Génétique des troubles bipolaires : place des Tempéraments
Génétique des troubles bipolaires : place des Tempéraments
1/01/2008
Bipo / Cyclo > Bipolarité adulte > Tempéraments
Quel rôle joue la génétique dans la bipolarité et les tempéraments ?
La génétique de la bipolarité est un domaine assez vaste et complexe (plus de 4000 publications récentes sur ce sujet).
L’expérience clinique nous montre que ce trouble est majoritairement "familial", mais pour l’instant la recherche n’a pas encore identifié les gènes responsables. Cependant, une revue des publications récentes permet de retenir certaines données importantes, notamment utiles pour les patients bipolaires qui sont des futurs parents ou qui le sont déjà (et qui se posent des questions sur le risque de transmission).
Pour cela, il convient de se référer aux études ayant évalué la psychopathologie des enfants des parents bipolaires en comparaison aux enfants de parents non bipolaires avec un suivi prospectif sur de longues périodes :
L’idée etait d’explorer les dérèglements du tempérament chez les sujets à risque de bipolarité, parents sains de patients bipolaires (PSBP). Ils ont été comparés à un groupe de bipolaires en rémission et un groupe témoin sain.
Quatre variables (TD, TC, TI et TA) montrent des différences significatives. Le groupe PSBP a un score de TC plus bas que les bipolaires, mais plus élevé que le groupe témoin.
Les groupes BP et PSBP ont des scores de TA plus élevés que le groupe témoin. Le score TH est plus élevé dans le groupe témoin. On peut conclure que même chez les parents apparemment sains de patients bipolaires, il existe une instabilité cyclothymique mineure qui toucherait l’humeur, la confiance en soi, le sommeil, les intérêts et les niveaux d’énergie. Ces traits peuvent représenter un marqueur de vulnérabilité, éventuellement à utiliser pour identifier les sujets à risque de développer un trouble bipolaire. L’enjeu est de pouvoir définir proprement des sous-échelles de tempéraments et mettre en exergue les traits ou combinaisons de traits qui sont les plus prometteurs.
Il s’agit de comparer les mesures des tempéraments chez des sujets souffrant de trouble bipolaire (BP) et leurs proches, par rapport à un groupe témoin et leurs proches. Au moins un tempérament dominant a été trouvé chez 26% des BP, 22% des proches BP, contre 6.0% et 10.0% dans les groupes contrôles. Le TH était le plus fréquent chez les BP et proches. Il est probable que le TH soit impliqué dans la génèse du trouble BP-I.
Un échantillon de 177 volontaires, sains et sans symptômes psychiatriques, a été divisé en 3 sous-groupes : 100 avec histoire familiale négative (HFN = absence de troubles affectifs), 37 individus avec une histoire familiale positive (HFP) et 40 sujets avec au moins un parent avec un trouble BP-I (PBP) (étude de Chaironi). Les deux derniers ont été définis comme groupes à risque. Les résultats montrent des niveaux différents de la cyclothymie entre le PBP et les autres. De plus la cyclothymie était plus fréquente dans le groupe HFP versus HFN. Ainsi une aggrégation de la cyclothymie est présente dans les familles présentant des troubles de l’humeur et spécialement un trouble bipolaire. Ce qui autorise d’inclure la cyclothymie dans les indices phénotypiques caractérisant la bipolarité. Il s’agit d’un modèle d’interface entre la génétique moléculaire et comportementale.
Au total, on peut considérer la cyclothymie (traits d’un tempérament) comme un facteur génétiquement transmissible d’une vulnérabilité aux troubles bipolaires, notamment aux formes instables du trouble BP-II. En revanche, le tempérament hyperthymique se comporte soit comme un facteur de protection soit comme un facteur impliqué dans la génèse du trouble BP-I.
L’expérience clinique nous montre que ce trouble est majoritairement "familial", mais pour l’instant la recherche n’a pas encore identifié les gènes responsables. Cependant, une revue des publications récentes permet de retenir certaines données importantes, notamment utiles pour les patients bipolaires qui sont des futurs parents ou qui le sont déjà (et qui se posent des questions sur le risque de transmission).
Psychopathologies des enfants de bipolaires
Pour cela, il convient de se référer aux études ayant évalué la psychopathologie des enfants des parents bipolaires en comparaison aux enfants de parents non bipolaires avec un suivi prospectif sur de longues périodes :
- Les enfants de parents bipolaires présentent plus de troubles (plus de 78%) que les enfants de parents non bipolaires (24%)
- Les troubles observés incluent des dépressions précoces, des anxiétés, des troubles des conduites
- Un état de désinhibition (activation) caractérise les membres des familles bipolaires (est-ce un noyau dur de la bipolarité : impulsivité, instabilité, hyperactivité, hyperréactivité )
- Besoin de séparer entre bipolarité-I, biplarité-II et probablement la cyclothymie (d’où l’importance de connaître le spectre clinique de la bipolarité)
- Importance de la co-morbidité pour comprendre le spectre familial de la bipolarité, notamment l’abus de substance, l’alcoolisme, les syndromes psychotiques, l’histoire de tentative de suicide et le niveau bas de fonctionnement social
- L’âge précoce des premiers symptômes est également une donnée capitale.
Chez les parents "sains" des sujets bipolaires (étude américaine à UCSD, Université de San Diego)
L’idée etait d’explorer les dérèglements du tempérament chez les sujets à risque de bipolarité, parents sains de patients bipolaires (PSBP). Ils ont été comparés à un groupe de bipolaires en rémission et un groupe témoin sain.
Quatre variables (TD, TC, TI et TA) montrent des différences significatives. Le groupe PSBP a un score de TC plus bas que les bipolaires, mais plus élevé que le groupe témoin.
Les groupes BP et PSBP ont des scores de TA plus élevés que le groupe témoin. Le score TH est plus élevé dans le groupe témoin. On peut conclure que même chez les parents apparemment sains de patients bipolaires, il existe une instabilité cyclothymique mineure qui toucherait l’humeur, la confiance en soi, le sommeil, les intérêts et les niveaux d’énergie. Ces traits peuvent représenter un marqueur de vulnérabilité, éventuellement à utiliser pour identifier les sujets à risque de développer un trouble bipolaire. L’enjeu est de pouvoir définir proprement des sous-échelles de tempéraments et mettre en exergue les traits ou combinaisons de traits qui sont les plus prometteurs.
Tempéraments chez les descendants des patients BP-I (étude turque)
Il s’agit de comparer les mesures des tempéraments chez des sujets souffrant de trouble bipolaire (BP) et leurs proches, par rapport à un groupe témoin et leurs proches. Au moins un tempérament dominant a été trouvé chez 26% des BP, 22% des proches BP, contre 6.0% et 10.0% dans les groupes contrôles. Le TH était le plus fréquent chez les BP et proches. Il est probable que le TH soit impliqué dans la génèse du trouble BP-I.
Tempéraments chez les volontaires sains (étude française)
Un échantillon de 177 volontaires, sains et sans symptômes psychiatriques, a été divisé en 3 sous-groupes : 100 avec histoire familiale négative (HFN = absence de troubles affectifs), 37 individus avec une histoire familiale positive (HFP) et 40 sujets avec au moins un parent avec un trouble BP-I (PBP) (étude de Chaironi). Les deux derniers ont été définis comme groupes à risque. Les résultats montrent des niveaux différents de la cyclothymie entre le PBP et les autres. De plus la cyclothymie était plus fréquente dans le groupe HFP versus HFN. Ainsi une aggrégation de la cyclothymie est présente dans les familles présentant des troubles de l’humeur et spécialement un trouble bipolaire. Ce qui autorise d’inclure la cyclothymie dans les indices phénotypiques caractérisant la bipolarité. Il s’agit d’un modèle d’interface entre la génétique moléculaire et comportementale.
Au total, on peut considérer la cyclothymie (traits d’un tempérament) comme un facteur génétiquement transmissible d’une vulnérabilité aux troubles bipolaires, notamment aux formes instables du trouble BP-II. En revanche, le tempérament hyperthymique se comporte soit comme un facteur de protection soit comme un facteur impliqué dans la génèse du trouble BP-I.