Malthusianisme
Malthusianisme
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Le malthusianisme est une politique prônant la restriction démographique, inspirée par les travaux de l'économiste britannique Thomas Malthus (1766–1834). Le terme est utilisé pour la première fois par Pierre Joseph Proudhon en 1849.
A l'origine doctrine hostile à l'accroissement de la population d'un territoire ou d'un État, et préconisant la restriction volontaire de la natalité, le mot "malthusianisme" désigne aussi par extension toute attitude craintive devant la vie et le développement.
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Contextes [modifier]
Le malthusianisme du XIXe siècle justifia l'égoïsme des personnes et groupes favorisés par la fortune, en paraissant théoriser l'idée que les pauvres étaient responsables de leur état, et que toute entreprise en leur faveur était non seulement inopérante, mais même contraire à leurs intérêts.
Tout change à la fin du XIXe siècle avec le néo-malthusianisme, dont Paul Robin et Octave Mirbeau sont, en France, les représentants les plus connus. À l'analyse de Malthus, les néo-malthusiens, d'inspiration libertaire, et soucieux avant tout du bien-être des larges masses, ajoutent leur refus horrifié de produire massivement de la chair à canon pour les guerres à venir et leur proclamation du droit à l'avortement, afin de permettre aux enfants désirés de vivre dans les meilleures conditions matérielles, intellectuelles et affectives.
Le "modèle malthusien" de formation du revenu minimal des économistes classiques n'a rien à voir avec le "comportement malthusien", restriction volontaire, non seulement de procréation, mais aussi de production. Alfred Sauvy, grand pourfendeur de ce comportement, admet que le nom de Malthus « désigne un état d'esprit doctrinal plus que l'homme qui a porté ce nom. » Pour Malthus, seule la procréation des familles peu sûres de pouvoir nourrir leurs enfants devait être restreinte, et ceci par une chasteté volontaire fort éloignée des méthodes anticonceptionnelles et antinatales qui seront pourtant désignées ultérieurement comme néo-malthusiennes.
Recherches scientifiques [modifier]
Les préoccupations écologiques renouvellent aujourd'hui la problématique malthusienne. Ainsi, certains, comme le commandant Cousteau, voient dans l'excessive population humaine le principal obstacle à la sauvegarde des espèces animales et végétales. Ian L. McHarg [1] décrit la recherche de John B. Calhoun et Jack Christian mais il ne donne pas la référence bibliographique.
John B. Calhoun découvre par hasard que le stress causé par la densité serait la principale cause d'incidence de maladies infectieuses chez les musqués sauvages. Ce qu'ils confirment dans ces expériences avec des rats, dans le zoo de Philadelphie. Ils identifient les maladies de tension qui affectent les capacités reproductives et provoquent les maladies du cœur et des reins. Les comportements sociaux dégenèrent alors, les mâles dominants attrapent des maladies physiques, les mâles fouisseurs les remplacent et deviennent hypersexuels, tandis que les homosexuels le sont davantage et les cataniques présentent une pathologie mentale extrême.
McHarg cite encore Paul Leyhausen "Près de cinq ans dans un camp de prisonniers m'ont appris que les societés humaines surpeuplées reflètent dans le moindre détail les symptômes des communautés de loups, chats, chèvres, souris, rats, lapins et que toutes les différences sont liés aux particularités des espèces; les aspects fondamentaux de l'interaction et de l'organisation sociale sont en principe identiques et il y a une véritable homologie entre l'Homme et l'Animal à travers toute l'espèce de vertébrés" [2]
Voir aussi [modifier]
Références [modifier]
- ↑ Ian L. McHarg, Composer avec la nature. Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région d'Île-de-France, Paris: 1980. p156-157
- ↑ Paul Leyhausen, La communauté saine - Un problème de densité? Dicovery, Septembre 1965, cité par McHarg, 1980, p158
Bibliographie [modifier]
- Thomas Malthus, Essai sur le principe de population, 1798 (version en ligne)
- Alfred Sauvy, Théorie générale de la population (2 volumes), P.U.F., Paris 1956
Liens internes [modifier]
Catastrophe malthusienne
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Une catastrophe malthusienne désigne un effondrement démographique qui suit une croissance exponentielle de la population et qui est du à l'épuisement des ressources consécutif à cette croissance.
En 1798, Thomas Malthus remarque que les populations vivantes tendent à avoir une croissance géométrique (on dit aujourd'hui exponentielle: il faut un temps constant pour que la population double) alors que les ressources semblent ne pouvoir croître que de façon arithmétique (on dit aujourd'hui linéaire: chaque doublement demande un temps double du précédent). Du fait que toute croissance géométrique, aussi lente soit elle, finit toujours par dépasser toute croissance arithmétique, aussi rapide soit elle, il déduit qu'une catastrophe démographique est inévitable à moins d'empêcher la population de croître.
Ainsi à un taux de croissance annuel de seulement 1%, une population initiale d'un seul couple donne naissance à plus de 40 000 descendants en un millénaire, à près d'un milliard de descendants en deux millénaires, et à près de 20 000 milliards d'individus en seulement trois millénaires (soit une densité de près de 1000 habitants par hectare, océans compris).
Des catastrophes malthusiennes ont déjà été observées et étudiées dans des populations animales[1]. Ainsi, en 1944, 29 rennes ont été introduits sur l'île de St Matthew en mer de Béring. En l'absence de prédateur, et en présence de ressources alimentaires abondantes, la population a explosé, atteignant 6000 individus dans l'été 1963, soit une croissance de 30% par an. Six mois plus tard toute la population sauf 42 femelles était morte de faim, et la végétation gravement et durablement dégradée.
Certains observateurs des sociétés humaines estiment que la notion de capacité d'accueil doit être appliquée également aux populations humaines, et qu'une croissance incontrôlée de la population humaine pourrait entraîner une catastrophe malthusienne où le nombre croissant d'humains (dans une zone ou sur la Terre) viendrait à dépasser largement la dite capacité d'accueil. Selon le World Wildlife Fund dans un rapport daté de 2006[2], basé sur la notion d'empreinte écologique, les ressources biologiques de la planète sont exploitées 25% au-delà de leur capacité de renouvellement.
L'aspect semi-désertique de la région qu'on continue d'appeler le croissant fertile est aujourd'hui considéré comme partiellement la conséquence d'une catastrophe malthusienne.
On considère[3] aujourd'hui que la population de l'île de Pâques a subi une catastrophe malthusienne peu de temps avant sa découverte par les occidentaux.
Certains auteurs considèrent[4] que les génocides des années 1990 dans la région des grands lacs africains sont la manifestation d'une catastrophe malthusienne.
Notes [modifier]
- ↑ The Introduction, Increase, And Crash Of Reindeer On St. Matthew Island
- ↑ Living Planet Report, 2006 [1]
- ↑ cf par exemple Diamond
- ↑ cf par exemple Diamond ou Land relations under unbearable stress: Rwanda caught in the Malthusian trap
Voir aussi [modifier]
- Malthus
- Malthusianisme : terme appliqué à l'autocontrôle des naissances par les familles
- familles dites malthusiennes, essentiellement liées à la politique de l'Enfant unique
- Jared Diamond, Effondrement, Gallimard, 2006 (ISBN 2-07-077672-7)
Lien externe [modifier]
Néo-malthusianisme
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Le Néo-malthusianisme est une actualisation de la doctrine de Thomas Malthus et de sa prise de conscience des ressources limitées de la Terre. Selon Malthus, l'augmentation démographique est beaucoup plus rapide que la croissance de la production alimentaire, ce qui nécessite une limitation de la natalité pour éviter les famines dues à la surpopulation. Les néo-malthusiens font de cette limitation des naissances un droit humain.
C'est à la fin du XIXe siècle que des théoriciens anarchistes tels que Paul Robin développent en France des thèses néo-malthusiennes, que l'écrivain et journaliste Octave Mirbeau popularise dans la presse.
À l'analyse de Malthus, les libertaires néo-malthusiens ajoutent deux éléments fondamentaux : d'une part, il serait monstrueux de produire massivement la chair à canon dont les bourgeoisies industrielles ont besoin pour les prochaines boucheries (ils s'opposent donc aux politiques natalistes mises en œuvre afin de préparer la guerre programmée dans les meilleures conditions, grâce à l'abondance de l'infanterie) ; et, d'autre part, ils réclament un contrôle des naissances grâce aux moyens contraceptifs en usage et à l'avortement (Octave Mirbeau proclame dès 1890 le droit à l'avortement, alors qu'il est encore considéré comme un crime).
Dans les dernières décennies du XXe siècle, le néo-malthusianisme a pris une grande extension. D'une part, grâce au mouvement des femmes réclamant la libre disposition de leur corps et proclamant leur droit de n'avoir que des enfants désirés : fondation du Planning familial, création du M.L.A.C. (Mouvement pour la Liberté de l'Avortement et de la Contraception), en 1972, ce qui aboutit à la loi Veil de janvier 1975 légalisant l'Interruption Volontaire de Grossesse (I.V.G.). D'autre part, grâce au mouvement écologiste et altermondialiste, dans lequel s'inscrit notamment le Club de Rome : l'objectif est de sauver la planète de la pollution et de l'épuisement des matières premières non renouvelables, et de permettre un développement soutenable dans le tiers-monde.
Voir aussi [modifier]
Liens externes [modifier]
- Bibliothèque libertaire en ligne:
Thomas Malthus
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Naissance : | 14 février 1766 Dorking, dans le Surrey (Royaume-Uni) |
---|---|
Décès : | 23 décembre 1834 Somerset () |
Nationalité : | britannique |
Champs : | Pasteur protestant, Économie |
Institution : | Université de Cambridge, Collège de la Compagnie anglaise des Indes orientales |
Diplômé : | Jesus College (Cambridge) |
Célèbre pour : | École classique, Malthusianisme, annonciateur du keynésiannisme |
Thomas Robert Malthus, né près de Guildford (Surrey) le 14 février 1766 et mort à Bath (Somerset) le 23 décembre 1834, est un pasteur anglican et un économiste britannique de l'École classique. Il est connu surtout pour ses travaux sur le problème des rapports entre la population et la production, analysés dans une perspective pessimiste, totalement opposée à l'idée smithienne d'un équilibre harmonieux et stable.
Son nom a donné dans le langage courant l'adjectif malthusien pour caractériser un état d'esprit conservateur qui s'oppose à l'investissement et craint la rareté et une doctrine, le malthusianisme, qui impose une politique active de contrôle de la population.
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Biographie [modifier]
Malthus est né le 14 février 1766 à Dorking, dans le Surrey, sixième enfant d'une famille aisée. Son père est un ami personnel de David Hume et une relation de Jean-Jacques Rousseau. A partir de 1784, Malthus étudie à Jesus College à Cambridge où il obtient une chaire en 1793. Il devient pasteur anglican en 1797.
En 1798, il publie sans nom d'auteur : "Essay on the principle of population...", qui connaît un immense succès et déclenche de nombreuses polémiques. Malthus entreprend alors d’approfondir ses recherches et voyage sur le continent, visitant le Danemark, la Suède et la Russie. En 1803, il donne une nouvelle édition, très augmentée, de son Essai et le signe de son nom. Le retentissement est considérable. Dès 1805, il fait l'objet d'une traduction en français.
En 1804, il se marie et, grâce à la protection de William Pitt, devient professeur d'économie politique au Collège de la Compagnie anglaise des Indes orientales (à Haileybury, dans le Hertfordshire), qui vient d’y être fondé pour les agents de la Compagnie, poste qu'il occupe jusqu'à sa mort. Il aura une influence certaine sur les fonctionnaires anglais affectés en Inde.
Il rencontre David Ricardo pour la première fois en 1811, les deux hommes tiennent ensuite une correspondance abondante qui lui permettra de développer des analyses nouvelles sur la demande. Il compose d’autres ouvrages, notamment Les Principes d’économie politique, publié en 1820.
Il décède en 1834 et est enterré à l'abbaye de Bath, dans le Somerset.
Malthus et les rapports entre la population et la production [modifier]
Le contexte [modifier]
La lecture d’Adam Smith et de Hume l’attire de bonne heure vers l’économie politique. Il tente d’appliquer les idées de William Godwin, un rationaliste du XVIIIe siècle, influencé par la pensée de Rousseau et celle de Condorcet et qui croit à un progrès sans limites. Le pasteur Malthus est chargé de l’aide aux pauvres dans sa commune ; les mauvaises récoltes de 1794 à 1800 engendrent misère et détresse, et frappent son imagination. Il écrit, en 1796, un essai sur La crise que subit l’Angleterre qui prend position en faveur de la justice sociale et propose de développer le système d’assistance publique aux pauvres, mais il ne le publie pas.
Toutefois, le disciple de Godwin va se révolter contre son inspirateur lorsqu’il lit La justice politique (1793). Dans cet ouvrage utopiste, Godwin décrit une société où une population croissante va connaître la prospérité et la justice. Le divorce entre les idées de Godwin et la réalité brutale qu’il observe conduit Malthus à changer radicalement d’analyse. Son Essai sur le principe de population est un pamphlet en réaction contre ces idées.
Contre les réformateurs « moraux » qui attribuent au gouvernement la responsabilité des maux de la société, Malthus veut démontrer que ceux-ci viennent en réalité de lois naturelles et inéluctables.
La thèse [modifier]
Il prédit que la population augmente de façon exponentielle ou géométrique (par exemple : 1, 2, 4, 8, 16, 32, ...) tandis que les ressources croissent de façon arithmétique (1, 2, 3, 4, 5, 6, ...). Il en conclut à l'inévitabilité de catastrophes démographiques, à moins d'empêcher la population de croître.
Les anciens régulateurs démographiques (les guerres et les épidémies) ne jouant plus leur rôle, il imagine de nouveaux obstacles, comme la limitation de la taille des familles ou le recul de l'âge du mariage pour la population pauvre – ces restrictions étant volontaires. Il prône aussi l'arrêt de toute aide aux nécessiteux, en opposition aux lois de Speenhamland et aux propositions de William Godwin qui souhaite généraliser l'assistance aux pauvres.
Les politiques de restriction démographique inspirées de Malthus sont appelées « malthusiennes ». Sa crainte tournait autour de l'idée que la progression démographique est plus rapide que l'augmentation des ressources, d'où une paupérisation de la population. Les anciens régulateurs démographiques (les guerres et les épidémies) ne jouant plus leurs rôles il imagine de nouveaux obstacles, comme la limitation de la taille des familles et le recul de l'âge du mariage. Ces propositions ne sont appliquées à ce jour, toutes les deux, qu'en Chine populaire, qui en effet se pense obligée de limiter sévèrement sa démographie.
Les prévisions sinistres de Malthus sont heureusement mises à mal, car il n'imaginait pas une si grand augmentation des ressources et des rendements agricoles (révolution verte); les nouveaux moyens d'échanges internationaux de biens de subsistance; le fait qu'une partie du trop plein d'individus émigrerait vers les États-Unis ou les colonies, qu'elle contribuerait à mettre en valeur. Il est intéressant à ce titre de comparer deux situations du monde :
1960 : 3 milliards d'habitants, 2 milliards souffrant de malnutrition (soit 66%). 2000 : 6 milliards d'habitants, 800 millions souffrant de malnutrition (soit 13,3%; l'effort continue) En revanche, si les prévisions de Malthus ne sont pas au rendez-vous, sa théorie garde tous ses droits :
il est exact que la population est en croissance dans certains pays (Arabie séoudite : 6 enfants par femme) il est exact que les progrès de l'hygiène et de la médecine augmentent la taille de la population il est exact que les ressources renouvelables sur Terre sont limitées, in fine par l'énergie solaire que reçoit celle-ci, qui elle-même détermine la biomasse, sauf découverte scientifique majeure. ... et dans ces conditions, les mathématiques sont formelles : il ne sera pas possible à la population terrestre d'augmenter indéfiniment, et la régulation devra intervenir à un moment ou à un autre, et d'une manière ou d'une autre (pour garder une note optimiste, précisons que dans les pays européens, c'est déjà fait).
Malthus et Darwin [modifier]
Le fait indéniable qu'il était impossible que tous les descendants d'une génération survivent (du moins en régime permanent) a fortement aiguillé Charles Darwin vers sa découverte de la sélection naturelle. L'existence seule de celle-ci rappelle s'il en était besoin l'exactitude du modèle de Malthus.
Une erreur de Malthus [modifier]
Si l'analyse de Malthus correspond bien à l'évolution de la poulation et des ressources par le passé (il s'était entre autres fondé sur de copieuses données concernant les États-Unis, accumulées par Benjamin Franklin), elle devient caduque au moment même où elle est publiée : c'est alors que s'amorce la transition démographique, qui aboutit à une réduction volontaire des naissances.
Les faits économiques [modifier]
Bien que le modèle sinistre de Malthus soit exact (à fécondité maximale, tous les descendants d'une génération ne peuvent survivre), ses prévisions ne se sont pas réalisées. Les éléments nouveaux ont été :
- la transition démographique : dès 2005, "plus de la moitié de l'humanité est déjà au-dessous du seuil de remplacement" des générations (Gilles Pislon (INED, Six milliards d'hommes). Il est toutefois à noter que dans cette donne :
- L'humanité est passée dans les années 1960 par une période où deux hommes sur trois souffraient de malnutrition (en 2005, un sur sept)
- Les deux pays les plus peuplés au monde - Inde et Chine - ont adopté des politiques malthusiennes
- le fait qu'une partie du trop-plein d'individus émigrerait vers les États-Unis ou les colonies, qu'elle contribuerait à mettre en valeur.
- L'utilisation massive des énergies fossiles est venu fausser l'équation sur laquelle Malthus avait basé son raisonnement en :
- augmentant les ressources énergétiques et les rendements agricoles (révolution verte basée sur la mécanisation de l'agriculture et l'utilisation massives d'engrais issus de la pétrochimie) ;
- permettant des échanges internationaux de biens de subsistance à des coûts de transports extrêmement bas;
Les thèses opposées [modifier]
Commentaires [modifier]
« Certains ont obtenu une victoire facile sur une remarque que M. Malthus avait faite en passant, et avancée principalement en guise d'illustration, selon laquelle on pouvait peut-être supposer que l'accroissement de la nourriture avait lieu selon une proportion arithmétique, tandis que la population croissait selon une proportion géométrique; alors que tout lecteur honnête sait bien que M. Malthus ne met aucun accent sur cette tentative malheureuse de donner une précision numérique à des choses qui ne la supportent pas, et tous ceux qui sont capables de raisonner doivent bien voir que cette remarque est un ajout superflu à son argument. » — John Stuart Mill, Principes d'économie politique, II, XI, 6.
Pour Meillassoux, Malthus « confond deux notions : celles de surpopulation absolue et relative. Or, il y aurait surpopulation absolue par rapport aux subsistances, si la population parvenait à croître jusqu’à être capable de se reproduire au-delà des capacités nutritionnelles des ressources existantes ; il s’agit donc d’une spéculation irréaliste. Par contre, il y a surpopulation relative quand une population existante est privée des ressources qui lui ont permis de croître jusqu’à son état présent » [1].
Malthus, annonciateur du keynésiannisme [modifier]
Fort du scandale provoqué par cet Essai, Malthus passe le reste de sa vie à lui donner une apparence moins littéraire et plus scientifique, et à acquérir dans un domaine voisin, mais différent, l'économie, par ses traités et sa correspondance avec David Ricardo, une grande réputation de compétence.
La théorie de la demande, l'une des théories fondatrices du keynésiannisme n'a pas pour père Keynes. Bien qu'il soit considéré comme le fondateur de ladite théorie, on la retrouve déjà chez Malthus. Malthus est un des premiers économistes (Jean de Sismondi développe aussi cette idée à ce moment) à prétendre théoriser les crises dites de surproduction, notion que réfute Jean-Baptiste Say. Cette idée sera reprise par John Maynard Keynes pour analyser la crise de 1929.
Malthus, pourtant libéral, a lui annoncé cette théorie. Selon lui, l'offre ne crée pas forcément la demande, car une partie des revenus peut être épargnée, ce qui peut provoquer un recul de l'activité économique. Il pense que la loi des débouchés est fausse
- « …Cependant cette doctrine, avec toute l’extension qu’on lui a donné me semble tout à fait fausse, et en contradiction manifeste avec les grands principes qui règlent l’offre et la demande »[2]
puisque les produits ne s’échangent pas uniquement contre des produits, mais beaucoup s’échangent contre du travail. Or certains travaux sont improductifs (comme ceux des domestiques) alors que d’autres sont productifs ; il en résulte que le niveau de la production et le niveau de la demande ne sont pas nécessairement identiques. Le système capitaliste peut donc craindre une insuffisance de débouchés
Ouvrages [modifier]
- An Essay on the Principle of Population, as it Affects the Future Improvement of Society with Remarks on the Speculations of Mr. Godwin, M. Condorcet, and Other Writers London, printed for J. Johnson, in St. Paul's Church-Yard, édition de 1798 et édition complétée de 1803 traduit en français en 1805 : Essai sur le principe de population,
- Principes d'économie politique au point de vue de leur application pratique, 1820
- Définitions en économie politique et mesure de la valeur, 1823
- An Investigation of the Couse of the Present High Price of Provisions (1800)
- Observations on the Effects of the Corn Laws, and of a Rise or Fall in the Price of Corn on the Agriculture and General Wealth of the Country (1814)
- An Inquiry into the Nature and Progress of Rent, and the Principles by which it is regulated (1815)
- The Grounds of an Opinion on the Policy of Restricting the Importation of Foreign Corn: intended as an Appendix to (1815)