3 cas cliniques de bipolaires

 

CTAH

 

Mlle L., 20 ans, envoie un e-mail pour nous parler de ses sauts d'humeur : « Je trouve que je suis assez "moody" comme fille. J'ai deux cycles: le premier que je nomme "up" ou "high", et le second que je nomme "down". Il est donc clair que je ne suis jamais "normal", je suis toujours extrêmiste et j'ai jamais eu un juste milieu. Si on passe à la description de mes deux cycles, je dirai que dans mes momments "high" je sens que tout est possible, je fais mille choses en même temps et presque tout ce que je fais dans ce cycle est réussi à merveille. Dans mon deuxieme cycle "down", je me sens affaiblie et nulle et je dois fournir un grand effort sur moi-même, mais quand même j'arrive à trés bien étudier. Je suis dans ce cycle d'une humeur calme, je ne parle pas beaucoup, je suis triste, mais en parallèle, je remarque et j'analyse tout ce qui se passe devant moi. Dans ce cycle, je suis aussi trés sensible à TOUT. Dans ce cycle, j'arrive à accomplir de trés jolies choses, mais au prix d'une grosse fatigue. Dans ce cycle, les émotions dominent et tout me fait pleurer ou rire à la folie. Si vous me demandiez qu'est-ce qui me fait changer d'humeur, je ne saurai pas encore vous répondre ? Je pense encore à cette question chiante! Je crois que ce sont de trés petits événements qui me font flipper d'un mood à un autre et ça prend donc peu de temps pour passer du high au down et vice versa. Bref, ça c'est moi... »

 

Mlle S., 32 ans, demande une consultation en raison d'un mal être profond associé à des problèmes physiques : un poids complètement instable, des vomissements compulsifs allant jusqu'à 10 à 15 fois par jour. Elle présente d'autres problèmes d'argent (boulimie qui coûte énormément, achats compulsifs), des problèmes professionnels : manque de concentration, de mémoire, de motivation (j'ai déjà du mal à me battre contre moi-même côté maladie, alors contre un boulot débile, encore moins…), des problèmes d'estime de soi (Je me sens nulle, sans aucune conversation intelligente). Bref, avec tout ça, elle se résume à un véritable déchet. Elle a beau faire preuve d'énormément d'optimisme (je ne serais plus de ce monde si tel n'était pas le cas), tous ses efforts (qui sont de l'ordre quotidien) s'avèrent vains (je vais d'illusions quand ça va mieux en désillusions aux moments les plus faibles).

 

En somme, elle va très mal depuis des années. Les périodes d'optimisme intense sont vite suivies de périodes à pente descendante, et là c'est un véritable désastre : J'ai une forte tendance à m'isoler quand je ne vais pas bien. Malgré tout, je me prends en main en participant à des activités, soirées, ceci afin d'éviter de rester enfermée chez moi. Inutile donc de m'imaginer enfermée chez moi à me morfondre dans mon coin, je me remue bien au contraire, mais les résultats en face ne sont que fantômes.
Arrivant à un stade totalement désemparé et désespéré, elle est parvenue à se convaincre du fait de reprendre un suivi médical, au risque de véritablement sombrer. Elle consulte un médecin nutritionniste qui la suivait avant. Mlle S. a compris que la boulimie dont elle souffrait était liée à un autre élément. En effet, il peut m'arriver d'alterner des périodes amélioratives et des périodes très néfastes, avec l'état mental qui suit la même pente.
Après analyse approfondie, Mlle S. est convaincue qu'elle souffre de cyclothymie dans laquelle les états extrêmement mélancoliques sont associés à une forte intensité des crises de boulimie et d'idées noires. En revanche, ces crises sont nettement atténuées en phases hautes et optimistes.Depuis une période de 3 mois avant sa consultation au centre, Mlle S. ne cesse d'accentuer ses crises de boulimie avec une forte tendance à consommer de l'alcool, même seule, et à fumer énormément.



30/04/2013
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