Dyskinésies tardives chez les sujets âgés mis sous neuroleptiques
Dyskinésies tardives chez les sujets âgés mis sous neuroleptiques
(A. Bottéro)
261 patients âgés de plus de 55 ans, qui avaient été mis sous neuroleptiques pour des motifs variés, ont été suivis
au point de vue de l’apparition de mouvements anormaux, et notamment de dyskinésies tardives (DT), sur une
longue période (comprise entre trois semaines et sept ans et demi). Il se confirme, à l’issue de ce suivi évolutif,
que le risque de dyskinésie tardive est bien majeur dans cette tranche d’âge : 25 % des sujets présentent des
dyskinésies tardives dès la première année de leur traitement neuroleptique, 34 % après deux ans et 53 % après
trois ans ! Quatre facteurs de risque associés ont pu être identifiés : 1) un antécédent de sismothérapie, 2) les
posologies quotidiennes de neuroleptiques les plus élevées, 3) la dose totale de neuroleptique reçue, 4) la
présence de signe extrapyramidaux dès le début du traitement. Lorsque ces divers facteurs sont contrôlés, on ne
retrouve aucune différence en fonction du diagnostic – mis à part les troubles thymiques et les états démentiels
d’origine vasculaire – deux pathologies qui se confirment être les plus exposées aux dyskinésies tardives. Qu’un
antécédent de sismothérapie apparaisse comme un facteur de risque pourrait d’ailleurs simplement refléter la
plus grande susceptibilité des troubles thymiques aux DT. A noter qu’homme et femme encourent un risque égal,
et que l’âge n’est pas en soi un facteur de risque supplémentaire. Enfin l’utilisation d’un anticholinergique
n’apparaît pas non plus pertinente. Bref il faut retenir que le risque de dyskinésies tardives, lorsqu’on recourt à
un traitement neuroleptique au delà de 55 ans, est de trois à cinq fois plus élevé que chez le sujet jeune – même
si les posologies employées sont plus faibles et les traitements moins longs, à mesure que l’on avance en âge. Le
prix à payer des neuroleptiques est décidément bien lourd chez le sujet âgé…