Psychoses post-traumatiques
Premier avis médical :
http://www.association-aide-victimes.fr/stress-post-traumatique-AAF.htm
Psychoses post-traumatiques
Les véritables psychoses post-traumatiques sont exceptionnelles.
L'origine traumatique de la démence précoce (schizophrénie) est le plus souvent rejetée. Quant à la psychose maniaco-dépressive, son origine traumatique n'est jamais admise. Mais le traumatisme peut déclencher une poussée et parfois même révéler la maladie.
Second avis médical :
http://www.trauma-alfest.com/som_res/resST1-07.pdf
Le traumatisme psychique, une expérience psychotique ?
Dominique Vallet
Résumé
Il n’est pas si fréquent d’aborder la question du traumatisme psychique dans la perspective de la
psychose. Au-delà de la question d’une comorbidité plus fréquemment décrite aujourd’hui, il s’agit dans
ce travail d’interroger la particularité de certains phénomènes tels qu’ils peuvent être décrits dans le
cadre de la dissociation péritraumatique, comme expérience radicale de rupture avec la réalité lors de
l’expérience traumatique. Mais c’est aussi l’occasion d’aborder, à partir de vignettes cliniques, certaines
particularités de l’expérience traumatique chez des sujets psychotiques.
Mots-clés
psychose, traumatisme psychique, comorbidité.
Summary: The psychic traumatism, a psychotic experience?
The aspects of the psychic traumatism are not often studied in their links with psychosis. If the
comorbidity between psychosis and PTSD is more often described today, we want to introduce some
remarks about peritraumatic dissociation as a subjective experience of loss of the sense of reality
just after the traumatic experience. But it is also the opportunity to describe particularities of the
trauma in psychotic patients.
Key words
psychosis, psychic traumatism, comorbidity.
Revue francophone du Stress et du Trauma 2007 ; 7 (1): 5-10
Un traumatisme peut-il déclencher une psychose chronique de l’adulte ?
Marc Lavie
Résumé
La question de l’existence d’un lien entre un traumatisme et le déclenchement d’une psychose chronique
de l’adulte est particulièrement complexe, controversée et peu connue. La psychose post-traumatique
est rare, comme les articles consacrés à ce sujet. Nous avons étudié rétrospectivement les cas de sept
patients à partir des dossiers médicaux et des rapports d’expertise. Les sept patients ont en commun
de n’avoir présenté aucun antécédent psychiatrique pouvant constituer un état antérieur au sens
médico-légal : le traumatisme subi, crânien ou psychique, s’inscrit dans leur vie comme une véritable
fracture de vie, séparant l’avant de l’après du traumatisme. Une étude clinique et anamnestique
minutieuse est indispensable et montre que, dans certains cas, la reconnaissance médico-juridique des
troubles s’impose.
Mots-clés
traumatisme, psychose, imputabilité, victime, expertise.
Summary: Can trauma trigger chronic adult psychosis?
The question of the existence of a link between a traumatism and the breakout of an adult chronic
psychosis is particularly complex, controversial and not well-known. Posttraumatic psychosis is as rare
as the articles devoted to it. We have retrospectively studied the cases of seven patients using their
medical files and feedback from experts. The seven patients have in common the fact that none have
shown past psychiatric behavior which constitutes this state in medical-legal terms: the traumatism,
cranial or psychological, implements itself like a real “rupture” in their life, separating the before and
after of the traumatism. The clinical study and meticulous anamnestic are essential and show that in
certain cases the medical-legal recognition of these disorders is necessary.
Key words
traumatism, psychosis, imputability, victim, expert’s report.
Revue francophone du Stress et du Trauma 2007 ; 7 (1): 11-16
Psychose traumatique et métamorphose de l’identité
Françoise Sironi
Résumé
Que faisons-nous, en psychothérapie, lorsque des éléments psychotiques sont présents dans le tableau
clinique des patients traumatisés ? Peut-on parler de “psychose traumatique” ? Il s’agit, en tout cas,
d’une ouverture – traumatique – des portes de la perception, ayant donné accès à des univers étranges,
hors du commun. Après avoir procédé à la description phénoménologique de cette ouverture et
présenté un cas clinique de psychose traumatique politiquement induite, l’auteur distingue quatre
“devenirs” des vécus dits psychotiques d’origine traumatique : la “folie”, la quête mystique ou
transcendantale, l’état de “flottement”, la “normose”. La démarche thérapeutique qui est décrite pour
traiter les éléments psychotiques présents dans une pathologie traumatique repose sur différents
éléments : prise en compte du principe d’immanence et du principe de transcendance, mise en position
d’expertise des patients et co-construction d’un sens, accompagnement psychologique vers des devenirs
possibles et acceptables pour le patient.
Mots-clés
psychose traumatique, psychose politique, “patient expert”, psychothérapie, immanence, transcendance.
Summary: Traumatic psychosis and the metamorphosis of identity
What do we do, in psychotherapy, when psychotic elements occur with traumatized patients? Can we
consider them as a traumatic psychosis? It is an experience of traumatic opening of the doors of
perception, leading to an access to a strange and uncommon world (feelings, thoughts, visions…). The
author first describes those experiences of opening the doors of perception, from a clinical and from
a phenomenological point of view. A clinical case (a politically-induced traumatic psychosis) will also
illustrate her description. Then, she establishes a distinction between four categories of “becomings”
(or destinies) of the psychotic elements present in a traumatic pathology : “madness”, mystical or
transcendental quests, a state of “floating”, and “normosis” (neurosis of normality). She had to adapt
her psychotherapeutic approach to such cases, focusing the psychotherapy upon the following points:
taking into account the principle of immanence and the principle of transcendence, putting the patient
in a position of “expertise” of his suffering, co-constructing a meaning, psychological accompaniment
towards “becomings” (or destinies) that are possible and acceptable for him.
Key words
traumatic psychosis, political psychosis, “patient as expert”, psychotherapy, immanence,
transcendence.
Revue francophone du Stress et du Trauma 2007 ; 7 (1): 17-26
Les éclosions délirantes post-traumatiques
Christophe Vergnes, François Lebigot
Résumé
Les rapports qu’entretiennent le traumatisme psychique et la psychose sont encore peu connus. Depuis
une douzaine d’années, des études américaines sur de grandes cohortes de patients psychotiques et
porteurs d’un posttraumatic stress disorder (PTSD) ont donné des résultats qui nous semblent peu
satisfaisants, essentiellement à cause du flou de leurs entités cliniques. Ils distinguent un “PTSDsecondary
psychotic” et un “PTSD-postpsychotic”. Pour notre part, nous avons plutôt choisi la présence
d’un délire qu’une psychose pour faire un recensement des cas qui, après un traumatisme, sortent, futce
temporairement, du cadre de la névrose. Nous pensons que ces patients correspondent aux
psychoses des études américaines. À partir de nos propres patients, nous distinguons cinq types
d’éclosion délirante post-traumatique : 1. l’apparition de simples idées délirantes non envahissantes ;
2. des psychoses délirantes aiguës interprétatives ; 3. des psychoses chroniques dysthymiques,
perturbant peu l’adaptation sociale ; 4. des mélancolies délirantes persécutives ; 5. des déclenchements
de psychoses chroniques schizophréniques ou paranoïaques. Nous présentons une ou deux vignettes
cliniques pour illustrer chacun des cinq types d’éclosion délirante.
Mots-clés
traumatisme psychique, psychose, état délirant.
Summary: Posttraumatic delirious emergence
The relationships between psychic traumatism and psychosis are still little known. American studies
which have been performed this last decade on large cohorts of psychotic patients presenting a
posttraumatic stress disorder (PTSD) gave results which do not seem very satisfactory to us, mostly
because of the woolliness existing among their clinical entities. These studies distinguish a “PTSDsecondary
psychotic”, and a “PTSD-postpsychotic”. We rather chose the presence of a delirium than a
psychosis to record the cases which, after a traumatism, leave, even temporarily, the framework of
nevrosis. We think that these patients are those of the psychoses of the American studies. Starting
from our own patients, we distinguish five kinds of posttraumatic delirious emergence: 1. not invading
delirious simple ideas; 2. interpretative acute delirious psychoses; 3. dysthymic chronic psychoses, with
little perturbation of the social adaptation; 4. persecutive delirious melancholies; 5. emergences of
schizophrenic or paranoiac chronic psychoses. We present one or two clinical cases to illustrate each
of these five kinds of delirious emergence.
Key words
psychic traumatism, psychosis, delirious state.
Revue francophone du Stress et du Trauma 2007 ; 7 (1): 27-34
Psychose et trauma : de la poule et de l’oeuf… Observation d’une adolescente
Jean-Patrick Gandelet
Résumé
À partir de l’observation d’une adolescente présentant des troubles complexes de la personnalité de
registre psychotique, dans un contexte de révélation d’inceste, on s’interroge sur les interactions entre
processus psychotique et expérience traumatique. Le traumatisme psychique est-il à l’origine de la
désorganisation de la personnalité de cette jeune fille, ou une psychose préexistante a-t-elle modifié le
vécu de la relation à son supposé agresseur, en troublant gravement son rapport à la réalité ? Par
ailleurs, l’expression d’un vécu d’agression par un sujet psychotique est-elle décryptable par un
interlocuteur, sans trop compromettre sa crédibilité ? Psychose traumatisante ? Traumatisme
“psychotisant” ? Est-ce l’oeuf qui a fait la poule, ou la poule qui a fait l’oeuf ?
Mots-clés
psychose traumatique, traumatisme, inceste, adolescence, processus, psychothérapie.
Summary: Psychosis and trauma: what is at the beginning? Case-study of an adolescent girl
From the case-study of an adolescent girl who developed complex psychic troubles in a context in
which incestuous relations were revealed, the question is raised about the interaction between
psychotic process and traumatic experience. Is the psychical traumatism at the origin of the girl’s
personality disorganization, or has a pre-existant psychosis altered the relation with her supposed
aggressor, in disturbing severely her relation to reality? Or, in the end, can the person she is speaking
to decipher her telling of an aggressive experience if she is psychotic, without compromising her
credibility? Traumatical psychosis? Or, traumatism which makes psychotic?
Key words
traumatic psychosis, traumatism, incest, adolescence, process, psychotherapy.
Revue francophone du Stress et du Trauma 2007 ; 7 (1): 35-40
Trauma et symptômes psychotiques chez l’enfant. À propos d’un cas
Gilbert Vila
Résumé
Il existe actuellement très peu de données sur la comorbidité et les liens entre psychotraumatisme et
manifestations psychotiques chez l’enfant, en particulier les jeunes enfants. Nous présentons le cas
d’une enfant de cinq ans ayant subi un traumatisme majeur clairement identifié et ayant développé un
syndrome psychotraumatique avec symptômes psychotiques pendant le mois suivant, notamment des
hallucinations. Elle n’avait pas de troubles psychotiques avant l’évènement. Nous discutons les rapports
entre trauma, deuil, psychose et dissociation.
Mots-clés
enfant, psychotraumatisme, état de stress post-traumatique (ESPT), deuil, psychose, hallucination.
Summary: Child trauma and psychotic symptoms: a casework
There are few data on comorbidity and links between psychotraumatic syndromes and psychosis in
childhood, particularly for young children. We present the case of a five years old girl with
psychotraumatic and psychotic symptoms following a well documented event. She had no previous
psychotic disorders. We discuss the links between trauma, grief, psychosis and dissociation.
Key words
child, posttraumatic stress disorder (PTSD), trauma, grief, psychosis, hallucination.
Revue francophone du Stress et du Trauma 2007 ; 7 (1): 41-44
Intervention médico-psychologique immédiate. Expérience d’une CUMP
Hélène Romano
Résumé
Si la prise en charge des sujets victimes d’événement traumatique semble actuellement acquise, l’étude
plus spécifique des modalités d’intervention se poursuit. Les prises en charge s’inscrivent sur des
scènes initialement distinctes, mais bien souvent intriquées – médicale, psychologique, sociale,
judiciaire – et sur des temporalités variables – immédiat, post-immédiat, différé. Ces variabilités dans
les modalités de prise en charge des sujets victimes et la clinique spécifique du traumatisme psychique
permettent de comprendre que ces interventions ne s’improvisent pas et ne se réduisent pas au simple
defusing. Cet article présente plus particulièrement les spécificités de la prise en charge lors
d’interventions médico-psychologiques immédiates (IMPI), tant au niveau des sujets impliqués
(victimes, directes ou indirectes, équipe de secours) que des institutions concernées (école, entreprise,
hôpital, mairie, ministère, etc.). Il prend appui sur notre expérience au sein d’une cellule d’urgence
médico-psychologique (CUMP) intervenant auprès du SAMU lors d’événements catastrophiques.
Mots-clés
soin psychique immédiat, cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP), syndrome d’aliénation
traumatique, événement traumatique.
Summary: Immediate medico-psychological intervention. Experience of an emergency unit
Taking care of the victims of a traumatic event seems to be an established fact. However, the modes
of the intervention still need to be specifically investigated. The intervention takes place within
initially distinct though often mixed contexts – medical, psychological, social, legal – and at different
times – immediate, postimmediate, delayed. The variability in taking charge of the victims and the
specific clinic of a psychological traumatism allow to understand that such interventions cannot be
improvised and reduced to the only defusing. In this article, the specificity of immediate
medicopsychological interventions is presented, as regards the involved individuals (direct or indirect
victims, emergecy team) and the concerned institutions (school, company, hospital, town hall, ministry,
etc.). It relies on our experience within a medicopsychological emergency unit that worked together
with the SAMU (emergency general units) on the occasion of disastrous events.
Key words
early psychological care, medicopsychological emergency unit, traumatic syndrome, traumatic event.
Revue francophone du Stress et du Trauma 2007 ; 7 (1): 45-50
Violence au travail. Étude exploratoire sur ses impacts selon l’identité de genre des victimes
Michel Tragno, Cyril Tarquinio, Aurélie Duveau, Virginie Dodeler
Résumé
Les conséquences psychologiques de la violence au travail sont multiples et ont été souvent décrites
dans la littérature. Dans notre recherche, ces différences sont analysées en fonction de l’identité de
genre des victimes. Ce concept distingue quatre types d’identité : les typés féminins, masculins,
androgynes et indifférenciés. L’objectif de cet article est de mettre en évidence le lien entre l’identité
de genre de salariés victimes d’agression sur leur lieu de travail et l’intensité de l’impact traumatique.
Les spécificités liées à chacune de ces identités de genre nous conduisent à poser les hypothèses
suivantes. Les sujets (homme versus femme) disposant d’une identité de genre féminine seront rendus
moins vulnérables que les autres aux effets d’une agression (hypothèse 1). Un résultat similaire est
attendu pour les sujets disposant d’un schème identitaire de type androgyne (hypothèse 2).
Inversement, les sujets typés masculins seront particulièrement touchés psychologiquement par les
effets de la violence et leur niveau de stress post-traumatique sera plus important que ceux des sujets
à schèmes identitaires féminins et androgynes (hypothèse 3). Enfin, les sujets ayant une identité de
genre indifférenciée manifesteront des niveaux de stress post-traumatiques comparables aux sujets à
identité de genre masculine considérés comme les plus vulnérables (hypothèse 4). L’identité de genre
des victimes a été évaluée à l’aide du Bem sex role inventory (Bem, 1974) et les caractéristiques de
l’impact psychotraumatique à l’aide de l’échelle d’Horowitz : Impact events scale-revised. Notre étude
porte sur un échantillon de 367 salariés : 230 ont été victimes d’agression, les 137 autres n’ont jamais
vécu d’agression. Nos résultats confirment nos hypothèses, montrant qu’il existe bien un lien entre la
vulnérabilité des salariés agressés et leur identité de genre.
Mots-clés
ESPT, violence, travail, identité de genre, sexe.
Summary: Gender identity and consequences of violence at work: an exploratory study
The consequences in assaulted employees are diverse and multiple, and differences are generally
noticed according to the sex of the victim. In our research, these differences are approached through
the concept of gender identity. This concept distinguishes four types of identity: feminity,
masculinity, androgynous and undifferentiated. The aim of this study is to underscore the link between
the gender identity of employees assaulted on their workplace and the intensity of traumatic impact.
Specificities related to each one of these gender identities lead us to pose the following hypothesis.
The subjects (man versus woman) having a female gender identity will be made less vulnerable than the
others to the effects of an aggression (hypothesis 1). A similar result is expected for the victims
having an androgyny gender identity (hypothesis 2). Conversely, we suppose too that the masculine
gender identity will be particularly touched psychologically by the effects of violence and the level of
posttraumatic stress will be more important than those with a female gender identity and androgyny
gender (hypothesis 3). Lastly, the victims having an undifferentiated gender identity will express
levels of posttraumatic stress similar with the masculine gender identity as most vulnerable
(hypothesis 4). The Bem Sex Role Inventory (Bem, 1974) assessed the gender identity of the victims,
and the Impact Events Scale-Revised (Horowitz) assessed the psycho-traumatic characteristics of the
victims. Our study concerns a sample of 367 employees: 230 were victims of aggression; the 137
others never lived aggression. Our results confirm our hypothesis. The androgynies and the feminine
totalize the lowest scores in IES-R; on the other hand undifferentiated and masculine totalize the
highest scores. It appears that the vulnerability of the employees assaulted has a link with their
gender identity.
Key words
PTSD, violence, work, gender identity, sex.
Revue francophone du Stress et du Trauma 2007 ; 7 (1): 51-60