La panique : un trouble anxieux parfois invalidant

 

La panique : un trouble anxieux parfois invalidant

La panique : un trouble anxieux parfois invalidantLe trouble panique est un trouble anxieux fréquent (1 à 3% de la population peut en être atteinte au cours de la vie), touchant deux fois plus souvent les femmes que les hommes, débutant le plus souvent chez l'adolescent ou l'adulte jeune. Il se caractérise par la survenue répétée de crises d'angoisse aiguë, entre lesquelles peut persister, parfois dès la première crise, un sentiment d'inquiétude, dominé par la peur de la survenue d¹une nouvelle crise, appelé " anxiété anticipatoire ". Enfin, des conduites phobiques peuvent compliquer l'évolution de cette maladie anxieuse, avec apparition de stratagèmes d'évitement (le sujet a tendance à éviter des conditions -situations ou des endroits- analogues à celles dans lesquelles est survenue la première crise) pouvant au maximum devenir socialement invalidants. Une fois identifié, ce trouble se traite parfaitement, la prise en charge associant le plus souvent une prescription médicamenteuse et une forme particulière de psychothérapie, appelée thérapie cognitivo-comportementale.

Qu'est-ce qu'une attaque de panique ?

On appelle ainsi des crises d'angoisse aiguës, périodes bien délimitées de crainte ou de malaise intense, extrêmement éprouvantes pour le sujet qui les vit. Durant ces crises, qui atteignent leur paroxysme en moins de 10 minutes, le sujet ressent simultanément des signes d'anxiété physique et psychique.

Parmi les signes d'anxiété physique, citons notamment l'accélération du rythme cardiaque (tachycardie) ou la perception angoissante des battements cardiaques (palpitations), une sensation d'étouffement, de poids sur la poitrine, de souffle coupé, de gorge serrée (boule dans la gorge, gênant ou empêchant la déglutition), des bouffées de chaleur et des sueurs, une envie de vomir, des sensations vertigineuses...

Comme on l'imagine, des sensations physiques aussi inquiétantes et de survenue aussi brutale ne manquent pas d'entraîner une forte angoisse, psychique celle-là : le sujet peut avoir peur de perdre totalement son contrôle (par exemple, de s'enfuir d'une réunion, d'abandonner sa voiture au beau milieu d'un embouteillage... ), de devenir fou, de s'évanouir, voire même de mourir.

En l'absence de traitement spécifique, la crise se résout d'elle-même, en 20 à 30 minutes, laissant le sujet dans un état d'abattement ou de fatigue intense. Mais tant que le trouble n'est pas identifié, il est fréquent qu'un médecin adresse ce patient au service des urgences de l'hôpital le plus proche, tant une crise d'angoisse peut prendre le masque d'une urgence purement médicale (malaise cardiaque, hypoglycémie...).

Qu'est-ce qu'un trouble panique ?

Le trouble panique se caractérise par la répétition des attaques de panique, avec apparition ou persistance entre les crises d'une anxiété anticipatoire : le sujet redoute jusqu'à la hantise la survenue d'une nouvelle crise, il a en quelque sorte " peur d'avoir peur ".

Cette anxiété anticipatoire conduit le sujet qui l'éprouve à être en permanence à l'écoute de son corps : le moindre signe corporel ou psychologique est amplifié, interprété, notamment dans les situations identifiées comme favorisant la survenue des malaises.

Si certains sujets n'arrivent pas à cerner les facteurs favorisant la survenue ou la répétition des crises, d'autres, qu'on appelle " agoraphobes ", ont parfaitement compris que le risque est pour eux maximum dans des situations ou des endroits dont il est difficile de s'échapper : ils évitent ainsi de se rendre au cinéma ou au théâtre (comment sortir au milieu de l'acte 2 sans se faire remarquer ?), détestent être "coincés" dans une file d'attente ou sur la banquette d'un restaurant, et refusent d'une façon générale toute circonstance conviviale susceptible de traîner en longueur. Le handicap social peut ici devenir important, sur le plan personnel ou professionnel. D'autres agoraphobes au contraire décrivent une angoisse intense lorsqu'ils sont loin de chez eux, notamment dans des endroits isolés où il serait difficile de leur porter secours.

Que risque le patient qui souffre d'un trouble panique ?

Les attaques de panique peuvent être si spectaculaires et si éprouvantes que les sujets, même rassurés par leur médecin, ne peuvent s'empêcher de redouter, à chaque crise, la survenue de complications médicales, parmi lesquelles l'infarctus du myocarde est sûrement la plus fréquemment évoquée. Paradoxalement, ils sont déçus lorsque les bilans, effectués en urgence ou à distance d'un épisode, ne révèlent aucune maladie physique : l'esprit humain supporte encore plus mal la souffrance lorsqu'elle est difficile à cerner, lorsqu'on ne peut lui donner un nom, une cause rationnelle.

Mais il faut ici le dire : le trouble panique, maladie anxieuse, n'entraîne que des complications psychologiques. Personne n'est jamais décédé d'une crise d'angoisse, et la souffrance, la détérioration de la qualité de vie, voire la dépression si ce trouble n'est pas traité, constituent les seules complications évolutives du trouble panique, avec malheureusement le risque d'intoxication alcoolique : tout anxieux a fait un jour l'expérience de se " détendre " avec un verre d'alcool. Mais ici le piège est redoutable : si l'alcool diminue sensiblement l'anxiété anticipatoire, il est au contraire un remarquable inducteur des attaques de panique. Le cercle vicieux de la dépendance est donc rapidement constitué.

Les causes du trouble panique sont-elles identifiées ?

Comme souvent en psychiatrie, plusieurs théories s'affrontent, biologiques et psychologiques. Elle ne sont d'ailleurs pas exclusives l'une de l'autre. Les tenants de la théorie biologique pensent que les sujets atteints auraient une perception amplifiée, et donc angoissante, de leurs propres sensations corporelles : par exemple, le moindre " raté " dans les battements cardiaques, que la plupart des gens ne ressentent heureusement jamais, serait perçu par ces sujets, et interprété comme le début d'une crise. Parmi les causes psychologiques, nous rappellerons simplement que les "paniqueurs" ont souvent vécu dans l'enfance une angoisse de séparation (on désigne ainsi la survenue d'une anxiété excessive chez un enfant, à la suite dune séparation, même transitoire, de la maison ou des personnes auxquelles il est attaché). De même, il faut souligner la fréquence des changements importants, heureux ou malheureux, dans les mois précédant la survenue de la première crise (ruptures, deuils, mais aussi déménagements, naissances... ).

Existe-t-il des traitements efficaces ?

Fort heureusement oui. A la condition que ce trouble soit précocément reconnu et convenablement traité.Les deux erreurs thérapeutiques les plus fréquentes sont :- l'administration de calcium et de magnésium, rigoureusement inefficaces dans cette pathologie, par confusion avec des crises de " spasmophilie " ou de " tétanie " ;- le traitement par anxiolytiques (tranquillisants) qui peut donner une trompeuse impression d'efficacité. En effet, les tranquillisants peuvent diminuer l'anxiété anticipatoire ; ils peuvent encore atténuer l'intensité d'une crise, ou l'écourter légèrement. Mais ils ne peuvent en aucun cas éviter sa survenue.

Le traitement actuellement considéré comme le plus efficace comporte la prescription de médicaments : comme nous l'avons dit, il ne s'agit pas de tranquillisants (sauf pour traiter une crise en cours), mais d'antidépresseurs, seuls capables de prévenir l'apparition de crises, même si le patient n'est pas déprimé. La condition de leur efficacité repose principalement sur la durée de la prescription : rarement moins de 6 mois, le plus souvent de 12 à 18 mois. Comme s'il fallait à l'organisme ­ou au patient- le temps d'oublier la survenue des crises pour affronter de nouveau sans problème les situations auparavant angoissantes.

Souvent, mais non systématiquement, peuvent être associées des séances de psychothérapie, visant essentiellement à rassurer le sujet, en lui apprenant à mieux identifier les facteurs de survenue des crises et à mieux maîtriser ses sensations physiques, par exemple par l'apprentissage de techniques de relaxation. La psychothérapie peut également avoir pour objectif, plus ambitieux, de cerner des difficultés associées au trouble panique, dont celui-ci aurait alors été un simple révélateur.

Le traitement doit avoir pour triple objectif :- d'éviter la survenue des crises ; - de supprimer l'anxiété anticipatoire ;- de mettre fin aux conduites d'évitement.Ce n'est qu'à ce stade que la qualité de vie du patient sera restituée : peut-on reconnaître un meilleur critère de guérison ?

Article publié par le 01/09/2000
Cet article n'a pas fait l'objet de révision depuis cette date. Il figure dans le planning de mises à jour de la rédaction.

Sources : - DSM IV : critères diagnostiques (éditions MASSON) ; - LES ETATS NEVROTIQUES : éditions Jean-Pierre GOUREAU, 1992 ; - PSYCHIATRIE : par Julien Daniel GUELFI, Patrice BOYER, Silla CONSOLI, et René OLIVIER-MARTIN, éditions du PUF, 1997



27/05/2013
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