Qu'est-ce que l'état de stress post-traumatique ?
Qu'est-ce que l'état de stress post-traumatique ?
Quand on vit un événement traumatisant, il peut laisser des cicatrices.
La cicatrice minimale, c'est le souvenir de cet événement.
La cicatrice la plus grave, c'est un état de stress qui peut empêcher de vivre normalement pendant toute une vie : l'état de stress post-traumatique.
- Quand un traumatisme laisse des traces : l'exemple d'Anselme
- Le stress post-traumatique, une pathologie reconnue
- Comment se définit un état de stress post-traumatique ?
- Stress post traumatique : comment la présence persistante de l'événement traumatique se manifeste-t-elle ?
- La personne va éviter tout ce qui peut lui rappeler ce traumatisme initial
- Quels sont les "signes d'hyperactivité" du système nerveux notés chez la personne souffrant d'un stress post traumatique ?
- Que faire pour guérir d'un stress post-traumatique ?
Quand un traumatisme laisse des traces : l'exemple d'Anselme
Anselme a été agressé en plein jour, dans un quartier fréquenté et il a été grièvement blessé. Il a dû rester à l'hôpital plusieurs semaines.
Depuis, il n'est plus le même. Il dort mal, fait des cauchemars ; et même dans la journée, son agression lui revient à l'esprit, accompagnée d'une sorte de sueur froide, d'angoisse intense. Il ne se sent plus jamais, nulle part, en sécurité. Il se sent dépressif d'ailleurs et ne parvient plus à profiter de la vie, parasité qu'il est par la mémoire de cette agression.
Et les cicatrices qu'il a sur le visage, même si elles ne le défigurent pas, lui rappellent chaque matin quand il se rase qu'il s'est passé quelque chose d'atroce dans sa vie.
Et puis, Anselme a désormais du mal à faire confiance à ses semblables. Ceux qui l'ont agressé avaient l'air tout à fait « normaux » et personne ne s'est porté à son secours.
Le stress post-traumatique, une pathologie reconnue
Anselme souffre de stress post-traumatique.
Cette pathologie a été insérée en 1980 au manuel américain des troubles mentaux (DSM). Ce fut un grand tournant, car auparavant, on considérait que seuls les sujets faibles psychiquement ne pouvaient se remettre naturellement d'un traumatisme.
L'état de stress post-traumatique mettait, pensait-on auparavant, le doigt sur une sorte de fragilité de la personne.
Aujourd'hui, heureusement, on reconnaît que n'importe qui, même très équilibré et bien dans sa peau, peut se faire abîmer par un événement gravissime. C'est une avancée importante quand on pense aux horreurs que certains d'entre nous ont vécu.
L'état de stress post-traumatique survient par exemple après des agressions, accidents (voiture, inondation, tremblement de terre), en cas de guerre (torture, explosion, bombardement ), en cas de viol, etc.
Comment se définit un état de stress post-traumatique ?
L'état de stress post-traumatisque est défini par des conditions très précises (d'après le DSM IV) :
- On parle de stress post-traumatique si la personne a été confrontée à un ou plusieurs événements qui ont impliqué la mort, la menace de mort, des blessures graves ou une menace à l'intégrité physique de la personne en cause ou de celle d'autres personnes.
Cette personne a aussi éprouvé une peur intense, de l'horreur, ou une grande détresse.
- L'événement traumatique hante la personne, restant présent car il est vécu de manière persistante d'une ou plusieurs manières, et cela parfois pendant toute la vie.
- Chez une personne victime de l'état de stress post-traumatique, on observe aussi ce que l'on appelle « des signes d'hyperactivité » du système nerveux, signes qui n'existaient pas avant le traumatisme.
Pour que l'on parle d'état de stress post-traumatique, ces signes doivent durer plus d'un mois et être à l'origine d'une détresse significative ou entraîner des troubles sur le plan social, professionnel, familial… Ce dernier point est très important, car après un traumatisme, nous passons tous par un état de stress qui habituellement régresse progressivement, plus ou moins rapidement selon la profondeur du traumatisme.
Ainsi, pour un même accident vécu par un grand nombre de personnes, toutes ne vont pas manifester un état de stress post-traumatique un mois après l'accident. Une grande partie des personnes concernées va digérer le traumatisme. Leurs réactions dans les jours ou les semaines qui suivent peuvent au début correspondre à celui de l'état de stress post-traumatique, mais elles diminuent jusqu'à disparaître.
L'état de stress post-traumatique peut devenir chronique et durer des années voire toute la vie quand on a été très profondément touché par un événement.
Ce qui explique l'état de stress durable après un traumatisme, c'est qu'au lieu de digérer le traumatisme, le psychisme semble se mettre en boucle et le répéter dans des pensées, des angoisses, des cauchemars…
Ainsi, c'est comme si, longtemps après le drame, le sujet se trouvait toujours au moment le pire de ce traumatisme, comme s'il s'agissait du présent. Il ne peut donc cicatriser, sa douleur restant complètement à vif.
Stress post traumatique : comment la présence persistante de l'événement traumatique se manifeste-t-elle ?
Par des souvenirs envahissants de l'événement, souvenirs répétitifs qui se présentent de manière involontaire, par des pensées, des images, des perceptions (il ne s'agit pas de ruminations mais de souvenirs survenant de manière involontaire et intrusive).
On observe aussi des cauchemars pénibles dont la source est l'événement traumatique, ou une impression que le traumatisme va tout à coup se reproduire.
Lorsque la personne est exposée à une situation ou un stimulus qui lui paraît ressembler à la situation du traumatisme, se produit une détresse psychologique intense, qu'il s'agisse d'une situation réelle ou d'une situation émotionnelle interne ou d'un simple élément rappelant le traumatisme initial.
Et lorsqu'une telle détresse survient, elle est accompagnée de signes physiques car il ne s'agit pas seulement d'une anxiété intérieure, mais d'une détresse où le corps aussi réagit.
La personne va éviter tout ce qui peut lui rappeler ce traumatisme initial
La personne cherchera à éviter tout ce qui pourra lui rappeler du traumatisme intial. Elle peut aussi avoir un émoussement de la réactivité générale.
De quelle manière cela se manifeste-t-il ?
Par au moins trois des éléments suivants (toujours d'après le DSM IV) :
- La personne fait des efforts pour éviter les pensées, les sentiments ou les échanges de paroles liées au traumatisme.
- Elle évite aussi tout ce qui lui fait penser au traumatisme, les lieux, les activités, les personnes, tout ce qui lui rappelle ce traumatisme initial.
- Elle peut avoir une sorte d'amnésie qui se manifeste par l'incapacité de se souvenir d'un aspect important du traumatisme.
- Son intérêt ou sa participation diminue pour des activités qui signifiaient vraiment quelque chose pour elle.
- Elle se sent loin, détachée des autres, comme une personne étrangère.
- Sa capacité à ressentir des sentiments diminue, en particulier celle de ressentir des sentiments amoureux.
- Elle a l'impression que son avenir est bouché, que sa vie est sans but et ne pourra plus se dérouler normalement (cela entraîne souvent des difficultés à faire des projets de vie, métier, carrière, investissement dans une vie de couple, mariage, avoir des enfants, construire ou acheter une maison…)
Quels sont les "signes d'hyperactivité" du système nerveux notés chez la personne souffrant d'un stress post traumatique ?
Un ou deux de ces signes existent parmi les suivants :
- Des difficultés à s'endormir ou des réveils nocturnes.
- Une irritabilité générale ou des crises de colère.
- Une difficulté à se concentrer.
- Une hypervigilance.
- Des réactions exagérées en cas de frayeur (sursaut ).
Que faire pour guérir d'un stress post-traumatique ?
La solution passe par un travail de thérapie.
Pour ce type de pathologie, la thérapie comportementale peut être d'une grande aide, et l'EMDR (Eye-Movement Desensitization and Reprocessing ou désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) est une thérapie extrêmement efficace qui a fait ses preuves en ce domaine.
C'est ce qu'Anselme a choisi comme thérapie, et, en trois séances, il dort à nouveau très bien, sans cauchemar, et commence à vivre des journées sans que son agression ne lui vienne à l'esprit .
Complément d'informations
Association EMDR France : www.emdr-france.org