Jésus de Nazareth - Partie 3

 

Chez les auteurs juifs

Flavius Josèphe
Icône de détail Article détaillé : Testimonium flavianum.

Il n'existe aucun acte officiel des autorités romaines se rapportant à Jésus. Le premier chroniqueur qui évoque Jésus vers 94 est Flavius Josèphe, romain d'origine juive né en 39. Son témoignage mentionne, dans ses Antiquités judaïques, Jésus à deux reprises. Il est évoqué sujet de la lapidation de Jacques de Jérusalem, décrit comme « le frère de Jésus appelé Christ »[138]. Un passage beaucoup plus développé consacré à Jésus lui-même, connu sous son nom latin de Testimonium flavianum, le décrit comme « un homme exceptionnel, [qui] accomplissait des choses prodigieuses (...) et se gagna beaucoup de monde parmi les juifs... », puis mentionne la résurrection, l'admiration et la foi de ses disciples évoquant une lignée de chrétiens qui se perpétue à l'époque de Josèphe[139]. L'authenticité de ce passage fait encore l'objet de débat, la plupart des commentateurs envisagent aujourd'hui que ce passage, en son état actuel, a été retouché par des mains chrétiennes, ce qui n'exclut pas que Joseph ait rédigé une notice sur Jésus, peut-être moins enthousiaste[140].

D'après la lecture qu'en fait Photios au IXe siècle, aucune mention de Jésus ne figurait dans l’Histoire des juifs, texte disparu de Juste de Tibériade[141], gouverneur militaire de Galilée et historien juif rival de Flavius Josèphe qui le critique sévèrement dans son Autobiographie.

Le Talmud

Une vingtaine d'allusions possibles à Jésus existent dans le Talmud mais toujours de manière anecdotique et parfois sous un autre nom et ne sont pas antérieures au IIIe siècle[142]. Il y est fait référence à un certain Yeshu. Depuis le Moyen Âge, on rencontre un Yeshu ou Yeshu Hanotsri (le Nazarée) dans les Toledot Yeshu, écrites au XIe siècle et qui reflètent l'antagonisme entre les communautés chrétiennes et juives à cette époque. Dans le Talmud on rencontre un Yeshu (compris comme nom de Jésus en hébreu tardif) et les deux personnages ont été identifiés comme identiques. Cependant, des indices peuvent laisser penser que le Yeshu des Toledoth Yeshu et celui du Talmud n'ont pas de rapport ensemble. En revanche, Joseph Klausner trouve fiable le rapprochement du Yeshu du Talmud avec le personnage de Jésus[143].

Le texte le plus intéressant[144] rapporte une tradition de la pendaison de Yeshu (ou Yeshu Hanotsri dans les éditions plus tardives) et lui attribue cinq disciples : Mattai, Naqi, Netser, Boni et Todah.

Il est souvent fait allusion à Ben Stada, comme étant issu de l'union adultère de Myriam et d'un homme appelé Pandera (à rapprocher de Celse). Le texte de Tossafot Shabbath 104, datant du Moyen Âge, écarte cette légende : « Ce Ben Stada n'était pas Jésus de Nazareth, car nous disons ici que Ben Stada vivait à l'époque de Paphos ben Yehudah, lui-même vivant du temps de Rabbi Aqiba ».

Textes païens grecs et latins

Dans une lettre à l'empereur Trajan en 111 ou 112[145], Pline le jeune explique les résultats d'une enquête qu'il a menée sur les chrétiens de Bithynie à la suites d'accusations parvenues jusqu'à lui, et explique qu' il ne trouve pas grand chose à leur reprocher[146].

Vers 116, dans ses Annales[147], l'historien romain Tacite relate comment l'empereur Néron, accusé d'avoir causé l'incendie qui ravage Rome en 64, s'ingénie à trouver des incendiaires, accuse les chrétiens de Rome, sectateurs de « Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Ponce Pilate[148]», et en fait supplicier bon nombre[149].

Les Vies des douze Césars de Suétone, écrites vers 120, comptent quelques mentions des activités des chrétiens[150] et mentionent explicitement le Christ dans la Vie de Claude[151] qui, selon Suétone, incomplètement informé, lui attribuerait les troubles au sein de la communauté juive de Rome, à l'encontre de laquelle Claude promulgue un édit d'expulsion[152].

L'écrivain satirique Lucien de Samosate, dans la deuxième partie du IIe siècle, fait une allusion au supplice de Jésus, sans le nommer, dans La Mort de Pérégrinos[153]

Les chrétiens et leur Messie constituent longtemps un courant du judaïsme relativement méconnu de ses contemporains. Pline l'Ancien (23-79) ne souffle mot de Jésus ni d'une communauté chrétienne de Jérusalem, alors qu'il visite la Palestine trente ans après les événements supposés et qu'il prend soin de noter la présence des Esséniens. Même silence chez Perse (34-62), chez Martial (40-104), chez Sénèque (-4-65) bien qu'on ait fabriqué de toutes pièces une correspondance entre ce philosophe et St Paul. Aucune allusion dans Philon d'Alexandrie (-13-54), qui a écrit plus de cinquante traités, dont une Ère de Pilate, et dont la philosophie du Logos ressemble à s'y méprendre à celle des anciens chrétiens.

Jésus dans les religions et cultures non-chrétiennes

Jésus dans le judaïsme

À la suite des guerres judéo-romaines et les autres catastrophes des Ier et IIe siècles, le judaïsme voit la disparition de presque tous ses courants, à l'exception du judaïsme rabbinique, proche du pharisianisme sans en reprendre l'apocalyptique, fondé sur le respect exclusif à la Loi. Le processus prendra plusieurs décennies, qui fixera les Écritures hébraïques - qui seront reprises des siècles plus tard par les protestants - et les prières synagogales dont une qui contient la condamnation des sectaires, les minims, dont les nazôréens[154].

Si le christianisme des premiers temps a pu passer pour un nouveau courant acceptable du judaïsme, il s'est rapidement posé le problème de l'adhésion de plein droit de membres païens sans en faire d'abord des Juifs[155]. La question se pose au moment de la création de la Torah rituelle, celle des 613 commandements[156] et [157], et, en ce qui concerne les membres non-juif, le problème prend plus de poids quant aux aspects de règle de pureté rituelle[158] et les moyens de réconciliation[159]. La messianité , bien qu'elle ait joué un certain rôle lors de la condamnation de Jésus, n'est pas alors déterminante de l'autodétermination juive de cette époque puisque certains courants du judaïsme, tels les sadducéens, allaient jusqu'à renoncer à cette attente[160].

Le judaïsme, la religion de Jésus lui-même, n'a pas désormais de point de vue spécifique ou particulier sur le Jésus et très peu de textes dans le judaïsme se réfère directement ou parle de Jésus. En effet, un des principes les plus importants de la foi juive, est la croyance en un Dieu et seulement un Dieu, sans aucun intermédiaire[161]. La croyance en Jésus en tant que Divinité, partie de Divinité ou fils de Dieu est donc incompatible avec le judaïsme et en rupture avec l'hébraïsme qui le précédait[162]. Pour un Juif, toutefois, n'importe quel forme de shituf (croyance en d'autres dieux en plus du Dieu d'Israël) équivaut à une idolâtrie dans le plein sens du terme. Il n'est pas possible pour un Juif d'accepter Jésus comme une divinité, un médiateur ou un sauveur (messie), ou même comme un prophète, sans trahir le judaïsme.[163].Les Juifs ont rejeté les revendications que Jésus répond aux prophéties messianiques de la Bible hébraïque, ainsi que les revendications dogmatiques le concernant émises par les pères de l'Église, c'est-à-dire qu'il est né d'une vierge, qu'il est le fils de Dieu, qu'il fait partie d'une Trinité divine et qu'il a ressuscité après sa mort.. ... Pendant deux mille ans, un vœu central du christianisme a été d'être un objet de désir de la part des Juifs, dont la conversion aurait montré leur acceptation du fait que Jésus remplit leur propre prophétie biblique.[164]

Pour cette raison, les questions apparentées, telles que l'existence historique de Jésus et les autres sujets concernant sa vie sont de même considérés comme hors de propos dans le judaïsme.

L'eschatologie juive considère que la venue du Messie sera associée avec une série d'évènements spécifiques qui ne se sont pas encore produits, y compris le retour des Juifs en Terre d'Israël, la reconstruction du Temple, une ère de paix[165].

Jésus dans l'islam

Miniature persane représentant Jésus lors du sermon sur la montagne
Miniature persane représentant Jésus lors du sermon sur la montagne
Icône de détail Article détaillé : Îsâ.

Le Coran parle de Jésus sous le nom d' `Îsâ[166], personnage indissociable dans les textes coraniques de sa mère Maryam (Marie)[167]. Il est ainsi souvent désigné sous le nom de al-Masïh[168] `Îsâ ibn Maryam[169] présenté avec celle-ci comme modèles à suivre[170].

Jésus fait partie des prophètes dits famille de 'Îmran avec sa mère, son cousin Yahyâ (Jean le Baptiste) et le père de celui-ci Zacharie[171]. La foi populaire musulmane accorde une grande importance à Jésus et Marie[172] tandis Jésus, tourné vers la beauté du monde, apparait par ailleurs souvent avec son cousin Jean, ascète radical, avec lequel il forme une façon de gémellité spirituelle permanente[173].

L'insistance marquée sur la filiation à Marie est un clair rejet de la filiation divine de Jésus; néanmoins, la tradition musulmane souligne le caractère miraculeux de sa naissance virginale sans père connu, Joseph étant considéré comme un cousin de Marie. Selon la tradition musulmane, Jésus est en effet créé par le kun[174], l'impératif divin, et conçu par un rûh de Dieu, souffle divin intemporel insufflé en Marie, le même souffle qui anime Adam et transmet la révélation à Mahomet[175] et [176]

Pour le Coran, Jésus est un prophète, annonciateur de Mahomet, qui prêche le monothéisme pur, accomplit des miracles, opère des guérisons, ressuscite les morts et connait les secrets du coeur. Jésus confirme la Torah, dont il atténue les prescriptions légales[177], tandis que son Écriture, contenue dans l'Injil, est présentée comme une guidance et une lumière[178] que les chrétiens auraient négligé. Ibn Arabi lui confère le titre de sceau de la sainteté, "le plus grand témoin par le coeur", tandis que Mahomet est le sceau des prophètes, "le plus grand témoin par la langue"[179]. Sa prédication auprès des juifs aurait été un échec car il est suivi des seuls apôtres. Les juifs auraient alors voulu le punir en le crucifiant mais Dieu lui aurait alors substitué un sosie avant de le rappeler à lui. Néanmoins la fin terrestre de Jésus reste obscure, aucun passage ne signifiant clairement ce qu'il en est advenu.

Le Coran lui confère également une dimension eschatologique [180]: son retour sur terre, en tant que musulman, est le signe de la fin du monde et du Jugement dernier tandis que beaucoup de hadiths le présentent comme le principal compagnon du Mahdi, Sauveur de la fin des temps[181].

Dans le cadre de l'opposition de l'Islam à tout associationnisme (shirk), le Coran pose quatre négations définitives concernant Jésus : il n'est ni Dieu, ni son fils, ni le troisième d'une triade[182]pas plus qu'il n'a pas été crucifié[183].

Enfin, une minorité musulmane résidant dans les montagne du Pakistan, les Ahmadis voue à Jésus un culte tout comme aux saints de l'Islam autour d'un tombeau qu'elle dit être celui de Jésus. Le lieu de culte est situé à Shrinagar. Ce courant développe une christologie particulière selon laquelle Jésus est un prophète de Dieu aurait été déposé de la croix en état de coma et non mort et, une fois soigné, serait venu finir sa vie au Pakistan jusqu'à 80 ans[184]. Cette doctrine est celle de l'évanouissement.

Jésus dans l'hindouisme

Jésus est parfois considéré comme le dixième avatar de Vishnu[185], dans l'un des innombrables petits courants de l'Hindouisme dans une place qui est habituellement dévolue par la grande majorité des écoles à Krishna.

Représentation artistique

Sculpture en marbre paléochrétienne du Bon Pasteur, vers 300. Musée du Vatican
Sculpture en marbre paléochrétienne du Bon Pasteur, vers 300. Musée du Vatican

L'art chrétien ne va pas de soi et puise ses origines dans l'art païen et polythéiste, en l'imaginaire duquel les peintres et sculpteurs antiques puisaient. Les pères de l'Église, pour leur part, contestaient l'art en tant que tel en des termes assez durs et se réclamaient de l'Ancien testament qui condamne radicalement l'iconographie[186]. Si au IVe siècle le concile d'Elvire interdit encore les images peintes sur les parois des églises, l'art chrétien a cependant déjà pris son essor, dans une visée qui n'est pas étrangère à l'apologétique[187]. Sous la poussée de l'Islam, au VIIe siècle, des mesures seront encore prises contre les images et les statues qui peuplent les églises[188].

Jésus est souvent représenté dans les temps initiaux sous forme du Bon Pasteur dans une image qui procède d'un Hermès criophore[189], a mettre en parallèle avec Orphée, un autre bon pasteur, image qui va se multiplier sur les premiers sarcophages chrétiens et sur les voûtes des hypogées. Hermas décrit par exemple Jésus au IIe siècle comme un homme à l'air majestueux, en costume de pâtre, couvert d'une peau de chèvre blanche, une besace sur l'épaule et une houlette à la main[190]. Jusqu'à la fin du IVe siècle, Jésus est généralement représenté comme un jeune homme glabre; ce n'est qu'à partir d'alors qu'il est représenté plus âgé et barbu.

Buste de Jésus. Peinture murale dans les catacombes de Commodilla, fin du IVe siècle
Buste de Jésus. Peinture murale dans les catacombes de Commodilla, fin du IVe siècle

Les traditionnelles représentations de la Vierge à l'enfant puisent quant à elles leurs origines dans les représentations de la déesse d'origine égyptienne Isis allaitant Horus[191].

Art occidental

L'Église catholique autorisant les représentations du Christ, celui-ci a été l'objet d'un nombre incalculable de figurations sous forme de portraits, de tableaux mettant en scène sa vie, de sculptures, de gravures, de vitraux, etc. Dans l'art occidental, le personnage de Jésus est certainement celui qui a fait l'objet du plus grand nombre de représentations. Une des figurations les plus courantes est celle du Christ en croix, au moment de sa passion. Toutes ces représentations relèvent de la création artistique, aucune image contemporaine au Christ ne nous étant parvenue. Quelques images achéiropoiètes (« non faites de main d'homme ») prétendent représenter le véritable visage de Jésus. Malgré la diversité des artistes et des époques, elles ont toutes quelques traits communs. En fait, les représentations de Jésus obéissaient à des canons artistiques précis[192], basés sur la tradition et les plus anciennes représentations connues : Jésus est présenté comme un homme de race blanche, de taille moyenne, plutôt mince, au teint mat et aux cheveux bruns, longs ; après l'empire romain, il est représenté avec une barbe[193]).

Sa tête est souvent entourée d'un cercle lumineux ou doré, appelé auréole, qui figure sa sainteté. L'expression des yeux est l'objet d'une attention particulière des artistes. De même la position de ses mains a souvent une signification religieuse. L'Église catholique ayant exprimé le souhait que la vie de Jésus puisse être comprise par tous, il n'est pas rare de trouver en Afrique des figurations du Christ en homme de race noire, ou en Amérique du Sud des représentations de sa vie avec des vêtements locaux. Ce phénomène est ancien, puisque les artistes de la Renaissance représentaient déjà Jésus entouré de personnages habillés selon la mode de leur siècle (voir le groupe de personnes à droite sur le tableau de Fra Angelico, La Descente de la Croix).

Fra Angelico, circa 1440 - Descente de la croix
Fra Angelico, circa 1440 - Descente de la croix

Au Moyen Âge les représentations visuelles avaient une fonction éducative : en mettant en scène la vie de Jésus-Christ, on diffusait la culture chrétienne à des personnes ne sachant généralement pas lire, et n'ayant de toute façon pas accès aux livres, y compris aux livres saints tels que la Bible. Certaines scènes sculptées sur les calvaires bretons, comme celui de la chapelle de Tronoën par exemple, sont de véritables résumés de la vie de Jésus. De même, toute église catholique est pourvue d'un chemin de croix qui figure en 14 étapes, appelées "stations", les différents moments de la Passion du Christ, depuis sa condamnation jusqu'à sa mise au tombeau. Généralement réparties sur les pourtours de la nef, ces étapes sont représentées le plus souvent par des tableaux ou des petites sculptures ; pour les plus simples il s'agit seulement d'une croix accompagnée du numéro de la station. Jusqu'à récemment dans toutes les maisons catholiques, les pièces principales et les chambres étaient pourvues d'un Christ en croix, généralement accroché sur le mur au-dessus du lit ou de l'accès à la pièce.

Art oriental

Les orthodoxes acceptent la représentation du Christ en deux dimensions. La représentation la plus courante est celle des icônes.

Après la fin des guerres icônoclastes, le christianisme oriental a donné lieu au développement d'un art spécifique : l'icône basé sur une grammaire picturale très organisée. Ces images sont sacrées, l'esprit du ou des personnages représentés est sensé habiter' l'icône. L'icônographe ou peintre d'icône se prépare à la fois par un apprentissage théologique et par une ascèse, le plus souvent le jeûne et la prière.

Les icônes sont anonymes jusu'au XVe siècle article spécialisé Andrei Roublev et Théophane le Grec.

Au cinéma

Comédie musicale

Reliques

Négatif du visage visible sur le linceul de Turin, photographié en 1898
Négatif du visage visible sur le linceul de Turin, photographié en 1898

Les reliques doivent être considérées avec la plus grande prudence du point de vue de leur authenticité. Si la rumeur publique dit que « En rassemblant les divers morceaux de la Vraie Croix honorés dans le monde, on pourrait reconstruire l’arche de Noé », Peter Brown montre l'origine commerciale des reliques dans La Société et le Sacré dans l'Antiquité tardive, ISBN-10: 2020622831, tandis que d'autres auteurs ont montré l'essor de ce commerce selon un trajet Orient vers Occident à partir des Croisades.

Peinture représentant Jésus et le Saint Calice (Juan de Juanes, 1570)
Peinture représentant Jésus et le Saint Calice (Juan de Juanes, 1570)
  • Relatives à la Passion de Jésus :
  • Autres :

Voir aussi : (en)Reliques attribuées à Jésus



18/05/2008
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