Effet pervers

Effet pervers

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On nomme effet pervers un résultat non désiré et fâcheux d'une action qui se retourne contre les intentions de ceux qui l'ont engagée, selon la formule « l'enfer est pavé de bonnes intentions ».

Il peut se traduire par :

  • soit de simples difficultés et obstacles pour atteindre le résultat (loi de Murphy)
  • soit un résultat contreproductif et désastreux, opposé à celui recherché (effet boomerang)

Ces résultats « contreproductifs », ces « dommages collatéraux », « effets secondaires » et « conséquences non désirées », sont nombreux, tant dans la vie courante, que dans les domaines concernant la société : politique, économique, du managérial, social, juridique, militaire, culturel, etc.

On notera :

  1. que tous les résultats non désirés et autres effets imprévus ne sont pas forcément fâcheux.
    • Certaines découvertes utiles (pénicilline et aussi... tarte tatin ou bêtise de Cambrai) ont été faites « par accident », voire « par erreur », en contradiction avec l'objectif initial ou la procédure considérée normale (sérendipité). Il ne s'agit pas alors d'effets pervers.
    • Par ailleurs certaines actions peu performantes par rapport aux objectifs peuvent avoir des retombées positives « à quelque chose malheur est bon » pour rester dans le domaine des proverbes
  2. que l'effet pervers est distinct des sacrifices nécessaire à l'action (« on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs ») et autres dommages collatéraux prévisibles et prévus (par exemple dans le cadre des actions de guerre).

Sommaire

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Causes [modifier]

Le fonctionnement est en général le suivant : on établit qu'une action va avoir un résultat heureux. Malheureusement, on oublie souvent que ce résultat n'est obtenu que toutes choses égales par ailleurs, or, très souvent, l'action a pour effet de modifier les conditions initiales, de sorte que le résultat obtenu est différent de celui prévu.

Les effets pervers peuvent être dus

  • à des travers cognitifs et émotionnels relevant de la psychologie sociale,
  • à des éléments ignorés au moment de la décision, que cette ignorance soit générale (les connaissances étant insuffisantes) ou seulement limités au cercle décisionnaire (qui ignore les avertissements clairement énoncés de gens mieux avertis) .

Certains effets pervers sont clairement identifiés

  • l'effet d'aubaine : une proposition prévue dans un certain cadre attire des gens qui n'étaient pas censés en profiter, ce qui multiplie les dépenses par 10 ou 100, sans effet sur le résultat. Par exemple, le guide Michelin est resté gratuit (publicité pour la marque doublée d'une incitation à consommer du pneu pour se rendre aux tables qui « méritent un détour » ou « valent le voyage ») jusqu'à ce que l'un des directeurs de Michelin découvre que certains garagistes les utilisaient comme cales à bon marché pour leurs voitures en réparation.
  • l'effet d'éviction : l'action nouvelle a pour effet de rendre inefficace une autre action antérieure, au lieu d'y ajouter son effet (typique en matière commerciale : le nouveau produit se substitue à un ancien, au lieu d'élargir le marché).
  • l'adaption ou effet de sélection. Typique en matière fiscale, à l'exemple de l'impôt sur les portes et fenêtres qui conduisit à boucher nombre de ces ouvertures, ou de la taxe à l'essieu.

La vérité des prix est souvent - dans les quelques cas où on peut l'appliquer - un bon obstacle aux effets pervers et aux gaspillages. L'expérience de la taxe à l'essieu montre cependant que cette vérité des prix subit sur le long terme des coups de pouce qui lui ôtent beaucoup de son utilité.

Exemples [modifier]

Ajustement de tarifs [modifier]

Lors de la crise pétrolière de 1973, la France décida de moins répercuter la forte augmentation de facture pétrolière sur l'électricité industrielle, outil de compétitivité économique, que sur l'électricité domestique consommée par les citoyens. La mesure était a priori excellente. On s'aperçut toutefois au bout de deux ans que le coût de fabrication de l'aluminium était essentiellement celui de l'électricité servant à électrolyser l'alumine. Si cette électricité était vendue par un artifice comptable en dessous de son prix de revient, l'industrie métallurgique française - qui exportait une grande partie de sa production - exportait donc indirectement de l'énergie transformée, et à perte. Le problème fut heureusement corrigé, mais aurait pu passer inaperçu pendant des années, s'amplifiant même (autre effet pervers !) du fait que l'aluminium français devenait pour le coup étonnamment compétitif sur le marché international.

Voir aussi : Vérité des prix

La vitre brisée de Frédéric Bastiat [modifier]

Article détaillé : sophisme de la vitre brisée.

Casser une vitre n'est pas en général une opération intentionnelle, mais on lui attribuait parfois des effets bénéfiques ("faire marcher l'industrie"). Frédéric Bastiat mit en évidence dans son célèbre essai Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas qu'il n'en était rien et que même le bris de cette vitre avait son effet pervers, à savoir que s'il encourageait de façon visible l'industrie du verre, il retirait de façon invisible la somme correspondante à tout autre emploi, se traduisant par une perte et pour le propriétaire de la vitre et pour l'industrie en général.

Voir aussi [modifier]



27/08/2007
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