JOUR BLAFARD
JOUR BLAFARD
Elle n'avait pas de toit pour la nuit, et je l'avais invitée à me rejoindre dans ma solitude.
Elle s'était déshabillée dans la pièce au jour blafard, et la lumière blanche accentuait encore son air famélique et la maigreur de son torse, où les cotes prenaient l'aspect de barreaux fragiles..
Elle n'avait rien dit et s'offrait ainsi, le regard perdu en direction du mur, la tête légèrement baissée, comme une victime allant à l'expiation d'une faute...
Elle s'était déshabillée comme un pantin dont on retire les habits trop grands, et la toison noire de son sexe contrastait avec la blancheur de son corps... Cette toison qui rappelait sa féminité, l'appartenance à l'autre sexe que le mien...
Elle m'invitait à la rejoindre, à poser mes mains sur elle, à la violenter presque puisque je ne ressentais aucun désir chez elle.. désir qui était absent aussi chez moi ...
C'était une scène rituelle.. Faire l'amour comme des pantins..
Elle n'avait que cela à offrir pour le dîner et le gîte, et j'avais la sensation d'avoir fait un troc, d'être l'aubergiste d'un autre temps...
Il me faudrait sûrement imaginer un rêve, où l'amour existe, ou un souvenir radieux, pour réchauffer mon corps sans vie, pour honorer cet hôte imprévu et ne pas avoir l'impression d'avoir perdu une occasion pour me prouver que j'étais encore un homme.