et on me dit qu’il va mourir. Son cœur doit battre pendant 24 heures à 180 pulsations par minute et cela est impossible. 24 heures après avoir prié Dieu jour et nuit je téléphone au service. Sylvain est vivant. Il a survécu. C’est un miracle me dit le médecin chef. La mort ne veut pas de lui aussi.

 

Je rentre dans le bureau de mon frère Christian. J’ai une grosse hache que je viens d’acheter. Je menace de fendre son bureau en deux, puis sa tête, s’il ne cesse pas de détourner de l’argent de nos sociétés. Je vois la peur dans ses yeux. Il me dit qu’il n’a rien détourné. Je sais qu’il ment. Un jour je vais le tuer. C’est sûr.

 

Mon frère Sylvain s’est acheté un rat à qui il reporte toute son affection. Puis un jour il le torture puis l’étrangle pour ne pas le voir souffrir car il est mourant. Il pleure. Il ne sait pas pourquoi il a fait cela. Dans un autre moment sa vie, il a failli jeter un bébé par la fenêtre d’un train. Une irrépressible pulsion, m’avait-il dit. Moi il m’est arrivé souvent d’avoir envie de transpercer les yeux de coups de couteau les femmes que j’aimais. Je ne compte pas moi-même toutes les fois où j’ai torturé ou tué mes animaux. A chaque fois que je suis au WC, un film s’impose dans mon esprit : je tiens une mitrailleuse sur le haut d’une colline et je mitraille sans répits des soldats ennemis qui m’assaillent. J’ai peur. Je sens que je vais mourir. Il me faut fuir coûte que coûte...

 

Sylvain me dit que c’est un grand incendiaire. Il aurait même éliminé physiquement plusieurs gangsters.  Dit-il vrai ou veut-il m’impressionner ? Il est devenu SDF. Il nous implore de l’embaucher dans nos entreprises, ce que nous faisons. Mais plus tard il nous vole. Nous le foutons à la porte.

 

Ma mère essaye de nous persuader que sa fille est une mauvaise mère. Ses deux fils sont dans le plus grand lycée de France à Paris. Puis les accusations de vols tombent. Ma sœur a volé 2000 euros à ma mère. Ma mère ne veut plus voir ma sœur.

L’un des fils de ma sœur fait toujours pipi au lit à 14 ans. Son mari qui est médecin frappe régulièrement ma sœur et ses enfants.

 

A l’âge de 7 ans, mon frère Christian fait pipi au lit. Aujourd’hui ma mère lui a attaché ses couches mouillées sur la tête et l’exhibe dans l’épicerie du village pour le punir. Heureusement je suis fier car j’ai cessé moi de faire pipi au lit.

 

Mon frère Sylvain lui a fait pipi au lit jusqu’à l’âge de 12 ans. Quand il faisait vers l’âge de 6 ans, mon père l’immobilisait sur son lit, puis ma mère l’étouffait avec un oreiller. Sylvain n’a jamais eu de chambre pour dormir. Il dormait dans la chambre de mes parents jeune, puis dans le bureau de mon père. Il n’a eu qu’un lit pliant pour seul compagnon jusqu’à l’âge de 15 ans où il été émancipé par la justice. Ensuite il n’a jamais eu de chez lui jusqu’à l’âge de 40 ans. Il était SDF. C’est moi qui ai fait qu’il a maintenant un logement.

 

Ma mère a décidé de tuer une portée de chiots quand nous étions enfants. Elle les place dans le jardin sur la neige. Nous sommes en hiver. Les chiots pleurent pendant deux jours et deux nuits devant la fenêtre de mes parents où dort aussi mon frère Sylvain. Au bout de deux jours, mon père qui est pourtant un dur ne tient plus. Il sort alors dehors et tue la portée à coups de bêche.

 

J’ai environ 7 ans. Ma maîtresse d’école a la réputation d’être une tortionnaire dans l’école. Elle impressionne tous les enfants. Elle bat régulièrement mon frère Sylvain sur les fesses en public car il fait pipi dans sa culotte à l’école. Cette fois-ci elle s’en prend à moi. Elle vient me voir dans la cour et me dit brutalement que mon nom de famille n’est pas en réalité mon vrai nom, puis tourne les talons et repart aussitôt. Je ne sais pas encore que je suis un fils naturel.  Interloqué, je répète cela à ma mère. Le lendemain ma mère va se plaindre à l’école. L’institutrice revient me voir à la récréation et m’hurle qu’elle ne m’a jamais rien dit. Je redresse le menton et lui répond que c’est faux. Elle me donne alors une gifle si violente que je vois des étoiles devant les yeux. Je ne saurais la vérité sur mon nom que 10 ans plus tard. En effet je portais enfant le nom de ma mère.

 

Quand ma maladie bipolaire s’aggrave brusquement, je perds mon emploi, mes entreprises, ma femme et mon logement. Je fais mettre mes meubles et mes livres dans un petit local industriel. Puis progressivement on me vole tout. Un jour je découvre que c’est mon frère Sylvain qui m’a volé avec des complices. Je n’ai maintenant plus rien. Ce vol me fait aussi mal que la perte de ma femme. J’en souffre toujours dix ans après.

 

Sylvain a volé pour 20 000 euros d’antiquités à mon frère Christian. Christian exulte. Menaces, plaintes etc. Il raye Sylvain de sa vie. J’ai l’impression que cela ne cessera jamais. C’est étrange, cela se passe comme si nous ne pouvions pas nous passer les uns des autres, mais en nous entretuant toujours et toujours. C’est l’amour vache. A quand le crime qui n’est jamais si loin ?

 

Je pourrais remplir aussi des pages et des pages d’horreurs. Il m’a fallu 30 années pour me souvenir que ma mère avait brûlé mon frère Sylvain aux lèvres avec une poêle brulante quand il avait 4 ans. Pourtant cela s’était passé devant moi. Ai-je d’autres souvenirs diaboliques ainsi enfouis dans ma mémoire ? Qu’y a-t-il vraiment dans ma mémoire ? Quand tout cela va-t-il vraiment cesser ? Pourquoi ne pas tuer tout le monde. Ou sortir de chez soi avec un fusil et flinguer les passants, comme aux USA ?

 

Je découvre que l’Homme est un animal, ni plus ni moins. Un animal politique, mais un animal. A l’âge de six ans je lis un livre d’histoire et je vois une gravure où les colons espagnols tranchent les mains des indiens en Amérique du Sud parce qu’ils refusent de travailler. A six ans j’avais déjà compris le genre humain. Ces colons avaient été aussi des petits garçons comme moi, comme ceux aussi qui me battaient aussi et détruisaient mes tableaux. Je hais le genre humain. Ceux qui ont fait progresser la civilisation sont une poignée qui a payé cher en général leur découverte.

 

Il y a 10 ans je suis devenu paranoïaque après l’aggravation subite de ma bipolarité. J’ai alors préparé l’assassinat de personnalités politiques avec lesquelles j’avais travaillé dans ma vie, et l’assassinat de ma femme. J’avais caché un couteau de boucher sous la table de salon au cas où ma femme aurait attenté à ma vie. Puis dans un accès de bonté je me suis dit que je ne pourrais pas tuer ma femme tellement je l’aimais et j’ai décidé de me supprimer. Je décidais de me trancher l’artère avec le couteau qui aurait dû la tuer. Au moment de me trancher l’artère fémorale, le téléphone sonna. J’hésitais et finalement je décrochais le téléphone. A l’autre bout du fil mon frère Sylvain m’implorait soudain de venir le sauver car il voulait lui aussi se tuer. Mon sang ne fit qu’un tour et je sortis brutalement de ma paranoïa, et je nous sauvais tous les deux. Depuis ce double miracle, je me dis que forcement Dieu existe.

 

Sommes-nous tous indestructibles dans notre fratrie ? On le dirait. La mort ne veut pas de nous. Pourquoi ? Avons-nous une mission ? Cette mission qui ressemble au chemin de croix du Christ. A quand la crucifixion qui va peut-être nous libérer ?

Me dernière femme Sylvie voulait que je la peigne clouée sur la croix. C’est une femme de couleur noire. Cela ferait un beau tableau, non ? J’ai pris des photos d’elle nue pour préparer ce tableau. Pourquoi le nouveau Christ ne serait-il pas une femme noire ? Eve n’était-elle pas en vérité noire ? On lui avait fait le QI à ma femme à l’âge de 16 ans et elle avait 165, c'est-à-dire le maximum pour une enfant. Bac + 10, licence de psychologie, 7 langues parlées, mais sa mère blanche l’avait torturée enfant car elle ne supportait pas d’avoir une enfant noire. Son père était Sénégalais, grand chercheur scientifique. Son grand père était même le fondateur du parti socialiste du Sénégal. Quelque part ne voulait-elle pas que je la tue pour abréger ses souffrances ? En effet elle me disait souvent qu’elle voulait mourir. Mais je l’aimais tant. Et elle se saoulait. Et elle se saoulait. Et alors elle me frappait aussi. Elle me torturait comme on l’avait torturé. Elle m’ébouillantait à l’eau bouillante ou à la cigarette. Elle me mordait. Et je la frappais. Et je la frappais jusqu’au sang. Je lui faisais sauter toutes les dents de la mâchoire inférieure. Les gendarmes ne savaient plus quoi faire. Pour eux j’étais seul le responsable. L’Homme n’est-il pas toujours le seul responsable de la violence ? C’est si facile… l’Homme est un monstre. La femme est une sainte, non ?

 

Ma nouvelle copine s’appelle Bérangère. Elle a un Bac + 10. Sciences Po puis Doctorat en religions.  Elle est chercheur scientifique pour la communauté européenne et écrivain. Elle est calme, posée, mais n’a pas le génie artistique de ma femme précédente qui était aussi chanteuse de gospel et conteuse pour enfants. Moi qui suis peut-être atteint d’une psychose ou hystérie collective christique comme ma fratrie, ma nouvelle femme n’est-elle pas toute indiquée pour me comprendre ? Je viens de découvrir qu’elle est bipolaire aussi. Elle me l’avait caché. Elle vient de faire une tentative de suicide car elle a perdu une de ses missions scientifiques. Elle aussi ne veut pas d’enfants. Je suis maudit. Mais je suis fier, sa famille fait aussi partie d’une grand famille à la tradition intellectuelle en France. N’est-ce pas une façon de me conforter après l’échec cinglant de ma vie ? Que de me mettre avec des femmes intellectuelles qui ont réussi ?

 

L’échec, la souffrance, la mort proche sont mon quotidien. L’enfer est mon quotidien. Quelque fois, je ne fais plus de différence entre mes proches et moi tant nos préoccupations se ressemblent. Ma dernière femme me disait que je n’avais pas d’enveloppe. C’est vrai. Je suis tellement accessible à la terreur des autres, à leur jugement, qu’une partie de mes préoccupations est de savoir ce que pense les autres de moi. Je me sens tellement inférieur aux autres. Puis je bondis soudain et j’explose, me disant que je suis toujours le surhomme que j’ai toujours été.

 

L’Humain, c’est l’animal dans toute sa splendeur eugéniste. Un miracle de la sélection darwiniste. Une machine à tuer presque parfaite. Avec l’espoir en plus pour certains, notamment ceux qui en en pris plein la gueule comme moi et mes proches, de s’en sortir un jour en jouant au loto. Une Shoah déguisée en quelque sorte, non ? La Shoah me révulse, me terrifie. C’est sans doute parce que je m’y voie aussi…

 

Concernant ma famille, doit-on parler de psychose ou d’hystérie collective ? comme ce qui s’est passé en  Allemagne durant la dernière guerre ? Pourquoi ai-je été façonné pour adhérer très jeune aux thèses nazies ? Pourquoi ? Peut-être avais-je fait un parallèle entre les victimes des nazis et ma condition humaine ? Pourquoi avais-je échangé alors mon rôle de victime enfant contre celui des bourreaux nazis ? N’était-ce pas logique ? La logique de l’absurde humain… Le syndrome de Stockolm…

 

A quoi sert de savoir que vous êtes à la fois bourreau et victime ? Quand on ne peut pas sortir de son enfer ? Quand on ne peut pas démêler l’écheveau ?

Le prêtre de notre village d’enfance a refusé pendant 7 ans de baptiser notre fratrie car nous étions des enfants naturels. Bien que nous allions à la messe tous les dimanches et que ma mère payait la redevance du curé rubis sur l’ongle. Le curé faisait partie de la promotion jésuite de mon grand-père. Au mariage de nos parents, le curé se décide à nous baptiser tous les quatre frères et sœur dans la petite église du village. Vous imaginez le tableau. Nous les quatre Antéchrists devant le représentant de la foi. Nous nous sommes alors mis à rire, mis à rire…

 

Vers l’âge de dix ans, je fus convaincu lors d’une soirée que le Diable était mon ami. Montant seul dans ma chambre plus tard dans la nuit noire, je me mettais dans mon lit et me mis à invoquer le Diable. C’est à ma grande surprise, horrifié, que j’entendis au fond de ma chambre sa respiration de façon très nette. Je me cachais alors sous mes draps quand sa respiration fut au-dessus de mon visage. Ce fus une des plus grandes peurs de ma vie.

 

Nous créons notre propre surnaturel. Nous agissons sur notre corps et notre esprit. Les hasards parsèment notre vie, parfois jusqu’à nous faire croire que le hasard n’est plus un hasard, comme l’avait supposé un adepte de Freud, Carl Jung, avec la Synchronicité.

Inconscient collectif, existe- t-il ? Inconscient familial, existe-t-il ? Les maladies de ma famille ne sont-elles pas aussi une maladie plus vaste de la société ?

 

Ne sommes-nous pas le reflet de notre monde ? Un jeu de miroirs entre nous-mêmes et les autres ?  Un jeu de dupe où nos espoirs restent lettre morte ?

 

Mon frère Sylvain vient de m’envoyer un sms par téléphone : « Comment fais-tu pour supporter ton malheur ? »

Je lui réponds : «  Qu’aurions-nous été sans le malheur ? Des crétins bourgeois heureux et ignorants ? Je préfère ma condition, qui est celle du Christ. Je contiens la connaissance. Celui qui affronte le Mal a la connaissance. Et il est sauvé ».

Un peu facile de ma part, non ? vous ne trouvez pas ?

Bien sur cette réponse est celle qui a été dictée par nos tares familiales. Ces tares qui nous tuent lentement et qui paradoxalement nous donnent un sens aussi.

 

Des gens puissant sur le plan politique ont essayé de me faire monter dans leurs structures. J’étais jeune et particulièrement efficace sur le plan psychologique notamment. Je m’y suis refusé. Je refusais les promotions et les responsabilités. Le travail de psychologue doit être intéressant par exemple. J’ai souvent voulu poursuivre des études de psy. Pourquoi les psychologues ne sont-ils pas remboursés par la sécurité sociale ?

La psychologie n’est-elle pas aussi pour le pouvoir une arme redoutable réservée au profit du Marketing et de la politique. Gérer et comprendre les rapports humains, les motivations des uns et des autres. N’est-ce-pas cela finalement le pouvoir sur soi et sur les autres ? Connais toi et tu connaitra les autres…

Pourquoi n’enseigne-t-on pas la psychologie au lycée alors qu’on enseigne la philosophie ?

La psychologie n’est-elle pas réservée finalement aux classes supérieures car cela n’est pas remboursé ? au pouvoir ?

 

La société est un système vivant qui crée ses propres pathologies individuelles et sociales pour s’auto-organiser, voire instaurer des rapports de classe. Je ne suis que le rejeton impuissant d’un système de sélection où les gênes bipolaires ne sont pas désirés dans la compétition aux meilleurs géniteurs, ni au politiquement correct d’une bourgeoisie fantasmée à laquelle tout le monde aspire. Je suis un fou, un rebelle, un taré. La preuve, je commence mon adolescence avec l’inceste de ma sœur. Ne m’avez-vous pas demandé, madame Fuster, si ma sœur avait porté plainte ? Ma sœur était la plus grande salope du village et se tapait tout ce qui bougeait. Je me suis contenté d’éveiller ses sens. Mais il est si commode dans la pensée politiquement correcte de croire que les cadets ou les filles sont systématiquement les victimes des ainés ou des garçons. Le féminisme à la Française est passé par là. Pourtant on ne compte pas les mères qui ont saboté la vie psychique de leur progéniture. Mais quand cela va mal chez la mère, on parle alors de planning familial non respecté. Quand cela va mal avec le père, on dit alors qu’il est responsable. Allez dire à des gendarmes que vous êtes un homme battu. C’est ce que j’ai fait quand mon ancienne femme me battait il y a un an seulement. Ils ne m’ont jamais cru.

La société est une vaste hypocrisie à laquelle j’ai été abonné tout jeune. Enfant, l’épicière affichait sur son étalage les martinets avec lesquels nos parents allaient nous cingler le corps. Maintenant on envoie les enfants chez le pédiatre alors que c’est souvent les parents qu’il faudrait envoyer chez le psy, non ? A quand les séances de psy familiales imposées par le juge. A la saint glin-glin, bien sûr. Vous savez comme moi, Madame la psychologue, que la famille en France est intouchable….

Quand une psy me dira, Monsieur ......., vous avez commis l’inceste, pourquoi n’avez-vous pas porté plainte contre vos parents et la société ? Alors je croirais à la justice. Et si j’avais été jumeau avec ma sœur, qui aurait été responsable devant la loi, elle ou moi ?

 

Je ne vous ai pas dit la plus belle. Que croyez-vous qu’a fait plus tard ma mère comme métier ? Et bien infirmière psychiatrique. Et ma sœur ? Elle va préparer un diplôme de curatrice…

La réparation. La réparation… Ma sœur vient de m’offrir un livre qui s’intitule « frères et sœurs, une maladie d’amour ».

Ne sommes-nous pas dans le meilleur des mondes ?

 

Le Diable est venu me voir. Puis le monstre de Kafka m’a transformé. Je suis un homme noirci à l’intérieur. Même si je suis un artiste. Hitler était d’abord un artiste. Si je n’ai pas encore tué, c’est que je suis trop sensible. Je ne le dois pas à la morale humaine.

Si c’était à refaire avec ma sœur, je le referai. Cela nous a sauvés de l’indifférence d’amour dans laquelle nous vivions et du manque d’intérêt de nos médecins et professeurs.

 

Que reste-t-il de tout cela ? Que reste-t-il de mes tableaux qui ont été détruits ? Que reste-t-il de mes espoirs de devenir un grand peintre. Rien.

J’ai toujours un espoir, Van Gogh était bipolaire lui aussi… Rires.

 

Tout cela est bien complexe. Et il est difficile de ne pas ressentir de la rancœur. Là où j’ai pu aider les autres dans certains de mes métiers, je n’arrive pas à analyser correctement mon psychisme. Mes références intellectuelles ont sauté avec le temps. Freud était aussi un pervers sexuel, et Einstein un salaud de dictateur familial avec sa femme.

 

Je suis impuissant à me dépêtrer. Alors arriver au bonheur, vous pensez, c’est un luxe, non ?

Je viens de voir récemment la Maison des handicapés pour suivre une formation pour handicapés. Et la fille de l’accueil, souriante comme une marâtre, me répond que je suis un peu vieux et qu’il faut laisser la place aux jeunes. Dommage que je n’ai pas enregistré pour lui repasser le lendemain. Rires.

Finalement ne devrais-je pas voler pour bénéficier des aides à l’emploi en sortie de prison, non ?

 

Ma vie est devenue une lutte sans merci contre moi-même. Mon pire ennemi est enfoui dans ma pensée, dans une réalité qui m’échappe à l’infini, dans des illusions générées par mon cerveau. Le livre de Kafka était jadis une prédiction lugubre concernant mon avenir. Un avant-goût de la déchéance qui est la mienne.

 

Seule la vision d’un bouquet de fleurs me calme. Les couleurs sont là, bien vivantes, chatoyantes. La grande baie vitrée de ma maison donne sur un océan de verdure. J’ai pris en location une belle maison dont je n’arrive pas à payer le loyer avec ma petite pension. C’est quitte ou double. Ou je suis capable de retravailler, ou c’est la fin de tout.

 

J’avais développé mes capacités de poésie enfant. J’étais très tourné vers la nature. Mais ma poésie s’est maintenant dévoyée, avec mes changements d’humeur. Elle est devenue incompréhensible pour les autres. Violente dans l’exaltation de mes sentiments. Aride dans les soumissions aux forces de la tristesse.

 

Il faudra sans doute beaucoup de persévérance pour aboutir à une vie normale, celle à laquelle je n’ai jamais eu droit. Aussi madame la psychologue ne me faites pas de cadeaux dans vos questions. Car on est toujours soi-même enclin à s’en faire là où on s’y attend le moins…

 

Je vous remercie en tout cas de m’avoir poussé à réagir.

 

PS : je vous autorise si vous le désirez à communiquer cet écrit à mon psychiatre.



20/10/2010
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