Risque - Partie 2

 

Quelques aspects du risque [modifier]

Le risque par rapport au droit [modifier]

En droit, le risque est l'éventualité d'un événement futur, incertain ou d'un terme indéterminé, ne dépendant pas exclusivement de la volonté des parties, et pouvant causer un préjudice comme la perte d'un objet ou tout autre dommage.

Deux rapports du Conseil d'État[2] ont mis en évidence que certaines incohérences et la complexité complexité croissante des lois, règlements, des transpositions tardives de directives européennes, ou que les changements trop fréquents créent une insécurité juridique. La sécurité juridique a pour objectif de protéger les citoyens contre les effets secondaires négatifs du droit. Le risque d'insécurité juridique est donc un risque à prendre en compte. Pour une organisation donnée, les aspects juridiques du risque sont ceux qui peuvent engager la responsabilité civile ou pénale des dirigeants ou des employés.

Le risque dans l'industrie [modifier]

À l'origine, la gestion du risque est apparue dans le secteur industriel : transport maritime, exploitations minières, industrie automobile, industrie nucléaire, industrie pétrolière et chimique. Le risque existe aussi dans le secteur de la santé, médecine et pharmacie.

C'est sans doute dans l'industrie nucléaire que l'impact potentiel des accidents est le plus important, mais aussi les mesures pour les prévenir sont les plus sophistiquées. Dans ce secteur, on parle donc de sûreté, plus que de sécurité. D'autre part, l'industrie nucléaire comporte une spécificité par rapport aux autres types d'industrie, qui est la durée du cycle. En effet, on conçoit une installation nucléaire généralement pour une durée de vie d'une trentaine d'années au moins. L'expérience a montré que les réacteurs peuvent fonctionner un peu plus longtemps (Fessenheim mis en service en 1975). La nouvelle génération de réacteurs en France est conçue pour une durée de vie de 60 ans. En effet, la déconstruction, selon le vocabulaire actuel, d'une installation nucléaire est une opération très lourde, et encore non menée sur un plan industriel.

Les applications les plus évidentes de la gestion des risques industriels concernent les installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE).

Le risque professionnel [modifier]

Le risque est inhérent à l’homme et toute entreprise humaine comporte des risques. Le risque est la combinaison de la probabilité et de la (des) conséquence(s) de la survenance d'un événement dangereux spécifié (OHSAS 18001). Cette définition du risque est très didactique car elle met facilement en évidence que pour réduire un risque, 2 voies sont possibles : agir sur sa probabilité d’occurrence (en la diminuant par des mesures de prévention) ou sur sa gravité (en mettant en place des systèmes de protection destinés à réduire les conséquences).

De ces deux composantes du risque, la probabilité de survenance de l’événement redouté d'une part et l'importance des conséquences induites par cet événement d'autre part, nous pouvons en faire le produit. Ce produit nous permet ainsi de mesurer un risque par une formule très simple : Risque = Probabilité x Gravité.

Cette formule très simple a quelque chose d'intemporel, car le risque d'un événement redouté doit être considéré au présent, la probabilité de survenance est un paramètre décrivant de façon synthétique une suite d’événements liés au passé et la gravité des conséquences doit prendre en compte une suite d’événements potentiellement observables dans le futur. Cette formule est très instructive et permet d'expliquer certaines observations faites sur le grand public et qui parfois ont des répercussions sur les experts.

Mais cette vision du risque est quelque peu erronée par rapport à la définition scientifique unanimement admise de Daniel Bernoulli (Specimen theoriae de mensura sortis) qui indique que le risque est l'espérance mathématique (la moyenne, le centre de gravité des conséquences en quelque sorte) d'une fonction de probabilité d'événements. Dans ce cas le produit probabilité x gravité ne représente que la valeur d'un aléa ; le risque étant la somme des aléas possibles[3]. Cette intégration de l'ensemble des aléas permet de comprendre la gestion du risque par l'assurance : bien que n'intervenant ni dans la probabilité du risque, ni dans sa gravité, l'assurance ajoute une dimension supplémentaire qui en quelque sorte annule ou compense les effets de l'événement en cause.

Beaucoup de personnes[réf. nécessaire] confondent risque et gravité et ne prennent en compte que les cas pour lesquels G est important sans aucune considération pour le facteur probabilité. Ce phénomène constitue ce que certains auteurs appellent "la fascination par le risque maximum".

Le risque est le même entre un scénario d'accident fréquent et peu grave et un scénario rare et grave mais il existe une aversion pour ce dernier. Le grand public préfère souvent ne pas accepter un scénario catastrophique très improbable par rapport à un scénario moins grave mais plus probable.

En corollaire de l'observation précédente, il faudrait tenir compte d'un facteur d'aversion propre à chaque individu et dépendant du risque. R = A1 x 1 x 1 et R2 = A2 x 100 x 0.01 avec A1 valant peut-être 0.1 et A2 = 10 nous avons alors R1=0.1 et R2=10 soit un facteur 100 par le simple fait du facteur d'aversion. Ce facteur d'aversion n'est pas nécessairement rationnel et peut dépendre des connaissances, du relationnel et du vécu de la personne.

Les composantes « gravité » et « probabilité » ne sont pas nécessairement indépendantes car les deux peuvent être liées. En effet, plus on augmente l'invraisemblance d'un scénario, plus on peut augmenter sa gravité (exemple, deux airbus A3XX entrant en collision au-dessus d'une centrale nucléaire alors qu'un réacteur n'est généralement calculé que pour supporter la chute d'un seul appareil). Mais suite à l’attentat du 11 septembre 2001, ce scénario est-il si invraisemblable que cela.

Le risque dans la finance [modifier]

Icône de détail Article détaillé : Risque financier.

En économie et en finance (placements, investissement, crédit, assurances) le risque porte sur les actifs financiers : une possibilité de perte monétaire due à une incertitude que l'on peut quantifier. La théorie veut (cf ratio de Sortino), qu'il y aurait corrélation entre le risque pris et l'espérance de gain.

La finance est devenue largement de nos jours une industrie de transformation des anticipations de revenus et de risques en instruments dont le prix peut être négocié sur des marchés ou auprès d'institutions ad hoc. Cela permet le transfert des risques à ceux disposés à les prendre (contre des revenus espérés), la compensation des risques inverses (exemple le risque de change d'un importateur est inverse de celui d'un exportateur, le risque de taux d'un prêteur est inverse de celui d'un emprunteur...), la diversification des risques, etc.

Risques naturels [modifier]

Icône de détail Articles détaillés : Risque naturel et Risque climatique.

Le phénomène de changement climatique, apparu depuis une trentaine d'années, et identifié lors du sommet de la terre de Stockholm (1972), a montré qu'il existe un risque d'origine anthropique sur l'environnement, qui peut avoir des impacts sur la société. Lors du sommet de la terre de Rio de Janeiro (1992), puis de (Johannesburgh (2002), on a formalisé des démarches dites de développement durable, dont l'application dans les entreprises relève de la responsabilité sociétale des entreprises. Beaucoup de phénomènes naturels (séismes, tsunamis) n'ont pas d'origine anthropique.

C'est la superposition spatiale entre l'extension d'un aléa et un territoire anthropisé qui crée le risque. Un séisme dans le désert ne présente presque pas de conséquence, alors qu'il peut être très grave dans un territoire densément peuplé. Comme les dynamiques de peuplement conduisent à occuper des espaces exposés aux aléas (naturels) ou a créer des aléas (technologiques, biologiques...) au sein des territoires urbains, on parle de « construction » sociale du risque.

Dans les dernières décennies, l'émergence de nouveaux acteurs comme les ONG, a montré qu'il était nécessaire d'intégrer des agents de la société civile dans les méthodes de management. On a ainsi vu apparaître le concept de partie prenante (stakeholder en anglais ) dans certains modèles économiques, afin de satisfaire à certaines exigences de développement durable et de responsabilité sociétale (pour les entreprises).

Dans ce domaine, le principe de précaution tendra à s'appliquer de plus en plus souvent dans l'avenir, mais sa déclinaison juridique entre des parties prenantes données n'est pas encore définie très clairement, et donc sa mise en œuvre n'est pas simple.

Un exemple typique de risque vis-à-vis de la société civile est celui du nucléaire, et de la réaction qu'eurent certaines autorités, en France notamment, par rapport à l'accident de Tchernobyl. Les erreurs de communication devinrent de plus en plus évidentes, et entraînèrent une suspicion vis-à-vis des organismes qui en étaient à l'origine. Finalement, après 20 ans, on ne connaît pas encore précisément les conséquences de la catastrophe. L'impact en terme d'image et de réputation ne fut pas négligeable.

En France, les entreprises sont tenues, par la loi, de communiquer aux parties prenantes. Ces dispositions légales (loi NRE), ne comportent pas d'obligation juridique explicite.

Au plan mondial, les entreprises se couvrent contre le risque climatique en achetant de nouveaux types de produits financiers : les dérivés climatiques.

Le risque et la communication [modifier]

La communication n'est pas sans risque, comme le montrent certaines études sur la communication dans le cadre de la responsabilité sociétale des entreprises (voir le n° 200 de la revue française du marketing consacré au développement durable).

Ce qui est en jeu, c'est l'image de marque de l'entreprise. Devant la multiplication et la complexification des risques sociétaux, le risque de réputation vis-à-vis des parties prenantes de la société civile, doit de plus être intégré par les dirigeants dans la gouvernance d'entreprise. Il doit être pris en compte dans l'analyse des vulnérabilités, et traité par une communication adéquate.

Le risque dans le contexte de la mondialisation [modifier]

Le risque est aujourd’hui de moins en moins perçu comme relevant d’une fatalité, alors que les sociétés ont longtemps interprété les catastrophes (séismes, éruption volcanique…) comme une « colère » divine. Les années 1990, que l’ONU a consacrée à la réduction des risques, a conduit à la multiplication des publications sur les risques et leur gestion (résolution 44/236), mais aussi à l’attention portée à la redéfinition des concepts et méthodes. Cette décennie a confirmé le passage du hazard paradigm, qui considère le risque comme une « altérité » extérieure à la société, et qui la menace ou la perturbe accidentellement, à la prise en compte du risque comme un produit social, en le distinguant clairement de l'accident ou de la catastrophe, puisqu’il garde un caractère potentiel.

Le risque et les citoyens [modifier]

Aujourd'hui, les citoyens, face à l'apparition de nouveaux produits, ayant entre autres des impacts sur leur environnement, émettent certaines inquiétudes envers les risques que ceux-ci engendrent. Il s'agit principalement de risques sanitaires, mais aussi économiques et éthiques. Face aux risques "subis", le citoyen possède plusieurs moyens d'action. Il s'agira principalement de l'information auprès des autorités ou des associations compétentes et de la mise en débat. [4]

Typologie des risques [modifier]

Risques sur les actifs financiers [modifier]

Le risque résiduel est le « risque subsistant après le traitement du risque[5] » ou le « risque subsistant après que des mesures de prévention aient été prises[6]. »

Risques sur les actifs non financiers [modifier]

On peut distinguer les risques selon leur sévérité (risque majeur ou non).

etc


Bibliographie [modifier]

  • Y. Dupont (préface de Corinne Lepage et d'Yves Cochet) ; Dictionnaire des risques (2nde édition), 24/10/2007 , Armand Colin, ean13:9782200352318
  • Défense nationale et sécurité collective. Février 2006.
  • L'Intelligence des risques, Sécurité, Sûreté, Environnement, Management IFIE 2006. Bernard Besson et Jean Claude Possin
  • Prévenir les risques. Agir en organisation responsable. Andrée Charles, Farid Baddache. Editions AFNOR. 2006. ISBN 2-1247-5519-6.
  • Fonction Risk manager, Catherine Véret, Richard Mekouar, Dunod, ISBN 2 10 048697 7, 2005
  • 100 questions pour comprendre et agir. Gestion des risques. Jean-Paul Louisot, avec la participation de Jacques Lautour. AFNOR et CARM Institute (Cercle des Affaires en Risk Management). 2005 - ISBN 2-12-475087-9
  • Modèle d'intelligence économique, AFDIE, Economica, Bernard Besson, Dominique Fonvielle, 2004.
  • Management du risque. Approche globale. AFNOR. 2002. ISBN. 2-12-169211-8
  • L'audit d'intelligence économique, Bernard Besson et Jean-Claude Possin, Dunod, 2002 (2e édition), ISBN 2 10 006699 4
  • Traité des nouveaux risques - Précaution, crise, assurance, Olivier Godard, Claude Henry, Patrick Lagadec, Erwann Michel Kerjen, Folio actuel inédit 2002.
  • Revue française du marketing, n° 200, décembre 2004.
  • Portail du risque - portail de tous les risques - Michel Lesbats: http://portaildurisque.iut.u-bordeaux1.fr/
  • Science du Danger CD Rom "en ligne" par MM. Dos Santos et Lesbats : http://hse.iut.u-bordeaux1.fr/lesbats/cdsdl/
  • Le risque, cet inconnu, Georges Jousse, Imestra Editions, 2004
  • Gestion des risques et de la sécurité, Georges Jousse, Imestra Editions, 2001

Notes et références [modifier]

  1. G. Jousse, Le risque, cet inconnu, Imestra Edition, 2004
  2. le premier en 1991, et le second, en mars 2006
  3. G. Jousse, Le risque, cet inconnu, Imestra Editions, 2004
  4. Les citoyens face aux risques, C. Weill, Idées pour le débat, n° 06, 2007, Institut du développement durable et des relations internationales. [1]
  5. ISO/CEI 73.
  6. ISO/CEI 51

Articles liés [modifier]

Concepts [modifier]

Gestion du risque [modifier]

Risque juridique [modifier]

Risque financier [modifier]

Autres risques [modifier]

Domaines connexes [modifier]

Autre [modifier]

wikt:

Voir « risque » sur le Wiktionnaire.

Liens externes [modifier]



11/06/2008
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