Soucis, déprime, angoisse ... comment la philo-thérapie peut-elle vous aider ?

 

Soucis, déprime, angoisse ... comment la philo-thérapie peut-elle vous aider ?

Soucis, déprime, angoisse ... comment la philo-thérapie peut-elle vous aider ?

Quand on a des soucis, des difficultés à vivre, que l'on déprime parfois jusqu'à la dépression, ou que l'on vit des angoisses, la psychothérapie est d'une grande aide. Mais la philosophie, elle aussi, peut avoir une richesse à apporter. Sous forme de philo-thérapie ? Interview de Brigitte Aïache, philosophe et philo-thérapeute...

Qu'est-ce que la philosophie peut nous apporter ? On l'imagine plutôt réservée à une élite intellectuelle ?

Brigitte Aïache : Pas du tout. La philosophie n'est pas réservée aux « penseurs de profession », pour reprendre les mots de Kant, mais elle a beaucoup à apporter à chacun d'entre nous quel qu'il soit, intellectuel ou non. Parce que la philosophie permet de trouver des réponses à nos maux quotidiens et qu'elle permet à chacun de donner du sens à ce qu'il vit. En cela, comme la psychothérapie, la philosophie amène à un travail sur soi et permet de découvrir une maîtrise de soi afin d’agir sur les événements. Elle permet de ne pas être balloté au gré des événements, de ne pas se laisser submerger par eux comme l'affirment les stoïciens. La philosophie est ainsi un art de vivre et de mieux vivre. Elle amène à plus de conscience de soi, plus de discernement pour devenir à la fois sujet et objet de sa recherche afin de se réconcilier avec soi-même.

Quelle est la différence entre philo-thérapie et psychothérapie ?

Brigitte Aïache : La philo-thérapie s’adresse à tous ceux qui se posent des questions sur le sens de la vie en général et sur le sens de leur vie en particulier ;  à ceux qui ne parviennent pas à dépasser seuls les difficultés engendrées par les maux quotidiens. La philo-thérapie peut ainsi s'adresser à tous... Mais elle n'est pas conseillée aux personnes qui souffrent de pathologie psychiatrique complexe. Le philo-thérapeute ne peut et ne doit en aucun cas se substituer au psychiatre ou au psychologue.

Pour quels sortes de problèmes peut-on venir consulter un philo-thérapeute ?

Brigitte Aïache : La philo-thérapie peut aider chacun à trouver son propre chemin face à de nombreux problèmes de la vie : le couple, le travail, la gestion du quotidien, l'image de soi, les problèmes d'identité...

Ce qui est difficile pour chacun d'entre nous, c'est de gérer le quotidien, en accord avec nous-même. Nous avons souvent tendance à laisser les sentiments, les émotions, prendre le pas sur la raison. Et ils peuvent nous déborder, nous guider. À cause de cela, nos actions, nos choix, se révèlent souvent être une réponse immédiate, instinctive, ou une défense par rapport à un ressenti, une peur ou une angoisse bien plus qu'un choix raisonné. Le but de la philo-thérapie est de nous redonner un discernement intelligent.

Quel est le principe de la philo-thérapie, qu'est-ce que vous faites exactement ?

Brigitte Aïache : Le but du philo-thérapeute, c'est d'aider la personne qu'il accompagne à devenir pleinement consciente d’elle-même, qu'elle parvienne à se considérer comme un être responsable et non plus comme une victime. Le philo-thérapeute la soutient pour qu'elle sorte de la victimisation, et il amène son client à un niveau de conscience tel qu’il soit capable de réaliser sa liberté et d’assumer sa responsabilité.

Le philo-thérapeute n'apporte pas de réponses à son client. Au contraire, il pose des questions. Il guide l'autre dans sa recherche, le questionne, le pousse à trouver quel est le véritable enjeu ou la vraie problématique qui se cache derrière son malaise. Il ne donne aucune réponse et aucune recette du bonheur. Il amène son client à comprendre que les réponses à ses questions sont en lui. Exercer sa faculté de penser, c’est accéder à sa propre liberté et c’est, comme le disait Kant, sortir d’un état de minorité pour atteindre un état de majorité. C’est apprendre à penser par soi.

Nous pouvons ainsi faire lire des textes de philosophes aux personnes que nous accompagnons. L’enjeu n’est pas de leur faire adopter les idées de Platon, Descartes, Kant ou Nietzsche, mais de les analyser, de les évaluer afin de les digérer et de les adapter à soi. L’initiation et l’invitation aux textes philosophiques permettent d’adopter une perspective philosophique et de donner des clefs pour venir à bout du problème posé.

Alors, finalement, c'est quoi la philo-thérapie ?

Brigitte Aïache : C'est profiter de la richesse de la philosophie pour aller mieux. Philosopher, c’est s’interroger, questionner, déconstruire, mettre en forme, sans jamais s’enfermer dans des réponses trop claires, trop nettes, trop définies.

Penser, c’est s’arrêter, « risquer » de prendre le temps dans un monde où le rythme s’accélère toujours plus. Mais s’arrêter ne signifie pas « ne plus agir », mais « mieux agir ». Prendre le recul nécessaire devant une situation ou un événement afin de l’analyser amène à remettre en question notre relation entre la pensée et l’action.

Article publié par le 26/08/2011

Sources : Interview de Brigitte Aïache, philosophe et philo-thérapeute. Brigitte Aïache consulte au centre Pluralis à Paris.



27/05/2013
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