Les femmes gèrent mieux le stress

 

Les femmes gèrent mieux le stress

Les jeunes femmes seraient moins sensibles au stress que les hommes. Mais après la ménopause, ce serait plutôt l'inverse. Doit-on en conclure que les hormones féminines ont une action apaisante ? Entre guerre des sexes et guerre du stress.

L’équipe allemande du Dr Olivier Wolf s’intéresse aux phénomènes qui influencent les réactions au stress, comme l’âge, le sexe et les sécrétions hormonales. Dans ce but, elle vient de réaliser une étude1 chez 58 étudiants des deux sexes âgés de 20 à 30 ans et en parfaite santé.

Les femmes et le stressDans un premier temps, 22 de ces volontaires ont dû apprendre une liste de mots. On les a ensuite confronté à un expérience stressante, surtout pour les moins bons en calcul mental : compter à rebours de 17 en 17 à partir du nombre 2 043. Enfin, ils ont dû citer de nouveau les mots appris en public. Les 36 autres étudiants ont participé à l’épreuve de mémorisation sans être soumis au test de stress et ont donc ainsi servi de témoins.

Parallèlement, les chercheurs ont mesuré la concentration de cortisol dans la salive avant et 10 minutes après le test. Fabriquée par les glandes surrénales, cette hormone joue classiquement un grand rôle dans les phénomènes de stress.

Les jeunes hommes plus sensibles au stress

Le principal résultat de cette étude a été de révéler que les hommes jeunes, qui produisent les plus fortes quantités de cortisol en réponse au stress, sont aussi ceux chez lesquels les capacités de mémoire sont les plus altérées par le test de stress.

En revanche, aucun phénomène de ce genre n’a été noté chez les jeunes femmes ayant participé à l’expérience. Ces résultats éveillèrent la curiosité des chercheurs qui dans des travaux antérieurs avaient noté que la mémoire des femmes de 50 ans est davantage affectée par l’élévation du cortisol associée au stress.

Les estrogènes diminuent-ils le stress ?

Pour expliquer cette différence, les psychologues de Düsseldorf émettent donc l’hypothèse que les estrogènes moduleraient la réponse au stress. En effet, ces hormones féminines sont sécrétées par les ovaires et voient leurs taux s’effondrer après la ménopause.

De plus, d’autres études de la même équipe ont montré que la réponse au stress de certaines structures cérébrales, comme l’hypothalamus et l’hypophyse, qui sont sensibles aux effets des estrogènes est plus importante chez les hommes que chez les femmes2. Une modification de la réaction au test de stress a été également observée par ces chercheurs allemands chez les femmes prenant la pilule, laquelle contient on le sait des estrogènes synthétiques3.

Des gynécologues américains ont eux aussi décrit une plus forte réactivité au stress, qui se traduisait par une élévation de la pression artérielle, chez les femmes ménopausées en comparaison de celles qui ne le sont pas encore4. En outre, un effet protecteur des estrogènes a été relevé chez les femmes ménopausées vis-à-vis du stress.

Une théorie à confirmer

Reste qu’il ne s’agit encore que d’une hypothèse et que cette influence des hormones sexuelles devra être confirmée par d’autres travaux. D'autres équipes observent d'ailleurs une différence dans les réactions au stress selon le sexe, mais ne retrouvent en revanche aucun effet de l’âge chez les femmes comme chez les hommes5.

Les femmes gèrent mieux le stress

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Plus généralement, les relations entre stress et sexe paraissent très complexes. A l’inverse des résultats rapportés ici, des enquêtes effectuées en milieu professionnel ont ainsi révélé que les femmes, notamment celles qui exercent des responsabilités, supportent moins bien le stress lié au travail que les hommes6. Par ailleurs, il est indéniable que les femmes sont beaucoup plus souvent traitées pour anxiété ou dépression que les hommes. Affaire à suivre donc.

Dr Corinne Tutin

Mis à jour le 20 mars 2012

1 - Psychoneuroendocrinology, 2001, Oct. 26 ; 7 : 711-720
2 - B.M. Kudielka et coll., J. Clin. Endocrinol. Metab., 1998, May ; 83, 5 : 1756-1761
3 - C. Kirschbaum et coll., Psychoneuroendocrinology, 1995 ; 20, 5 : 509-514
4 - S.R. Lindheim et coll., Am. J. Obstet. Gynecol., 1992, Dec ; 167, 6 : 1831-1836
5 - N. Nicholson et coll. J. Gerontol. A. Biol. Sci. Med. Sci., 1997, Mar ; 52 ; 2 : M68-M75
6 - U. Lundberg et M. Frankenhaeuser, J. Occup. Health. Psychol., 1999, Apr. ; 4, 2 : 142-151



03/06/2013
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