Ce qu’il faut savoir sur l’addiction au sexe
Ce qu’il faut savoir sur l’addiction au sexe. Pr FLORENCE THIBAUT, professeur de psychiatrie, hôpital universitaire et Université de Rouen/INSERM Article paru dans le Quotidien du médecin en mars 2012. La sexualité et ses normes ont considérablement varié selon les références sociales, culturelles et religieuses des sociétés successives. La notion d’hypersexualité est connue depuis l’antiquité, mais les termes employés pour la qualifier ont varié au cours du temps (nymphomanie, don juanisme, perversion sexuelle pour aboutir aux notions plus récentes et plus médicales de comportement sexuel compulsif ou d’addiction sexuelle). A quand remonte l’étude de ce phénomène par les psychiatres ? Ce n’est que vers la fin du XIXe siècle que les psychiatres ont commencé à s’intéresser à la sexualité et à ses perturbations. Krafft-Ebing a publié la première description médicale des perturbations du comportement sexuel et a décrit l’hypersexualité sous le nom d’hyperesthésie sexuelle. Puis, les psychanalystes se sont intéressés à la question sexuelle et à ses déviances et ont, pendant presque un siècle, permis de mieux appréhender les troubles du comportement sexuel et leur prise en charge. En 1948, Kinsey publie, en interrogeant un échantillon de plus de 5 000 hommes âgés de 30 ans en moyenne, le nombre moyen hebdomadaire d’orgasmes rapporté par ces sujets (rapport sexuel, fellation ou masturbation). Il apparaît ainsi que, dans cette population, un faible pourcentage (7,6 %) déclare un orgasme quotidien pendant une période de cinq années consécutives. C’est tout naturellement à partir de ce que le rapport Kinsey considérait comme étant statistiquement très au-delà de la moyenne que la notion d’hypersexualité a été définie. La notion d’hypersexualité n’inclut en principe qu’une activité sexuelle conventionnelle et écarte donc les comportements sexuels déviants de sa définition. Ces derniers sont actuellement définis par le terme paraphilie. Qu’est-ce que l’hypersexualité ? L’hypersexualité est définie par une fréquence excessive, croissante et non contrôlée du comportement sexuel dont les conséquences sont négatives pour le sujet qui en est atteint. La fréquence d’un tel comportement a pu être évaluée entre 3 et 6 % de la population générale. Ce comportement étant essentiellement l’apanage des hommes (5 hommes pour 1 femme) et débute en général à l’adolescence. La plupart des études publiées insistent sur la fréquente comorbidité de l’hypersexualité avec les troubles anxiodépressifs (la moitié ou les deux tiers des sujets selon les études) et les comportements addictifs (surtout l’alcool). Des troubles de la personnalité de tous types sont également
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