Vague scélérate
Vague scélérate
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Les vagues scélérates sont des vagues océaniques très hautes, soudaines et considérées comme très rares.
Jusqu'au début du XXe siècle, les vagues scélérates semblaient appartenir au folklore maritime — jusqu'à ce qu'un certain nombre de témoignages de rencontre de ces vagues par de gros navires modernes, ainsi que des mesures océanographiques, convainquent les scientifiques de la réalité et de la fréquence du phénomène.
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Particularités [modifier]
Contrairement aux vagues de tsunami qui sont des flux de grande longueur d'onde et qui ne s'élèvent qu'à l'approche des côtes, les vagues scélérates sont des vagues solitaires, de même longueur d'onde que leur voisines, mais au profil beaucoup plus abrupt que celui des autres vagues et dont la hauteur du creux à la crête est de 2,5 fois la hauteur des vagues moyennes. Elles sont souvent décrites comme un mur d'eau qui vient heurter le navire.
Elles peuvent atteindre des hauteurs de plus de 30 mètres.
Accidents notables [modifier]
Plusieurs accidents récents en attestent :
- Plate-forme pétrolière de Draupner, vague de 31 m en mer du Nord le 1er janvier 1995 ;
- Queen Elizabeth 2, vague de 29 m dans l'Atlantique nord en février 1995 ;
- La Tempête 1999, a généré de gigantesques vagues dans l'Océan Atlantique et dans La Manche ;
- Bremen et Caledonian Star, trois vagues de 30 m dans le Pacifique sud en février 2001 ;
- L'Aube Norvegian, vague de 21 m au large de la Caroline du Sud en avril 2005 ;
- Le Pont-Aven, le 24 mai 2006, a rencontré une vague d'une hauteur d'environ 20 m au large de Ouessant ;
- Le 8 décembre 2006, Laura Gainey, la fille du directeur général du Canadien de Montréal, Bob Gainey, fut victime d'une telle vague à environ 700 km au sud-est de Cap Cod, dans l'État du Massachusetts. Sans crier gare, une énorme vague de fond s'est abattue sur le navire vers 21h30. Rien n'a été brisé, mais Laura Gainey manquait à l'appel.
Théories explicatives [modifier]
Si la rencontre des grandes vagues des latitudes australes et de courants contraires, comme dans la zone du courant des Aiguilles, le long de la côte est de l'Afrique du Sud, peut en partie en expliquer leur présence, par la théorie dite current focusing, les observations à l'aide des radars des satellites ERS-1 et ERS-2, de l'ESA, ont permis aux scientifiques du projet Maxwave d'en repérer à travers toutes les mers du monde. Donc, dans certains cas, la remontée du plancher océanique ou les phénomènes de diffraction et d'interférences provoqués par le relief côtier, ou encore les courants, expliqueraient l'apparition de ces vagues par simple addition.
Cependant, leur fréquence contrarie les modèles généralements admis, et leur existence en plein océan conforterait l'hypothèse d'une possibilité de comportement non linéaire de propagation des vagues : ceci ferait que, dans un train de houle, la vague scélérate apparaîtrait, absorberait l'énergie contenue dans ses deux voisines, puis s'atténuerait.
Le terme employé en anglais est « focusing » et il serait peut être plus judicieux de parler en français de « paquet de vagues », tout à fait analogue au paquet d'ondes de l'équation de Schrödinger, du fait que des équations identiques ont des solutions identiques — les phénomènes n'ayant que leurs équations de commun (autre exemple : la décharge d'un condensateur et la décroissance du nombre d'atomes radioactifs dans un échantillon ont les mêmes équations).
Aucune explication des conditions provoquant leur formation ne fait actuellement l'unanimité. Cependant, leur réalité est maintenant démontrée et n'est pas sans conséquence sur la sécurité maritime et la conception des grands navires marchands, notamment les minéraliers et les vraquiers qui coulent en quelques minutes.
Si un tanker (ou tout bateau long) rencontre une telle vague de face (ou par l'arrière), cela pose 2 problèmes :
- La masse de l'eau en mouvement représente une énergie au moins doublée par rapport aux vagues habituelles qui va percuter le bateau par sa proue (par exemple). Il n'est pas rare qu'une vague scélérate ait une hauteur au moins égale à celle du château (la partie du bateau la plus haute dans laquelle se trouve le poste de commande et de navigation).
- L'effet cumulé de la hauteur exceptionnelle des vagues et de la longueur d'onde peut littéralement soulever le bateau par les 2 extrémités. La partie centrale du bateau se retrouve alors dans le vide, ou tout au moins se retrouve moins portée par l'eau, et va donc être soumise à des contraintes énormes (surtout si les soutes sont pleines) qui peuvent casser le bateau en deux.
Si la vague frappe le bateau par le côté, elle peut le faire chavirer.
L'immense majorité des marins au long cours ne verra jamais de vague scélérate de toute leur carrière, mais elles sont redoutées par tous car elles sont actuellement imprévisibles et meurtrières, d'où leur nom.
Voir aussi [modifier]
Lien interne [modifier]
Liens externes [modifier]
- (fr) Information sur le site de l'ESA un excellent article sur le site de l'agence spatiale européenne qui montre l'existence de ces vagues.
- (en) Modélisation mathématique des vagues scélérates fait par des norvégiens.
- (fr) [image] Animation tirée de l'article précédent qui montre que (en haut) il peut y avoir un « paquet de vagues » qui, en se superposant à une mer agitée (vague du milieu) donne (en bas) une sérieuse résultante la fameuse vague scélérate.
- (fr) Présentation générale de Michel Olagnon, Ifremer.
- (fr) Article de l'académie de Rouen.
- (fr) La vague scélérate : une théorie pour expliquer les mystérieuses disparitions dans le Triangle des Bermudes.