Philosophie - Partie 2
Souvent caricaturée et décriée, la philosophie médiévale s'étend sur la vaste période qui sépare la philosophie antique tardive de la philosophie moderne. Bien loin de se résumer à l'image négative qu'a aujourd'hui la scolastique, elle présente toute une variété de penseurs d'inspirations sensiblement différentes.[24]
D'une part le Moyen Âge est une des périodes les plus fécondes en ce qui concerne la logique. Certaines lois logiques ont été connues dès le Moyen Âge (par exemple Pierre d'Espagne connaissait déjà ce qu'on appellera plus tard la loi de De Morgan) avant d'être ensuite oubliées. C'est surtout la philosophie de la logique qui connut un développement important. Les penseurs médiévaux se concentrèrent plus particulièrement sur la célèbre Querelles des universaux, dont le point de départ fut une remise en cause de la théorie des Idées platoniciennes. Elle fut animée entre autres par Abélard, Albert le Grand et Guillaume d'Ockham.
D'autre part le Moyen Âge fut aussi un âge de redécouverte de la philosophie antique à partir du XIe siècle. La traduction en latin du corpus aristotélicien modifiera ensuite grandement la donne, et contribuera à réaffirmer Aristote comme l'un des philosophes les plus influents de l'histoire. Mais cette redécouverte ne sera possible que par l'intermédiaire des philosophes arabes et souvent par des traductions indirectes du grec vers l'arabe et de l'arabe vers le latin. La tradition de commentaire des textes est aussi très présente : le commentaire des Sentences de Pierre Lombard sera pour longtemps un exercice canonique de l'époque. Quant aux commentaires d'Aristote par saint Thomas d'Aquin, ils feront longtemps autorité et constitueront un modèle du genre.
Enfin, la philosophie médiévale est très liée à l'église, et les réflexions philosophiques ont souvent un fond religieux plus ou moins prégnant. Les philosophes du Moyen Âge, qui avaient tous reçu une formation en théologie, se basaient sur les textes bibliques et tentaient souvent de concilier les enseignements de la Bible avec les écrits des philosophes antiques. Cette réconciliation prît la forme d'une subordination de la philosophie à la théologie, les Vérités révélées des Écritures primant sur la « lumière naturelle » de la Raison.
Philosophie juive [modifier]
Deux réactions eurent lieu chez les Juifs face à la philosophie grecque: alors que les Juifs restés en Judée se rebellaient contre l'hellénisation, d'autres s'installaient en terre grecque, à Alexandrie, et produisaient des penseurs qui, à l'exemple de Philon, n'hésitaient pas à confronter les deux langages.
Représentant typique du judaïsme hellénisé d'Alexandrie, Philon ne parle probablement pas l'Hébreu. Il rêve de concilier religion et philosophie, révélation et raison : la philosophie est le moyen de défendre et de justifier les vérités révélées du Judaïsme. Celles-ci sont pour lui fixées et déterminées, et la philosophie permet d'en approcher.
La Bible est pour lui un ouvrage de législation religieuse parsemé de leçons d'éthique, Moïse un précurseur de Solon ou Lycurgue, les commandements bibliques inculquent à l'homme les fondements du stoïcisme, et accordent son rythme aux rythmes cosmiques et universels. Le Shabbat vise à abolir toute barrière sociale, la casheroute à enseigner la modération et la frugalité.
Il fallut l'expansion du monde de l'Islam pour que la philosophie revienne frapper en force aux portes du monde juif. Elle avait désormais un tout autre visage :
- d'un côté, les Mutazilites s'en faisaient un outil afin d'étudier rationnellement les Textes sacrés ;
- de l'autre côté, le néoplatonisme avait été adapté puis adopté : l'émanationnisme, la perfection infinie de l'Un, la montée de l'âme etc. sont des thèmes très proches des croyances religieuses, permettant de s'essayer à la fois à la spéculation rationnelle et à la spéculation mystique.
L'un des penseurs les plus marquants du Judaïsme, Juda Halevi, se leva alors pour combattre la philosophie. Cependant, Juda Halevi ne cessa de se « mouvoir dans l'univers mental de ses adversaires » pour les contrer, alors que son contemporain, Abraham ibn Dawd Halevi tentait d'introduire ses contemporains aux idées Aristote.
L'aristotélisme trouva son représentant dans le géant de la philosophie juive, Moïse Maïmonide. Il changea littéralement le champ de vision du Judaïsme. Il fut l'« Aigle de la Synagogue », qui écrivit le Commentaire sur la Mishna et le Mishné Torah, le « Prince des Médecins » et surtout un des plus grands érudits que connut le Judaïsme. Auteur du Guide des Égarés dont le but est de résoudre la difficulté qui se présente à l’esprit d’un juif croyant, concurremment nourri de réalités philosophiques. Maïmonide a réussi à expliquer les anthropomorphismes bibliques, à dégager la signification spirituelle cachée derrière les significations littérales et à montrer que le spirituel était la sphère du divin.
Philosophie moderne [modifier]
Par « philosophie moderne », il faut entendre la philosophie qui s'étend sur ce que les historiens appellent l'histoire moderne (1492-1789).
Elle est, d'une part, l’héritière de la pensée antique en bien des points. Spinoza, Descartes, Leibniz ou Hume (pour ne citer qu'eux) sont loin d'avoir rompu tout lien avec la philosophie des Anciens. Ils les connaissaient parfaitement et leur ont notamment emprunté leur vocabulaire. Mais d'autre part, les Modernes ont souvent compris leur propre travail comme une amélioration de ce que les philosophes de l'Antiquité avaient déjà accompli, ce qui les conduisit parfois à s'opposer à ces derniers.
Cette tentative « d'améliorer » la philosophie antique apparaît clairement dans la philosophie politique, une des grandes caractéristiques de la philosophie moderne étant en effet d'avoir renouvelé celle-ci. Machiavel ou Hobbes ont tous deux voulu fonder la philosophie politique comme science, en la séparant nettement de l'éthique (alors que cette dernière et la politique étaient inséparables chez les trois grands penseurs de l’Antiquité qu'étaient Socrate, Platon et Aristote). En outre, aussi bien Spinoza et Hobbes que Machiavel ont cherché à fonder la philosophie politique sur l'étude de l'homme tel qu'il est — et non de ce qu'il devrait être comme le faisaient les Anciens.
Mais la philosophie moderne, au sens où nous l'avons délimitée, comprend aussi, dès la fin du XVIIe siècle, la philosophie des Lumières et le libéralisme: Locke, Rousseau, Diderot, Voltaire entre autres. Le mot « philosophe » y prend le sens nouveau de « membre du parti philosophique » au fur et à mesure que se dessine une philosophie politique qui privilégie la démocratie, la tolérance et la souveraineté du peuple, que ce soit dans le Traité théologico-politique de Spinoza, le contrat social de Rousseau ou dans les deux traités du gouvernement civil de Locke.
L'autre grande caractéristique de la philosophie moderne est l'importance qu'y joue la science, même s'il faut remarquer que la philosophie du XVIIe siècle privilégie plutôt les mathématiques et la physique (mécaniste), alors que les philosophes du XVIIIe siècle se tournent davantage vers la biologie. Les penseurs menaient en effet souvent une carrière de savant, ou nourrissaient en tout cas un vif intérêt pour la science. Leibniz et Descartes, notamment, étaient de grands savants, de même qu'un siècle plus tard Diderot développa des réflexions annonçant le transformisme. Du point de vue de la méthode, la philosophie s'inspire alors soit des mathématiques (tels Descartes et Spinoza), soit de la physique (Hobbes) ; ou bien elle tente de fonder une méthode applicable à tous les domaines du savoir : philosophie, physique, mathématiques, etc., par exemple pour Leibniz. La méthode de la philosophie s'inspire donc souvent de celle des sciences ou des mathématiques.
Enfin, en ce qui concerne la théorie de la connaissance, il est traditionnel de distinguer deux grands courants : le rationalisme (avec Descartes, Leibniz et Spinoza) et l'empirisme (Hume et Locke). De façon très schématique, les rationalistes affirment l'existence d’une connaissance indépendante de l'expérience, purement intellectuelle, universellement valable et indubitable. Les empiristes, eux, affirment que toute connaissance procède de l'induction et de l'expérience sensible. Ce sont souvent aussi des sceptiques (par exemple Hume) qui affirment qu'il n'existe aucune connaissance universellement valable, mais seulement des jugements nés de l'induction et que l'expérience pourra réfuter.
Emmanuel Kant défend une position originale dans cette discussion. Il affirme en effet à la fois la nécessité de l'expérience mais aussi des concepts et des formes de la sensibilité a priori pour la constitution de la connaissance. Sa thèse combine donc à la fois l'empirisme et le rationalisme. Kant, qui nie à la différence des rationalistes la possibilité d'une connaissance ne reposant pas sur l'expérience, distingue par la suite les choses en soi (connus sans le recours de l'empirie) et les choses pour nous (telles que nous les connaissons). Les premières sont inconnaissables pour nous : Dieu, la liberté et l'âme.
Philosophie contemporaine [modifier]
Le XIXe siècle [modifier]
La philosophie du XIXe siècle se divise en des directions si différentes qu'elles ne se laissent pas ramener à un seul et unique concept. Elle comprend la philosophie romantique, l'Idéalisme allemand, le positivisme, la pensée socialiste et matérialiste de Marx, Feuerbach ou Proudhon, le pragmatisme ainsi que nombre de penseurs difficiles à classer tels Schopenhauer, Nietzsche et Kierkegaard ou encore plus récemment Léon Chestov.
Une partie de la philosophie et surtout de la philosophie allemande se comprend comme un dialogue critique mais aussi constructif avec la pensée kantienne : ce fut le cas de l'Idéalisme allemand, de Schopenhauer et de Nietzsche. Le but avoué étant de reprendre ce qui semblait le plus intéressant dans la philosophie de Kant et de la débarrasser ce qui semblait être des restes d'une métaphysique dépassée.
Les courants philosophiques marqués par l'empirisme ont pris une autre direction comme le positivisme d'Auguste Comte qui voulait dépasser la pensée métaphysique uniquement au moyen des sciences empiriques c'est-à-dire sans recourir aux explications métaphysiques. En Angleterre Bentham et Mill développèrent l'utilitarisme qui soumettait l'économie et l'éthique à un rigoureux principe de comparaison des avantages et des inconvénients et qui avec l'idée d'un bien-être pour tous (le principe du « plus grand bonheur au plus grand nombre ») joua un rôle fondamental.
L'économie et la philosophie politique furent marquées par Karl Marx, Engels et Proudhon. Les deux premiers voulaient modifier profondément les conditions de vie des ouvriers par un bouleversement des structures économiques et politiques de leur époque que les philosophes avaient pour tâche de conceptualiser.
Il est par contre difficile de classer toute une série de philosophes tels Arthur Schopenhauer, Kierkegaard et Friedrich Nietzsche. Schopenhauer mettait en avant la puissance et la domination de la volonté sur la raison en s'inspirant des Upanishads, principes philosophiques constituant pour partie la pensée indienne des Veda, alors en vogue dans certaines universités européennes. Sa vision du monde pessimiste, profondément marquée par l'expérience de la souffrance, témoigne d'une influence védique et de l'idée bouddhiste de nirvāna. Friedrich Nietzsche qui tout comme Schopenhauer accordait une grande importance aux arts, se désignait lui-même comme un immoraliste. Pour lui les valeurs de la morale chrétienne traditionnelle étaient l'expression de faiblesse et d'une pensée décadente. Il analysa les idées de nihilisme, du surhomme et de l'éternel retour de la répétition sans fin de l'histoire. Kierkegaard était en bien des points un précurseur de l'existentialisme. Il défendait une philosophie imprégnée de religion et représentant un individualisme radical qui dit comment on doit se comporter en tant qu'individu singulier dans les différentes situations concrètes.
Le XXe siècle [modifier]
La philosophie du XXe siècle se caractérise elle aussi par une grande richesse de doctrines. La philosophie analytique qui tire ses racines en Allemagne avec Frege et au Royaume-Uni avec Russell et Whitehead, et en Pologne avec l'École de Lvov-Varsovie (Alfred Tarski, Tadeusz Kotarbiński, Stanisław Leśniewski, Jan Łukasiewicz) a dominé surtout les pays anglophones et une partie de l'Europe (surtout l'Autriche, l'Allemagne et la Pologne). Elle se caractérise par un usage important de la logique mathématique et plus généralement par une très grande attention portée au langage comme source d'illusions, de paralogismes. Elle a abouti à une reprise d'ensemble de nombreux problèmes philosophiques traditionnels tel la nature de l'esprit et ses rapport au corps (voir philosophie de l'esprit), les problèmes relatifs à la nature de l'action (voir philosophie de l'action), l'essence et la fonction du langage naturel et formel (cf. la philosophie du langage et la philosophie de la logique). Ses représentants les plus importants sont Russell, Frege, Whitehead, Wittgenstein, Tarski, Leśniewski, Łukasiewicz, Kazimierz Ajdukiewicz, Donald Davidson, Anthony Kenny, John Langshaw Austin, Searle, Gilbert Ryle, Jaakko Hintikka[25].
L'autre grande tradition philosophique est la phénoménologie de Husserl dont les successeurs sont Heidegger, Sartre, Merleau-Ponty, Roman Ingarden, Edith Stein, Jan Patočka, Paul Ricœur ou Emmanuel Levinas. Pour Edmund Husserl, la phénoménologie est la science des phénomènes, c'est-à-dire la science des vécus par opposition aux objets du monde extérieur. Elle aura ainsi pour objet la connaissance pour thème (Husserl), l'imagination (Sartre), la perception (Merleau-Ponty), l'existence humaine (Heidegger), la volonté (Paul Ricœur). En outre, elle est une science apriorique, ou eidétique, à savoir une science qui décrit les essences abstraites des vécus[26].
Le début du XXe siècle marque également le début de la psychanalyse (avec Sigmund Freud) qui éclaircira beaucoup de choses sur la conception de la pensée.
La philosophie poststructuraliste et le déconstruction reposent quant à elles sur la remise en cause de la notion de sujet (Michel Foucault[27]) ou de sens (Jacques Derrida) et son remplacement par les notions de structure, d'inconscient (Jacques Lacan), de dissémination du sens (Derrida[28]).
La philosophie politique au XXe siècle se caractérise d'une part par l'intérêt qu'elle porta aux phénomènes totalitaires que ce soit dans une perspective plutôt critique soit dans une perspective surtout critique[29], d'autre part par l'examen et la discussion des théories du contrat social avec notamment la théorie de la justice de John Rawls (1971) qui fut abondamment commentée.
Histoire des philosophies asiatiques [modifier]
La philosophie indienne [modifier]
On définit classiquement deux sortes de philosophies indiennes : les philosophies astika, qui suivent les Veda (hindouisme...) et les philosophies nastika que sont le jaïnisme, le bouddhisme et le chârvâka, qui les rejettent. Pour ces dernières, on se reportera aux articles qui les concernent.[30]
Les différentes écoles astika [modifier]
Le Nyâya [modifier]
L'école de Nyâya (en sanskrit न्याय, nyāya) de spéculation philosophique est basée sur un texte appelé le Nyâya Sûtra. Il a été composé par Gautama Aksapada (à ne pas confondre avec Siddhârtha Gautama, le fondateur du bouddhisme), vers le IVe ou Ve siècle av. J.-C.. La contribution importante apportée par cette école est sa méthodologie. Elle est basée sur un système de logique qui a été plus tard adoptée par la plupart des autres écoles indiennes (orthodoxes ou pas), de la même manière qu'on peut dire que la science, la religion et la philosophie occidentales sont en grande partie basées sur la logique aristotélicienne.
Le Vaiçeshika [modifier]
Le système de Vaiçeshika (en sanskrit वैशेषिक, vaiśeṣika), fondé par la sage Kanada, postule un pluralisme atomique. Suivant les préceptes de cette école de pensée, tous les objets de l'univers physique, les substances matérielles, sont réductibles à un certain nombre d'atomes, sauf les cinq substances immatérielles : le temps, l'espace, l'éther (âkâsha) l'esprit et l'âme. Les atomes constitutifs des substances matérielles sont les atomes de feu, de terre, d'air et d'eau.
Le Sâmkhya [modifier]
Le Sâmkhya (en sanskrit सांख्य, sāṃkhya) est généralement considéré comme le plus vieux des systèmes philosophiques indiens, il aurait été fondé au VIIe siècle av. J.-C. par Kapila, ou trois siècles plus tôt, selon A. Daniélou. Il s'agit, historiquement, de la première description connue du modèle complet de l'univers, à la fois scientifique et transcendant. Sa philosophie considère l'univers comme se composant de trois réalités éternelles : le principe de l'espace (âkâsha), le principe de l'intelligence (purusha) et le principe de la nature (prakriti).
Le Védanta [modifier]
L'école d'Uttara Mimamsa (nouvelle recherche), généralement connue sous le nom de Védanta (en sanskrit वेदअन्त, vedânta), se concentre sur les enseignements philosophiques des Upanishad plutôt que sur les injonctions ritualistes des Brâhmanas. Mais il y a plus de cent Upanishads qui ne forment pas un système unifié. Leur systématisation a été entreprise par Badarayana, dans un travail appelé Vedânta Sûtra.
La manière obscure dont les aphorismes des textes du Vedânta sont rédigés laisse la porte grande ouverte pour une multitude d'interprétations. Cela a entraîné une prolifération des écoles du Vedânta. Chacune de ces dernières a interprété à sa façon les textes et a produit sa propre série de sous-commentaires — tout en prétendant être seule fidèle à l'original.
le Bouddhisme [modifier]
Le bouddhisme est l'un des grands systèmes de pensée et d'action orientaux, né en Inde au VIe siècle av. J.-C.. Il est fondé sur un triple socle appelé les Trois Joyaux : les bouddhistes déclarent prendre refuge dans le Bouddha (le fondateur du bouddhisme), dans le Dharma (la doctrine du Bouddha) et dans le Sangha (la communauté des fidèles pour certains, l'Ordre monastique pour d'autres).[31]
À l'origine, le bouddhisme n'est pas une philosophie mais une « leçon de choses » (Dhamma en pali, Dharma en sanskrit), l'enseignement de la réalité, un exposé des faits, de la souffrance, de son origine et de sa cessation pour finalement atteindre le nirvāna.
Le Dharma, ou les préceptes fondamentaux de l'enseignement du Bouddha [modifier]
Les quatre nobles vérités (sanskrit : catvāryāryasatyāni, pahlavi : cattāri ariyasaccāni, tibétain : sdug bsngal gyi bden pa) qui sont au fondement du bouddhisme sont:
- La vérité de la souffrance : toute vie implique la souffrance, l'insatisfaction ;
- la vérité de l'origine de la souffrance : elle repose dans le désir, les attachements ;
- la vérité de la cessation de la souffrance : la fin de la souffrance est possible ;
- la vérité du chemin : le chemin menant à la fin de la souffrance est la voie médiane, qui suit le noble sentier octuple.
L'éveil (bodhi) [modifier]
Afin de dépasser ces quatre formes de souffrances, il faut atteindre l'éveil. Pour les theravādas, l'éveil est la compréhension parfaite et la réalisation des quatre vérités (il s'agit de se réveiller du cauchemar à répétition des renaissances successives) et de faire jaillir la vérité. Pour les adeptes du Mahāyāna en revanche, l'éveil a plus à voir avec la sagesse et la prise de conscience de sa propre nature de Bouddha.
L'éveil permet à l'homme d'entrer dans le nirvāna, puis d'atteindre à sa mort le parinirvâna (extinction complète). Le cycle karmique est donc brisé à jamais.
La philosophie chinoise [modifier]
Le confucianisme [modifier]
Le confucianisme en est le courant principal de la philosophie chinoise et n'a connu que de rares mises à l'écart. Toute éducation se fondait avant tout sur les livres formant le « Canon confucianiste » : dont le Shi Jing ou Livre des Poèmes, le Yi Jing ou Livre des Mutations, les Annales de Lu, les Entretiens de Confucius et le livre de Mencius. Presque toute la production savante en Chine peut s'interpréter comme une suite de commentaires sur ces œuvres vénérées comme étant l'essence de l'esprit chinois. Presque tous les mouvements de pensée confucianiste se présentaient comme ayant renoué avec la vraie pensée du Sage. Entre les « réalistes » comme Xun Zi et les partisans de son pendant « idéaliste » Mencius, plus tard entre Wang Yangming et Zhu Xi, des tendances ont émergé et débattu de la pensée du Maître, enrichissant la philosophie de nouveaux concepts et de nouvelles interprétations. C'est la lignée de Mencius que Zhu Xi va privilégier et ses commentaires seront ceux considérés comme orthodoxes, c'est-à-dire comme références, par les examinateurs impériaux des dynasties Ming et Qing (la dernière).
Le Taoïsme [modifier]
Le taoïsme, une religion, une philosophie ?[32]
Le terme « taoïsme » recouvre des textes, des auteurs, des croyances et pratiques, et même des phénomènes historiques qui ont pu se réclamer les uns des autres, répartis sur 2 500 ans d’histoire.
La catégorie « Taoïsme » est née sous la dynastie Han (200 av. J.-C.-200), bien après la rédaction des premiers textes, du besoin de classer les fonds des bibliothèques princières et impériales. Dào jiā 道家 ou dào jiào 道教, « école taoïste », distingue à l’époque une des écoles philosophiques de la période des Royaumes combattants (500 av. J.-C.--220 av. J.-C.). École est ici à entendre dans son sens grec, voire pythagoricien, d’une communauté de pensée s’adonnant aussi à une vie philosophique ; n'y voir qu’un courant intellectuel est un anachronisme moderne. Mais cette école ne fut sans doute que virtuelle, car ses auteurs, dans la mesure où ils ont vraiment existé, ne se connaissaient pas forcément, et certains textes sont attribués à différentes écoles selon les catalogues.
Durant la période des Trois Royaumes (220-265), les termes dào jiā 道家 et dào jiào 道教 divergent, le premier désignant la philosophie et le second la religion. Car la catégorie a vite englobé des croyances et pratiques religieuses d’origine diverse, comme l