Cinquième Colonne
Cinquième Colonne
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Cinquième Colonne est un film américain d'Alfred Hitchcock sorti en 1942.
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Synopsis [modifier]
Barry Kane (Robert Cummings) ouvrier de l'aéronautique est jugé, à tort, coupable d'un acte de sabotage dans son usine, incendie qui cause la mort de son meilleur ami. Pour prouver son innocence, il entame une course-poursuite acharnée à travers le pays à la recherche du véritable saboteur...
Fiche technique [modifier]
- Titre : Cinquième Colonne
- Titre original : Saboteur
- Réalisateur : Alfred Hitchcock
- Scénario original : Peter Viertel, Joan Harrisson, Dorothy Parker, Alfred Hitchcock (non crédité)
- Producteurs : Frank Lloyd, Jack H. Skirball
- Musique : Frank Skinner
- Photographie : Joseph A. Valentine
- Décors : Robert F. Boyle
- Montage : Otto Ludwig
- Pays d'origine : États-Unis
- Format : Noir et blanc - 1,37:1 - Mono - 35 mm
- Genre : Policier, espionnage
- Durée : 108 minutes
- Dates de sortie : août 1942 États-Unis
Distribution [modifier]
- Robert Cummings : Barry Kane
- Priscilla Lane : Patricia "Pat" Martin
- Otto Kruger : Charles Tobin
- Alan Baxter : Mr. Freeman
- Clem Bevans : Neilson
- Norman Lloyd : Frank Fry
- Alma Kruger : Henrietta Sutton
- Vaughan Glaser : Phillip Martin
- Dorothy Peterson: Md. Mason
- Ian Wolfe : Robert l'homme de maison
- Murray Alper : Mac, le camionneur
- Kathryn Adams : Md. Brown
- Pedro de Cordoba: L'homme squelette
- Billy Curtis : 'Major,' le nain
- Marie LeDeaux : Tatania, la femme de poids
- Anita Sharp-Bolster : Lorelei (Esmeralda)
- Jean Romer : Marigold (Siamoise)
- Lynne Romer : Annette (Siamoise)
Autour du film [modifier]
- Saboteur est le premier film américain d'Hitchcock dont la distribution est entièrement américaine. La base du scénario développée par Hitchcock lui même est jugée médiocre par Selznick qui se dégage de la production. Dès lors le réalisateur retrouve une liberté entravée dans ses précédents essais américains, Selznic étant un producteur très interventionniste.
- La distribution des rôles principaux échappe malheureusement à Hitchcock dont le choix s'était porté sur Gary Cooper et Barbara Stanwyck.
- Compte tenu d'un budget serré, Hitchcock et son chef décorateur Robert Boyle (avec lequel Hitchcock débute une longue et fructueuse collaboration) retrouvent la nécessité d'user de tous les trucages éprouvés durant la période anglaise (usage intensif de caches et maquettes). De fait le film renoue avec le charme singulier des films de cette période. On pense tout particulièrement aux 39 marches dont ce film emprunte clairement la construction. La démonstration la plus probante de la maîtrise de son équipe technique est le final mémorable sur la statue de la liberté.
- Le film est en outre le cadre de nombreuses expérimentations (fausse perspective, mise en image de la chute finale).
- La production du film est perturbée par l'entrée en guerre des États-Unis. Certains plans doivent alors être obtenus avec des bobines d'archives, l'accès aux lieux jugés sensibles étant prohibé. Un des plans les plus mémorables du film est un plan volé à l'actualité, celui du paquebot Normandie couché sur le flan suite à un présumé sabotage. Cet apport d'un Hitchcock opportuniste et réactif est souvent mis en avant pour discuter du bien fondé du mythe du 'film construit le papier' entretenu par le réalisateur.
- La présence singulière de l'auteur Dorothy Parker, très marqué à gauche dans une période où un patriotisme aveugle s'impose, doit être noté car son apport très contrôlé (de nombreuses scènes alternatives furent tournées ou envisagées pour s'arranger ultérieurement avec la censure) est significatif. Sa signature est parfaitement perceptible dans la scène du routier ou le discours de l'ermite aveugle sur les dérives patriotiques et le devoir de se soustraire parfois à la loi.
- La caractérisation des traîtres rend parfaitement compte du soin particulier qu'Hitchcock prenait pour dessiner ses 'méchants' sur lesquels il faisait largement reposer la réussite de ses films. Encore une fois il prend le contre-pied des convenances en les situant dans les classes supérieures, parmi ces gens dont la droiture et l'intégrité sont communément admises. Ce point est particulièrement appuyé dans certaines lignes de dialogues que l'on peut attribuer à Parker.
- Hitchcock releva lui-même plus tard que le suspense final pâtit lourdement d'une erreur de construction : c'est la survie du saboteur qui est en jeu. Erreur qu'il ne reproduira pas dans la scène miroir de La Mort aux trousses.
- Film réalisé durant la période la moins fastueuse du réalisateur qui ne s'est pas encore imposé aux États-Unis, La cinquième colonne n'en reste pas moins un film très important pour Hitchcock du fait de sa réussite commerciale dans un contexte difficile (marché européen fermé). Première étape dans l'affirmation de sa singularité et de son indépendance qu'il concrétisera l'année suivante avec le même producteur indépendant (le rabbin Skirball qui libère le réalisateur de l'emprise des studios). C'est en effet avec L'Ombre d'un doute, film très cher au cœur du cinéaste, qu'Hitchcock s'épanouit enfin en tant que ‘réalisateur américain’.
- Si le film pourtant très réjouissant ne s'impose pas comme un grand Hitchcock, il en incombe assurément à son couple de vedettes (couple imposé au réalisateur, sur lequel misait alors le studio) qui, si il ne démérite pas, échoue à apporter au film la dimension d'un film de prestige. Leur rayonnement qui ne dépassera pas les frontières américaines s'est depuis totalement éteint. Robert Cummings (que l'on retrouvera dans Le crime était presque parfait) œuvrera beaucoup pour la télévision. La carrière de Priscilla Lane tournera très court.
- Caméo: à la 60ème minute dans une rue de New York lorsque la voiture du saboteur s'arrête.