Arthur Rimbaud - Partie 2
En 1891, il se fait rapatrier, une tumeur au genou droit s'est déclarée. Il doit être amputé dès son arrivée à l'hôpital de la Conception de Marseille. Le 24 juillet 1891, il débarque à la gare de Voncq, à 3 kilomètres de Roche, avec sa béquille et sa nouvelle jambe de bois. Mais le cancer s'étend, son bras droit est aussi atteint par une métastase, des névralgies s'installent, il repart un mois plus tard, en train, pour aller « faire une bonne mort » à Marseille, où il meurt le 10 novembre 1891, à l'âge de 37 ans, dans d'atroces souffrances, veillé par sa sœur cadette Isabelle. Sur son lit d'agonie, il supplie qu'on le fasse « remonter à bord » pour « partir pour Suez ». Néanmoins, son corps est ramené à Charleville, où il est enterré dans la tombe de sa famille maternelle où reposent son grand-père Jean Nicolas Cuif, mort en 1858, et sa sœur Vitalie morte à 17 ans en 1875. Sa mère, Mme Rimbaud, née Vitalie Cuif, les rejoint en 1907.
Son ami Paul Verlaine résume d'une phrase la dernière décennie de Rimbaud : « (…) il ne fit plus rien que de voyager terriblement et de mourir très jeune. ». Toutefois, les témoignages d'Alfred Bardey, commerçant et membre de la Société Géographique, ainsi que d'autres de ses compagnons de vie dans la corne de l'Afrique et à Aden sont éloquents quant à ses talents de commerçant, d'explorateur et de polyglotte. Ces témoignages informent en outre sur la vie privée de Rimbaud à Harar, fournissant des détails sur ses diverses aventures avec des femmes africaines, particulièrement avec une femme abyssinienne de grande beauté, de laquelle une photographie a été conservée.
En résumé, Rimbaud a eu en Afrique et en Asie Mineure une « nouvelle vie » longue et complexe, que l'attitude dédaigneuse — et peut-être simplement jalouse — de Verlaine (qui, à cette époque, évoque Arthur comme étant son « grand péché radieux », dans son poème Laeti et Errabundi) n'a pas la capacité d'annihiler.
Son apport à la poésie [modifier]
Pourquoi cette écriture personnelle, cette quête absolue de l'essence de la poésie ont-elles eu autant de retentissement ? Tout d'abord parce que l'écriture de Rimbaud donne l'exemple universel d'une expérience des limites, chacun ayant au cours de son existence ressenti cette révolte que le poète maudit, larguant toutes les amarres, pousse à son comble alors que l'homme se contente de l'abriter frileusement sous le masque social. Rimbaud invente aussi une langue nouvelle, comme il la souhaite : « de l'âme pour l'âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant » (Lettre du voyant). Pas de description minutieuse : une forme, une violence charnelle dans la couleur éclatante. Par ses visions, les êtres, les objets s'animent et s'unissent dans la vie de l'image. Ce nouveau verbe poétique fait sauter les normes de la civilisation et de la détermination sociale. (voir Art poétique) Avec lui, la poésie a la couleur de la musique et de la peinture, le mouvement de la danse et du rêve. Il souhaite que « d'horribles travailleurs » lui succèdent. Et ils sont venus, les Jarry, les Artaud, les Vitrac et tous les surréalistes, sans oublier les poètes du Grand Jeu comme René Daumal, ou encore Henri Michaux. Comme Le Bateau ivre, ils ont plongé au fond de l'inconnu, ouvrant la voie à la poésie contemporaine.
Œuvres [modifier]
- Une saison en enfer, 1873 [détail des éditions]
- Illuminations (1873-1875)
- Reliquaire, poésies (1891)
- Poésies complètes (1895)
- Lettres, Égypte, Arabie, Éthiopie (1899)
- Œuvres, vers et proses (1912)
- Les Mains de Jeanne-Marie (1872)
- Stupra (1923)
- Un Cœur sous une soutane (1870)
- Lettres de la vie littéraire (1870-1875)
Monuments [modifier]
- Une sculpture d'Ipoustéguy, située place du Père-Teilhard-de-Chardin dans le 4e arrondissement de Paris, est une commande du président de la République, François Mitterrand. L'artiste l'a découpée en deux pour exprimer le surprenant destin du poète, toujours entraîné vers l'ailleurs, d'où le titre de l'œuvre : L'Homme aux semelles devant — allusion à « l'homme aux semelles de vent », surnom que lui avait donné Verlaine.
- À Marseille, sur la plage du Prado, est exposée depuis 1989 une sculpture de Jean Amado dédiée au Bateau ivre, accompagnée d'une citation du célèbre poème :
« Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants, je sais le soir,
L’aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir ! »
- Lors de leur deuxième voyage en Angleterre, Rimbaud et Verlaine ont vécu en 1873 dans une maison située au 8 Great College Street à Londres, dans le quartier de Camden.
- A Charlevilles-Mézière, le musée Artur Rimbaud
Illustrateurs des œuvres de Rimbaud [modifier]
- Le peintre et lithographe Jean Carzou (1907-2000)
Les auteurs de portraits, dessins et caricatures de Rimbaud [modifier]
- Henri Fantin-Latour
- Jean-Louis Forain
- Auguste Cazals
- Isabelle Rimbaud
- Ernest Pignon-Ernest
- Pablo Picasso
- Paul Verlaine
Sources [modifier]
- ↑ Pierre Petifils, Rimbaud, Julliard, 1982, p. 16
- ↑ C'est sous ce nom qu'existait alors en province le Concours général. J.J. Lefrère, Arthur Rimbaud, Fayard, 2001, p. 24
- ↑ Lettre à Georges Izambard du 13 mai 1871
- ↑ « Du "Voyageur Toqué", pas de nouvelles. Sans doute envolé bien loin, bien loin, car je ne l'ai pas aperçu depuis mon retour ici. » Lettre de Delahaye à Verlaine, datée : Charleville le 16 juin 1877
- ↑ Claude Jeancolas, Rimbaud, Flammarion, 1999, p. 335
Voir aussi [modifier]
Néologismes [modifier]
- Abracadabrantesque (Le Cœur volé)
- Bleuïtés (Le Bateau ivre)
- Pioupiesque (Le Cœur volé)
- Robinsonne (Roman)
- S'illunait (Les Poètes de sept ans)
- La Daromphe : dans ses lettres, surnom donné à sa mère, forgé à partir de daronne.
- Vers libre
Bibliographie [modifier]
- Parade sauvage, revue d'études rimbaldiennes, publiée annuellement par le Musée-Bibliothèque Rimbaud de Charleville-Mézières.
- Claude-Edmonde Magny. Poètes d'aujourd'hui. Arthur Rimbaud, Pierre Seghers éditeur, Paris, 1949, 206 p.
- Jacques Chocheyras, Approche de Rimbaud, éd. Ellug, 1995.
- Alain Borer, Rimbaud en Abyssinie, Le Seuil, coll. « Fiction & Cie », Paris, 1984 (ISBN 2020069911).
- Alain Borer, Rimbaud, l'heure de la fuite, Gallimard, coll. « Découvertes », 1991.
- Œuvres complètes, correspondance d'Arthur Rimbaud (édition établie par Louis Forestier), Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1998.
- Claude Jeancolas, Passion Rimbaud. L'Album d'une vie, Le Seuil, coll. textuel, 1998.
- Jean Esponde, Mourir aux fleuves barbares : Arthur Rimbaud, une non-biographie, éditions Confluences, 2004 (ISBN 2914240538).
- Jean-Luc Steinmetz, Arthur Rimbaud : une question de présence : biographie, Tallandier, coll. « Biographie », Paris, 2004 (ISBN 2-84734-194-3).
- Yann Hureaux, Un Ardennais nommé Rimbaud, éd. La Nuée Bleue/L'Ardennais.
- Rimbaud Ailleurs, photographies contemporaines et entretiens de Jean-Hugues Berrou, textes et documents anciens de Jean-Jacques Lefrère et Pierre Leroy, avec la collaboration de Maurice Culot, Fayard, Paris.
- Jean-Jacques Lefrère, Face à Rimbaud, éd. Phébus, 2006.
- Bernard Bousmanne, Rimbaud–Verlaine. L'Affaire de Bruxelles., Calmann-Lévy / Bibliothèque royale de Belgique, 2006.
- Rimbaud parti, photographies de Jacqueline Salmon et textes de Jean-Christophe Bailly aux éditions Marval, 2006.
- Mon Rimbaud, texte de Liliane Giraudon et dessin de Christophe Chemin, Inventaire-Invention.
- Rimbaud et les formes monstrueuses de l'amour, Christian Moncel, 1980
- Benjamin Fondane, Rimbaud le voyou, Editions Complexe, 1990.
- Steve Murphy, Stratégies de Rimbaud, Editions Honoré Champion, 2004.
Rimbaud à la radio, au cinéma et à la télévision [modifier]
- 1971 : Une saison en enfer (Una Stagione all'inferno) de Nelo Risi.
- 1er et 15 décembre 1980 : Les Vivants et les Dieux. Rimbaud : Les Illuminations, France Culture, émission de Philippe Nemo et de J.-P. Giusto.
- 1991 : Arthur Rimbaud, une biographie (1854-1891), 155 minutes, de Richard Dindo, sorti en DVD en 2005 (TV et cinéma).
- 1995 : L'Homme aux semelles de vent de Marc Rivière, 155 minutes, téléfilm en deux parties (TV).
- 1995 : Rimbaud Verlaine (Total Eclipse) d'Agnieszka Holland.
- 1998 : Athar, sur les traces de Rimbaud en Ethiopie-Djibouti-Yemen, 52 minutes, de Jean-Philippe Perrot (TV).
- 1999 : Arthur Rimbaud Liberté Libre, une biographie, 90 minutes, de Jean-Philippe Perrot (TV).
Rimbaud en chansons [modifier]
- Arthur Rimbaud chanté, Jean-Marc Versini, Marmottes productions, 2005
- Patti Smith s'est inspirée de l'auteur pour certaines de ses chansons, elle est venue "en pélerinage" sur sa tombe et lors de l'inauguration de la "Maison des ailleurs" (maison où il a vécu avec sa mère).
Liens externes [modifier]
- Catégorie Arthur Rimbaud de l'annuaire dmoz.
- Itinéraires autour de l'œuvre et la vie de Rimbaud, présentation animée de l'œuvre, textes lus par Arthur H, fonds ressources de la ville de Charleville Mézières
- Présentation, biographie du poète, grands thèmes de son œuvre, œuvre intégrale numérisée, index des titres, illustrations
- Biographie de Rimbaud sur le site des Ardennes
- Biographies et poèmes d'Arthur Rimbaud et Paul Verlaine
- Rimbaud, le poète : Tous les textes (1870-1875), chronologie de la vie de Rimbaud, anthologie commentée, bibliographie commentée, glossaire stylistique, étude du "Recueil de Douai", florilège des sources rimbaldiennes
- Commentaires rédigés des poèmes de Rimbaud
- Article sur Rimbaud publié le 12 août 1898 par le poète symboliste belge Georges Rodenbach (1855-1898)
- Rimb'ART :: Art et Concept :: En perpétuel développement
- Généalogie d'Arthur Rimbaud
- Les affiches Rimbaud 1978-79 par Ernest Pignon-Ernest
- Parcours Rimbaud projet international en cours (2007 - 2008)
- [mp3] Lecture audio du poème « Ophélie »