Boulimie

 

Boulimie

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La boulimie est un des Troubles des conduites alimentaires, qui se caractérise par un rapport pathologique à la nourriture se manifestant par des ingestions excessives d'aliments, de façon répétitive et durable. Afin de compenser l'excès de calories ingérées, ou afin de se soulager de sentiments tels que colère, dégoût, pression scolaire, etc... la personne boulimique a recours à un ou plusieurs des actes suivants:

  • Provocation du vomissement
  • Utilisation inappropriée de laxatifs et/ou de diurétiques
  • Exercice physique excessif
  • Imposition de restrictions alimentaires de type anorexiques afin de "rééquilibrer la balance".

Sommaire

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Causes [modifier]

Les causes de la boulimie sont complexes et multiples et sont issues d’une combinaison de facteurs émotionnels , comportementaux, psychologiques et sociaux. Ces facteurs sont paradoxalement les mêmes que ceux de l'anorexie mentale, les deux maladies étant fréquemment liées. Un même patient peut souffrir d'une combinaison des deux maladies, ou d'une alternance d'anorexie et de boulimie.

La boulimie peut être isolée en tant que symptôme. Mais elle peut aussi se rencontrer avec d'autres troubles : les syndromes dépressifs, les troubles anxieux de la personnalité, des conduites addictives (comorbidité).

A noter que 30 à 60% des personnes qui souffrent de troubles alimentaires souffrent d'un trouble de la personnalité de type borderline. La boulimie est alors un symptome[1].

Les personnes touchées utilisent souvent la nourriture et le contrôle sur la nourriture afin de trouver un moyen de compensation pour des émotions et des sentiments qui semblent indomptables ou insurmontables.

Pour certains, jeûner, ingérer des aliments d’une manière excessive et se faire vomir peut être comme une façon de surmonter ces émotions difficiles et d’avoir l’impression de maîtriser sa vie.

Finalement, ces comportements vont nuire à la santé physique et psychique.

Abus sexuel et boulimie [modifier]

Waller[2] a montré que 40 femmes boulimiques ayant subi une violence sexuelle dans leur enfance ont des comportements de vomissement et des crises de fringale plus importants que les autres, surtout si l’abus sexuel était intrafamilial, violent et précoce (avant 14 ans). On observe dans ces cas une dévoration compulsive, frénétique et autodestructrice.

Diagnostic [modifier]

Qui est touché ? 

La boulimie est plus fréquente que l'anorexie, et elle lui est souvent associée. Elle touche plus volontiers les femmes que les hommes (9/10), notamment la femme jeune, débutant souvent en fin d'adolescence (18-19 ans), et concerne en France 3% des adolescentes.

Cependant, ces chiffres peuvent être faussés à la baisse du fait de la difficulté à détecter la « boulimie avec purge » (vomissement, lavement,...) qui ne montre pas les stigmates habituelles d'obésité ou de maigreur morbide.

On note une corrélation entre Trouble du Comportement Alimentaire (Boulimie et Anorexie) et Trouble de la sexualité. Une proportion anormalement élevée de cas d'abus sexuel lors de l'enfance et de l'adolescence a été soulignée par plusieurs études épidémiologiques.

Une interprétation psychiatrique voit la boulimie comme une réaction de défense contre la séduction et l'acte sexuel par la déformation du corps (obésité notamment); au contraire de l'anorexie qui viserait les mêmes objectifs en ramenant le corps à l'état prépubère (aménorrhée notamment).

Comment se manifeste la maladie ? 

La boulimie entraîne des comportements compulsifs de consommation de nourriture, en grande quantité, sur un court laps de temps. Les aliments choisis sont assez stéréotypés : aliments très caloriques, volontiers sucrés (gâteaux, crèmes, glaces,...) parfois salés (charcuterie, fromages,...). Le déroulement de la crise est marqué par un début brutal, avec sensation de malaise, de vide, de grande anxiété, que le patient ressent comme particulièrement pénible, et que l'ingestion massive et brutale de nourriture pourra calmer. Ce paroxysme anxieux se solde donc par la crise boulimique proprement dite, avec excès alimentaire, souvent accompagné de culpabilité, de perte de contrôle, et de sentiment de détresse face au trouble et à la honte d'avoir cédé à la pulsion. La crise peut durer jusqu'à ce que le malade ressente de violentes douleurs abdominales, signe que l'estomac est rempli, et signant souvent la fin de la crise. Le patient est alors souvent en prise à un malaise physique (associée à la douleur morale, la culpabilité, la honte) qui se résout souvent par des vomissements volontaires. Ces prises alimentaires sont souvent associées à un maintien du poids, en raison des tactiques de contrôle du poids : vomissements, prise de laxatifs, exercice physique, crise d'anorexie, diurétiques, lavements, médicaments coupe-faim.

Quels sont les critères pour retenir ce diagnostic ?

  • Survenue régulière de crises boulimiques, telles que décrites ci-dessus.
  • Stratégies de maintien de poids.
  • Les crises surviennent au moins deux fois par semaine, pendant au moins 3 mois.
  • L'estime de soi est particulièrement influencée par le poids et la forme corporelle (c'est-à-dire que le patient a des préoccupations excessives pour son poids, ses formes, la nourriture, etc.)
  • Le trouble ne survient pas exclusivement pendant des périodes de boulimie. (sinon, on parle d'anorexie associée à des crises boulimiques)

Complications [modifier]

Des complications parfois graves ont été notées : oesophagite (liée aux vomissements répétés), rupture oesophagienne ou gastrique (par absorption massive d'aliments), des troubles ioniques (en rapport avec l'utilisation de diurétiques ou de laxatifs) pouvant aller jusqu'à des arythmies cardiaques et des complications dentaires. Ces complications peuvent faire prendre conscience au sujet des risques qu'il encourt : par exemple vomir du sang peut être un choc pour le/la boulimique et faire diminuer ses crises. Mais il est possible alors qu'il/elle se tournera vers d'autre addictions pour combler son besoin de à la fois contrôler son corps et sa vie et à la fois les détruire.

Évolutions de la maladie [modifier]

  • Disparition avec le temps mal expliquée [3], le plus souvent, mais non sans souffrance qui doit justifier une consultation spécialisée.
  • Passage à la chronicité : la boulimie perdure[4], avec des rechutes fréquentes, et des risques sérieux pour la santé. Cela pourrait montrer la fixation du sujet sur un ou des évènements non résolus dans sa vie.
  • Apparition d'une dépression, de conduites addictives (drogues, alcool): déplacement du symptôme de la boulimie vers d'autres modes d'expression de la souffrance.
  • Porte d'entrée vers l'anorexie : retournement de la pulsion sur la personne propre et renversement dans le contraire. (Pulsions et destin des pulsions, Métapsychologie, Freud, 1915).
  • Invalidité scolaire, affective, sociale : déplacement du vide ressenti dans d'autres domaines.

Traitement [modifier]

Les aides psychologiques les mieux évaluées sont les psychothérapies cognitivo-comportementales. Les résultats sont encore controversés. Mais elles semblent plus efficaces que des traitements médicamenteux tels que la fluoxétine.
D'autres psychothérapies sont utilisées, mais leurs évaluations comparatives sont encore plus pauvres : psychothérapie psychanalytique ou d'inspiration psychanalytique, thérapies systémiques familiales, psychothérapie interpersonnelle.
On y associe une thérapie nutritionnelle. Mais très souvent les résultats obtenus par celle-ci ne durent pas, ce qui prouve que la boulimie est un symptôme.
Une thérapie qui vise plus particulièrement le trouble de la personnalité sous-jacent à la boulimie donnera plus de résultat. Cette thérapie peut se faire en individuel, mais (comme dans le cas des personnalités alcooliques ou toxicomanes) elle est plus performante lorsqu'il s'agit d'une thérapie de groupe. Il existe également des groupes de soutien, sur le modèle des Alcooliques Anonymes : les Outremangeurs Anonymes. La prise en charge doit aussi favoriser l'insertion sociale, familiale, scolaire. Rarement, des antidépresseurs seront prescrits, pour surmonter un cap particulièrement pénible.

Notes [modifier]

  1. Boulimie et trouble de la personnalité [1]
  2. Waller, Sexual abuse and the severity of bulimic symptoms, Brit.J.Psychiatry, 1992, 161 :90-93.
  3. 50% des patients n'ont plus de symptômes après 5 à 10 ans
  4. 20% des patients présentent encore de la boulimie après 5 à 10 ans de suivi

Bibliographie [modifier]

"Fluoxétine, Boulimie: pas de progrès" et "Boulimie: les traitements symptomatiques sont peu efficaces", in revue Prescrire n0 275, p. 568 et 602 à 607, septembre 2006

  • Anorexie et Boulimie : Journal intime d'une reconstruction de Vittoria Pazalle, Editions Dangles (2007).
  • Denise de Castilla et Christiane Bastin, La boulimie. Mieux se connaître pour en guérir, Coll. Réponses, Paris, Robert Laffont, 1988, 202.

Liens internes [modifier]

Voir aussi [modifier]

Liens externes [modifier]



13/05/2008
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