DEPRESSION - Une maladie différente ?

 

DEPRESSION
Une maladie différente ?

Dr H. Raybaud

NB NB NB NB
Les troubles bipolaires représentent une partie des syndromes dépressifs.
Dans sa forme atypique le diagnostic demeure difficile mais doit être de principe évoqué en particulier en l'absence d'éléments déclenchants (réactionnels) et par a recherche d'antécédents familiaux souvent présents.
Toutes les addictions doivent également soulever la question.
Plus d'informations : Les troubles bipolaires

La dépression est une maladie et dont le traitement est soumis à plusieurs handicaps.
  • La honte. Autrefois c'était la Tuberculose, de nos jours c'est la Dépression.
    Chaque époque a sa maladie honteuse.

  • La Faiblesse. Etre déprimé c'est avoir le sentiment d'être un faible donc un minable (cf honte).
    Son corollaire est "je vais m'en sortir tout seul, par la volonté ".
    C'est faux ! La guérison d'une dépression n'est jamais " liée à la volonté".
    Elle peut guérir " spontanément " si les circonstances qui l'ont déclanchée se corrigent ou simplement s'estompent avec le temps mais la volonté n'y est pour rien.
    Il existe des pans essentiels de notre Moi qui sont indépendants de notre volonté.
    Voyez la sexualité, on ne bande pas à volonté mais par un phénomène régit par l'érotisme, le désir ou l'amour. Et ce qui est érotique pour moi ne l'est peut être pas pour vous.
    La volonté viendra plus tard.

  • La Culpabilité vient ensuite compléter le tableau.
    Je suis faible, je n'arrive pas à m'en sortir par la volonté et je culpabilise.
    Logique ! Comme en mathématique, à partir d'un postulat même faux on peut construite un univers parfaitement cohérent et logique. C'est pas pour ça qu'il est vrai.

  • L'isolement
    Que le sentiment d'isolement soit purement psychique (personne ne me comprend) ou qu'il soit aggravé par un isolement physique (pas de famille, d'ami, de conjoint, etc..) il fait très souvent parti de la dépression.
    Par honte, par culpabilité le sujet dépressif n'a pas la capacité à aller vers les autres et refuse généralement les contacts (repli sur soi-même) et le traitement
    Rompre l'isolement, c'est faire le premier pas.

  • L'incompréhension. L'entourage ne comprend pas, même avec la meilleure volonté (encore !) du monde.
    Il peut également apparaître un phénomène inconscient de rejet parmi les proches. C'est pas facile pour eux non plus. Peut-être culpabilisent-ils eux aussi !!!
    S'il ne l'a pas connu, personne ne peut imaginer ce trou sombre aux parois lisses dans lequel le dépressif est plongé.
    " Fait un effort, reprend toi, il y des bien plus malheureux que toi, etc... ". Les conseils fusent, accroissent la culpabilité et la lumière diminue encore et encore et encore...

  • La désinformation. De la " pilule du bonheur (chère aux journaleux) aux conseils " du fils de la concierge dont la petite amie travaille à l'hôpital " ( référence oblige ) qui conseille le traitement XX plutôt que YY. Tout le monde donne son avis d'expert.
    Politique et Médecine sont les deux mamelles des fins de repas plus ou moins avinées.

  • Maladie globale. Quand on a une hépatite on peut supposer que les reins vont bien et inversement.
    Dans la dépression rien ne va ! la digestion, la libido, l'appétit, le sommeil, la mémoire, le coeur, la thyroïde, etc... Tout déconne.
    Bien sur les troubles sont fonctionnels ( pas imaginaires mais fonctionnels càd mauvais fonctionnement bien réel comme un moteur en bon état qui cafouille parce mal réglé...) et la somatisation est une des grandes expressions de la dépression
    C'est aussi, souvent, un moyen de se cacher la vérité de la dépression.
    En Afrique, exemple, cette dépression pourra être "expliquée " par un sort. Globalement, c'est pas bête du tout : pas de culpabilisation puisque la source du problème est extérieure....

  • Le suicide. A noter que s'il est réussi, c'est l'handicap majeur pour le thérapeute
    Dans la dépression, l'apparition de pensées ou d'envies suicidaires sont fréquentes, habituelles et normales.
    La folie ne vous guette pas ! Probablement, dans la même situation mon sentiment serait le même.
    A un instant précis, le suicide semble être LA solution idéale voire la seule solution possible.
    Le problème est que le suicide est la solution " sans futur c'est à dire définitive, sans possibilité de retour et prise à un instant précis pour une situation généralement provisoire.
    Du fait de la maladie, alors que la moindre décision est un calvaire, celle de mourir peut envahir l'esprit.
    Je sais, c'est facile pour moi, tranquillement à mon bureau, d'écrire que ce n'est pas la bonne solution. La souffrance des autres reste lointaine et théorique. Pourtant, ce n'est pas LA SOLUTION.
    Ce n'est pas non plus de la lâcheté ni du courage. Ce serait plutôt un leurre, un piège, un mythe, un artefact, bref un quelque chose directement produit par la maladie.
    Comme la grippe donne la fièvre, la dépression engendre le risque suicidaire. En traitant l'un, on corrige l'autre
    Voir également : Suicide
  • Les possibilités de traitement
  • Les médicaments. les drogues, les pilules du bonheur, etc...
    Voir faiblesse : prendre un traitement c'est reconnaître être un faible...
    On se trompe de cible.
    La dépression crée un handicap majeur à gérer une crise ( comme 40°C de fièvre pour passer un examen).
    Le but du traitement c'est pas de passer l'examen, c'est de récupérer ses capacités habituelles à gérer une crise
    Le traitement ne résoud pas le problème mais essaye d'éliminer le handicap psychologique que représente la dépression.

  • Psychothérapie : au début était le verbe et depuis les emmerdements
    Une psychothérapie de soutien est toujours nécessaire. L'écoute, l'empathie et le verbe
    Un divorce, un décès peuvent déclancher une dépression. Il faut la traiter.
    Ne "psychiatrisons" pas tous les problèmes mais à l'inverse, ne les négligeons pas.

  • Les psychiatres : comment peut-on être psy ?
    Faute avouée.... je suis de mauvaise foi mais j'ai connu suffisament d'expériences " douteuses " pour ne pas être objectif.
    Voir à ce sujet : Dépression et Psychiatres
    Voir également :Dépression : Ras le Bol Dépression et douleur, même combat
    Voir également : Dépression: je suis Con

  • CONTACTS
    ---- Je rappelle à mes amis psychiatres qu'ils ont ICI droit de réponse.
    ---- Je souligne que vous, patients vous avez également la parole ICI


  • LES 12 COMMANDEMENTS DE LA PRISE EN CHARGE
    Dr Victor S. Lille

    La prise en charge d'un patient déprimé répond à des objectifs et à des règles précises qui en font une vraie démarche psychothérapeutique médicalisée. Cette démarche repose sur un certain nombre de principes que deux psychiatres, L. Waintraub et F. Rouillon, ont regroupé au sein d'une charte de la relation au déprimé dont voici le résumé.

    • 1. Adopter vis-à-vis du malade une attitude empathique et chaleureuse (ni neutralité ni implication émotionnelle excessives).
    • 2. Rassurer le patient sur le caractère pathologique mais curable de son trouble lorsque le diagnostic de dépression a été porté.
    • 3. Etablir une véritable relation thérapeutique, définir clairement les rôles du patient comme du thérapeute, sans perdre le caractère interactif du dialogue.
    • 4. Déculpabiliser rapidement le patient en s'appuyant notamment sur des explications médicales concernant la dépression.
    • 5. Considérer les plaintes du patient comme des symptômes pathologiques témoins du trouble dépressif et non d'emblée comme des signes à interpréter dans une optique psychodynamique.
    • 6. Expliquer au patient sa maladie et l'expression qu'elle peut avoir, son évolution et les principes, les avantages et les contraintes possibles de son traitement.
    • 7. Réfuter de manière convaincue les " rationalisations " morbides liées à la maladie : inéluctabilité de la solitude, du vieillissement, etc.
    • 8. Evaluer la gravité de la dépression et le risque suicidaire. Savoir envisager l'utilité et/ou l'urgence d'une hospitalisation.
    • 9. Impliquer l'entourage dans le déroulement des soins en l'informant. Savoir faire la part, pour expliquer des conflits, entre ce qui est secondaire à la dépression et ce qui lui est antérieur.
    • 10. Savoir laisser le patient s'exprimer " largement " dans un objectif de compréhension du sujet et de son histoire et dans un but de soulagement immédiat de sa souffrance psychique.
    • 11. Apprécier l'évolution ultérieure par des consultations hebdomadaires puis mensuelles et aider, voire inciter, progressivement le patient à reprendre ses activités dès que possible.
    • 12. Informer le sujet sur le fait que le traitement médicamenteux est la base indispensable de la thérapeutique dans un premier temps, mais savoir juger de l'opportunité, dans un second temps, d'entreprendre un traitement psychothérapeutique.
    Dr C. M.
    D'après " la Charte du patient déprimé ", élaborée par Lionel Waintraub et Frédéric Rouillon. " Les troubles dépressifs ". Editions John Libbey EUROTEXT, 1997

    Conclusion provisoire
    Ceci dit, j'avoue que quand Madame XXXX ( mari alcoolique qui la cogne, l'ainé mongolien, le cadet en prison pour trafic de drogue ) vient se plaindre d' un petit coup de blues parce que sa fille fait la pute ( ou a épousé un psychiatre... Encore ? ) et qu'elle n'a plus un rond pour payer le loyer, je me sens un peu désarmé....

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    27/10/2007
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