Image de la femme
Image de la femme
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Cet article se dédie à l'image de la femme, non pour ce qu'elle est mais de la façon dont elle est perçue par les hommes. C'est pourquoi la thèse apportée dans l'article est que cette image ne procède, pour l'essentiel des périodes, que du point de vue masculin.
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La séduction des images [modifier]
Les images sont séduisantes ; la plastique de la femme aussi, on peut jouer avec l'image autant qu'on veut. L'image, et en particulier celle de la femme, a servi à la conquête du pouvoir sur l'esprit occidental ; pouvoir sur l'esprit de l'être humain, indépendamment de son genre.
Décrypter les ressorts de cette séduction par les images, telle est ici la question qui se pose : l'image du corps de la femme fut tellement travaillée au cours des siècles qu'elle ne coïncide pas vraiment avec la femme réelle, ni par le passé ni aujourd'hui.
Les différentes images de la femme par le passé persistent dans la mémoire collective.
Préhistoire [modifier]
Au Paléolithique supérieur ont été sculptées des figurines féminines surnommées Vénus. Elles datent pour la plupart du Gravettien, telle les Vénus de Willendorf ou de Lespugue. Leurs formes rondes et ventrues ont conduit certains auteurs à y voir un culte de la fertilité ou de la Déesse-Mère, sans possibilité toutefois de démonstration scientifique.
Durant les périodes plus récentes, des figures minces et dansantes sont représentées sur les parois des grottes ou sur les rochers. C'est le cas dans le Levant espagnol ou, au Néolithique, sur les parois sahariennes ornées de jolies Atlantes sur leur monture.
L'"allégorie de la caverne" renvoie davantage à la psychanalyse qu'à la préhistoire, même si l'imagination nous fait la situer dans ces temps reculés de l'histoire humaine, la caverne symbolisant la vie intra-utérine.
Antiquité [modifier]
Grecque [modifier]
Le patriarcat émergeant relègue les femmes dans le gynécée. L'image de la femme léguée à l'Occident est essentiellement un produit masculin. Strictement confinées au domaine de la reproduction de l'espèce, les Grecs idéalisèrent celles qu'ils ne considéraient pas exclusivement vouées à celle-ci: elles devinrent autant d'allégories sous forme de déesses, de nymphes et d'ondines.
L'idéalisation de la femme en fait un faire-valoir du héros, figure centrale et acteur principal des récits. Pénélope attend au foyer, et comme la Belle Hélène, prépare le "repos du guerrier". C'est cependant sous des traits féminins allégoriques des "Victoires", comme celle de Samothrace, qu'ils nous lèguerons malgré eux l'image d'une féminité virile.
En remontant aux premières représentations de la sexualité occidentale, on trouve un satyre poilu et jubilant, aux pieds de bouc, poursuivant une nymphe gracieuse, tantôt joyeuse tantôt effarouchée ou appeurée, semblant parfois lui indiquer le buisson dans lequel elle va se cacher, exprimant souvent la crainte du viol imminent.
Celte [modifier]
Chez les Celtes, la femme possède un patrimoine dont elle a pu hériter et qu'elle peut léguer. En Irlande, elle semble tenue à des obligations militaires. Outre ces dispositions juridiques, la femme celte peut exercer un métier ainsi que la royauté et posséder des serviteurs. L'exemple le plus célèbre est celui de la reine Medb. Ella a aussi accès à certaines fonctions sacerdotales relevant du druidisme, de la divination et de la prophétie, comme les Gallisenae de l'île-de-Sein (voir article Vate). Mais ceci relève davantage du mythe et des légendes que de l'histoire; on n'en sait pas grand chose sinon ce qu'il transparait des témoignages des auteurs latins et l'on ne possède guère de représentations iconographiques d'elles.
Romaine [modifier]
A la suite de la Grèce antique, dieux et déesses tutélaires peuplent le panthéon. La sexualité est bien assumée par le polythéisme romain. La christianisation va mettre un terme aux licences païennes.
Une certaine perception de la femme restera cependant en Italie, berceau de la pensée occidentale d'aujourd'hui. Jusqu'à la Renaissance, la seule représentation de femme autorisée par le dogme est celle de la Madone, seule rédemption à la faute originelle des filles d'Ève. Vierge à l'enfant qui va donner des dauphins infantiles, recherchant le sein nourricier qu'une image maternelle toute-puissante voudra bien leur donner.
Moyen Âge [modifier]
Dans l'Occident chrétien médiéval, le sens du péché originel et son expiation change la sexualité. Les ecclésiastiques moralisent considérablement les rapports de l'intersubjectivité sexuée en introduisant des thèmes de pureté liée à la virginité et l'adoration de la Sainte Vierge, creusant le fossé entre les hommes et les femmes de la société médiévale. L'image de la femme est ramenée à cette icône et à cette croyance fondatrice à laquelle aucune mère ne correspond : hallucination collective induisant ensuite pernicieusement la faute du péché originel sur la moitié de l'humanité. La seule aventure que peut vivre la femme est l'adultère, que la réprobation sociétale remplit de danger.
Renaissance [modifier]
Le printemps de Botticelli amène un regard nouveau sur la femme. Art profane ou sacré, Vénus ou Vierge Marie, la subtilité artistique nous fait douter. La Vénus de Botticelli apporte à l'Occident un sens nouveau de la beauté, sa naissance accompagne le printemps, archétype d'une belle jeune femme blonde aux cheveux longs, à la peau claire et aux mensurations proportionnées.
Contribuant également à cette fin du monopole de l'image de la femme liée à la religion, se développe la peinture de portraits de dames nobles, présentés dans les cours d'Europe afin de conclure mariages et alliances. Une fois mariée, la dame est en général représentée avec un petit chien de compagnie ou une hermine (telle la dame du même nom de Léonard de Vinci), symbole de la fidélité de la dame. Le petit animal endormi symbolise une sexualité apaisée dans le mariage.
Périodes intermédiaires [modifier]
Au fur et à mesure et représentant moins une idée allégorique et davantage une femme réelle, sa personnalité propre prend de l'essor. Les retours sur la mythologie classique sont néanmoins les passages obligés des artistes faisant leurs humanités. Assez tard, Rubens modifie la perception du corps avec ses trois grâces.
Le dandysme provoquant représenté dans le tableau de Manet Le déjeuner sur l'herbe montre une licence nouvelle des mœurs dans la société bourgeoise "engoncée" du XIXe siècle. Des peintres néoclassiques se joignent alors aux impressionnistes pour explorer les émotions humaines et les traduire sur la toile. La féminité leur permet de trouver ces expressions, elle leur est une source d'inspiration permettant de sortir des clivages traditionnels sur l'image de la femme.
Voir l'article détaillé : la féminité en peinture.
Le XXème siècle [modifier]
Les années cinquante [modifier]
Préhistoire de la postmodernité.
Voir l'article sur l'image de la femme dans les années cinquante
Années soixante [modifier]
Par son rapport de copinage antiséduction, la garçonne brise les tabous entre les sexes et parle franchement à ses interlocuteurs. Elle préfigure la conquête des cénacles réservés aux hommes, la révolution est proche. Jeanne Moreau dans Jules et Jim sous la caméra de Truffaut fut une Gavroche insaisissable autant que convoitée, qui devint icône.
L'image publicitaire [modifier]
Aux États-Unis, le rapport à l'image est brut et direct: une Cindy Crawford distribue de grandes feuilles de papier blanc à un parterre de cadres réunis et gagnés à sa cause. L'image conquérante, au sourire carnassier et aux dents hyper blanches, où la femme triomphe d'un éclat de rire, connaît cependant un désenchantement en Europe.
Divers types féminins adulés des maîtres du marketing et de l'agit-prop: voir l'article publisexisme.
Synthèse [modifier]
- L'image photographique
L'image des femmes ne leur a quasiment jamais appartenu. La grande majorité des mannequins sont photographiés par des hommes qui appliquent leur vision, souvent machiste, sur les postures désirées pour ces pantins à la plastique irréprochable parce que cela fait vendre.
- la presse
Pour que la situation s'inverse, il faut attendre les magazines comme Elle en France et leurs rédactions de journalistes femmes qui décident du choix de la photo de Une vis à vis de leur public. Conséquence de la révolution sexuelle, les professions moins stéréotypées se féminisent, et on voit désormais des décideuses, des directrices de publicité façonner cette image, parfaitement au fait de la psychologie masculine (et de son œil) sur le sujet. Le secteur n'est pas au mieux concernant l'image de la femme, puisque même dans les city magazines dédiés à un lectorat cible féminin, on trouve une iconographie débridée : publicités porno chic, images choquantes par la dégradation qu'elles induisent, etc. Quand au magazine Photo, c'est bien, il y a beaucoup de photos dedans, ce que ca montre à l'extérieur fait du bien à l'intérieur du magazine.
- Les actrices
Vecteurs de l'image féminine, les actrices de théâtre (on pense à Sarah Bernhardt et à son succès outre-atlantique), et plus tard de cinéma, permettent de sortir d'un cadre figé, et de trouver une féminité représentée et jouée avec talent: le personnage féminin interprété par une actrice libère les schémas traditionnels des spectateurs par l'audace de son jeu (voir La Belle Noiseuse de Rivette); il est bon de rappeler que dans l'Antiquité grecque, les rôles féminins étaient joués par des acteurs; la présence des femmes était interdite sur scène.
Aujourd'hui [modifier]
À travers les médias modernes, l'image de la femme est aujourd'hui omniprésente dans les arts, les productions commerciales, la communication. Cette image est riche et multiple. Mais souvent, cette image publique est décalée par rapport à la femme réelle car elle véhicule un idéal, un fantasme sexuel, un symbole, et toute une multitude d'éléments.
La frontière entre érotisme et pornographie n'est pas toujours très nette, dépendant de plusieurs interprétations des sens de ces mots (art/commercial; suggestion/représentation; émotions/désir). L'image qui est donnée de la femme dans la pornographie la présente comme un objet de désir, sans prendre compte d'une dimension affective. La pornographie, produit sentimentalement appauvri, nourrit le mépris et l'ire des féministes et des moralistes (pourtant rarement d'accord) envers les pornographes. Elle renvoie aux femmes une image d'elles-mêmes fantasmée par les hommes, d'un corps féminin maltraité ou fétichisé. Cette image est généralement subie et rejetée par les femmes réelles qui ne se représentent pas ainsi.
Voir aussi [modifier]
Bibliographie [modifier]
- Françoise Collin, Evelyne Pisier et Eleni Varikas (éd.), Les Femmes de Platon à Derrida, anthologie critique, Paris, Plon, 2000.
- Danielle Jonckers, Renée Carré, Marie-Claude Dupré (dir.), Femmes plurielles : représentations des femmes, Maison des sciences de l'homme, 2000.
- Georges Duby et Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident, 5 t., Paris, Plon, 1990-1992 ; Perrin "tempus", 2002.
- Brigitte Gresy, L'Image des femmes dans la publicité, La Documentation française, 2001.
- Jean-Claude Kaufmann, Corps de femmes, regards d'hommes, Pocket, 1998.
- Philippe Perrot, Le Corps féminin : XVIIIe et XlXe siècles, le travail des apparences, Seuil "Points Histoire", 1991.
- Bruno Remaury, Le Beau Sexe faible, les images du corps féminin entre cosmétique et santé, Grasset "Partage du savoir", 2000.
- Giulia Sissa, L'Âme est un corps de femme, Odile Jacob, 2000.
Articles connexes [modifier]
- Articles génériques : Pouvoir | Image | Femme | Séduction | Regard
- Contexte : Machisme | Femme-objet
- Psychanalyse : Image mentale | Image du corps
- Égyptologie : Influence de l'image de la femme égyptienne