1.3.2 Hypersexualité

Maintenant que nous portons les bonnes lunettes pour analyser la bipolarité, demandons-nous si des symptômes de la maladie sont cohérents avec la théorie. Certains doivent suggérer une hausse de la valeur sélective (fitness), donc une ascension dans la hiérarchie de dominance. Pour analyser les symptômes transportons-nous au pléistocène, au temps des premiers hommes. Temps béni où le contrôle social n’était pas aussi sophistiqué qu’aujourd’hui : Pas de psy, pas de flic, pas d’hôpitaux psychiatriques. Le maniaque pouvait vivre à fond ses sautes d’humeur et risquer sa vie en défiant les dominants pour copuler dans l’euphorie la plus totale. Il fallait vivre l’instant car le down probable qui s’ensuivait pouvait signifier la mort. Se transporter au pléistocène veut dire aussi qu’avoir des relations sexuelles entrainaient nécessairement une bonne chance de donner la vie, étape cruciale du processus de sélection naturelle.

Vous l’avez deviné, le symptôme que je veux évoquer est celui de l’hypersexualité, congruente à l’augmentation de la libido et de la « désinhibition libidinale », et, surtout, commandée par l’augmentation de l’humeur selon la terminologie psychiatrique. Notons que ce n’est pas l’instinct sexuel qui commande, mais bien une autre instance de régulation que je définirais dans un prochain article qui régule la libido. Faire de la libido ou énergie sexuelle le grand ordonnateur de notre comportement est de mon point de vue une erreur. Certes, elle conditionne une partie non négligeable de nos actions mais elle n’en reste pas moins un besoin primaire au même titre que la faim qui gouverne la recherche de nourriture. L’instinct sexuel commande la recherche d’un partenaire sexuelle comme la soif commande la recherche d’eau potable.

Selon Schopenhauer, notre corps immédiatement perçu est faim, soif et sexualité. Cette dernière n’est pas au-dessus du trio, certains instincts ne sont pas liés à l’assouvissement du désir sexuel. Il peut être, toutefois, intellectuellement pertinent de penser que toutes nos activités sont dirigées vers un seul but : la reproduction. Trouver de la nourriture et se procurer de l’eau sont bien des activités conceptuellement et en dernière instance, tournées vers la conservation d’un corps nécessaire à la reproduction. Mais c’est une pensée abstraite car les instincts sont aveugles : l’instinct de recherche de nourriture ne « sais » pas qu’il concourt à la conversation du corps nécessaire à la sexualité. L’instinct sexuel ne sait pas qu’il est dirigé vers la reproduction. Faire de ce dernier comportement l’alpha et l’oméga de la personne humaine est une erreur, il commande une certaine classe de comportement, c’est tout.

L’hypersexualité du maniaque est considérée avec une certaine gêne par la société. Alors que certains comportements sont parfaitement acceptés par la culture (Don Juan, Casanova, James Bond, ….), le comportement débridé du maniaque laisse perplexe d’autant plus que dans son état « normal  la personne n’aurait pas souhaité avoir souhaité ce genre de comportement ». C’est comme si la société considérait inconsciemment que le maniaque ne respectait pas une règle non écrite, qu’il obtenait plus que ce qui lui était légitimement attribué dans son état ou statut « normal » et/ou habituel.

Il faut encore noter que l’instinct sexuel vient colorer les relations que le maniaque entretient avec les femmes : Excès de familiarité, diminution de la pudeur, perte de gêne : le maniaque envoie un signal non ambigu explicitant qu’il est demandeur de relation sexuelle. Ce qui est fascinant, c’est que les instincts colorent même ce que nous croyons comme notre refuge rationnel le mieux gardé : la pensée. Une amplification de l’instinct sexuel a des répercussions dans le néocortex. Et la répercussion est proportionnelle à l’intensité de la cause chez le maniaque.

Source : Wikipédia
Une diminution de la pudeur, une « perte de gêne » allant parfois jusqu’à des attitudes de séduction et des contacts sexuels à l’excès ou au hasard (alors que dans son état « normal », la personne n’aurait pas souhaité avoir ce genre de comportement)

Le maniaque a donc une activité sexuelle beaucoup plus intense alors que dans son état « normal »  il ne la souhaiterait pas aussi excessive. C’est en tout cas  ce que rapporte Wikipédia, mais, de mon point de vue le patient fais amende honorable devant la société, ce qu’il pense au plus profond de lui est une autre histoire. On peut certes regretter la prise de risque lié à la désinhibition et avoir une peur rétrospective notamment sur la non utilisation du préservatif. Mais je vois difficilement un mâle normalement constitué regretté un acte sexuel. Ce regret n’a pas de sens en psychologie évolutionniste, il ne peut être que culturel. On demande encore une fois au bipolaire de faire acte de contrition, de penser contre lui-même.

Source : Biologie et comportements humains, Gérard Zwang
Quant à l’excès sexuel (la « surconsommation orgasmique »), c’est un mythe sans traduction nosologique explicite

Qu’il le souhaite ou ne le souhaite pas, cela n’a finalement aucune importance car des instincts profonds et inconscients émergent et œuvrent au mépris du libre arbitre du maniaque. Nous autres, bipolaires, sommes gouvernés par ce tsunami pulsionnel capable de dépasser notre entendement. Nietzsche disait que l’homme est est un arbre soumis à une multitude de vent : Le maniaque est bien régi par cet ouragan instinctuel qui souffle dans la même direction. La remarque intéressante est que l’intensité des instincts est congruente aux virages d’humeur. Cette variation est importante à noter, elle fera partie intégrante de la définition de la dominance que j’établirais dans un prochain article.

Il y a un détail capital que les psychiatres et Wikipédia ne veulent pas approfondir : A l’évidence, lorsqu’on a des rapports sexuels il faut être deux. Il y a bien une partenaire (désolé, j’avais prévenu que ce blog était centré sur les mâles) qui cède, qui est séduite, qui est d’accord : appelez cela comme vous voulez. Les bipos ne sont en général pas des violeurs même si des études prouvent que les agressions sexuelles sont liés au trouble thymique (Kapfa : 76% trouble thymique, Mc Elroy : Trouble thymique 61%, Trouble bipolaire 36%, Galli & Mc Elroy 82% trouble thymique, 55% trouble bipolaire). Ces études montrent surtout que la manie fait sauter tous les verrous mais tous les bipolaires ne sont pas des agresseurs sexuels. Il faut bien admettre que l’hypersexualité s’exprime en règle générale dans le cadre de la loi et qu’il faut donc en conclure que la manie a changé, de ce point de vue, profondément la personnalité du sujet et son rapport au monde.

Rappeler vous l’expérimentation de la boite de nuit (ici). Moi, confronté au phénomène, je ne me suis pas laisser aller. Je ne pouvais pas car je savais que j’étais maniaque. Aborder ces femmes eut peut-être aggravé l’excitation. Le  symptôme reconnu d’hypersexualité prouve que ce que j’ai vécu est partagé par les autres bipos. Cette interprétation n’est donc pas déduite d’un cas isolé et elle n’est pas non plus spécifique au sexe masculin comme le prouve ce post dramatique sur le forum des bipotes (forum d’échange dédié aux bipolaires):

Source : Forum des bipotes
Bonjour, je ne sais pas si c’est bien ici que je dois poster …Je me lance comme mes précédents posts l’expliquaient, je ne prenais plus de traitements, j’ai beaucoup fait la fête, beaucoup bu, beaucoup couché, sans trop réfléchir …il y a 2/3 semaines, j’ai décidé de reprendre le traitement (lithium, tercian, lysanxia ,risperdal et stilnox pour dormir). Et il y a 10 jours je crois, prise de sang pour le lithium et j’ai demandé au cas où de vérifier la grossesse, sachant que je n’ai jamais eu mes règles régulièrement pour une raison que j’ignore…Bref, verdict, enceinte, écho dans la semaine, 8 semaines et demie…. j’ai avorté lundi et je me sens super mal, je culpabilise, je me déteste ….du coup ma psy m’a prescrit du prozac mais c’est dur…J’avais besoin de le partager …. Désolé si c’est le mauvais endroit, je ne sais pas. 

En conclusion, le sujet passe d’une sexualité « normale » à une hypersexualité. Sa valeur sélective (fitness), donc sa capacité à avoir des rapports sexuels et à engendrer, a brusquement bondi. Le sujet est donc indiscutablement devenu un dominant, le temps de sa crise. Noter que le symptôme d’hypersexualité est…un symptôme donc quelque chose, encore une fois, de vaguement répréhensible. Dominique Strauss Kahn troussait tout ce qui bouge et on trouve (trouvait) cela normal. Par contre, un bipo c’est mal, c’est un signe de la maladie. A chaque fois que le bipo est observé c’est avec les lunettes du moralisateur, du « normalisateur » et du psychiatre. Il faut regarder le Bipo avec les lunettes de l’éthologue : analyser son comportement et le lier au phénomène de dominance.

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