Hallucinations auditives (entente de voix)

 

 

Hallucinations auditives (entente de voix)

Les hallucinations sont généralement définies comme étant des « expériences perceptuelles en l’absence de stimulation externe [qui apparaissent] à l’état d’éveil et qui ne sont pas sous le contrôle volontaire [de la personne] (Beck et Rector, 2003). »
Les hallucinations auditives font partie des hallucinations psychosensorielles au même titre que les hallucinations visuelles, olfactives ou tactiles. On distingue généralement les hallucinations auditives (bruits, sons) des hallucinations acoustico-verbales (voix qui s’adressent directement au sujet souvent sur un ton directif, voir injurieux ou moqueur).

Caractéristiques des voix

  • Les « voix » peuvent  être perçues de différentes manières (Romme, 1998) : provenant de l’extérieur (oreilles) ou de l’intérieur (tête ou d’autres parties du corps) ;
  • comme appartenant à la personne ou pas ;
  • la communication avec elles est possible ou pas ;
  • elles parlent à la deuxième ou à la troisième personne.

Selon Nayani et David (1996), le volume des voix est semblable à une conversation normale. Les voix sont généralement masculines et elles proviennent de personnes d’âge moyen.
Les différences de pouvoir entre la personne et ses voix se présentent de façon parallèle aux différences de pouvoir entre la personne et les autres membres de sa collectivité. Ainsi, celles qui croient appartenir à un rang social inférieur à leurs voix se perçoivent de la même façon par rapport aux autres personnes de leur entourage  (Birchwood et al, 2000).

Les voix « malveillantes »

Certaines personnes rapportent être la cible des voix : ces voix commentent leurs pensées ou leurs actions (Leudar et al., 1997). La fonction la plus commune des voix est la régulation des activités, prenant la forme de directives, d’évaluations ou de questions. Les voix apparaissent généralement de façon individuelle et s’adressent uniquement à la personne, rarement aux autres voix ou aux personnes de l’entourage.

Lorsqu’il s’agit de voix malveillantes, les personnes utilisent généralement des stratégies pour éviter les voix et tenter de les ignorer. Plus les personnes évitent leurs voix, plus elles deviennent fortes (Sayer et al., 2000, Birchwood et Chadwick, 1997). À l’inverse, l’attribution d’une nature bienveillante aux voix encourage les personnes à utiliser des stratégies d’engagement, autrement dit, elles ont une écoute sélective envers leurs voix et entrent volontairement en relation avec elles.

On note une prévalence plus élevée de dépressions parmi les personnes qui qualifient leurs voix de malveillantes ou intrusives (Soppitt et Birchwood, 1997). Les voix sont alors perçues comme ayant un certain pouvoir sur la personne, ce qui renforce les symptômes anxieux et dépressifs.

Qui est concerné ?

La prévalence sur la vie des hallucinations auditives est de 4 à 25 % dans la population générale. Les personnes ayant fait l’objet d’un diagnostic de schizophrénie sont particulièrement concernées (50-70% de ces patients présentent des hallucinations). Mais ce symptôme apparaît également dans une variété de déficiences organiques, telles que la perte d’audition et la surdité (Beck et Rector, 2003).

Quelles sont les causes ?

Différentes théories ont tenté d’expliquer l’apparition de ce phénomène.

  • Le modèle social : selon Behrendt (1998), les hallucinations acoustico-verbales interviennent dans un contexte de fragilité du sujet face à des contraintes environnementales. Il s’agirait d’un trouble de la perception. Une production excessive de pensées ressemblant à l’activité onirique sur un mode défensif produirait alors cet effet ;
  • Le modèle psychanalytique : selon ce modèle,  les hallucinations acoustico-verbales sont associées au surmoi et constituent alors une tentative d’assimilation de l’autorité parentale et de la loi. Il s’agirait d’une forme d’identification projective ou de tentative de symbolisation mettant en évidence un défaut d’acquisition de la fonction symbolique du langage ;
  • Le modèle biologique : les hallucinations acoustico-verbales seraient liées à une lésion corticale et une défaillance de la mémoire de travail. Le discours intérieur ne serait alors plus repéré en tant que tel, mais comme une production extérieure (Hoffman, 1999).

Comment traiter les hallucinations acoustico-verbales ?

  • Médicaments : Les neuroleptiques permettent dans la plupart des cas de diminuer les hallucinations auditives. Néanmoins, dans 20-30% des cas, celles-ci résistent aux neuroleptiques.
  • Stimulation magnétique transcranienne (TMS) : des recherches semblent indiquer l’efficacité de la stimulation magnétique transcranienne dans le traitement des hallucinations auditives. La stimulation des régions temporo-pariétales gauches (impliquées dans le traitement perceptif du langage) à basse fréquence (non douloureuse) aurait pour conséquence une diminution de ces hallucinations.
    Cette technique a néanmoins deux limites : l’effet ne se maintient pas dans le temps et il est variable, car la localisation des aires du langage dépend d’un sujet à l’autre (elle ne se situe pas toujours dans l’aire temporo-pariétale).
  • Les psychothérapies : différentes formes de thérapies (les thérapies comportementales et cognitives, les thérapies psychanalytiques) peuvent contribuer à réduire les hallucinations auditives.
  • Les réseaux d’entraide : un de ces réseaux, Intervoice , fondé en 1997, est très actif au Royaume-Uni. Cette association vise à rompre l’isolement des personnes ayant des hallucinations auditives, en leur apportant des perspectives au-delà du système de soin psychiatrique.
    A travers des groupes de parole et des formations spécifiques, ce réseau veut permettre aux personnes entendant des voix de mieux maîtriser les effets délétères de cette expérience. Il ne s’agit alors plus de supprimer les voix, mais de les accepter et de s’adapter à ce phénomène.
    Une branche française du réseau, Rev France , a été créé récemment et développe des actions de formation et des groupes.

Où trouver de l’aide ?

 

Rédaction

Synthèse réalisée à partir de l’article « Entendre des voix : nouvelles voies ouvrant sur la pratique et la recherche », Myreille St-Onge, Hélène Provencher et Carl Ouellet, Santé mentale au Québec, vol. 30, n° 1, 2005, p. 125-150, octobre 2011.
Relecture : Yann Derobert (membre du réseau français sur l'entente de voix - REV)



14/04/2013
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