Comportement sexuel à risque

 

 

 

 

Comportement sexuel à risque

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La notion de « comportement sexuel à risque » désigne l'ensemble des comportements sexuels induisant une prise de risque pour la santé (individuelle ou publique) ; que la prise de risque soit « délibérée » et « consciente » ou non.
Ce concept fait aussi référence à des notions de « choix » en situation incertaine[1], de prévention (médecine préventive...) et de responsabilité (individuelles et collectives).

Sommaire

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Prévalence des comportements à risque[modifier]

Certaines pratiques à risque semblent en augmentation régulière, notamment chez les adolescentes et jeunes adultes, mais leur évaluation précise reste délicate.
Il existe en effet des différences entre les comportements auto-déclarés et la réalité, ainsi qu'en termes de perception et évaluation des risques par l'individu.

Les enquêtes ou l'auto-évaluation présentent souvent des biais ayant des explications diverses, allant du niveau d'alphabétisation du participant et de compréhension qu'il a de la terminologie utilisée par l'enquêteur sur les comportement aux problèmes posés par divers préjugés socio-culturels et des biais d'auto-présentation ou de stigmatisation de certains comportements ou patients, y compris par les médecins parfois[2], en passant par les difficultés de certains sous-groupes à identifier les symptômes de certaines MST[3]. Les conditions de confidentialité peuvent aussi modifier les réponses[4] [5] [6].

  • La validité des données autodéclarées concernant les pratiques sexuelles à risque est évaluée par le taux de réponses concordantes obtenues auprès des partenaires sexuels, ainsi que par des mesures statistiques plus objectives de risque (tels que l'incidence de la grossesse, du VIH ou d'autres MST quand elles sont connues[4] [5]
  • Les enquêtes anonymes faites sur les comportements à risque via l'internet ou un ordinateur pourraient accroître le sentiment de non-atteinte à la vie privée, et réduire les biais lis aux préjugés et à l'auto-présentation qui existent face à un enquêteur de visu ou au téléphone[7]. Une analyse trop étroitement rationnelle [8].

Nature du risque[modifier]

L'expression "comportement à risque" désigne dans ce contexte (celui de la sexualité) généralement principalement les « rapports sexuels non protégés », le risque étant les maladies sexuellement transmissibles (MST) potentiellement acquise via le contact sexuel et/ou via des rapports anaux non protégés ; Les dangers sont ici les virus, bactéries et blessures pouvant être acquises lors des relations sexuelles.
Cette expression peut aussi englober d'autres risques dont

  • risque de grossesse non désirée (le taux de grossesse (et d'avortement) reste élevé chez les jeunes filles, voire très jeunes filles dans de nombreux pays, dont pays riches comme la Grande-Bretagne). Les viols, pouvant également conduire à des grossesses, restent fréquents dans certains pays (Afrique du sud notamment) ;
  • risque de rapports sexuels non-consentants et/ou avec violence.

Facteurs de risques[modifier]

Ils sont nombreux. Dans tous les cas la notion de risque est à moduler selon des facteurs complexes incluant l'âge, la santé et l'expérience des partenaires, d'éventuelles vulnérabilités individuelles (déficience immunitaire par exemple), l'importance, la fréquence, l'intensité, le caractère et le cumul des pratiques à risque, et bien entendu selon l' « importance» (gravité) de la prise de risque ;
On peut regrouper les risques en deux catégories, selon qu'il sont liés aux pratiques elles-même, ou aux partenaires impliqués :

Risques liés au comportement :

  • Ils sont induit par le type de pratique en cause (ex : la sodomie non protégée, et toutes les pratiques de « hard »-sex du registre sado-masochiste quand il y a « passage à l'acte ») sont a priori beaucoup plus « à risque » qu'une relation "classique" et protégée, ou les jeux utilisant des sextoys ou les masturbations réciproques effectuées dans de bonnes conditions d'hygiène.

Risques liés au partenaire amoureux (ou autre « partenaire sexuel ») : Le partenaire peut être homo-, hétéro-, mono- ou bi-sexuel, plus ou moins « fidèle », toxicomane ou alcoolique, etc. Son état de santé est connu ou non, de lui-même ou de son partenaire...
On admet qu'il existe des partenaires à risque, et que le risque est potentiellement plus élevée avec des partenaires occasionnels ou inconnus, fidèle ou non, etc.
Du point de vue épidémiologique, l'histoire individuelle du partenaire et celle des partenaires qu'il a pu avoir antérieurement a une importance ;

  • l'âge est un facteur de risque en soi, en raison de l'absence d'expérience (que l'éducation sexuelle[9] ne peut que partiellement remplacer) et parfois d'une difficulté à gérer l'émotion et l'excitation sexuelle propres aux premières relations sexuelles et/ou amoureuses ;
  • les croyances en certaines idées reçues augmentent le risque (ex : Le coïtus interruptus à tort considéré comme une pratique qui n'est pas une pratique sûre, même contre la grossesse ; l'idée qu'un partenaire n'ayant jamais eu de relations sexuelles est "sûr" (il peut avoir été contaminé par une injection de drogue..). Associées à certaines conditions (ivresse, dépression, certaines dynamique de groupe...), elles peuvent aussi augmenter le « risque acceptable »[10] ;
  • la toxicomanie, surtout avec injections de drogues (pratiques à risques connues pour la transmission du VIH et du VHC notamment) est un facteur de risque, même quand il n'y a pas usage de seringues, en raison d'une baisse induite de l'immunité et du niveau de vigilance ;
  • L'utilisation de drogues dites "récréatives" (dont les boissons alcoolisées) facilitent et la prise de risques, notamment dans les pratiques sexuelles ;
  • la prostitution et toutes les formes de sexualités contraintes sont a priori source de risque plus importants pour la santé ;
  • certains usages des nouvelles technologies de l'information et de la communication (ex : minitel rose, puis sites internets similaires) sont des sources de risques pour les enfants, et de risques de détournement à fins de traite ou exploitation sexuelle[11]

Prévention[modifier]

Le préservatif masculin (condom) est le moyen le plus utilisé pour protéger un rapport sexuel des maladies sexuellement transmissibles (MST) et d'une grossesse non désirée
Préservatif féminin, déployé, moins utilisé, mais également efficace
  • Elle passe d'abord par l'évitement des idées reçues, par une bonne éducation sexuelle et par l'accès des jeunes, de manière anonyme s'ils le souhaitent, au conseil, à la santé reproductive et moyens de gérer ces risques (ex Planning familial) ; l'éducation et l'information sexuelles permettent aux partenaires d'adapter leur comportement au risque, voire de développer de nouvelles valeurs, notamment en cas d'apparition de maladies émergentes sexuellement transmissibles (ex VIH/SIDA apparu en tant que pandémie mondiale à la fin du XXème siècle)[12]. Les partenaires doivent être en capacité de pouvoir diminuer les contacts avec le sang, les sécrétions vaginales, le liquide séminal et le sperme en cas de risque avéré ou potentiel (ex : préservatif, et digue dentaire (pour préserver la bouche lors de pratiques de cunnilingus et d'anulingus).
    Dans un contexte de risque, des pratiques dites d' outercourse, c’est-à-dire d'activité sexuelle n'impliquant pas la pénétration, ou des pratiques basées sur l'utilisation prudente de jouets sexuels permettent une sexualité riche et épanouie.
  • la libre disponibilité de moyens de protection tels que préservatifs masculins et/ou féminins dans l'environnement des jeunes et des adultes.
  • l'accès à l'hygiène intime et hygiène corporelle
  • En cas de risque avéré ou probable (ex : l'un des partenaires sait qu'il est porteur d'une MST, ou pense qu'il risque de l'être), des techniques dites de Sécuri-sexe (safe-sex pour les anglophones) vont de l'utilisation prudente du préservatif à la limitation du nombre de partenaires, en passant par des pratiques sexuelles n'impliquant pas de pénétration.
  • l'utilisation de préservatifs de qualité, et de gel lubrifiant adapté est un moyen de réduire les risques pour la santé, et d'augmenter le plaisir de la relation sexuelle.
  • La prévention, mais aussi les enquêtes de dépistage du risque sont parfois compliquées par certains contextes sociaux-familiaux, politiques ou religieux inhibés face à la sexualité et à ses variantes, à des maladies telles que le SIDA ou à des phénomènes tels que l'alcoolisme et la drogue. Le risque est alors que des problèmes restent longtemps cachés et ensuite plus difficile à traiter.
  • la lutte contre les violences sexuelles (le viol en particulier) et la répression sexuelle
  • Une identité sexuelle acceptée par l'entourage et bien vécu est souhaitable ; une identité mal vécue augmente la vulnérabilité face à de nombreux risques, et augmente le risque suicidaire[13].
  • une meilleure prise en compte de populations vulnérables (en milieu carcéral notamment)

Cependant, comme dans d'autres secteurs de la prévention sanitaire, « les recherches ont confirmé qu'une amélioration du niveau d'information sur le risque n'est clairement pas une condition suffisante pour provoquer des modifications de comportements individuels tendant à diminuer celui-ci » [8], car l'exposition nulle au risque et à la recherche de la sécurité absolue sont pris en compte dans les comportement des individus[8].

Limites de la prévention[modifier]

Selon les modèles dominants dans les régions industrialisées à la fin du XXème siècle [14] (principalement issus du monde de l'économie, et notamment de la théorie de l'utilité espérée[15]), les facteurs de motivation « sanitaire »[16] des comportements (et donc des changements de comportements) seraient ceux de la « motivation générale face à la santé » («General Health Motivation»), notamment liés à

  • la conscience du risque ;
  • la présupposition qu'il y a une certaines aversion pour le risque ;
  • la présupposition que l'on adopte volontiers un comportement rationnel face au risque (présupposé contesté[17]) ;
  • la perception de la susceptibilité individuelle (de soi et des partenaires) à la maladie ou à d'autres risques ;
  • la perception de la gravité de la maladie ou d'autres risques ;
  • la perception du bénéfice des comportements rationnels de prévention  ;
  • la perception des barrières (coûts physiques, économiques et psychologiques) à adopter un comportement de prévention ;
  • un degré suffisant de certitude quant à l'efficacité de la prévention ;
  • des facteurs contextuels sociodémographiques sociopsychologique...

Ces facteurs combinés sont réputés être prédicteurs d'une modification des comportements favorable à un comportement limitant les risques[18].

En réalité les modèles qui se rapprochent le plus de la réalité doivent « surpondérer » les facteurs qui sont probablement les mieux « cachés » par les individus (idées reçues, appel à la prostitution, viols, drogue ou incestes non déclarés, etc.) tout en cherchant à mieux prendre en compte les aspects contextuels et individuels (évaluation subjective des gains, de la satisfaction et des risques) propres au contexte émotionnel de l'amour et de la sexualité. Or, le sentiment amoureux et la sexualité varient beaucoup selon les époques et les cultures. Ils évoluent aussi au cours de la vie de chacun. Et, notamment chez les jeunes, ils sont rarement basés sur des stratégies d'anticipation, la rationalité et les calculs faisant primer la sécurité[19].

En outre, s'il y a accord sur le fait que les effets de présentation des messages influencent les choix des acteurs, des débats existent sur la nature des messages et illustrations à diffuser lors des campagnes de prévention ;
Deux tendances coexistent et s'opposent ou parfois se complètent :

- la première tendance souligne les aspects positifs de la prévention et notamment l'aspect rassurant du préservatif (Solamar and Dejong, 1986), mais fait l'impasse sur ce qu'il permet d'éviter, laissant un non-dit et éventuellement un sentiment de dissonance cognitive ;
- la seconde tendance est de vouloir accroitre la perception du risque, en diffusant une information plus claire (mais plus « crue », et donc éventuellement anxiogène, « culpabilisante » ou risquant de « choquer » les plus jeunes), en cherchant à entretenir un «niveau modéré de peur» afin que la vigilance ne diminue pas sans être contre-productif[20].
Des débats similaires existent dans le domaine de la sécurité routière, ou de la lutte contre l'alcoolisme ou le tabac, avec la différence qu'il y a dans ce cas à la fois un produit, une addiction et un objet marchand en jeu.

Remarque : dans le cas des MST, deux niveaux de préventions sont nécessaire, le premier visant à éviter l'infection, et le second visant, pour ceux qui sont infectés à évite la transmission à d'autres, avec la difficulté que dans certains cas (SIDA par exemple) le temps de déclaration de la maladie peut être long [21].

Voir aussi[modifier]

Articles connexes[modifier]

Liens externes[modifier]

Bibliographie[modifier]

  • Wilhelm Reich, La lutte sexuelle des jeunes, Maspero, 1972.
  • Jean Cohen et al., Encyclopédie de la vie sexuelle, Hachette, 1973.
  • Dominique Wolton, Le nouvel ordre sexuel, Seuil, 1974..
  • A Léobon La sexualité bareback: d'une culture de sexe à la réalité des prises de risque 2005 - crips.centredoc.fr
  • Becker (M.H.) (1974). «The health belief model and personal health behavior», Health Education Monographs, 2 : 220-243.
  • Hellinger (F.J.) (1989). «Expected utility theory and risk choices with health outcomes», Medical Care, 27 : 273-279
  • Loomes (G.) and Sugden (R.) (1982). « Regret theory : an alternative theory of rational choice under uncertainty Regret theory : an alternative theory of rational choice under uncertainty] », Economic Journal, 92 : 805-824

Références[modifier]

  1. pour Knight (1921), il y a une différence importante entre risque et incertitude : le risque caractérise des situations dans lesquelles des probabilités objectives sont affectées aux différents événements possibles, ce qui n'est pas le cas pour les situations incertaines
  2. Kelly (J.), Lawrence (J.), Smith (S.) et al. (1987). « Stigmatization of Aids patients by physicians », American Journal of Public Health, 77 : 789-791
  3. Niranjan Saggurtia, Stephen L. Schensulb, Ravi K. Vermac, "The interrelationship of men's self-reports of sexual risk behavior and symptoms and laboratory-confirmed STI-status in India", AIDS Care: Psychological and Socio-medical Aspects of AIDS/HIV 23(2): 163-170, 22,Jan,2011
  4. a et b K. E. E. Schroder, A. D. Forsyth, M. P. Carey, and P.A. Vanable (2003). "Methodological Challenges in Research on Sexual Risk Behavior: II. Accuracy of Self-Reports" ; Annals of Behavioral Medicine 26 (2): 104–123. doi:10.1207/S15324796ABM2602_03 ; PMC 2441938 ; PMID 14534028 [archive]
  5. a et b L. S. Weinhard, A. D. Forsyth, M. P. Carey, B. C. Jaworski, and L. E. Durant (1998). "Reliability and Validity of Self-Report Measures of HIV-Related Sexual Behavior : Progress Since 1990 and Recommendations for Research and Practice" ; Archives of Sexual Behavior 27 (2): 155–180. Doi:10.1023/A:1018682530519  ; PMC 2452986 ; PMID 9562899 [archive]
  6. N. D. Brenner, J. O. G. Billy, and W. R. Grad (2003). "Assessment of factors affecting the validity of self-reported health-risk behavior among adolescents: Evidence from the scientific literature". Journal of Adolescent Health 33 (6): 436–457 ; doi:10.1016/S1054-139X(03)00052-1
  7. D. Morrison-Breedly, M. P. Carey, and X. Tu (2006). "Accuracy of Audio Computer-Assisted Self-Interviewing (ACASI) and Self-Administered Questionnaires for the Assessment of Sexual Behavior" . AIDS and Behavior 10 (5): 541–552. Doi:10.1007/s10461-006-9081-y  ; PMC 2430922 ; PMID 16721506 [archive]
  8. a, b et c William Dab , Nathalie Beltzer , Jean-Paul Moatti, Les modèles d'analyse des comportements à risque face à l'infection à VIH : Une conception trop étroite de la rationalité [archive] - Population (French Edition), 1993 ; Vol48, n° 5 ; pp. 1505-1534
  9. Émile Durkheim, Sur l'éducation sexuelle, Paris, Payot, coll. Petite Bibliothèque Payot, 2011 (ISBN 978-2-228-90680-7)
  10. Fischhoff (В.), Lichtenstein (S.), Slovic (P.) et al. (1981). Acceptable risk, New- York : Cambridge University Press.
  11. W Roland, Nouvelles technologies de l'information en matière de traite ou aux fins d'exploitation sexuelle : pratiques et risques - Actes provisoires des actes, 1999
  12. M Pollak… Les homosexuels français face au sida. Modifications des pratiques sexuelles et émergence de nouvelles valeurs [archive] ; Anthropologie et sociétés, 1991 - erudit.org
  13. De nombreuses études attestent du lien entre homosexualité et suicide (http://www.refdoc.fr/Detailnotice?idarticle=24121589 [archive]), le risque étant augmenté en cas de sentiment de rejet (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20665326 [archive])
  14. Janz (N.K.) & Becker (M.H.) (1984). «The health belief model : a decade later», Health Education Quarterly, 11 : 1-47.
  15. Thèse de Jérome Villion, extrait : Chapitre 1 : La Théorie de l’utilité espérée et sa remise cause [archive]
  16. Leventhal (H.) (1973). Changing attitudes and habits to reduce risk factors in chronic disease, American Journal of Cardiology, 31 : 571-580.
  17. Allais (M.) (1953). «Le comportement de l'homme rationnel devant le risque : critique des postulats et axiomes de l'école américaine», Econometrica, 21 : 503-546.
  18. Ekstrand (M.), Coates (T.) (1990). «Maintenance of safer sexual behaviors and predictors of risky sex : the San Francisco's Men's Health Study», American Journal of Public Health, 80 : 973-977
  19. Tversky (A.), Kahneman (D.) (1974). «Judgment under uncertainty : heuristics and biases», Science, 185 : 1124-1131.
  20. Job (R.F.S.) (1988). «Effective and ineffective use of fear in health promotion campaigns», American Journal of Public Health, 78 : 163-167.
  21. Coates T.J. (1990). «Strategies for modifying sexual behavior for primary and secondary prevention of HIV disease », Journal of Consulting and Clinical Psychology, 58 :57-69


22/04/2013
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