Paraphrénie - Délire paraphrénique
Paraphrénie
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Historiquement le terme était concurrent de ceux de démence précoce ou de schizophrénie, ce dernier adopté par Eugene Bleuler. Sigmund Freud par exemple l'utilisait volontairement plutôt que celui de Bleuler[1]. Emil Kraepelin distinguait quatre formes de paraphrénies mais il est resté réservé face à cette classification en partie inspirée des critiques des auteurs français et lui a finalement préféré en rester au terme de démence précoce[2]. Le terme n'est aujourd'hui plus guère utilisé.
La paraphrénie est un état délirant faisant partie des psychoses chroniques non dissociatives et est une condition nettement distincte de la psychose hallucinatoire chronique et de la paranoïa de par la coexistence d'une intense activité délirante limitée à certains domaines de la vie intellectuelle, et une vie par ailleurs normale dans d'autres domaines. Ainsi, le paraphrène agit et pense comme si le délire n'avait pas envahi tous les domaines de sa vie psychique : il existe une bonne adaptation au réel.
La maladie débute habituellement autour de 40 ans, parfois brutalement, mais le plus souvent insidieusement. Il n'existe pas de trouble de la personnalité prémorbide caractéristique.
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Classification[modifier]
Voir aussi l'article Délire.
La paraphrénie est une entité clinique distincte dont on retrouve plusieurs variétés. La classification selon la structure et les mécanismes comprend:
- la paraphrénie expansive
- la paraphrénie systématique
- la paraphrénie confabulante (délire d'imagination décrit par Ernest Dupré)
- la paraphrénie fantastique
La paraphrénie est reconnue par la psychopathologie psychanalytique comme psychose, puisqu'en ses termes de structure elle répond parfaitement à cette étiquette, cependant peu apte à renseigner le psychanalyste sur la spécificité de ce trouble.
Le délire paraphrénique[modifier]
Il est habituellement fondé sur deux composantes majeures : imagination et intuition. Le début du délire est marqué par une intuition, qui sera par la suite enrichie par l'imagination délirante. Des hallucinations initiales sont possibles, bien que plus rares. La thématique est volontiers mégalomane, romanesque, de filiation, de grandeur, parfois persécutive ; toujours riche, polymorphe, peu systématisé. Le délire reste cantonné à un secteur de la vie psychique, ce qui permet une vie sociale, professionnelle, affective. Le délire n'est pas partagé et demeure longtemps silencieux aux yeux des proches, qui ne s'alarment que lors des phases florides de la maladie. Le délire n'étant pas systématisé, l'adhésion des proches n'est que rarement ou jamais obtenue (à la différence de délires très construits et cohérents, comme le délire paranoïaque) ce qui contribue à l'effet caractéristique de superposition du délire au réel, séparés de façon très étanche. L'adhésion au délire est totale, la participation affective souvent intense.
Les deux formes principales de la maladie[modifier]
- La paraphrénie confabulante est caractérisée par un mécanisme essentiellement imaginatif, et ce délire, dont les thèmes sont des thèmes de grandeur, s'enrichit progressivement, nourri par l'intuition, par la réalité et par l'imagination. L'enchaînement des idées se fait dans les sens des récits, ce qui rend parfois difficile la distinction des faits plausibles des fictions.
- La paraphrénie fantastique se démarque par la riche production d'idées étranges, décousues, mobiles, extraordinaires. Des idées mégalomaniaques apparaissent. La thématique est particulièrement floride, riche en idées démesurées de grandeurs, de mondes merveilleux, de science-fiction. Malgré le fait que ce délire est entièrement illogique, le comportement est presque normal. Lorsqu'on pose à ces malades des questions éloignées de leurs délires, leurs réponses sont claires et logiques.
Évolution de la maladie[modifier]
La paraphrénie est une maladie chronique qui accompagnera l'individu toute sa vie, marquée par des phases calmes et des phases d'enrichissement avec exacerbation délirante. Cependant, la vie est en général peu atteinte et le handicap social demeure minime, ce qui explique la très faible demande de soins des malades ou de leur entourage. Le faible retentissement de la maladie ne justifie pas, la plupart du temps, de traitement spécifique. Cette maladie peu reconnue par les psychiatres en France laisse de côté nombres de malades qualifiés de schizophrènes alors que ce n'est pas le cas.
Voir aussi[modifier]
Références[modifier]
- Sigmund Freud: Conseils aux médecins sur le traitement analytique, 1912
- Antoine Porot: Manuel alphabétique de psychiatrie, PUF, 1996, ISBN 213047148X