Failles psychologiques chez les cyclothymiques

 

 

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Failles psychologiques chez les cyclothymiques

 

1/01/2009

Bipo / Cyclo > Bipolarité adulte > Cyclothymie

La cyclothymie comporte des dimensions pathologiques qui opèrent comme des ˮcascadesˮ émotionnelles qui deviennent pathologiques.

Dimension et faille psychologique

Ces dimensions constituent les ˮfaillesˮ dans la vie émotionnelle et relationnelle de la personne. En effet, l’hypersensibilité, la sensorialité excessive, l’hyperréactivité, l’intensité affective, l’instabilité et l’impulsivité constituent les dimensions basiques de la cyclothymie. Ces dimensions sont profondément ancrées dans la personnalité et se manifestent de manière constante et de manière particulière dans les situations de stress, de menace, de frustration, de joie extrême, de conflit avec les autres.

Ces dimensions sont donc sous-jacentes aux failles ; celles-ci sont en fait la résultante des dimensions de la cyclothymie. On peut voir ces ˮfaillesˮ comme des réactions psychologiques légitimes pour gérer la cyclothymie.

Mais en réalité, ces réactions de défense deviennent à leur tour de véritables problèmes.



Ce qui est visible, donc, ce sont les "failles"et non les dimensions qu’il convient de connaître et de cibler avec des traitements chimiques spécifiques (thymorégulateurs). Comme la cyclothymie débute à un âge précoce, les failles relatives à la cyclothymie le sont également. Elles deviennent progressivement une partie intégrante de la personnalité et sont donc difficiles à réduire avec les médicaments seulement. C’est comme si la personnalité a pris les "mauvais plis", les habitudes émotionnelles. Et tout le monde sait combien il est difficile de changer une habitude. D’où l’intérêt de l’approche aidant la personne à identifier les failles psychologiques de la cyclothymie et tenter de réduire ou assouplir les habitudes émotionnelles induites par la cyclothymie.

Exemples

Le contrôle

ˮBien évidemment je cherche à tout contrôler. Dans la pratique c’est souvent un échec car pour la moindre option, je me retrouve dans l’indécision la plus totale. Si je n’ai plus ce sentiment de contrôle, je suis malheureux, cerné par le vide à remplir, je me sens très vulnérable."

L’hyper contrôle c’est la pierre angulaire qui servirait à gérer au mieux le trio "dépendance affective, souci de plaire, et peur du rejet", cela se voudrait une parade à la perte de repère engendrée par la maladie, mais cela ne marche pas.

Par contre, cela rigidifie tout. Du coup, les rapports d’amitié et d’amour sont entachés de dépendance affective forte, et en même temps d’évitement de la dépendance, c’est un peu ˮFuis-moi, je te suis. Suis moi, je te fuisˮ.

Le travail sur l’hyper contrôle est intéressant à condition d’avoir, de prime abord, fixé les bases de connaissances sous-jacentes : peur de se révéler, dépendances affectives, séduction et peur du rejet. Je ne teste mes limites que dans le travail, les drogues et les prises de risque. Si je ne pouvais plus tester mes limites je ne parviendrais plus du tout à me situer, j’aurais l’impression de m’endormir, d’être mis à l’écart du monde. Je suis un gros naze qui sort du lot parce que je peux endosser d’autres personnalités. J’aime apprendre, conforter mes acquis, nouer de nouvelles expériences. Par contre je ne teste jamais les limites des autres car je suis toujours dans le besoin de l’autre. Si je teste trop, on m’abandonnera.

La nouveauté

J’ai toujours été attirée par les expériences nouvelles et d’hypomanie, de tension, avec de l’anxiété et un besoin de l’outrepasser. C’est comme si je perdais toute raison, je peux accepter un rendez-vous en pleine nuit, en prenant le taxi, dans une ville inconnue, parce que le mec me l’a demandé sur Internet après 30 minutes de discussion.
La dernière fois, je me suis retrouvée en banlieue à 2 heures du matin, je ne savais même pas où j’étais. En arrivant chez le type, j’ai réalisé et je me suis mise à flipper. Heureusement il ne m’a rien fait.

Cela marche aussi à l’inverse : je peux être très tentée par quelque chose, comme par exemple me lancer enfin dans du théâtre d’improvisation (cela me démange depuis des années) et reculer des mois entiers sans savoir pourquoi, repousser indéfiniment la concrétisation alors que la chose n’est pas dangereuse du tout.

A croire que quand c’est dangereux on fonce, et quand c’est sécurisé on a peur pour rien. Souvent, cette attirance pour la nouveauté teintée d’anxiété s’exprime dans les choix d’études ou de métiers, comme si se jeter pouvait mener à la mort ou une perte totale de repères qu’on n’arriverait pas à gérer (et on pourrait tomber en dépression, peut-être, je ne sais pas).

No futur

ˮJe ne parviens pas suffisamment à m’appuyer sur une projection de ma vie dans l’avenir. J’ai du mal à fixer puis tenir des objectifs personnels sur la durée. Je me laisse vivre, tout en remettant systématiquement en question mon modèle de fonctionnement. Je repousse à plus tard la prise de décision, l’action.

Je n’ai pas peur du futur, pour moi il n’existe pas, je ne parviens pas à lui donner corps excepté sur certains points négatifs, sur le plan financier par exemple. Je fais donc abstraction de lui dans sa globalité. Du coup, je n’ai rien en vue et reste sans emploi aujourd’hui ! Je crois que j’ai tellement de variations d’humeur que c’est impossible de savoir de quoi demain sera fait. Et comme ma confiance en moi est fluctuante (à cause des variations d’humeur), je ne peux maintenir aucun projet puisqu’à quelques jours d’intervalle je ne m’en sens plus du tout capable, comme si toute compétence avait disparu, entraînant l’objectif à la poubelle.ˮ

Test des comportements et phénomènes émotionnels

Avez-vous une tendance excessive ou maladive aux comportements ou phénomènes émotionnels suivants ?"

Répondez en donnant une note devant chaque énoncé suivant les réponses suivantes
0 = pas du tout ;
1 = oui mais c’est minime ;
2 = oui de façon modérée ;
3 = oui de façon intense

- J’ai une peur terrible du rejet  ....

- Je suis dans un état de dépendance affective ....

- Je suis très jaloux (-se) ....

- J’ai un souci extrême de plaire aux autres ....

- Je suis hypersensible à la critique ....

- J’ai besoin excessif de compliments ....

- J’ai un grand sentiment d’injustice ....

- Je suis dans l’hyper-contrôle .....

- J’ai besoin de tester les limites ....

- Je suis attiré (e) par la nouveauté et en même temps j’évite les dangers ....

- J’ai du mal à me projeter dans le futur ....

- J’ai des gestes compulsifs ou répétitifs  ....

Quʼest-ce qui est pathologique dans ces failles ?

  • En premier, le fait qu’elles constituent dans la vie psychique du cyclothymique des scénarios fixes et prévisibles.
  • En second, l’intensité des réactions et l’aspect répétitif / cyclique, car elles sont intimement liées aux oscillations de la cyclothymie.
  • En troisième lieu, c’est le cumul des failles et les interactions qui s’opèrent entre elles.
Ainsi on comprend pourquoi ces réactions deviennent une fragilité ou une vraie faille dans la vie psychique et relationnelle des cyclothymiques.

Les failles psychologiques de la Cyclothymie sont traitées en détails dans l’ouvrage paru chez Odile Jacob en 2009 par  Hantouche et Trybou : ˮSoigner Sa Cyclothymieˮ.


01/05/2013
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