Jean Yanne
Jean Yanne
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Jean Yanne (de son vrai nom Jean Gouyé) est un acteur, auteur, réalisateur, producteur et compositeur français. Il est né le 18 juillet 1933 aux Lilas (Seine-Saint-Denis). Il est mort d'une crise cardiaque le 23 mai 2003 dans sa propriété de Morsains (Marne).
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Parcours [modifier]
Il avait commencé des études de journalisme qu'il abandonna pour écrire des sketches de cabaret. Ses condisciples du Centre de formation des journalistes (CFJ) de Paris se souviennent de ses talents d'amuseur et de provocateur avec lesquels il mettait en révolution cet établissement.
Il commence une carrière de journaliste au Dauphiné Libéré, puis d'animateur à la radio au début des années 1960. Il se lance également dans la chanson comme compositeur et chansonnier dans des émissions comiques avec Jacques Martin, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, notamment un disque de rock sous le nom de "Johnny RockFeller et ses RockChild", avec des titres comme "J'aime pas le rock", "Le rock coco", "Saint Rock", en 1961; mais également des parodies comme celles des "Elucubrations" d'Antoine, écrites avec Jacques Martin: les Emancipations d'Alphonse, Les Revendications d'Albert, Les Pérégrinations d'Anselme, et les Préoccupations d'Antime (1966). Toujours à la recherche de son style, il écrira dans l'hebdomadaire L'Os à moelle, brièvement repris par Pierre Dac en 1965. Ces textes furent repris dans un recueil paru peu avant sa mort.
Avec Jacques Martin, il apparaît dans une émission de télévision, 1 = 3, très caustique pour son temps qui est arrêtée après trois numéros (il y interprète son fameux dialogue sur Ben Hur). Mais, passant à 20h30 sur l'unique chaîne de l'époque, les deux compères sont immédiatement connus de la France entière.
Sa carrière prend le tournant du cinéma en 1964 dans La vie à l'envers d'Alain Jessua. Il tournera dans des dizaines de films, en multipliant les seconds et premiers rôles. Il incarnait, avec une gouaille très parisienne et un humour grinçant, une figure de Français moyen, râleur, vachard, égoïste et roublard, mais avec un grand cœur.
Une confusion du public entre l'acteur et les rôles que celui-ci incarnait ne servit pas au début son image. Sa manière de plaisanter, agressive, débraillée, versant du vitriol sur des plaies ouvertes, tenant la compassion pour obscénité, choquait un peu la France de l'époque. Bref, il fut viré de la radio (le film Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil en parle de façon romancée).
En 1967, il tourne Week-End de Jean-Luc Godard, puis se révèle véritablement en 1969 dans Que la bête meure de Claude Chabrol, où il incarne un homme intelligent, mais d'une absence de sensibilité qui le rend brutal. Il enchaîne avec Le Boucher de Claude Chabrol, où il se retrouve un inquiétant commerçant, amoureux et assassin. Avec Maurice Pialat, en 1971, il tourne Nous ne vieillirons pas ensemble, où il incarne à nouveau son personnage d'insensible, et pour lequel il obtient le Prix d'interprétation au festival de Cannes.
Voulant changer de registre, et plutôt se tourner vers la comédie et l'humour satirique, il tourne ses premiers films à partir de 1972, dans lesquels il veut donner toute sa mesure à son esprit caustique, anticonformiste, parodique et parfois à la limite du délire.
Il brocarde la radio qu'il connaît bien avec le film Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil en 1972, la politique avec le film Moi y'en a vouloir des sous en 1973 et Les Chinois à Paris en 1974, le monde du spectacle avec le film Chobizenesse en 1975, et celui de la télévision avec le film Je te tiens, tu me tiens par la barbichette en 1978.
Il réalise ensuite une parodie de péplum, Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ en 1982, qui remporte un gros succès public, puis de nouveau une parodie du monde politique avec le film Liberté, égalité, choucroute, qui sera cette fois-ci un échec.
Pour ce fils d'ouvrier pourtant fin lettré (il était également conseiller international en achat d'œuvres d'art), l'art n'était qu'un attrape-gogos. Il lançait sur RTL : « Quand j'entends le mot culture, j'ouvre mon transistor ».
Jean Yanne oscillait entre deux faces d'un même personnage :
- l'un, se plaisant à jouer ce que Cabu nommait un « beauf »; il s'en donnait tellement bien l'allure que beaucoup l'assimilaient aux personnages qu'il incarnait, et pensaient que ses rôles n'étaient pas de composition. Lui-même se délectait sans doute de cette ambiguïté en pensant, pastichant Courteline, que passer pour un salaud aux yeux d'un imbécile est un plaisir de fin gourmet. Film typique : Que la bête meure.
- l'autre, nettement plus positif, d'homme gardant les pieds sur terre quand tout le monde semble fou autour de lui, et ne se faisant guère d'illusion sur la condition humaine qu'il considère avec un détachement amusé. Films typiques : Tout le monde il est beau..., Êtes-vous fiancée à un marin grec..., L'imprécateur, La raison d'État ou Les Chinois à Paris (ce personnage était déjà en germe dans La vie à l'envers). Dans ce style, Jean Yanne incarne tout à fait le Français moyen qui conserve son esprit critique, se moque bien de l'autorité, et à qui « on ne la fait pas », pour le délice de son public.
Il s'expatrie, en 1979, pour raisons financières, à Los Angeles (Californie), mais revient régulièrement en France, pour se ressourcer dans sa propriété de Morsains, petit village d'une centaine d'habitants en Champagne, entre Montmirail et Épernay ; pour apparaître dans des émissions de radio, comme sa chronique matinale sur RTL ; et pour tourner aussi au cinéma et à la télévision, la plupart de ses derniers rôles ressemblaient à ceux de ses débuts, mettant en scène des personnages râleurs et individualistes, mais au grand cœur.
Il fut également l'un des plus brillants sociétaires des Grosses Têtes, l'émission de Philippe Bouvard sur la station de radio française RTL, aux côtés de ses amis Jacques Martin et Olivier de Kersauson, se livrant à d'hilarants numéros d'improvisation.
Jean Yanne est également l'auteur du célèbre slogan Il est interdit d'interdire, qu'il prononça par dérision lors d'une de ses émissions radiophoniques du dimanche au printemps 1968, et qu'il fut tout surpris d'entendre repris ensuite au premier degré.
Longtemps considéré comme un simple amuseur, Jean Yanne prend avec le temps la dimension d'un authentique critique des travers et des ridicules de son époque, à la manière d'un Molière au XVIIe siècle. Castigat ridendo mores...
Jean Yanne auteur de bande dessinée [modifier]
Jean Yanne présente également une facette aujourd'hui peu connue du grand public, celle d'un scénariste et dialoguiste de bande dessinée, en tandem avec le dessinateur Tito Topin. À leur actif, une série intitulée les Dossiers du B.I.D.E., parmi lesquels le premier volume, La langouste ne passera pas (Casterman, 1969), initialement publié en feuilleton dans les colonnes de l'hebdomadaire Télé 7 Jours.
Également écrivain [modifier]
Outre plusieurs recueils de bons mots, Jean Yanne, polémiste lettré, a écrit au moins un roman d'anticipation sur les dérives possibles de l'automobile :
- L'Apocalypse est pour demain ou les aventures de Robin Cruso, paru en 1977 aux Éditions Jean-Claude Simoën, illustré par Cardon.
Filmographie [modifier]
Réalisateur [modifier]
- 1972 : Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil
- 1972 : Moi y'en a vouloir des sous
- 1973 : Les Chinois à Paris
- 1975 : Chobizenesse
- 1978 : Je te tiens, tu me tiens par la barbichette
- 1982 : Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ
- 1984 : Liberté, égalité, choucroute
Acteur de cinéma [modifier]
Filmographie 1952 - 1969 [modifier]
- 1952 :
- Les carnets du major Thompson de Preston Sturges : figurant
- Nez de cuir de Yves Allégret : figurant
- Il est minuit, Docteur Schweitzer d'André Haguet : figurant
- Le Chemin de Damas de Max Glass : figurant
- 1963 : La Femme spectacle, de Claude Lelouch
- 1964 :
- La Vie à l'envers, d'Alain Jessua : Kerbel
- Jaloux comme un tigre de Darry Cowl : Alphonse
- 1965 :
- L'amour à la chaîne de Claude de Givray : Pornotropos
- Dis-moi qui tuer d'Étienne Périer : Federucci
- 1966 :
- Monnaie de singe, d'Yves Robert : Félix
- Le Saint prend l'affût, de Christian-Jaque : Mueller-Strasse
- La Ligne de démarcation, de Claude Chabrol : Tricot, le professeur
- Le Vicomte règle ses comptes, de Maurice Cloche : Billette
- 1967 :
- Bang-Bang (Les aventures de Sheila !), de Serge Piolet : Robert Vaucarnu, dit "Bob la rafale"
- Week-end, de Jean-Luc Godard : Roland
- Ces messieurs de la famille, de Raoul André : Marco Broca
- 1968 :
- Erotissimo, de Gérard Pirès : Philippe
- Un drôle de colonel, de Jean Girault : Barton
- 1969 : Que la bête meure, de Claude Chabrol : Paul Decourt
Filmographie 1970 - 1979 [modifier]
- 1970 :
- Le Boucher, de Claude Chabrol : Paul Thomas, dit "Popaul"
- Fantasia chez les ploucs, de Gérard Pirès : Doc Noonan
- Êtes-vous fiancée à un marin grec ou à un pilote de ligne ? de Jean Aurel : Roger Blanchard
- 1971 :
- Laisse aller, c'est une valse de Georges Lautner : Serge Aubin
- Le Saut de l'ange, d'Yves Boisset : Louis Orsini
- 1972 :
- Nous ne vieillirons pas ensemble, de Maurice Pialat : Jean
- Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (+ réalisation, scénario, auteur des textes des chansons) : Christian Gerber
- 1973 : Moi y'en a vouloir des sous (+ réalisation, scénario) : Benoît Lepape
- 1974 : Les Chinois à Paris (+ réalisation, scénario) : Régis Forneret
- 1975 : Chobizenesse (+ réalisation, scénario) : Clément Mastard
- 1976 : Armaguedon, d'Alain Jessua : Louis Carrier
- 1977 :
- L'Imprécateur, de Jean-Louis Bertucelli : le directeur des ressources humaines
- Moi, fleur bleue, d'Éric Le Hung : Max
- 1978 : La Raison d'État, d'André Cayatte : Jean-Philippe Leroi
- 1979 : Je te tiens tu me tiens par la barbichette (+ réalisation, scénario) : l'inspecteur Chodaque
Filmographie 1980 - 1988 [modifier]
- 1980 : Asphalte, de Denis Amar : Arthur Colonna
- 1981 : Une journée en taxi de Robert Ménard : Michel
- 1982 : Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (+ réalisation, scénario, co-auteur de la musique) : Paulus
- 1983 :
- Hanna K, de Costa-Gavras : Victor Bonnet
- Papy fait de la résistance, de Jean-Marie Poiré : Murat
- 1984 : Liberté, égalité, choucroute (+ réalisation, scénario, co-compositeur de la musique) : Marat
- 1985 :
- Le téléphone sonne toujours deux fois !!, de Jean-Pierre Vergne : l'homme au téléphone
- Gauguin, le loup dans le soleil d'Henning Carlsen : William Molard
- 1986 :
- Le Paltoquet, de Michel Deville : le capitaine de police
- Attention bandits !, de Claude Lelouch : Simon Verini, dit "L'Expert"
- 1987 :
- Cayenne palace, d'Alain Maline : Equateur
- Fucking Fernand, de Gérard Mordillat : André Binet
- 1988 : Passe-passe (Quicker than the eye) de Nicolas Gessner : l'inspecteur Sutter
Filmographie 1990 - 2003 [modifier]
- 1990 : Sacré Père Noël (voix) dessin animé de Dianne Jackson et Dave Urwin
- 1991 :
- Madame Bovary, de Claude Chabrol : Homais, le pharmacien
- Le Bal des casse-pieds, d'Yves Robert : H 33
- Indochine, de Régis Wargnier : Guy
- Les Secrets professionnels du Dr Apfelglück comédie à sketches réalisés par Hervé Palud, Alessandro Capone, Mathias Ledoux, Stéphane Clavier et Thierry Lhermitte : Germain, l'escroc
- 1992 :
- La Légende, de Jérôme Diamant-Berger : Roland Pikas
- La Sévillane, de Jean-Philippe Toussaint : Polougaievski
- 1993 :
- Pétain, de Jean Marbœuf : Pierre Laval
- Profil bas, de Claude Zidi : Plana
- Chacun pour toi, de Jean-Michel Ribes : Georges Flavier
- Fausto, de Remy Duchemin : Mietek Breslauer
- 1994 : Regarde les hommes tomber, de Jacques Audiard : Simon
- 1995 :
- Victory, de Mark Peploe : Schomberg
- Des nouvelles du bon Dieu, de Didier Le Pêcheur : Dieu
- Le Hussard sur le toit, de Jean-Paul Rappeneau : le colporteur
- Tout est fini entre nous de Furio Angiolelli
- 1996 :
- Beaumarchais l'insolent, d'Édouard Molinaro : Louis Goezman
- Désiré, de Bernard Murat : Corniche
- Enfants de salaud, de Tonie Marshall : Julius
- Mo' d'Yves-Noël François : Ned
- Fallait pas !... de Gérard Jugnot : Magic
- Un complot de saltimbanques de Jean Labib
- 1997:
- Tenue correcte exigée, de Philippe Lioret : M. Bruckner, le directeur de l'hôtel
- La dame du jeu d'Anna Brasi : Evaristo Della Porta
- 1998 : Le Radeau de la Méduse, d'Iradj Azimi : Duroy de Chaumareys
- 1999 :
- Hygiène de l'assassin, de François Ruggieri : Prétextat Tach
- Je règle mon pas sur le pas de mon père, de Rémi Waterhouse : Bertrand
- Belle Maman, de Gabriel Aghion : Paul
- 2000 : Les Acteurs, de Bertrand Blier : le docteur Belgoder
- 2001 :
- Le Pacte des loups, de Christophe Gans : le comte de Morangias
- Vertiges de l'amour, de Laurent Chouchan : le beau-père
- 2002 :
- Adolphe, de Benoît Jacquot : le comte
- Petites Coupures, de Pascal Bonitzer : Gérard, l'oncle de Bruno
- Tamango, de Jean Roké Patoudem
- Atomik circus : le retour de James Bataille, de Didier Poiraud, Thierry Poiraud (Jean Yanne est mort avant le début du tournage, il fut remplacé par Jean-Pierre Marielle)
- 2003 : Gomez et Tavares, de Gilles Paquet-Brenner : Tonton
Acteur de télévision [modifier]
- 1965 - 68: Les Saintes Chéries (série) de Jean Becker : Jeannot, le camionneur
- 1967 : Deux Romains en Gaule de Pierre Tchernia
- 1967 : Max le débonnaire série réalisé par Yves Allégret et Jacques Deray
- 1967 : Le lapin de Noël de Roland Topor
- 1988 : Palace, de Jean-Michel Ribes : le romancier / André, le pêcheur
- 1992 : L'Affaire Seznec, d' Yves Boisset : Pierre Quémeneur
- 1993 : Au beau rivage, de Serge Korber : Antoine
- 1993 : Le ciel pour témoin, de Denis Amar : Gustave
- 1994 : Maigret et l'écluse N°1, d' Olivier Schatzky : Emile Ducrau
- 1994 : Ils n'ont pas vingt ans, de Charlotte Brandstrom : Bakoulian
- 1995 : L'Amour en prime, de Patrick Volson : Arnold
- 1995 : Le Cheval de cœur, de Charlotte Brandstrom : Bakoulian
- 1996 : L'Année du certif, de Jacques Renard : le grand-père
- 1996 : Balade en ville, de Marc Angelo : Marc Bollène
- 1997 : La Fine équipe, d' Yves Boisset : Père Cambournac
- 1997 : La Belle vie, de Gérard Marx&nbs
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