Théologie
Théologie
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La théologie (du grec θεολογία [theologia], littéralement « discours sur la divinité ou le divin, le Θεός [Theos] ») est l'étude, qui se veut rationnelle, des réalités relatives aux divins, même si d'autres disciplines, en particulier la philosophie, la psychologie ou la sociologie, rendent compte de Dieu, des croyances et du « fait religieux ». Dans les religions monothéistes surtout, elle est considérée comme la science de la Révélation, fondée sur l'étude des textes religieux, leur interprétation, dans le but d'éclairer le croyant ou le fidèle sur la façon d'agir ou de croire selon sa religion.
En fait, au sens le plus strict on ne peut parler de théologie que pour le paganisme finissant, le christianisme occidental et orthodoxe, car c'est le produit de la rencontre entre la philosophie antique et la religion. Il a existé marginalement une vraie théologie musulmane et juive, au sens d'une rencontre entre les doctrines de ces religions et la philosophie (antique), mais la voie a été vite coupée ; si par théologie on entend tout discours sur dieu(x) et la religion alors le concept s'édulcore, les mythes et la science des religions devenant de la théologie.
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Terminologie [modifier]
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Les Anciens racontaient des mythes. Parfois ils les couchaient par écrit. Ils les sacralisaient plus ou moins, et avec le temps le degré de foi qu’ils leur accordaient variait. Ils en arrivaient de temps en temps à les canoniser et leur donner une valeur absolue, à en faire une Ecriture sainte. Il se pouvait aussi qu’ils ne les considérassent plus que comme des contes de bonnes femmes. Plus généralement, ces peuples se situaient entre les deux extrêmes. Leur conviction variait en fonctions des situations sociales et intellectuelles, mais les mythes formaient un fond culturel vivace et vivant. Ils aidaient à comprendre les Dieux, le monde et la vie, sans représenter une révélation absolue et définitive, sans se muer en dogmes mortifères. Ils avaient une fonction sociale de représentation et d’interprétation, une valeur étiologique et explicative. Ils donnaient du sens et dessinaient un ordre au sein duquel on pouvait vivre harmonieusement. En ce sens, ils avaient une portée éthique.
Les Anciens ne faisaient néanmoins pas de théologie. N’ayant pas de dogmes mais des rites, ces peuples ne se souciaient pas de dogmatiser, ni du raffinement systématique de nos joutes intellectuelles à propos de(s) Dieu(x) et de la foi. Naturellement, on soutiendra que nous faisons tous de la théologie quand nous touchons à ces matières, sans le savoir, comme M. Jourdain faisait de la prose. Mais employer le terme de « théologie » dans un sens aussi large implique qu’il est alors bien difficile d’exclure les sciences des religions ou la sociologie de la religion du champ théologique. Or, très peu de chercheurs en sciences religieuses ou de sociologues, si ce n’est aucun, n’admettraient être un théologien ! Supposera-t-on alors que la théologie nécessite un rapport croyant, une relation existentielle, à son objet ? De même que selon Luther la foi justifiante est différente de la fides historica, il existe un habitus théologique qui ne prouve pas la justification et la sanctification du théologien, ni sa vocation. Personne ne peut établir en toute objectivité l’existence de ce rapport croyant, à moins de confondre l’aveu de la foi et la réalité de celle-ci.
Nous voici très embarrassés pour définir ce qui relève de la théologie et ce qui n’en relève pas. Un concept néanmoins ne doit pas être trop élastique pour demeurer intelligible et pertinent. – utile tout bonnement. Quoique nous soutenions que les anciens ne pratiquaient pas la théologie, il faut maintenant relever l’origine grecque et païenne du concept, ce qui va nous permettre de préciser les limites de sa juste utilisation. Le premier à avoir employé le terme est semble-t-il Platon . Et par théologie, il entend, le contexte le montre nettement, une épuration philosophique de la présentation mythologique des Dieux. C’est à ce seul compte que les poètes trouveront place dans la cité idéale qu’il propose. Avec Platon surgit cette grande déchirure de l’histoire occidentale de la pensée, la séparation entre Mythos et Logos qui ira s’accentuant, en passant par Kant et Hegel, jusqu’au retournement propre à Heidegger : le résultat consiste à détacher le concept de son ancrage dans des discours fictifs ou poétiques. Avec Aristote la théologie se fit métaphysique. Et après lui, chaque secte philosophique grecque, jusqu’à la fin du paganisme, développa sa propre théologie comme une branche de son enseignement et un couronnement de son développement. Epicuriens, Stoïciens, Néo-Platoniciens (surtout), chacun à leur manière, et dans le cas du Jardin de manière particulièrement négative, furent à la fois philosophes, moralistes et théologiens.
Les croyances traditionnelles et les mythes continuaient à vivre, et à être transmis, à côté de ces enseignements d’écoles, sans conflits apparents. La piété du peuple en était peu atteinte et les cultes officiels ou privés prospéraient tranquillement. Rien qui e ressemblait au conflit des Lumières entre foi et Raison, foi et science. Certes à quelques époques, la fin de la République à Rome par exemple, avant qu’Auguste ne restaurât les rites et les valeurs traditionnelles, les élites semblent fort détachées de tout sentiment religieux et de toutes croyances. Mais à ces époques de scepticisme apparent succèdent des ères d’inquiétude spirituelle, propices au développement des cultes à mystères et des religions orientales. Et les termes, si familiers à nos oreilles, de foi, croyances, religion, spiritualité personnelle entrent peu en compte pour parler d’un monde où le rapport avec les Dieux se décrit d’abord en termes de piété et de respect des rites ancestraux par la Cité. Les athées déclarés sont rares, les indifférents et les sceptiques laissés tranquilles pour autant que leur impiété n’éclate pas au grand jour. Un mysticisme personnel ou collectif, débridé et de mauvais aloi, est tout autant sinon davantage réprimé par Rome.
Certes les mythes se dégradent en mythologie. Certes les mythographes les rassemblent en recueils où le grivois l’emporte sur le sérieux. Mais ils survivent et leur force d’illocution n’est pas complètement perdue. Nos philosophes-théologiens font place au mythe. Soit que comme Varron, ils fassent du mythe une forme inférieure de théologie, soit qu’ils l’interprètent au gré de leur système. Pour reprendre la formule de Raynal Sorel, « accordant un soupçon de raison à une parole supposée dérivante pour mieux l’arraisonner », ils désirent se rendre maître du mythe . La méthode qui connut le plus vif et le plus durable succès fut l’allégorie dont les Stoïciens se firent les champions incontestés. Mais ils ne furent pas les seuls à ne jurer que par l’allégorèse. Et du jour où Philon appliqua la méthode à la lecture de la Septante, la théologie chrétienne, paradoxalement, était née….Car on ne comprendrait pas la typologie que déploient les auteurs du Nouveau Testament recherchant sous le voile de la lettre vétérotestamentaire l’annonce prophétique du ministère, de la passion et de la résurrection du Christ sans se rapporter à la lecture allégorique des textes mises au point par les philosophes grecs. Mieux même, les paraboles de Jésus sont déjà dans les évangiles interprétées allégoriquement.
L'emploi du terme dans la philosophie classique a, dans les premiers siècles, suscité une méfiance de la part des auteurs chrétiens. Les termes « théologie » et « théologiens » restent associés à la mythologie païenne. Cependant, Clément d'Alexandrie opère une distinction entre la « théologie du Verbe éternel » et la « mythologie de Dionysos ». Peu à peu, le terme ne s'emploie plus que pour la nouvelle religion. Toutefois, son sens précis n'est pas toujours le même : le mot « théologie » peut ainsi désigner les Écritures ou la confession de la foi chrétienne. Pour d'autres théologiens, la théologie était le discours sur la divinité en général, voire sur la seule divinité du Christ. Les auteurs occidentaux emploient assez peu le terme avant l'époque scolastique, préférant des expressions avec le mot sacer, telles que doctrina sacra, sacra pagina ou sacra eruditio. Cependant, les théologiens latins ont fini par l'utiliser couramment dans leurs écrits, et le mot « théologie » a alors reçu le sens, qu'il a gardé, d'étude systématique de la doctrine chrétienne.
À partir du XVIe siècle, le mot théologie redevient plus général. Il est en effet utilisé dans l'expression théologie naturelle, qui désigne la connaissance de Dieu d'une manière considérée comme "naturelle". Dès lors, il est également utilisé pour d'autres religions que le christianisme, notamment dans des perspectives d'étude comparée des religions. La théologie désigne alors l'image de Dieu et du divin dans les différentes religions, ainsi que leurs doctrines.
La philosophie classique, depuis les présocratiques jusqu’aux disciples de Leibniz, s’est souvent définie comme la science de Dieu, ou la science de l’absolu, donc comme théologie. On l’appelait aussi métaphysique, ou philosophie première. Elle était nommée ainsi parce qu’elle était considérée comme la racine, la source ou le socle de toutes les sciences.
Théologie positive [modifier]
Théologie négative [modifier]
Théologie spéculative [modifier]
Théologie mystique [modifier]
Théologie juive [modifier]
Dans le judaïsme, Dieu est à la fois Unique et Inconnaissable. Il ne peut être qu'approché par l'étude de la Torah et de ses commentaires, ainsi que par la pratique des commandements (mitsvot).
Voir
- YHWH
- Noms de Dieu dans le judaïsme
- Les Lois sur les Fondements de la Torah (wikisource)
- Catégorie:Théologien juif
Théologie chrétienne [modifier]
Le christianisme est sans doute la religion qui a le plus revendiqué le concept de théologie. Certains de ses courants ont ainsi développé un ensemble de dogmes et de doctrines, qui ont donné lieu à de longues controverses.
L'importance de la théologie dans le christianisme s'explique en partie par la nature expansive qu'avait déjà cette religion à sa naissance. Ayant eu à s'opposer aux philosophes de l'empire, elle dut très tôt trouver des moyens de se faire entendre dans le monde gréco-romain, en employant ses termes, en récupérant ses catégories. De ce fait apparurent assez rapidement dans l'empire un néo-platonisme chrétien, ainsi que des formes d'Aristotélisme modifié. À ce facteur qu'on pourrait dire d'inculturation volontaire, s'ajoute l'influence en retour du substrat gréco-romain sur la doctrine chrétienne naissante. Celle-ci était particulièrement ouverte à ce genre de possibilité du fait, entre autres, de la rédaction des évangiles en grec et de la nature particulièrement spéculative de l'évangile de saint Jean. Ainsi, à l'identification, dans la philosophie grecque, de l'être et du logos répond dans l'évangile de Jean, l'identification de Dieu et du logos ("Au commencement était le Verbe [logos], et le Verbe était Dieu" Jn, 1,1).
Comme tous les mouvements religieux, le christianisme a croisé au cours de son histoire plus d'un mouvement de pensée qu'il a intégré, rejeté, influencé. Outre les diversités confessionnelles actuelles et leurs théologies afférentes, ce qu'on nomme traditionnellement les "grandes hérésies" comme le gnosticisme, étaient souvent des synthèses de conceptions philosophiques pré-existantes et de christianisme. Ainsi, dans cette histoire des rencontres entre la pensée et le christianisme, on peut noter, plus proche de nous, l'importance primordiale de celui-ci dans la philosophie de Kierkegaard, qui se place d'elle-même à la frontière de la théologie, de l'éthique, de la philosophie, témoignant par là de la plasticité de ce concept dans la culture chrétienne.
Théologie en islam [modifier]
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Voir Islam et la Catégorie:Courant musulman.
Ce terme n'a pas la même importance que pour la théologie chrétienne. En effet, la théologie musulmane repose sur la révélation par Mahomet à travers le Coran de l'existence du Créateur, Allah, unique, omniscient et omnipotent. Cela impose donc de nombreuses limites d'interprétations, car jamais les enseignements philosophiques tirés ne peuvent mettre en cause Le Texte.
Plusieurs écoles théologiques ont été créés à partir de plusieurs systèmes de pensée qui s'affrontent :
- En premier lieu le système méthologique et la théologie associée appelé Kalâm, basée sur la réflexion.
- Le soufisme, basé sur une étude mystique, voir ésotérique de l'Islam
Le Kalâm est utilisé pour élaborer les lois (fiqh).
D'autre part le nombre de branches de l'Islam, avec chacune ses doctrines particulières, multiplie le nombre de théologies.
Citations [modifier]
Jorge Luis Borges considère qu'il n'existe que deux sciences exactes : la théologie qui se bâtit sur l'étude des conséquences d'écrits fondateurs considérés comme d'origine - ou au moins d'inspiration - divine, et les mathématiques qui procèdent à un exercice analogue, mais cette fois-ci à partir d'axiomes arbitraires.
" Discourir sur Dieu, c'est vouloir jouer Mozart sur un tambourin. "
« La théologie c'est simple comme Dieu et dieux font trois. » Jacques Prévert
« Ceux qui m'amusent le plus, dit Dieu, ce sont les théologiens. » Charles Péguy
« Le médecin voit l'homme dans toute sa faiblesse ; le juriste le voit dans toute sa méchanceté; le théologien dans toute sa bêtise. » Arthur Schopenhauer
« Égaré dans une forêt immense pendant la nuit, je n'ai qu'une petite lumière pour me conduire. Survient un inconnu qui me dit : Mon ami, souffle ta bougie pour mieux trouver ton chemin. Cet inconnu est un théologien. » Denis Diderot.... On pourrait répondre à Diderot que pour pouvoir se guider sur les étoiles il faut d'abord éteindre sa bougie dans la nuit
Voir aussi [modifier]
Articles connexes [modifier]
Dieu - Philosophie de la religion - Religion - Métaphysique - Théologie critique
Bibliographie [modifier]
- Jean-Marc Rouvière, Brèves méditations sur la création du monde, Paris L'Harmattan, 2006.
- Lucien Jerphagnon, Les Dieux ne sont jamais loin, Desclée de Brouwer, Paris, 2003, 5e éd., 223 p. (ISBN 2-220-05177-3) ;
Introduction à la théologie. Présente la formation des théologies y compris historiques (que nous nommons mythologies) et non européennes.
- Paul Veyne, Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? : essai sur l'imagination constituante, Seuil, coll. « Des travaux », Paris, 1983, 162 p. (ISBN 2-02-006367-0).
Liens externes [modifier]
- Citations de saints, théologiens, poètes et philosophes.
- Ressources en théologie et sciences des religions, Bibliothèque des lettres et sciences humaines, Direction des bibliothèques, Université de Montréal.